Médecins de la Grande Guerre
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Les postes chirurgicaux avancés Les blessés de l’abdomen
n’avaient que très peu de chance de s’en sortir. Les intestins perforés
laissaient passer dans la cavité abdominale leur contenu composé de matière
fécale accompagné de milliards de bactéries. Très vite la péritonite survenait et
avec elle la mort. Pour avoir une chance de survie, il fallait être opéré le
plus rapidement possible après avoir été blessé. Au milieu de l’année 1916, le
service de santé décida d’établir des postes chirurgicaux avancés, à proximité
immédiate du front, pour permettre aux blessés de l’abdomen d’être opéré le
plus rapidement possible. Les directeurs
des trois grands hôpitaux du front, à savoir L’Océan, Hoogstaede,
et Beveren (qui déménagera à Cabourg)
eurent chacun un P.C.A à gérer. L’hôpital de l’Océan choisit d’installer
le sien à Sint-Jans Molen,
l’hôpital d’Hoogstaede choisit l’emplacement de Grognies et enfin Beveren choisit l’emplacement d’Abelenhof. Le poste de Sint-Jans
Molen attira certainement les rancœurs des médecins
opérant dans les deux autres car il était le seul à être équipé d’un matériel
extrêmement novateur à savoir de quatre voitures automobiles disposés en
rectangle avec au centre une vaste tente, elle-même reliée à une cinquième
voiture servant de salle d’opération. Cette installation mobile était en fait
une copie de l’autochir française conçue par le docteur Marcille
et avait été offerte par la reine Elisabeth.
Le poste chirurgical avancé d’Abelenhof et le
docteur Frantz Delporte Le poste chirurgical avancé d’Abelenhof entra en fonction le 19 juillet 1916. Entre
cette date et le 15 novembre 1916, on note 26 blessés reçus dont 18 étaient des
blessés de l’abdomen. Sur ces 18 opérés, cinq survirent, ce qui nous donne un
taux de guérison de 28%. Ce taux de guérison était déjà une grande amélioration
mais il fut encore augmenté quand, au début de
l’année 1917, on améliora le
poste de chirurgical avancé en lui construisant un abri bétonné et en rendant son fonctionnement continu.
Finalement l’activité totale du P.C.A. d’Abelenhof,
entre son ouverture et sa fermeture le 10 juillet 1917, comprendra la réception de 19 blessés non-abdominaux et 44 blessés abdominaux. De
ces derniers, 7 moururent avent l’intervention. 21 décédèrent après
l’intervention. Au total l’intervention donnait 47% de survie. Un opéré de
l’abdomen dans les meilleures conditions avait donc près d’une chance sur deux
de s’en sortir. Ce pourcentage fut retrouvé à quelques pour cent près dans les
autres postes chirurgicaux avancés. 13 photos témoignent de ce
que fut le P.C.A. d’Abelenhof. Ces photos
proviennent d’un des deux albums classé comme appartenant au sous-lieutenant
médecin Max Delporte. En réalité Max Delporte n’était pas médecin mais ingénieur. Actif au Congo belge où il étudie le potentiel
hydro-électrique de plusieurs chutes, il regagna l’Europe début 1915 pour se
porter volontaire. Il s’engagea alors comme simple soldat au sein de la
Compagnie des sapeurs-pontonniers commandée par son ami Robert Thys, héros des inondations de l’Yser. Il suivra les cours
de Sous-lieutenant auxiliaire du Génie et se retrouve affecté au 1er
Génie. Tué au front (à Kippe) le 18 septembre 1918,
il laissa deux albums photos consacrés
principalement à ses activités au sein du génie. En revanche, il avait
effectivement un frère aîné, Frantz, médecin dont il a pris plusieurs photos en
1917, essentiellement au P.C.A. d’Abelenhof. Que pouvons-nous dire sur le Dr Frantz
Delporte (né à Bruxelles le 30 juin 1881) ? Son dossier qui se trouve au
Centre de documentation du Musée Royal de l’Armée n’a pas été consulté mais il apparaît (journal Le Soir du 20 août 2009)
qu’il fut un très grand mécène comme en témoigne ci-dessous un extrait d’un
article paru dans le soir du 20 août 2009. Le docteur Franz Delporte fut professeur
honoraire à l’Université libre de Bruxelles, où il avait défendu en 1912 une
thèse de doctorat sur l’embryon humain. Cet homme de notoriété internationale
fut aussi un collectionneur avisé. A la fin de sa vie, il s’entretint
avec le conservateur en chef des Musées royaux des beaux-arts de Bruxelles, le
baron Roberts-Jones, de la possibilité de léguer sa collection, et c’est
finalement en 1973 que ce qui était alors le legs le plus important jamais
accordé au musée fit son entrée dans l’institution. La cohérence d’un tout Cet ensemble de 229 œuvres
d’art témoigne d’une vie passionnée par la beauté dans toute sa diversité : si
l’art ancien prédomine (peintures et sculptures), l’on trouve aussi de
l’orfèvrerie, une tapisserie du XVIe siècle, ainsi qu’une sélection
d’objets égyptiens, islamiques, précolombiens, indiens, africains, chinois et
japonais. Le 26 février 1974, l’on inaugure cette collection désormais
publique. Neuf salles du musée lui sont consacrées et selon l’expression des
conservateurs, il s’agit d’un véritable musée dans le musée. En effet, les arts
non européens ne sont habituellement pas exposés aux Musées royaux des
beaux-arts mais plutôt au Musée du Cinquantenaire. L’ensemble, présenté comme
tel, conserve la cohérence que Franz Delporte lui donna. Peut-être un lecteur pourrait-il nous en dire un peu plus sur la vie professionnelle de
ce médecin ? Les photos qui accompagnent
cet article ont été retravaillées. La numérotation des photos commence par APD pour
Album Photo Delporte suivi d’un chiffre romain I ou II désignant l’album. Les
nombres qui les suivent correspondent à la page de l’album. La légende de la
photo correspond textuellement à celle de l’album. Seules trois photos ne sont
ni datées ni situées : Il s’agit très vraisemblablement de Frantz Delporte
dans son petit laboratoire. La visite des souverains à Abelenhof remonte plus précisément au 16 janvier
1917 lorsqu'ils visitent le secteur sud de la 2e
DA. (sur base des éphémérides royales publiées par le Crédit
Communal sous le titre Albert et Elisabeth 1914-1918.) Vincent Scarniet et Patrick Loodts |