Médecins de la Grande Guerre
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Par Francis De Look,
arrière-arrière-petit-fils de Papa Merx et le Dr Loodts P. Le buste de Papa Merx. (collection L. Timmers) Barthélemy bien souvent appelé Pierre
Merx naquit à Liège le 27 janvier 1849 et devint un véritable personnage de
légende connu sous le nom de Papa Merx..
Papa Merx casqué (colorisé par Francis De Look) 88 ans après, subsistent dans la mémoire de ses descendants des explications à l'engagement extraordinaire de leur aïeul. Barthélemy Merx eut deux filles et un fils. Ce dernier s'étant réfugié en Hollande au début des hostilités, Papa Merx aurait alors dit : « puisque mon fils ne peut combattre, il n'est pas dit qu'il n'y aura pas un Merx pour le faire.. » Une autre tradition explique que Barthélemy aurait vu dans son engagement l'occasion de retrouver son autonomie car étant veuf, il avait dû consentir à vivre chez une de ses filles... On peut se perdre en conjonctures sur les motifs qui poussèrent cet homme à s'engager. La véritable motivation de Pierre est sans doute très simple : cet homme était un grand patriote qui avait du courage à revendre et qui ne s'estimait pas « vieux » ! Très remarqué parce qu'il était le doyen des volontaires de Belgique, Barthélemy va aussi être reconnu comme un soldat exceptionnel... Il ne veut en aucun cas être versé à l'arrière. Son vœu va être exaucé (sans doute grâce au grand talent de persuasion qu'il possède) : non seulement il sera présent durant toute la guerre en première ligne mais il sera parmi les volontaires du front qui acceptèrent la vie très risquée de « patrouilleur » dans les lignes ennemies. Avant la fin du premier hiver au front, à cause de sa bravoure, il est nommé caporal le 5 mars 1915 et deux semaines après il est fait chevalier de Léopold II pour avoir fait preuve de courage et de sang-froid au cours d'un bombardement d'environ 170 obus dirigé contre le petit poste dont il faisait partie (AR 2559 du 19/3/15). Un de ses camarades nous donne plus de détails sur ce fait d'armes. En février 1915, la 3e D.A. reprit sous sa garde le secteur de Dixmude très mouvementé. Après une nuit d'un violent bombardement, un poste avancé de deux sentinelles (les frères Sertin) se trouva menacé. Le caporal Cousin et Papa Merx se portèrent à leur secours et les délivrèrent après avoir dispersé une patrouille ennemie. Le soir, Papa Merx, valeureux, s'en va seul occuper pour une nuit le trou des frères Sertin. Il lui sera impossible de revenir le lendemain matin dans ses lignes car éclate un bombardement dantesque. C'est seulement après deux jours d'abandon et d'isolement qu'il parvint à rejoindre ses frères d'armes. Papa Merx rentrait dans la légende. Celle-ci comporta bientôt un nouveau chapitre. Le 24 mars 1915, conduisant une patrouille avant l'attaque de la ferme Den Toren et deux de ses hommes ayant été blessés et le troisième tué, Merx ne rentre à sa compagnie qu'après avoir recueilli les renseignements demandés. La ferme Den Toren en octobre 1916. Ces deux actes de bravoure, son exceptionnel caractère contribuèrent à sa nomination comme sergent le 12 juin 1915. Le colonel Dejaiffe, commandant son régiment, le 9ème de ligne décrivit très bien la manière de servir du doyen des sous-officiers : Le général A. Dejaiffe. D'un caractère loyal, résistant comme un vieux chêne et d'une bravoure admirable, il a toujours été un exemple magnifique pour ses compagnons d'armes. Ne connaissant ni la crainte, ni la peur, il sollicite des missions périlleuses qu'il accomplit toujours avec bonheur. D'une exactitude méticuleuse, il n'a jamais manqué au dur service des tranchées sous quelque prétexte que ce soit, et malgré son audace, il n'a jamais été blessé. En 1917, il refuse au Général Drubbel une mission à l'arrière avec le grade d'adjudant en récompense de fin d'activité. Papa Merx restera donc au front tant qu'il y aura un front... Mais attention, les faits d'armes du héros ne doivent pas nous le faire apparaître sous les traits du guerrier… Merx était en première ligne parce qu'il voulait servir son pays « sans compter » et que le « sans compter » impliquait sa présence dans les postes les plus dangereux. Une phrase écrite par le colonel Dejaiffe à son sujet résume très bien l'abnégation exceptionnelle du doyen des soldats : Il réclame toujours l'honneur d'occuper les postes les plus périlleux disant qu'il vaut mieux qu'une vieille carcasse comme lui périsse plutôt qu'un jeune plein de vie. Le général Drubbel. Une autre preuve de ce que avançons se trouve dans son dossier militaire conservé aux archives du Musée royal de l'Armée : c'est une feuille manuscrite de « Renonciation au renvoi dans les foyers prévu par l'arrêté royal du 18 décembre 1918 par lequel Papa Merx s'oblige à rester volontaire à l'armée jusqu'à la remise complète de celle-ci sur pied de paix. Champ de bataille ou pas, tant qu'on avait besoin d'hommes à l'armée, il se faisait un devoir d'en être un » ! Le camarade de combat qui prononça le discours d'adieu des combattants à Papa Merx durant la cérémonie de son inhumation sut trouver les mots justes pour résumer avec justesse les merveilleux traits de ce caractère totalement désintéressé : Jamais les honneurs, ne lui ont fait tourner la tête. En toutes circonstances, il a osé être lui-même. Il a eu le courage de son physique, de son état de fortune, de sa mentalité, de ses goûts, de ses affections. Il a osé aimer sa maison, son travail, ses enfants, ses petits-enfants et arrière-petits enfants. Il n' a jamais rougi de ce qu'il est convenu d'appeler son état social. A ces qualités d'honorable citoyen, il a su joindre avec discrétion, la bonté et la charité. Un cœur meurtri, une âme déshéritée, un camarade indigent, trouvait sans cesse en lui la pitié et la compassion. Il aimait à rendre service. Quand on lui demandait le secret de sa bonne humeur et de sa bonne santé, il répondait: « je vis avec ma conscience et je m'efforce d'agir de façon à ne rien me reprocher ». Papa Merx fut donc seulement démobilisé le 30 septembre 1919... après plus de cinq ans d'armée ! Une autre aventure commença. Ses camarades de guerre eurent tôt fait de le considérer comme leur meilleur symbole, comme leur meilleur représentant. Papa Merx devint ainsi, malgré lui, une « vedette » incontournable. En 1920, il reçut la visite du roi Léopold III alors prince Léopold, comte de Flandre. Papa Merx raconta souvent à sa famille la raison pour laquelle le prince Léopold lui était fort reconnaissant. Alors que le prince servait comme jeune volontaire (il fut nommé caporal le 05 avril 1915) au 12e de ligne derrière l'Yser, papa Merx (au cours d'une reconnaissance faite avec le prince ?) entendant le sifflement caractéristique d'un obus poussa brutalement le prince pour l'entraîner à distance. Bien lui en prit car l'obus tomba et explosa à l'endroit même où le prince se trouvait quelques minutes auparavant ! En 1920, la visite du prince à Merx fut officielle mais le vieux soldat bénéficia de nombreuses autres visites du prince à titre privé. En effet, Léopold avait l'habitude de repasser de temps à autre au domicile de Merx au retour des réceptions officielles auxquels il se devait d'assister dans la région de Liège... Le prince Léopold au chevet de papa Merx. En 1924, Liège fête ses vétérans. Papa Merx est évidemment de la partie. Clovis Pierard témoigne de l'événement avec la grandiloquence typique de cette époque : (« Souvenons-nous » Editeurs Ballez Colmant-Wuillot, Paturages, 1924.) : Les 26 et 27 janvier 1924, Liège le glorieuse s'enflammait d'une généreuse ardeur. Elle fêtait le 5ème anniversaire de la Fédération Nationale des Combattants et surtout elle glorifiait ses vieux volontaires, ceux qui malgré leurs cheveux blancs, s'engagèrent dans les héroïques phalanges de 1914. Liège qui enfanta tant d'enthousiasmes, Liège la vaillante, mérita bien ces jours là son titre de « Cité Ardente ». La foule était électrisée, elle vibrait dans ses cris et ses gestes, elle se souvenait d'août 14… Partout l'emblème national était arboré et claquait fièrement au vent. Le samedi 26 au soir, une réunion fiévreuse eut lieu à la maison des combattants. L'accueil fait aux vétérans de la guerre laissera à tous ceux qui furent de cette soirée un souvenir d'inoubliable émotion. Voici les noms de ces vaillants : Bohon Charles, De Bruyne Jean-Baptiste, Dessart Jean, Devrin Joseph, D'outrepont J., Demoulin Henri, Gallez Jean, Gernaert Jules, Guisset Herman, Legros Joseph, Jeunehomme V, Joly Pascal, le Chanoine Célestin, Leujeune Jacques, Marcotty Ferdinand, Merx Barthélemy, Schoonbroodt Nicolas, Swennen Pierre, Thonard François, Vanniesbecq Gustave. La plupart avaient revêtu leur uniforme de guerre. La salle qui était remplie à craquer leur fit une frénétique ovation et ce fut du délire quand le brave Merx, l'aîné des volontaires de Belgique, apparut sur la scène. En le décorant de la croix de guerre italienne, le consul d'Italie lui dit : « Quand on examine votre vie pendant la guerre, on est frappé de tout ce que vous avez pu faire. Nous vous considérons comme un des plus grands héros de la grande guerre ; je vois en vous le héros de la latinité. » Et le Consul d'Italie, qui fut aussi soldat de la dernière campagne, plaque sur les joues ridées deux gros baisers sonores ; Merx pleure, la salle trépigne, exulte... Puis ce sont des discours et des fleurs, toujours des fleurs. O la belle soirée !... Le lendemain fut la journée des réceptions officielles. Un cortège, de plus de cent sociétés, conduisait les vieux héros dans une triomphale apothéose. Des discours chaleureux, des acclamations sans fin, des gerbes magnifiques leur fut prodigués. Notre héros herstalien sera souvent aux avant-postes (un mot qu'il connaissait bien) lors de nombreuses manifestations. Il aimait passer de nombreuses heures avec ses anciens compagnons d'infortune qui ne le quittaient jamais sans avoir au moins pu fredonner l'un ou l'autre couplet du chant épique composé en son honneur. Un homme à la personnalité exceptionnelle, l'aumônier militaire de Groote faisait partie des meilleurs amis de papa Merx. Les deux hommes formaient un duo inimitable qui laissa dans le quartier Marexhe à Herstal où résidait papa Merx maints souvenirs dont celui du tapage nocturne qu'ils avaient l'habitude de faire lorsqu'ils s'en revenaient d'une réception ou d'une cérémonie bien arrosée. Cette vie sociale intense présentait cependant quelques inconvénients pour sa fille Marie et son mari Guillaume qui hébergeaient le vieux vétéran. On se souvient longtemps de l'émoi de Marie qui, ayant passé son samedi à préparer pour le repas dominical un excellent lapin en sauce, découvrit le dimanche matin au moment de mettre la table qu'il ne restait plus que les os dans la casserole. L'excellente cuisinière eut vite fait de trouver le coupable. Papa Merx avait eu réunion le samedi soir et était rentré « aux petites heures » sans doute un peu éméché et se trouvant un petit creux ! Heureusement, grâce à son caractère enjoué, et grâce à son don de la répartie, Papa Merx avait vite fait de se faire pardonner. Ses petits-enfants et arrière-petits-enfants l'adoraient. Un jour, son arrière-petite-fille Juliette tombée malade, on appela le docteur qui décida d'appliquer les « bwètes » (ventouses). L'enfant pleura pendant le traitement. Papa Merx qui assistait à la scène en fut tout ému et entreprit de consoler sa Juliette en lui chuchotant à l'oreille, dans son patois liégeois, « djel va tiré » ! (en français : « je vais le tirer »). On ne sait pas si Juliette fut consolée ou effrayée, mais en tout cas la phrase insolite resta gravée dans sa mémoire et ressortit souvent dans les réunions de famille lorsqu'on évoquait le passé ! A chaque visite de nos Souverains, le sergent Merx était à la place d'honneur, tout près des drapeaux qu'il avait si valeureusement défendus. Le roi Albert, la reine Elisabeth avaient pour lui une grande amitié. Sa réputation était telle qu'en 1930, de son vivant, la ville de Liège donna son nom à une rue. En 1937, Papa Merx souffrit avec ses camarades de combat de la promulgation de la « loi Van Zeeland » qui accordait l'amnistie aux Belges qui avaient collaboré avec l'ennemi. Dix neuf années après la guerre, les plaies étaient encore ouvertes. On sait aujourd'hui qu'il faut plusieurs générations pour oublier le « mal » que les hommes sont capables de faire subir à leurs semblables. Le pardon trop précoce ravivait donc les souffrances. Papa Merx, âgé de plus de 80 ans, fut un de ceux qui enleva ses décorations pour les lancer sur le linceul tricolore que l'on avait placé pour la circonstance sur le monument aux morts de la ville de Liège. Les décorations des « Anciens » s'amoncelèrent. Elles furent fondues et transformées en une couronne métallique qui sera déposée à Marche-les-Dames, au pied du rocher tragique. Quelques mois après cet événement, Papa Merx décéda n'ayant jamais cessé de manifester ses qualités de bon et généreux vivant ! Deux heures avant de s'éteindre, il reçut un de ses camarades le major Leclerq et tint à boire avec lui une bouteille de vin « C'est la dernière », dit-il et aux protestations de son ami, il répondit : « je sens où je vais. » Le corbillard, rue St Léonard à Liège. Le plus célèbre combattant de Belgique fut conduit solennellement à sa dernière demeure le 10 mars 1938. Pour lui rendre hommage, la population se précipita en grand nombre le long du trajet que prit le cortège qui emmenait Papa Merx d'Herstal à sa dernière demeure, au cimetière de Robermont. Le cortège était exceptionnel et se composaient d'une véritable armée de landaus garnis de fleurs, ...de soldats ... de généraux et…la fanfare militaire ! Parmi les participants en uniforme se trouvait un homme particulièrement attristé, c'était l'aumônier de Groote, l'homme au « corset d'acier ». La tombe de papa Merx au cimetière de Robermont. (Photo F. De Look) La presse mentionna que la police et la gendarmerie durent conjuguer leurs efforts pour endiguer la foule... Sacré Papa Merx ! Herstal peut être fier de toi ! (1) Le chant composé en l'honneur de papa Merx par ses compagnons vous est donné ici. S'il reflète l'ambiance exaltée et haineuse de toute guerre, il faut y voir avant tout l'éloge du courage! 1er couplet Le 9ème de
Ligne honore ses héros[1] A l'exemple de son village d'adoption, le 9e régiment de ligne a gravé dans la pierre, pour qu'il échappe à l'oubli, le nom du vaillant soldat qui avec 40.000 autres est mort pour que la Belgique vive. Le vaillant régiment a baptisé de son nom l'un des bâtiments de la caserne du Petit-Château à Bruxelles. Cet hommage de reconnaissance et du souvenir a été rendu devant les troupes au cours d'une cérémonie qui s'est déroulée le 16 septembre 1936. Au cours de cette prise d'armes qui fait honneur aux unités portant les numéros de celles de la guerre, le Colonel B. E. M. Glorie a prononcé les belles paroles que voici : Depuis l'armistice, le régiment a toujours considéré comme une tâche sacrée d'honorer ceux des leurs qui, par leur sacrifice, leur bravoure, leur héroïsme ont contribué à la renommée et à la gloire du 9e de Ligne. Trois grandes plaques apposées dans la cour du quartier sur les trois corps du bâtiment principal ont été baptisées du nom des trois chefs de corps : Meiser, Flebus, Dejaiffe qui, au cours de la guerre conduisirent le régiment à la victoire et à l'honneur. L'ancien arrière bâtiment reçut de même la dénomination de « Bloc Major Bruneel », qui tomba glorieusement le 6 août 1914 à la tête de son bataillon. Aujourd'hui, les nouveaux bâtiments construits nous procurent l'occasion de revenir à cette belle et noble tradition. Ces locaux étant particulièrement affectés aux installations des ménages des sous-officiers et de la troupe, nous avons pensé qu'il convenait de les dénommer, l'un du nom d'un sous-officier, l'autre d'un soldat, qui se sont tout particulièrement distingués au cours de la guerre. Pour les sous-officiers, je n al cru pouvoir mieux faire, et je ne doute pas d'avoir été au-devant du désir de tous les sous-officiers, en dénommant leur bloc : « Bloc Papa Merx. » Je ne vous apprendrai rien, MM., en vous disant que le 1er sergent Merx est une figure vraiment nationale. Car l'exemple qu'il a donné mérite d'être inscrit en lettres d'or, dans l'histoire du courage et du patriotisme. On dit souvent, que la valeur n'attend pas le nombre des années. Le 1er sergent a prouvé lui, que le poids des années n'est pas une entrave à l'accomplissement d'un devoir sacré. Engagé volontaire à l'âge de 65 ans, Merx a, comme sergent et comme 1er sergent fait toute la guerre dans une compagnie et dans l'unité des patrouilleurs du régiment. Il a toujours refusé de se laisser désigner pour un service à l'arrière. - Honneur à lui. Messieurs. ...... Honneur à un beau et fier soldat : Vive Papa Merx.
[1] Tiré du livre « Au Drapeau » par A. Jacoby. Les Editions Jos. Vermaut, Paris-COURTRAI-Bruxelles (1956) Le buste de Papa Merx. (collection L. Timmers) Le 11 juin 2009, inauguration de la
« Salle Papa Merx » à Bourg-Léopold Papa Merx en aurait été très fier, 71 ans après sa mort, par la volonté du Lieutenant Colonel Derickx une grande salle du QG 1 Brigade, Quartier Léopold à Bourg-Léopold porte le nom de « Salle Papa Merx ». Le Major d’aviation Albert Wuilmart arrière petit fils et le Sergent pompier honoraire Francis De Look arrière-arrière petit fils de papa Merx avons été invités à la cérémonie. Des photos très gentiment envoyées de Bourg-Léopold vous sont présentées ici.
Barthélemy
Merx is geboren te Luik op 27 januari 1849 en werd later een legendarisch
personage, bekend onder de naam Papa Merx. Le buste de Papa Merx. (collection L. Timmers)
Papa Merx casqué (colorisé par Francis De Look) 88jaar
later, kunnen zijn nazaten zich enigszins herinneren hoe het kwam dat hun
voorvader op deze buitengewone manier dienst nam als oorlogsvrijwilliger.
Barthélemy Merx had twee dochters en een zoon. Deze laatste vluchtte bij het
begin der vijandelijkheden naar Nederland, maar Papa Merx zou toen gezegd
hebben: "gezien mijn zoon niet meer kan vechten, wil dat niet zeggen dat
er geen Merx meer overblijft om dat te gaan doen". Een andere traditie
verklaart dat Pierre gebrand was op meer zelfstandigheid, gezien hij toestemde
om bij één zijner dochters in te wonen .Men kan zich te pletter lopen op de
meest uiteenlopende veronderstellingen, waarom hij zich zo inzette. De ware
motivatie van Barthélemy was ongetwijfeld heel eenvoudig: hij was een echte
patriot, had moed te koop en achtte zich geenszins "een ouwe"! Het
viel wel op dat hij Deken was van de Belgische vrijwilligers, maar Pierre zal
wel als een uitzonderlijk soldaat worden erkend… Hij wil onder geen beding
achter het strijdtoneel belanden. Zijn wens zal verhoord worden (vermoedelijk
wegens zijn overredingstalent): hij bevindt zich de ganse oorlog in de eerste
linie en durft het aan om de uiterst gevaarlijke taak van
"patrouilleur" in de vijandelijke stelling vrijwillig op zich te
nemen. Nog voor het einde van de eerste winter aan het front, wordt hij op 5 maart
1915 wegens zijn dapperheid bevorderd tot korporaal en twee weken nadien wordt
hem het ridderschap in de orde van Leopold II verleend wegens: heeft blijk
gegeven van moed en zelfbeheersing tijdens een bombardement waarbij 170
granaten (obussen) afgevuurd werden op de kleine post waar hij zich bevond (KB.
2559 van 19/3/15). Eén zijner kameraden verklaart zich nader omtrent deze
krijgsverrichting : In
februari 1915 kwam een erg woelige sector bij Diksmuide onder de hoede van de
3de divisie. Na een zwaar nachtelijk bombardement werden twee schildwachten (de
broers Sertin) van een vooruitgeschoven post bedreigd. Korporaal Cousin en Papa
Merx, moedig zoals steeds, hebben gans alleen de nacht doorgebracht in het hol
van de broers Sertin. ’s Morgens lukt het niet de eigen linie terug te bereiken
want er barst terug een hels bombardement los. Pas na twee dagen afzondering en
in de steek te zijn gelaten door iedereen kan hij zijn wapenmakkers vervoegen. Aldus
wordt Papa Merx een legende. Weldra zal hij er een nieuw hoofdstuk aan
toevoegen. Op 24 maart 1915 voor de aanval plaatsheeft, leidt hij een
patrouille naar het pachthof "Den Toren." Met de gewenste
inlichtingen bereikt hij terug zijn compagnie, alhoewel twee van zijn
manschappen gewond en een derde gedood werd. La ferme Den Toren en octobre 1916. Beide
daden van dapperheid en zijn uitzonderlijk karakter dragen er toe bij om hem op
12 juni 1915 tot sergeant te benoemen. Kolonel A. Dejaiffe, bevelhebber van
zijn 9de linie regiment, beschrijft het optreden van de ouderdomsdeken der
Onder Officieren: Le général A. Dejaiffe. Met
zijn loyaal karakter, weerstand biedend als een oude eik en met
bewonderenswaardige dapperheid, was hij steeds het prachtig voorbeeld voor zijn
wapenbroeders. Noch vrees, noch angst kennend, aanvaardt hij de gevaarlijkste opdrachten
en brengt ze tot een goed einde. Met een angstvallige nauwgezetheid, zal hij
nooit en onder geen enkel beding te kort schieten bij het vervullen van zijn
zware opdrachten in de loopgrachten en niettegenstaande zijn uitzonder lijke
moed is hij nooit gekwetst geweest. Als
eindbeloning voor bewezen diensten geeft Generaal Drubbel in 1917 aan Pappa
Merx de opdracht om als adjudant achter het front dienst te nemen hetgeen hij
categoriek weigert. Papa Merx blijft dus vooraan aan het front zolang het er
is. Maar opgelet, zijn heldendaden zijn niet oorlogszuchtig Merx bevindt zich
in de eerste linie om vooreerst zijn land te dienen en dat, zonder zich
hiervoor te laten betalen, daarom aanvaardt hij elke gevaarlijke opdracht.
Kolonel Dejaiffe schreef een zin die de uitzonderlijke zelfverloochening van
deze ouderdomsdeken der soldaten samenvat: hij eist de eer op steeds de
gevaarlijkste posten te mogen bezetten, alleen al omdat hij het gepaster vindt
dat een ouwe karkas kapot gaat, dan een jonge levenslustige. Le général Drubbel. Een
ander bewijs van hetgeen hier wordt beweerd vinden we terug in zijn militair
dossier, dat zich in de archieven van het Koninklijk Krijgsmuseum bevindt: het
betreft een handgeschreven blad waarin hij weigert om zijn haardstede te vervoegen
zoals toen bij Koninklijk Besluit van 18 december 1918 bevolen werd en dit
omdat Papa Merx zich verplicht voelt als vrijwilliger bij het Leger te blijven
totdat deze terug volledig op vredesvoet staat. Slachtveld of niet, zolang er
mannen nodig waren, achtte hij het zijn plicht er te zijn! De strijdmakker, die
tijdens de ter aardebestelling van Papa Merx, de grafrede namens zijn
wapenbroeders uitsprak vond de gepaste woorden om zijn totaal onbaatzuchtige en
bewonderenswaardige karaktertrekken samen te vatten: Nooit
brachten de lofbetuigingen zijn hoofd op hol. Steeds bleef hij zichzelf. Hij
bezat de ware moed ook bij tegenspoed, zijn ingesteldheid, zijn smaak, zijn
genegenheid. Hij durfde het aan, te houden van zijn huis, zijn kinderen, zijn
kleinkinderen en achterkleinkinderen. Nooit was hij beschaamd om zijn
zogenaamde sociale status. Aan zijn kwaliteiten van eerbaar burger wist hij in
alle bescheidenheid, zijn genegenheid en naastenliefde toe te voegen. Een
verscheurd hart, een misdeelde ziel, een behoeftige kameraad, vonden meteen
troost en medelijden. Hij hield ervan dienst te betonen. Wanneer men hem vroeg
zijn goed humeur of goede gezondheid te verklaren antwoordde hij:"Ik leef
naar mijn geweten en zorg er voor dat men mij niets kan verwijten". Zo
kwam het dat Papa Merx pas op 30 september 1919 gedemobiliseerd werd… en dat na
meer dan vijf jaar oorlog. Een
nieuw avontuur begon. Het duurde niet lang, of zijn oorlogskameraden
beschouwden hem als hun beste symbool en uitstekende vertegenwoordiger. Zo werd
Papa Merx, niettegenstaande hemzelf, een niet te omzeilen ster. In
1920 kwam Koning Leopold III, toen nog prins Leopold en Graaf van Vlaanderen
hem bezoeken. Zo vertelde Papa Merx dikwijls aan zijn familie waarom Prins
Leopold hem zo dankbaar was. Toen de Prins als jonge vrijwilliger in het 12de
linie Regiment achter de IJzer diende (hij werd korporaal op 5 april 1915),
hoorde Papa Merx (toen hij samen met de Prins op verkenning was ?) het
karakteristieke geluid van een naderende granaat en hij aarzelde geen ogenblik
om de jonge Prins brutaal weg te sleuren en in veiligheid te brengen. Gelukkig
maar, want de granaat viel en ontplofte net op die plaats waar de Prins zich
kort voordien ophield! In 1920 betrof het een officieel bezoek, maar de oude
soldaat genoot met volle teugen van de talrijke bezoeken die de Prins hem ten
private titel bracht. Inderdaad,
Leopold had de gewoonte om telkens hij zich in de Luikse regio ophield voor een
officiële ontvangst, Merx te vereren met een bezoek. Le prince Léopold au chevet de papa Merx. In
1924 huldigde Luik zijn veteranen en uiteraard is Papa Merx erbij. Clovis
Pierard getuigt over deze gebeurtenis in de typische grootsprakerigheid, eigen
aan die periode : (" Souvenons-nous" Uitgevers Ballez Colmart-Wuillot, Paturages, 1924.): Op 26 en 27 januari 1924, laaide in het fiere Luik de geestdrift hoog op. Men vierde er immers de 5de verjaardag van de Nationale Federatie van Oorlogsvrijwilligers, die niettegenstaande hun grijze haren, zich aansloten bij de heldhaftige slagordes van 1914. Luik barstte van geestdrift, het dappere Luik verdiende terecht zijn naam van “vurige stede”. De massa was werkelijk bezield en trilde in spraak en doen bij de herinnering aan augustus 1914. Overal zag men de gehesen driekleur die fier wapperde in de wind. Op zaterdag avond 26 januari, had een koortsachtige vergadering plaats in het huis der Oudstrijders. Het verwelkomen van de Oorlogsveteranen liet op die avond bij alle aanwezigen een onvergetelijke en ontroerende indruk na. Hier volgen de namen der dapperen: Bohon Charles, De Bruyne Jean-Baptiste, Dessart Jean, Devin Joseph, D’outrepont J., Demoulin Henry, Gallez Jean, Gernaert Jules, Guisset Herman, Legros Joseph, Jeunehomme V., Joly Pascal, Le Chanoine Célestin, Leujeune Jacques, Marcotti Ferdinand, Merx Barthélemy, Schoonbroodt Nicolas, Swennen Pierre, Thonard François, Vanniesbecq Gustave. De meeste droegen hun oorlogsuniform. De barstensvolle zaal gaf hen een uitbundige en daverende ovatie en de razernij barstte los toen de ouderdomsdeken der oorlogsvrijwilligers, de dappere Merx, ten tonele verscheen. Hij werd vereremerkt met het Italiaans Oorlogskruis waarbij de Italiaanse Consul hem zei: " Wanneer men Uw leven tijdens de Oorlog doorlicht, dan staat men versteld van wat U allemaal kon verrichten. Wij aanzien U als één der grootste helden van de "Groten Oorlog" in U herken ik een held van het Latijnse ras". De Consul van Italië, die eveneens soldaat was tijdens de laatste veldtocht kust duidelijk hoorbaar onze held op beide gerimpelde wangen. Merx wordt tot tranen toe bewogen, de zaal trappelt en jubelt… dan volgen de toespraken en bloemen, steeds maar meer bloemen. Wat een avond!… De volgende dag hebben de officiële recepties plaats. Een optocht met meer dan honderd maatschappijen, leidden de oude helden naar een triomferende apothéose. Kwistig worden eindeloze ovaties en vurige redevoeringen gehouden en van overal worden prachtige bloemtuilen aangebracht. Onze
held van Herstal zal nog dikwijls de voorpost innemen (een woord dat hij heel
goed kent) bij talrijke manifestaties. Hij hield er aan, talloze uren door te
brengen met zijn onfortuinlijke makkers en zij verlieten hem nooit zonder één
of andere strofe van het episch lied te neuriën dat ter zijner ere geschreven
werd. De militaire aalmoezenier de Groote was een buitengewone persoonlijkheid
die ontegensprekelijk tot de beste vrienden van Papa Merx hoorde. Onder andere
de bewoners van het Kwartier Marexhe te Herstal, waar Papa Merx verbleef,
hebben met dit uniek duo verschillende anekdotes meegemaakt zoals die keren als
ons koppel, na een zeer laat uitgelopen receptie of ceremonie, met veel
nachtelijk kabaal de kazerne kwam binnengestrompeld. Dit
intens sociaal leven had wel een keerzijde in het bijzonder voor zijn dochter
Marie en haar echtgenoot Guillaume die de oude veteraan herbergden. Zo
herinnert men zich nog altijd hoe Marie totaal overstuur was, toen ze op een
zaterdag namiddag een konijntje klaar maakte, om het de daarop volgende zondag
te kunnen opdienen, maar toen het zover was vond ze alleen nog enkele beentjes
terug. De kokkin diende niet lang te zoeken naar de schuldige. Papa Merx had inderdaad die zaterdag
avond een vergadering en kwam pas terug naar huis in de “kleine uurtjes”,
uiteraard wat aangeschoten en overeenkomstig hongerig! Gelukkig, dankzij zijn
opgeruimd karakter en zijn grote gave van het gepaste antwoord, vergaf men vlug
de mistap van Papa Merx. Zijn
kleinkinderen en achterkleinkinderen aanbaden hem. Op zekere dag werd zijn
achterkleindochter ernstig ziek, de dokter werd erbij geroepen en besloot de
methode der kopglazen ( soort zuignappen ) toe te passen. Het kind kermde
echter van de pijn, maar Papa Merx kon haar troosten door haar in ’t plat Waals
dialect van Luik in het oor toe te fluisteren:”We trekken het er wel uit”! We
weten niet of Juliette troost vond of verschrikt was, maar de ongewone zin
bleef in haar geheugen gegrift en kwam vaak ter sprake bij elke
familievergadering die het had over de tijd van toen.! Telkens onze Vorsten op bezoek kwamen, vond men sergeant Merx op de ereplaats, dichtbij de vaandels die hij zo dapper diende en verdedigde. Koning Albert en de Koningin droegen hem een ware genegenheid toe. Zijn faam was zo groot, dat de stad Luik zijn naam aan een straat gaf, terwijl hij nog leefde. In 1937, leed Papa Merx en zijn kameraden erg onder de afkondiging van de "Wet Van Zeeland", die amnestie verleende aan de Belgen die gecollaboreerd hadden met de vijand. Negentien jaar na de oorlog waren de wonden nog niet geheeld. Nu weten wij, dat er meerdere generaties nodig zijn om het kwaad te kunnen vergeten dat sommigen bij hun medemensen aangericht hebben.. Een voorbarige vergiffenis wakkerde het lijden weer aan. Papa Merx, reeds de 80 voorbij, was één van diegenen die zijn eretekens afrukte en ze op de driekleur gooide die men omwille van de omstandigheden had aangebracht op het monument der gesneuvelden te Luik. De eretekens der "anciens" hoopten zich op. Ze werden bijeengebracht en gesmolten om er een kroon mee te vervaardigen die later te Marche-les-Dames bijgezet werd aan de voet van de tragische rots. Enkele maanden na deze gebeurtenis, stierf Papa Merx die zijn ganse leven al zijn goede en edelmoedige kwaliteiten ter beschikking stelde! Twee uur voor hij de geest gaf, ontving hij één zijner kameraden, Majoor Leclercq en stond er op om samen een laatste fles wijn te kraken, "Het is de laatste" zo zei hij aan zijn protesterende vriend, "ik weet waar ik nu heenga". Le corbillard, rue St Léonard à Liège. De
meest beroemde Oud-strijder van België, werd plechtig ter aarde besteld, op 10
maart 1938. Om hem de laatste eer te bewijzen kwam het volk in grote getale
opdagen langsheen de reisweg naar zijn laatste rustplaats, het kerkhof van
Robertmon. Het was dan ook een uitzonderlijke stoet met een echt leger van
landauers overladen met bloemen,… soldaten … en generaals. Tussen de deelnemers
in uniform vond men een totaal ontredderde en diep teneergeslagen iemand,
Aalmoezenier de Grootte, de man met het stalen korset. La tombe de papa Merx au cimetière de Robermont. (Photo F. De Look) De pers vermeldde dat Politie en Rijkswacht slechts met vereende krachten, de massale volkstoeloop kon bedwingen en in goede banen leiden … Waarlijk, Herstal kan fier zijn op jou, Papa Merx. Hier volgt het lied dat de makkers van Papa Merx ter zijner ere hebben getoondicht. Indien het de nijdige sfeer van de ganse oorlog weerspiegelt, dient men er evenwel een lofbetuiging voor moed en dapperheid in te herkennen! (Vrije vertaling van de inhoud) 1ste vers |