Médecins de la Grande Guerre

Un soldat de 65 ans: Barthélemy Merx, alias Papa Merx

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Un soldat de 65 ans : Barthélemy Merx, alias Papa Merx

point  [article]
Papa Merx casqué (colorisé par Francis De Look)

Papa Merx casqué (collection F. De Look)

Papa Merx en bonnet de police. (collection F. De Look)

Papa Merx en capote. (collection L. Timmers)

Papa Merx peint par Marie Dacier (collection F. De Look)

Le cadre en plâtre ayant servi comme moule pour faire le cadre en bronze en 1933. (Coll. Francis De Look)

La Reine Elisabeth en conversation avec papa Merx "de dos". (collection E. Widar)

La ferme Den Toren en octobre 1916.

La ferme « Den Toren » en juin 2005. (photo F. De Look)

Depuis le front allié à Oud-Stuyvekenskerke jusque la ferme « Den Toren », une distance de 850 mètres. (photo F. De Look)

Vue sur la carte, le front allié à Oud-Stuyvekenskerke jusque la ferme « Den Toren », une distance de 850 mètres.

Le Roi Albert décorant le drapeau du 9e de Ligne

Le Roi Albert saluant le drapeau du 9e de Ligne

Titre de congé de papa Merx

Rapport du Colonel Dejaiff sur les états de service de papa Merx

Suite du rapport du Colonel Dejaiff sur les états de service de papa Merx

Le courrier de l’armée du 4 juillet 1920

Suite du courrier de l’armée du 4 juillet 1920

Le Prince Léopold au 9e de Ligne

Les petites médailles de papa Merx. (Photo F. De Look)

La Fraternelle des Anciens Combattants du 9e Régiment de Ligne à son cher Président d’Honneur Le Papa Merx 24 mars 1934. (collection F. De Look)

Papa Merx aussi faisait de l’artisanat de tranchée ! (collection Dany Joskin)

Ici, on y voit bien son nom ! (collection Dany Joskin)

Papa Merx en présence du général Six

Papa Merx en compagnie du père de Groote

Papa Merx dessiné par le président de l’union des fraternelles de l’armée de campagne 1914 – 1918 section Anvers. (collection F. De Look)

La Légion Nationale reconnaissante envers Papa Merx. (collection F. De Look)

Et dire que maman ne le sait pas...... Au Sergent Merx avec toute mon admiration et toute mon amitié. Jacques Ochs 12/3/31. (collection F. De Look)

Papa Merx en civil. (collection F. De Look)

Le Prince Léopold vient rendre visite à papa Merx

Le prince Léopold au chevet de papa Merx.

Le Prince Léopold a terminé sa visite à papa Merx

Papa Merx faisait aussi partie de la Gilde des Anciens Arquebusiers de Visé. (collection Anc. Arquebusiers)

Fédération Nationale des Combattants de Visé et Environs en 1929.

Le sergent Merx, doyen d’âge des volontaires, reçut à son domicile, à Herstal, la visite du représentant du Roi, qui accompagné de dirigeants de la ligue des Volontaires et du Père de Groote, le populaire aumônier, vint lui épingler sur la poitrine la Médaille du Volontaire. (collection des Anciens Arquebusiers de Visé)

Papa Merx dans son jardin.

Papa Merx et son chien

Papa Merx à la chasse. (collection F. De Look)

Papa Merx au café de la Station à Herstal

Le Prince Léopold félicite le 1er sergent Merx doyen du 9e Régiment de Ligne, doyen des volontaires.

Couverture d’une brochure éditée par la Fraternelle du 9e Régiment de Ligne.

Les Présidents d’Honneur du 9e Régiment de Ligne.

Avant le dépôt de fleurs au monument du 9e Régiment de Ligne.

La cour du Palais des Princes Evêques à Liège

A une des nombreuses rencontres

Papa Merx en présence d’officiers supérieurs

Papa Merx et des officiers

Photo tirée du livre d’or de l’amicale du 9ème de ligne. (collection Hoofdkwartier 1 Brigade - 8/9 Linie, Leopold-Burg)

Photo envoyée par Maurice Decoo d’Ostende

Papa Merx, le père de Groote et …

Papa Merx et Jean-Baptiste Frings (du 9e de Ligne) à Vincennes en 1934. (collection J. Frings)

Plaque émaillée de la rue Sgt Merx. (Photo F. De Look)

Plaque émaillée de la rue Sgt Merx. (Photo F. De Look)

Autre modèle de plaque. (Photo F. De Look)

Vue sur la rue Sgt Merx. (Photo F. De Look)

Défilé des Croix de Feu lors de la Joyeuse entrée du Roi à Liège

Papa Merx au défilé des Croix de Feu

Papa Merx lors d’une réception en présence du Roi Léopold III

A Bruxelles en présence du Roi

Le Roi Léopold III, papa Merx et le père de Groote lors de l’inauguration du mémorial interallié de Cointe

La chapelle ardente, Marexhe à Herstal : la famille

La chapelle ardente, Marexhe à Herstal : les anciens Combattants.

Le corbillard, rue St Léonard à Liège.

Le cortège funèbre : les anciens Combattants

Le cortège funèbre : les anciens Combattants (suite)

Le cortège funèbre rue Saint Léonard à Liège

Les landaus de fleurs

Le cortège funèbre : la fanfare militaire

Le cortège funèbre : les officiers

Le monument de la pelouse d’honneur du cimetière de Robermont à Liège. (Photo F. De Look)

La tombe de papa Merx au cimetière de Robermont. (Photo F. De Look)

Plaque de la tombe de papa Merx. (Photo F. De Look)

Une cloche, se trouvant dans la « Chapelle de la Victoire » à Oud-Stuyvekenskerke, rendant hommage au 9e de ligne pour l’attaque de la ferme « Den Toren ». (photo F. De Look)

Sur le ticket d’entrée du musée « IN FLANDERS FIELDS » à Ypres se marque par « tirage au sort » le nom d’un article à regarder dans un appareil. Et bien, le sort a voulu que le Dr Loodts reçoive un ticket marqué ? PAPA MERX

Livre d‘or de la Carte du Feu 1934-1935, 9ème de Ligne page 174.

Article concernant le sergent Merx - in Le Courrier de la Meuse - début 1915.

Par Francis De Look, arrière-arrière-petit-fils de Papa Merx et le Dr Loodts P.


Le buste de Papa Merx. (collection L. Timmers)

Barthélemy bien souvent appelé Pierre Merx naquit à Liège le 27 janvier 1849 et devint un véritable personnage de légende connu sous le nom de Papa Merx..


       Sa gloire, il l'acquit à l'âge où chacun espère pouvoir profiter d'une pension bien méritée. Elle débuta le 4 août 14, lorsque les troupes allemandes envahissant la Belgique, il parvint, bien que âgé de 65 ans, à se faire engager au 1er régiment de volontaires... Comment les autorités et le médecin militaire acceptèrent cet engagement ? Il y a là mystère... Peut-être furent-ils impressionnés par la fougue, la santé de fer et le passé militaire de Pierre qui en 1870, pendant la guerre franco-allemande avait pris part à la surveillance des frontières comme sous-officier de cavalerie ! Ses chefs voulurent alors lui proposer « le train » (c'est à dire le corps de transport). Mais Merx exige le service actif : « je ne suis pas venu pour conduire matériaux et blessés, je veux me battre » dira-t-il. A Gand, après quelques semaines de guerre, ses chefs veulent lui rendre les galons de sous-officier qu'il avait conquis longtemps auparavant. Le vieux volontaire refuse et, prétextant qu'il n'est qu'une recrue sans aucun mérite, demande de gagner ses galons sur le champ de bataille !



Papa Merx casqué (colorisé par Francis De Look)

       88 ans après, subsistent dans la mémoire de ses descendants des explications à l'engagement extraordinaire de leur aïeul. Barthélemy Merx eut deux filles et un fils. Ce dernier s'étant réfugié en Hollande au début des hostilités, Papa Merx aurait alors dit : « puisque mon fils ne peut combattre, il n'est pas dit qu'il n'y aura pas un Merx pour le faire.. » Une autre tradition explique que Barthélemy aurait vu dans son engagement l'occasion de retrouver son autonomie car étant veuf, il avait dû consentir à vivre chez une de ses filles... On peut se perdre en conjonctures sur les motifs qui poussèrent cet homme à s'engager. La véritable motivation de Pierre est sans doute très simple : cet homme était un grand patriote qui avait du courage à revendre et qui ne s'estimait pas « vieux » !

       Très remarqué parce qu'il était le doyen des volontaires de Belgique, Barthélemy va aussi être reconnu comme un soldat exceptionnel... Il ne veut en aucun cas être versé à l'arrière. Son vœu va être exaucé (sans doute grâce au grand talent de persuasion qu'il possède) : non seulement il sera présent durant toute la guerre en première ligne mais il sera parmi les volontaires du front qui acceptèrent la vie très risquée de « patrouilleur » dans les lignes ennemies. Avant la fin du premier hiver au front, à cause de sa bravoure, il est nommé caporal le 5 mars 1915 et deux semaines après il est fait chevalier de Léopold II pour avoir fait preuve de courage et de sang-froid au cours d'un bombardement d'environ 170 obus dirigé contre le petit poste dont il faisait partie (AR 2559 du 19/3/15). Un de ses camarades nous donne plus de détails sur ce fait d'armes. 

       En février 1915, la 3e D.A. reprit sous sa garde le secteur de Dixmude très mouvementé. Après une nuit d'un violent bombardement, un poste avancé de deux sentinelles (les frères Sertin) se trouva menacé. Le caporal Cousin et Papa Merx se portèrent à leur secours et les délivrèrent après avoir dispersé une patrouille ennemie. Le soir, Papa Merx, valeureux, s'en va seul occuper pour une nuit le trou des frères Sertin. Il lui sera impossible de revenir le lendemain matin dans ses lignes car éclate un bombardement dantesque. C'est seulement après deux jours d'abandon et d'isolement qu'il parvint à rejoindre ses frères d'armes. 

       Papa Merx rentrait dans la légende. Celle-ci comporta bientôt un nouveau chapitre. Le 24 mars 1915, conduisant une patrouille avant l'attaque de la ferme Den Toren et deux de ses hommes ayant été blessés et le troisième tué, Merx ne rentre à sa compagnie qu'après avoir recueilli les renseignements demandés. 



La ferme Den Toren en octobre 1916.

       Ces deux actes de bravoure, son exceptionnel caractère contribuèrent à sa nomination comme sergent le 12 juin 1915. Le colonel Dejaiffe, commandant son régiment, le 9ème de ligne décrivit très bien la manière de servir du doyen des sous-officiers : 



Le général A. Dejaiffe.

       D'un caractère loyal, résistant comme un vieux chêne et d'une bravoure admirable, il a toujours été un exemple magnifique pour ses compagnons d'armes. Ne connaissant ni la crainte, ni la peur, il sollicite des missions périlleuses qu'il accomplit toujours avec bonheur. D'une exactitude méticuleuse, il n'a jamais manqué au dur service des tranchées sous quelque prétexte que ce soit, et malgré son audace, il n'a jamais été blessé.

       En 1917, il refuse au Général Drubbel une mission à l'arrière avec le grade d'adjudant en récompense de fin d'activité. Papa Merx restera donc au front tant qu'il y aura un front... Mais attention, les faits d'armes du héros ne doivent pas nous le faire apparaître sous les traits du guerrier… Merx était en première ligne parce qu'il voulait servir son pays « sans compter » et que le « sans compter » impliquait sa présence dans les postes les plus dangereux. Une phrase écrite par le colonel Dejaiffe à son sujet résume très bien l'abnégation exceptionnelle du doyen des soldats : Il réclame toujours l'honneur d'occuper les postes les plus périlleux disant qu'il vaut mieux qu'une vieille carcasse comme lui périsse plutôt qu'un jeune plein de vie. 



Le général Drubbel.

       Une autre preuve de ce que avançons se trouve dans son dossier militaire conservé aux archives du Musée royal de l'Armée : c'est une feuille manuscrite de « Renonciation au renvoi dans les foyers prévu par l'arrêté royal du 18 décembre 1918 par lequel Papa Merx s'oblige à rester volontaire à l'armée jusqu'à la remise complète de celle-ci sur pied de paix. Champ de bataille ou pas, tant qu'on avait besoin d'hommes à l'armée, il se faisait un devoir d'en être un » ! Le camarade de combat qui prononça le discours d'adieu des combattants à Papa Merx durant la cérémonie de son inhumation sut trouver les mots justes pour résumer avec justesse les merveilleux traits de ce caractère totalement désintéressé :

       Jamais les honneurs, ne lui ont fait tourner la tête. En toutes circonstances, il a osé être lui-même. Il a eu le courage de son physique, de son état de fortune, de sa mentalité, de ses goûts, de ses affections. Il a osé aimer sa maison, son travail, ses enfants, ses petits-enfants et arrière-petits enfants. Il n' a jamais rougi de ce qu'il est convenu d'appeler son état social. A ces qualités d'honorable citoyen, il a su joindre avec discrétion, la bonté et la charité. Un cœur meurtri, une âme déshéritée, un camarade indigent, trouvait sans cesse en lui la pitié et la compassion. Il aimait à rendre service. Quand on lui demandait le secret de sa bonne humeur et de sa bonne santé, il répondait: « je vis avec ma conscience et je m'efforce d'agir de façon à ne rien me reprocher ». 

       Papa Merx fut donc seulement démobilisé le 30 septembre 1919... après plus de cinq ans d'armée !

       Une autre aventure commença. Ses camarades de guerre eurent tôt fait de le considérer comme leur meilleur symbole, comme leur meilleur représentant. Papa Merx devint ainsi, malgré lui, une « vedette » incontournable.

       En 1920, il reçut la visite du roi Léopold III alors prince Léopold, comte de Flandre. Papa Merx raconta souvent à sa famille la raison pour laquelle le prince Léopold lui était fort reconnaissant. Alors que le prince servait comme jeune volontaire (il fut nommé caporal le 05 avril 1915) au 12e de ligne derrière l'Yser, papa Merx (au cours d'une reconnaissance faite avec le prince ?) entendant le sifflement caractéristique d'un obus poussa brutalement le prince pour l'entraîner à distance. Bien lui en prit car l'obus tomba et explosa à l'endroit même où le prince se trouvait quelques minutes auparavant ! En 1920, la visite du prince à Merx fut officielle mais le vieux soldat bénéficia de nombreuses autres visites du prince à titre privé. En effet, Léopold avait l'habitude de repasser de temps à autre au domicile de Merx au retour des réceptions officielles auxquels il se devait d'assister dans la région de Liège... 



Le prince Léopold au chevet de papa Merx.

       En 1924, Liège fête ses vétérans. Papa Merx est évidemment de la partie. Clovis Pierard témoigne de l'événement avec la grandiloquence typique de cette époque :

 (« Souvenons-nous » Editeurs Ballez Colmant-Wuillot, Paturages, 1924.) :

Les 26 et 27 janvier 1924, Liège le glorieuse s'enflammait d'une généreuse ardeur. Elle fêtait le 5ème anniversaire de la Fédération Nationale des Combattants et surtout elle glorifiait ses vieux volontaires, ceux qui malgré leurs cheveux blancs, s'engagèrent dans les héroïques phalanges de 1914. Liège qui enfanta tant d'enthousiasmes, Liège la vaillante, mérita bien ces jours là son titre de « Cité Ardente ». La foule était électrisée, elle vibrait dans ses cris et ses gestes, elle se souvenait d'août 14… Partout l'emblème national était arboré et claquait fièrement au vent. Le samedi 26 au soir, une réunion fiévreuse eut lieu à la maison des combattants. L'accueil fait aux vétérans de la guerre laissera à tous ceux qui furent de cette soirée un souvenir d'inoubliable émotion. Voici les noms de ces vaillants : Bohon Charles, De Bruyne Jean-Baptiste, Dessart Jean, Devrin Joseph, D'outrepont J., Demoulin Henri, Gallez Jean, Gernaert Jules, Guisset Herman, Legros Joseph, Jeunehomme V, Joly Pascal, le Chanoine Célestin, Leujeune Jacques, Marcotty Ferdinand, Merx Barthélemy, Schoonbroodt Nicolas, Swennen Pierre, Thonard François, Vanniesbecq Gustave. La plupart avaient revêtu leur uniforme de guerre. La salle qui était remplie à craquer leur fit une frénétique ovation et ce fut du délire quand le brave Merx, l'aîné des volontaires de Belgique, apparut sur la scène. En le décorant de la croix de guerre italienne, le consul d'Italie lui dit : « Quand on examine votre vie pendant la guerre, on est frappé de tout ce que vous avez pu faire. Nous vous considérons comme un des plus grands héros de la grande guerre ; je vois en vous le héros de la latinité. » Et le Consul d'Italie, qui fut aussi soldat de la dernière campagne, plaque sur les joues ridées deux gros baisers sonores ; Merx pleure, la salle trépigne, exulte... Puis ce sont des discours et des fleurs, toujours des fleurs. O la belle soirée !... Le lendemain fut la journée des réceptions officielles. Un cortège, de plus de cent sociétés, conduisait les vieux héros dans une triomphale apothéose. Des discours chaleureux, des acclamations sans fin, des gerbes magnifiques leur fut prodigués.    

       Notre héros herstalien sera souvent aux avant-postes (un mot qu'il connaissait bien) lors de nombreuses manifestations. Il aimait passer de nombreuses heures avec ses anciens compagnons d'infortune qui ne le quittaient jamais sans avoir au moins pu  fredonner l'un ou l'autre couplet du  chant épique composé en son honneur. Un homme à la personnalité exceptionnelle, l'aumônier militaire de Groote faisait partie des meilleurs amis de papa Merx. Les deux hommes formaient un duo inimitable qui laissa dans le quartier Marexhe à Herstal où résidait papa Merx maints souvenirs dont celui du tapage nocturne  qu'ils avaient l'habitude de faire  lorsqu'ils s'en revenaient d'une réception ou d'une cérémonie bien arrosée.

       Cette vie sociale intense présentait cependant quelques inconvénients pour sa fille Marie et son mari Guillaume qui hébergeaient le vieux vétéran. On se souvient longtemps de l'émoi de Marie qui, ayant passé son samedi à préparer pour le repas dominical un excellent lapin en sauce, découvrit le dimanche matin au moment de mettre la table qu'il ne restait plus que les os dans la casserole. L'excellente cuisinière eut vite fait de trouver le coupable. Papa Merx avait eu réunion le samedi soir et était rentré « aux petites heures » sans doute un peu éméché et se trouvant un petit creux ! Heureusement, grâce à son caractère enjoué, et grâce à son don de la répartie, Papa Merx avait vite fait de se faire pardonner. Ses petits-enfants et arrière-petits-enfants l'adoraient. Un jour, son arrière-petite-fille Juliette tombée malade, on appela le docteur qui décida d'appliquer les « bwètes » (ventouses). L'enfant pleura pendant le traitement. Papa Merx qui assistait à la scène en fut tout ému et entreprit de consoler sa Juliette en lui chuchotant à l'oreille, dans son patois liégeois, « djel va tiré » ! (en français : «  je vais le tirer »). On ne sait pas si Juliette fut consolée ou effrayée, mais en tout cas la phrase insolite resta gravée dans sa mémoire et ressortit souvent dans les réunions de famille lorsqu'on évoquait le passé !  

       A chaque visite de nos Souverains, le sergent Merx était à la place d'honneur, tout près des drapeaux qu'il avait si valeureusement défendus. Le roi Albert, la reine Elisabeth avaient pour lui une grande amitié.

       Sa réputation était telle qu'en 1930, de son vivant, la ville de Liège donna son nom à une rue. En 1937, Papa Merx souffrit avec ses camarades de combat de la promulgation de la « loi Van Zeeland » qui accordait l'amnistie aux Belges qui avaient collaboré avec l'ennemi. Dix neuf années après la guerre, les plaies étaient encore ouvertes. On sait aujourd'hui qu'il faut plusieurs générations pour oublier le « mal » que les hommes sont capables de faire subir à leurs semblables. Le pardon trop précoce ravivait donc les souffrances. Papa Merx, âgé de plus de 80 ans, fut un de ceux qui enleva ses décorations pour les lancer sur le linceul tricolore que l'on avait placé pour la circonstance sur le monument aux morts de la ville de Liège. Les décorations des « Anciens » s'amoncelèrent. Elles furent fondues et transformées en une couronne métallique qui sera déposée à Marche-les-Dames, au pied du rocher tragique.

       Quelques mois après cet événement, Papa Merx décéda n'ayant jamais cessé de manifester ses qualités de bon et généreux vivant ! Deux heures avant de s'éteindre, il reçut un de ses camarades le major Leclerq et tint à boire avec lui une bouteille de vin « C'est la dernière », dit-il et aux protestations de son ami, il répondit : « je sens où je vais. » 



Le corbillard, rue St Léonard à Liège.

       Le plus célèbre combattant de Belgique fut conduit solennellement à sa dernière demeure le 10 mars 1938. Pour lui rendre hommage, la population se précipita en grand nombre le long du trajet que prit le cortège qui emmenait Papa Merx d'Herstal à sa dernière demeure, au cimetière de Robermont. Le cortège était exceptionnel et se composaient d'une véritable armée de landaus garnis de fleurs, ...de soldats ... de généraux et…la fanfare militaire ! Parmi les participants en uniforme se trouvait un homme particulièrement attristé, c'était l'aumônier de Groote, l'homme au « corset d'acier ». 



La tombe de papa Merx au cimetière de Robermont. (Photo F. De Look)

       La presse mentionna que la police et la gendarmerie durent conjuguer leurs efforts pour endiguer la foule... Sacré Papa Merx ! Herstal peut être fier de toi !

(1) Le chant composé en l'honneur de papa Merx par ses compagnons vous est donné ici. S'il reflète l'ambiance exaltée et haineuse de toute guerre, il faut y voir avant tout l'éloge du courage!

1er couplet
Dans les rangs de notre compagnie
Nous avons un bon vieux dont la vie
doit vraiment nous servir de modèle
Car elle est belle
Pleine d'énergie
Le vieux Merx a soixante dix ans
A voulu quitter ses petits enfants
Pour défendre sa patrie
Est venu lui offrir sa vie
N'est-il pas de plus beau dévouement!

1er refrain
Et lui malgré son grand âge
Est venu sur le champ de carnage
Et se distingue parmi nos bataillons
Pour sa grande haine pour les teutons
Sa carabine toujours sûre
Fait sentir son âpre morsure
Et pour défendre ses prés, ses bois
Est terrible ce Liégeois.


2ème couplet
Et le soir la bataille finie
Il contemple la mine ravie
La terrible hécatombe des boches
Qui sur la roche
Gisent sans vie
Puis il pense à toute sa famille
Et a ses cinq petites filles
Puis il dit d'un air joyeux
Pour toujours soyez heureux
Que mon sacrifice vous soit utile.

2ème refrain
Et superbe de courage
Il avance malgré son grand âge
Bravant la poudre et l'éclat du canon.
Il reste en tête des hommes de sa section
Pour défendre la Belgique
Le vieux Merx est héroïque
En récompense des services passés
Il est nommé brigadier.


3ème couplet
Sur l'Yser, il fit campagne
Et vit se briser l'élan de l'Allemagne.
Cet élan brisé partout en somme
depuis l' Argonne jusqu'en Champagne
Et après avoir livré tant de batailles
Des mains de son roi, il reçut la médaille
Et le titre de chevalier
Lui fut royalement donné
Par sa majesté Albert 1er.


3ème refrain
Et redressant sa poitrine
Qui sous les âges s'incline
D'une main tremblante, il présente les armes
Tandis qu'en ses yeux vint perler une larme
Et de sa taille belle encore
Se redresse encore quand son roi le décore
C'est une médaille bien gagnée
Il est digne de la porter.

 

Le 9ème de Ligne honore ses héros[1]

       A l'exemple de son village d'adoption, le 9e régiment de ligne a gravé dans la pierre, pour qu'il échappe à l'oubli, le nom du vaillant soldat qui avec 40.000 autres est mort pour que la Belgique vive. Le vaillant régiment a baptisé de son nom l'un des bâtiments de la caserne du Petit-Château à Bruxelles. Cet hommage de reconnaissance et du souvenir a été rendu devant les troupes au cours d'une cérémonie qui s'est déroulée le 16 septembre 1936. Au cours de cette prise d'armes qui fait honneur aux unités portant les numéros de celles de la guerre, le Colonel B. E. M. Glorie a prononcé les belles paroles que voici :

       Depuis l'armistice, le régiment a toujours considéré comme une tâche sacrée d'honorer ceux des leurs qui, par leur sacrifice, leur bravoure, leur héroïsme ont contribué à la renommée et à la gloire du 9e de Ligne.

       Trois grandes plaques apposées dans la cour du quartier sur les trois corps du bâtiment principal ont été baptisées du nom des trois chefs de corps : Meiser, Flebus, Dejaiffe qui, au cours de la guerre conduisirent le régiment à la victoire et à l'honneur.

       L'ancien arrière bâtiment reçut de même la dénomination de « Bloc Major Bruneel », qui tomba glorieusement le 6 août 1914 à la tête de son bataillon.

       Aujourd'hui, les nouveaux bâtiments construits nous procurent l'occasion de revenir à cette belle et noble tradition.

       Ces locaux étant particulièrement affectés aux installations des ménages des sous-officiers et de la troupe, nous avons pensé qu'il convenait de les dénommer, l'un du nom d'un sous-officier, l'autre d'un soldat, qui se sont tout particulièrement distingués au cours de la guerre.

       Pour les sous-officiers, je n al cru pouvoir mieux faire, et je ne doute pas d'avoir été au-devant du désir de tous les sous-officiers, en dénommant leur bloc :

« Bloc Papa Merx. »

       Je ne vous apprendrai rien, MM., en vous disant que le 1er sergent Merx est une figure vraiment nationale.

       Car l'exemple qu'il a donné mérite d'être inscrit en lettres d'or, dans l'histoire du courage et du patriotisme.

       On dit souvent, que la valeur n'attend pas le nombre des années. Le 1er sergent a prouvé lui, que le poids des années n'est pas une entrave à l'accomplissement d'un devoir sacré.

       Engagé volontaire à l'âge de 65 ans, Merx a, comme sergent et comme 1er sergent fait toute la guerre dans une compagnie et dans l'unité des patrouilleurs du régiment. Il a toujours refusé de se laisser désigner pour un service à l'arrière. - Honneur à lui. Messieurs. ...... Honneur à un beau et fier soldat :

Vive Papa Merx.

 



[1] Tiré du livre « Au Drapeau » par A. Jacoby. Les Editions Jos. Vermaut, Paris-COURTRAI-Bruxelles (1956)






Le buste de Papa Merx. (collection L. Timmers)

Le 11 juin 2009, inauguration de la « Salle Papa Merx » à Bourg-Léopold

       Papa Merx en aurait été très fier, 71 ans après sa mort, par la volonté  du Lieutenant Colonel Derickx une grande salle du QG 1 Brigade, Quartier Léopold à Bourg-Léopold porte le nom de « Salle Papa Merx ».

       Le Major d’aviation Albert Wuilmart arrière petit fils et le Sergent pompier honoraire Francis De Look arrière-arrière petit fils de papa Merx avons été invités à la cérémonie.

       Des photos très gentiment envoyées de Bourg-Léopold vous sont présentées ici.  



Le 11 juin 2009, inauguration de la « Salle Papa Merx » à Bourg-Léopold.

Programme de la journée du 11 juin 2009

Le major d’aviation Wuilmart et le sergent pompier honoraire De Look, arrières petits fils de papa Merx, sont reçus par le lieutenant colonel Derickx et l’adjudant Nakkach

Le major d’aviation Wuilmart et le sergent pompier honoraire De Look, arrières petits fils de papa Merx, sont reçus par le lieutenant colonel Derickx et l’adjudant Nakkach

Des présentations

Des présentations

Arrivée dans la salle

Arrivée dans la salle

On y voit une très jolie photo de papa Merx

Le colonel Bosteyn, chef de corps

Aux places d’honneur

Aux places d’honneur

Le lieutenant colonel Derickx inaugure officiellement la « Salle Papa Merx »

Le lieutenant colonel Derickx inaugure officiellement la « Salle Papa Merx »

Quelques mots sur le côté civil de Papa Merx

Quelques mots sur le côté civil de Papa Merx

Tout le monde est intéressé !

Tout le monde est intéressé !

Tout le monde est intéressé !

Tout le monde est intéressé !

La peinture de Papa Merx, offerte par Francis De Look, va rester à l’entrée de la salle

Maintenant, c’est la visite du bâtiment

Maintenant, c’est la visite du bâtiment

Maintenant, c’est la visite du bâtiment

La cérémonie, d’investiture du RSM, commence

Le 8ème et 9ème de ligne, « A SES HEROS »

La tribune d’honneur

Le défilé

Le défilé

La passe d’arme

A droite, le chef de corps

Une passe d’arme

Arrivée du drapeau

Le salut au drapeau

Le salut au drapeau

Le drapeau s’éloigne de la tribune

Plus gros plan sur le drapeau

Le lieutenant colonel Derickx invite le chef de corps, le colonel Bosteyn, à passer la troupe en revue

Le lieutenant colonel Derickx invite le chef de corps, le colonel Bosteyn, à passer la troupe en revue

Le colonel Bosteyn passe la troupe en revue

Le colonel Bosteyn salue le drapeau

Le colonel Bosteyn continue la revue

Une photo de la troupe prise au hasard

La cérémonie continue

La cérémonie continue

La cérémonie continue

La cérémonie continue

Des Anciens sont invités

Dépôt de fleurs au monument des 8ème et 9ème de ligne

Dépôt de fleurs au monument des 8ème et 9ème de ligne

Dépôt de fleurs au monument des 8ème et 9ème de ligne

Dépôt de fleurs au monument des 8ème et 9ème de ligne et le salut

Dépôt de fleurs au monument des 8ème et 9ème de ligne et le salut

Le monument des 8ème et 9ème de ligne est fleuri

Le salut

Le drapeau

La tribune

Préparation des décorations

Le lieutenant colonel Derickx est décoré par le colonel Bosteyn

La tribune

La tribune

La tribune

Le Lieutenant Colonel et le RSM

Le Lieutenant Colonel et le RSM

Le Lieutenant Colonel et le RSM

Départ de la troupe

Départ de la troupe

Départ de la troupe

Départ de la troupe

Le lunch à la Villa Astrid

Le lunch à la Villa Astrid

Le lunch à la Villa Astrid

Le lunch à la Villa Astrid

Le lunch à la Villa Astrid






Barthélemy Merx 
Door Francis De Look, achterachterkleinzoon van Papa Merx en Dr. P. Loodts.
Vrije Vertaling Jan Bossuyt.

 

Barthélemy Merx is geboren te Luik op 27 januari 1849 en werd later een legendarisch personage, bekend onder de naam Papa Merx.



Le buste de Papa Merx. (collection L. Timmers)


       De roem kwam er pas op een ouderdom waarop de meeste mensen reeds hopen te kunnen genieten van een welverdiende rust en pensioen. Het begon op 4 augustus 1914, toen de Duitse troepen, België binnenvielen en bij zich, jawel, … als 65 jarige liet inlijven bij het 1ste Regiment vrijwilligers… hoe de overheid en de militaire arts dat voor mekaar gekregen hebben blijft een mysterie ? Misschien waren ze overweldigd door de onstuimigheid, de ijzersterke gezondheid en het militaire verleden van Barthélemy, die als cavalerie Onder Officier gediend had bij de grenswacht tijdens de Frans – Duitse oorlog van 1870 ! Zijn oversten wilden hem toewijzen aan de spoorweg of den "trein" (militair vervoer korps) maar Merx eiste een actieve dienst: "ik ben hier niet gekomen om materiaal en gekwetsten te begeleiden, maar om te vechten" zou hij gezegd hebben ! Te Gent, na enkele weken oorlog, wilden zijn chefs hem terug Onder Officier benoemen zoals hij voordien reeds geweest was. De ouwe vrijwilliger weigert omdat hij meent dat hij nog geen enkele verdienste heeft als rekruut en meent deze te kunnen behalen op het slachtveld !



Papa Merx casqué (colorisé par Francis De Look)

       88jaar later, kunnen zijn nazaten zich enigszins herinneren hoe het kwam dat hun voorvader op deze buitengewone manier dienst nam als oorlogsvrijwilliger. Barthélemy Merx had twee dochters en een zoon. Deze laatste vluchtte bij het begin der vijandelijkheden naar Nederland, maar Papa Merx zou toen gezegd hebben: "gezien mijn zoon niet meer kan vechten, wil dat niet zeggen dat er geen Merx meer overblijft om dat te gaan doen". Een andere traditie verklaart dat Pierre gebrand was op meer zelfstandigheid, gezien hij toestemde om bij één zijner dochters in te wonen .Men kan zich te pletter lopen op de meest uiteenlopende veronderstellingen, waarom hij zich zo inzette. De ware motivatie van Barthélemy was ongetwijfeld heel eenvoudig: hij was een echte patriot, had moed te koop en achtte zich geenszins "een ouwe"!

        Het viel wel op dat hij Deken was van de Belgische vrijwilligers, maar Pierre zal wel als een uitzonderlijk soldaat worden erkend… Hij wil onder geen beding achter het strijdtoneel belanden. Zijn wens zal verhoord worden (vermoedelijk wegens zijn overredingstalent): hij bevindt zich de ganse oorlog in de eerste linie en durft het aan om de uiterst gevaarlijke taak van "patrouilleur" in de vijandelijke stelling vrijwillig op zich te nemen. Nog voor het einde van de eerste winter aan het front, wordt hij op 5 maart 1915 wegens zijn dapperheid bevorderd tot korporaal en twee weken nadien wordt hem het ridderschap in de orde van Leopold II verleend wegens: heeft blijk gegeven van moed en zelfbeheersing tijdens een bombardement waarbij 170 granaten (obussen) afgevuurd werden op de kleine post waar hij zich bevond (KB. 2559 van 19/3/15). Eén zijner kameraden verklaart zich nader omtrent deze krijgsverrichting :

       In februari 1915 kwam een erg woelige sector bij Diksmuide onder de hoede van de 3de divisie. Na een zwaar nachtelijk bombardement werden twee schildwachten (de broers Sertin) van een vooruitgeschoven post bedreigd. Korporaal Cousin en Papa Merx, moedig zoals steeds, hebben gans alleen de nacht doorgebracht in het hol van de broers Sertin. ’s Morgens lukt het niet de eigen linie terug te bereiken want er barst terug een hels bombardement los. Pas na twee dagen afzondering en in de steek te zijn gelaten door iedereen kan hij zijn wapenmakkers vervoegen.

       Aldus wordt Papa Merx een legende. Weldra zal hij er een nieuw hoofdstuk aan toevoegen. Op 24 maart 1915 voor de aanval plaatsheeft, leidt hij een patrouille naar het pachthof "Den Toren." Met de gewenste inlichtingen bereikt hij terug zijn compagnie, alhoewel twee van zijn manschappen gewond en een derde gedood werd.



La ferme Den Toren en octobre 1916.

       Beide daden van dapperheid en zijn uitzonderlijk karakter dragen er toe bij om hem op 12 juni 1915 tot sergeant te benoemen. Kolonel A. Dejaiffe, bevelhebber van zijn 9de linie regiment, beschrijft het optreden van de ouderdomsdeken der Onder Officieren:



Le général A. Dejaiffe.

       Met zijn loyaal karakter, weerstand biedend als een oude eik en met bewonderenswaardige dapperheid, was hij steeds het prachtig voorbeeld voor zijn wapenbroeders. Noch vrees, noch angst kennend, aanvaardt hij de gevaarlijkste opdrachten en brengt ze tot een goed einde. Met een angstvallige nauwgezetheid, zal hij nooit en onder geen enkel beding te kort schieten bij het vervullen van zijn zware opdrachten in de loopgrachten en niettegenstaande zijn uitzonder lijke moed is hij nooit gekwetst geweest.

       Als eindbeloning voor bewezen diensten geeft Generaal Drubbel in 1917 aan Pappa Merx de opdracht om als adjudant achter het front dienst te nemen hetgeen hij categoriek weigert. Papa Merx blijft dus vooraan aan het front zolang het er is. Maar opgelet, zijn heldendaden zijn niet oorlogszuchtig Merx bevindt zich in de eerste linie om vooreerst zijn land te dienen en dat, zonder zich hiervoor te laten betalen, daarom aanvaardt hij elke gevaarlijke opdracht. Kolonel Dejaiffe schreef een zin die de uitzonderlijke zelfverloochening van deze ouderdomsdeken der soldaten samenvat: hij eist de eer op steeds de gevaarlijkste posten te mogen bezetten, alleen al omdat hij het gepaster vindt dat een ouwe karkas kapot gaat, dan een jonge levenslustige.



Le général Drubbel.

       Een ander bewijs van hetgeen hier wordt beweerd vinden we terug in zijn militair dossier, dat zich in de archieven van het Koninklijk Krijgsmuseum bevindt: het betreft een handgeschreven blad waarin hij weigert om zijn haardstede te vervoegen zoals toen bij Koninklijk Besluit van 18 december 1918 bevolen werd en dit omdat Papa Merx zich verplicht voelt als vrijwilliger bij het Leger te blijven totdat deze terug volledig op vredesvoet staat. Slachtveld of niet, zolang er mannen nodig waren, achtte hij het zijn plicht er te zijn! De strijdmakker, die tijdens de ter aardebestelling van Papa Merx, de grafrede namens zijn wapenbroeders uitsprak vond de gepaste woorden om zijn totaal onbaatzuchtige en bewonderenswaardige karaktertrekken samen te vatten:

       Nooit brachten de lofbetuigingen zijn hoofd op hol. Steeds bleef hij zichzelf. Hij bezat de ware moed ook bij tegenspoed, zijn ingesteldheid, zijn smaak, zijn genegenheid. Hij durfde het aan, te houden van zijn huis, zijn kinderen, zijn kleinkinderen en achterkleinkinderen. Nooit was hij beschaamd om zijn zogenaamde sociale status. Aan zijn kwaliteiten van eerbaar burger wist hij in alle bescheidenheid, zijn genegenheid en naastenliefde toe te voegen. Een verscheurd hart, een misdeelde ziel, een behoeftige kameraad, vonden meteen troost en medelijden. Hij hield ervan dienst te betonen. Wanneer men hem vroeg zijn goed humeur of goede gezondheid te verklaren antwoordde hij:"Ik leef naar mijn geweten en zorg er voor dat men mij niets kan verwijten".

       Zo kwam het dat Papa Merx pas op 30 september 1919 gedemobiliseerd werd… en dat na meer dan vijf jaar oorlog.

       Een nieuw avontuur begon. Het duurde niet lang, of zijn oorlogskameraden beschouwden hem als hun beste symbool en uitstekende vertegenwoordiger. Zo werd Papa Merx, niettegenstaande hemzelf, een niet te omzeilen ster.

       In 1920 kwam Koning Leopold III, toen nog prins Leopold en Graaf van Vlaanderen hem bezoeken. Zo vertelde Papa Merx dikwijls aan zijn familie waarom Prins Leopold hem zo dankbaar was. Toen de Prins als jonge vrijwilliger in het 12de linie Regiment achter de IJzer diende (hij werd korporaal op 5 april 1915), hoorde Papa Merx (toen hij samen met de Prins op verkenning was ?) het karakteristieke geluid van een naderende granaat en hij aarzelde geen ogenblik om de jonge Prins brutaal weg te sleuren en in veiligheid te brengen. Gelukkig maar, want de granaat viel en ontplofte net op die plaats waar de Prins zich kort voordien ophield! In 1920 betrof het een officieel bezoek, maar de oude soldaat genoot met volle teugen van de talrijke bezoeken die de Prins hem ten private titel bracht. Inderdaad, Leopold had de gewoonte om telkens hij zich in de Luikse regio ophield voor een officiële ontvangst, Merx te vereren met een bezoek.



Le prince Léopold au chevet de papa Merx.

       In 1924 huldigde Luik zijn veteranen en uiteraard is Papa Merx erbij. Clovis Pierard getuigt over deze gebeurtenis in de typische grootsprakerigheid, eigen aan die periode :

 (" Souvenons-nous" Uitgevers Ballez Colmart-Wuillot, Paturages, 1924.):

Op 26 en 27 januari 1924, laaide in het fiere Luik de geestdrift hoog op. Men vierde er immers de 5de verjaardag van de Nationale Federatie van Oorlogsvrijwilligers, die niettegenstaande hun grijze haren, zich aansloten bij de heldhaftige slagordes van 1914. Luik barstte van geestdrift, het dappere Luik verdiende terecht zijn naam van “vurige stede”. De massa was werkelijk bezield en trilde in spraak en doen bij de herinnering aan augustus 1914. Overal zag men de gehesen driekleur die fier wapperde in de wind. Op zaterdag avond 26 januari, had een koortsachtige vergadering plaats in het huis der Oudstrijders. Het verwelkomen van de Oorlogsveteranen liet op die avond bij alle aanwezigen een onvergetelijke en ontroerende indruk na. Hier volgen de namen der dapperen: Bohon Charles, De Bruyne Jean-Baptiste, Dessart Jean, Devin Joseph, D’outrepont J., Demoulin Henry, Gallez Jean, Gernaert Jules, Guisset Herman, Legros Joseph, Jeunehomme V., Joly Pascal, Le Chanoine Célestin, Leujeune Jacques, Marcotti Ferdinand, Merx Barthélemy, Schoonbroodt Nicolas, Swennen Pierre, Thonard François, Vanniesbecq Gustave. De meeste droegen hun oorlogsuniform. De barstensvolle zaal gaf hen een uitbundige en daverende ovatie en de razernij barstte los toen de ouderdomsdeken der oorlogsvrijwilligers, de dappere Merx, ten tonele verscheen. Hij werd vereremerkt met het Italiaans Oorlogskruis waarbij de Italiaanse Consul hem zei: " Wanneer men Uw leven tijdens de Oorlog doorlicht, dan staat men versteld van wat U allemaal kon verrichten. Wij aanzien U als één der grootste helden van de "Groten Oorlog" in U herken ik een held van het Latijnse ras". De Consul van Italië, die eveneens soldaat was tijdens de laatste veldtocht kust duidelijk hoorbaar onze held op beide gerimpelde wangen. Merx wordt tot tranen toe bewogen, de zaal trappelt en jubelt… dan volgen de toespraken en bloemen, steeds maar meer bloemen. Wat een avond!… De volgende dag hebben de officiële recepties plaats. Een optocht met meer dan honderd maatschappijen, leidden de oude helden naar een triomferende apothéose. Kwistig worden eindeloze ovaties en vurige redevoeringen gehouden en van overal worden prachtige bloemtuilen aangebracht.    

       Onze held van Herstal zal nog dikwijls de voorpost innemen (een woord dat hij heel goed kent) bij talrijke manifestaties. Hij hield er aan, talloze uren door te brengen met zijn onfortuinlijke makkers en zij verlieten hem nooit zonder één of andere strofe van het episch lied te neuriën dat ter zijner ere geschreven werd. De militaire aalmoezenier de Groote was een buitengewone persoonlijkheid die ontegensprekelijk tot de beste vrienden van Papa Merx hoorde. Onder andere de bewoners van het Kwartier Marexhe te Herstal, waar Papa Merx verbleef, hebben met dit uniek duo verschillende anekdotes meegemaakt zoals die keren als ons koppel, na een zeer laat uitgelopen receptie of ceremonie, met veel nachtelijk kabaal de kazerne kwam binnengestrompeld.

       Dit intens sociaal leven had wel een keerzijde in het bijzonder voor zijn dochter Marie en haar echtgenoot Guillaume die de oude veteraan herbergden. Zo herinnert men zich nog altijd hoe Marie totaal overstuur was, toen ze op een zaterdag namiddag een konijntje klaar maakte, om het de daarop volgende zondag te kunnen opdienen, maar toen het zover was vond ze alleen nog enkele beentjes terug. De kokkin diende niet lang te zoeken naar de schuldige. Papa Merx had inderdaad die zaterdag avond een vergadering en kwam pas terug naar huis in de “kleine uurtjes”, uiteraard wat aangeschoten en overeenkomstig hongerig! Gelukkig, dankzij zijn opgeruimd karakter en zijn grote gave van het gepaste antwoord, vergaf men vlug de mistap van Papa Merx.

       Zijn kleinkinderen en achterkleinkinderen aanbaden hem. Op zekere dag werd zijn achterkleindochter ernstig ziek, de dokter werd erbij geroepen en besloot de methode der kopglazen ( soort zuignappen ) toe te passen. Het kind kermde echter van de pijn, maar Papa Merx kon haar troosten door haar in ’t plat Waals dialect van Luik in het oor toe te fluisteren:”We trekken het er wel uit”! We weten niet of Juliette troost vond of verschrikt was, maar de ongewone zin bleef in haar geheugen gegrift en kwam vaak ter sprake bij elke familievergadering die het had over de tijd van toen.!

       Telkens onze Vorsten op bezoek kwamen, vond men sergeant Merx op de ereplaats, dichtbij de vaandels die hij zo dapper diende en verdedigde. Koning Albert en de Koningin droegen hem een ware genegenheid toe. Zijn faam was zo groot, dat de stad Luik zijn naam aan een straat gaf, terwijl hij nog leefde. In 1937, leed Papa Merx en zijn kameraden erg onder de afkondiging van de "Wet Van Zeeland", die amnestie verleende aan de Belgen die gecollaboreerd hadden met de vijand. Negentien jaar na de oorlog waren de wonden nog niet geheeld. Nu weten wij, dat er meerdere generaties nodig zijn om het kwaad te kunnen vergeten dat sommigen bij hun medemensen aangericht hebben.. Een voorbarige vergiffenis wakkerde het lijden weer aan. Papa Merx, reeds de 80 voorbij, was één van diegenen die zijn eretekens afrukte en ze op de driekleur gooide die men omwille van de omstandigheden had aangebracht op het monument der gesneuvelden te Luik. De eretekens der "anciens" hoopten zich op. Ze werden bijeengebracht en gesmolten om er een kroon mee te vervaardigen die later te Marche-les-Dames bijgezet werd aan de voet van de tragische rots.

       Enkele maanden na deze gebeurtenis, stierf Papa Merx die zijn ganse leven al zijn goede en edelmoedige kwaliteiten ter beschikking stelde! Twee uur voor hij de geest gaf, ontving hij één zijner kameraden, Majoor Leclercq en stond er op om samen een laatste fles wijn te kraken, "Het is de laatste" zo zei hij aan zijn protesterende vriend, "ik weet waar ik nu heenga". 



Le corbillard, rue St Léonard à Liège.

       De meest beroemde Oud-strijder van België, werd plechtig ter aarde besteld, op 10 maart 1938. Om hem de laatste eer te bewijzen kwam het volk in grote getale opdagen langsheen de reisweg naar zijn laatste rustplaats, het kerkhof van Robertmon. Het was dan ook een uitzonderlijke stoet met een echt leger van landauers overladen met bloemen,… soldaten … en generaals. Tussen de deelnemers in uniform vond men een totaal ontredderde en diep teneergeslagen iemand, Aalmoezenier de Grootte, de man met het stalen korset. 



La tombe de papa Merx au cimetière de Robermont. (Photo F. De Look)

       De pers vermeldde dat Politie en Rijkswacht slechts met vereende krachten, de massale volkstoeloop kon bedwingen en in goede banen leiden … Waarlijk, Herstal kan fier zijn op jou, Papa Merx.

Hier volgt het lied dat de makkers van Papa Merx ter zijner ere hebben getoondicht. Indien het de nijdige sfeer van de ganse oorlog weerspiegelt, dient men er evenwel een lofbetuiging voor moed en dapperheid in te herkennen! (Vrije vertaling van de inhoud)

1ste vers
in de rangen van onze compagnie
zit er een ouwe taaie die ons
tot voorbeeld strekt
mooi en vol energie
de ouwe Merx is zeventig
om het vaderland te dienen
stelde zijn leven veil,
en of dat niet de mooiste toewijding is!

1ste refrein
hij, die reeds zo oud is
naar het slachtveld gekomen
en zich onderscheiden heeft in onze bataljons
met zijn haat
voor Teutonen
steeds zeker met zijn karabijn
laat ze de wrange beet voelen
en om zijn bossen en weiden te verdedigen,
hij is ongelofelijk deze Luikenaar.

2de vers
En ’s avonds na de slag
Aanziet hij met verrukte blik
De vreselijke slachting der moffen
Die op de rots liggen zonder leven
Daarna denkt hij aan zijn hele familie
En aan zijn vijf kleindochtertjes
Om met blijdschap te verkondigen
Dat ze voor altijd het geluk mogen kennen
En zijn offer nuttig mag zijn

2de refrein
groots van moed, hoe oud ook
schrijdt hij voorwaarts
hij trotseert het kruid en de knal van het kanon
hij blijft op kop van de mannen van zijn sectie
om België te verdedigen
onze oude Merx is heldhaftig
Als beloning voor zijn bewezen diensten
Wordt hij bevorderd tot brigadier.

3de vers
op den IJzer geschiedde de veldtocht
en zag de geestdrift van Duitsland ineenstorten
een inéénstorting van de Argonne tot in de Champagnestreek
en nadat hij zoveel gevechten geleverd heeft
mocht hij uit de handen van zijn Koning het ereteken ontvangen
en de titel van Ridder werd hem royaal aangeboden
door Zijne Majesteit Albert I.

3de refrein
fier de borst vooruit
die door de jaren wegebt
met bevende hand, presenteert hij de wapens
terwijl hij een traan wegpinkt.
Maar zijn nog kranige gestalte komt fier omhoog
wanneer hij door zijn Koning wordt gedecoreerd
Het is een welverdiend ereteken
Hij is het waardig om het te dragen.

 



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