Médecins de la Grande Guerre

Le plus grand complexe hospitalier du saillant d’Ypres se trouvait à Lijssenthoek.

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Le plus grand complexe hospitalier du saillant d’Ypres se trouvait à Lijssenthoek.

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Lijssenthoek - Cimetière "Remi" 1920 – Vue générale au plot 12 sur sections anglaise et canadienne

Lijssenthoek - Cimetière "Remi" 1920 – Tombes d’aviateurs anglais

Lijssenthoek - Cimetière "Remi" 1920 – Plot 9 de la section anglaise

Lijssenthoek - Cimetière "Remi" 1920 – Entrée vers l’hôpital et le cimetière

Lijssenthoek - Cimetière "Remi" 1920 – Vue générale au plot 2 section anglaise

Lijssenthoek - Cimetière "Remi" 1920 – Le coin des travailleurs chinois

Lijssenthoek - Cimetière "Remi" 1920 – Plot 28 de la section anglaise

Lijssenthoek - Cimetière "Remi" 1920 – Plot 5 de la section anglaise

Lijssenthoek - Cimetière "Remi" 1920 – Vue générale (prise à gauche)

Lijssenthoek - Cimetière "Remi" 1920 – Famille française honorant ses morts

Quelques uns des jeunes gens qui reposent dans la terre de Lijssenthoek

L’ancien café Boohaert se trouvait juste en face du complexe hospitalier. (photo Dr Loodts)

Derrière le cimetière on aperçoit la ferme « Remi » (photo Dr Loodts)

Des Croix témoignent que le premier hôpital installé sur le site fut français ! (photo Dr Loodts)

Derrière le cimetière on aperçoit une des serres des jardiniers qui entretiennent le cimetière (photo Dr Loodts)

En ce mois de décembre 2012, les soldats de 14 ont retrouvé la boue des Flandres ! (photo Dr Loodts)

La boue des flandres en décembre 2012 ; comme un rappel des souffrances endurées par les soldats de 14 ! (photo Dr Loodts)

Ici repose l’infirmière du cimetière. (photo Dr Loodts)

La tombe de l’infirmière Nellie Splinder. (photo Dr Loodts)

Toujours la tombe de Nellie Splinder. (photo Dr Loodts)

Le plus grand complexe hospitalier du saillant d’Ypres

se trouvait à Lijssenthoek

       Le petit village de Lijssenthoek  était situé idéalement à l’arrière du front, à quelques km de la ville de Poperinghe avec qui  il était relié par une voie ce chemin de fer.  Rapidement un hôpital militaire français fut installé aux abords de la ferme de Remi Quaghebeur. Les deux premiers soldats ensevelis dans le cimetière créé pour l’hôpital furent sylvain Avril et Adolph Birckel. Quand le saillant d’Ypres fut confié au seul Commonwealth, le site «  Remi Siding » nommé ainsi par les anglais, prit une importance considérable et devint le lieu où se rassemblèrent quatre hôpitaux militaires, deux tenus par les Anglais (le 10ème et 17ème Casualty Clearing Station et deux autres tenus par les Canadiens (le 2ème et 3ème C.C.S.). Ces hôpitaux formaient ensemble la plus grande formation médicale  (4.000 lits entre août 1916 et janvier 1918) du saillant d’Ypres et cela sur un terrain de 50 hectares. 

       Bien entendu, le cimetière militaire s’agrandit proportionnellement au grand nombre de soldats qui furent soignés à Lijssenthoek. 10.754 hommes et une femme sont ensevelis dans ce cimetière. Ce qui en fait le deuxième cimetière le plus important du Commonwealth après celui du Tyne Cot Cemetery qui compte 11.954 sépultures. A la différence de ce dernier, à Lijssenthoek, quasi toutes les tombes portent un nom. La raison en est simple,  il s’agit majoritairement  des soldats décédés durant leur hospitalisation dans un des quatre hôpitaux tandis qu’au Tyne Cot Cemetery les soldats décédés le furent majoritairement au combat dans la terrible bataille de Passendaele. En septembre 2012 fut inauguré à côté du cimetière le centre des visiteurs. Une exposition s’y tient en permanence et nous fait revivre la tragédie des milliers de soldats qui succombèrent à leurs blessures en ce lieu. Magnifique initiative qui nous permet de mesurer le sacrifice de ces soldats en les faisant revivre par des photos, des extraits de lettres etc… La visite de ce centre est un immense hommage à cette jeunesse sacrifiée ! A conseiller donc à tous ceux qui visitent aujourd’hui le saillant d’Ypres ! Le Centre des Visiteurs vous apprendra des histoires aussi surprenantes qu’émouvantes. Je vous en rapporte quelques-unes ci-après.

Hommage à Nellie Splinder qui repose au milieu de dix mille soldats


Nellie Splinder

       Nellie Splinder est la seule femme qui repose dans ce cimetière d’hommes. Elle apporte dans ce lieu chargé d’émotion sa présence féminine et continue à apporter sa sollicitude d’infirmière aux milliers de soldats qui l’entourent ! Agée de 26 ans, elle n’exerça  cependant pas à Lijssenthoek mais à Brandhoeck, dans un hôpital situé dans une grande proximité du front, cela afin de pouvoir opérer le plus rapidement possible les blessés de l’abdomen. Cet hôpital était donc très exposé aux tirs ennemis. Nellie fut tuée dans le bombardement que subit son hôpital le 21 août 1917… Elle fut enterrée dans le cimetière de Lijssenthoek au cours d’une impressionnante cérémonie à laquelle assistaient une centaine d’officiers dont le  Général-Médecin Skinner.  Nellie est une des deux infirmières du Commonwealth  ayant servi pendant la Première guerre Mondiale et qui reposent en Belgique. L’autre infirmière est Elsie Mabel Gladstone, décédée de pneumonie le 24 mars 1919 à l’âge de 32 ans. Sa tombe est située au cimetière militaire de Belgrade, près de Namur parmi celles de 248 soldats.


L’aventure des frères King

       41 américains furent enterrés à Lijssenthoek. Un de ceux-ci est Harry King qui repose près de son frère Reginald qui lui a combattu sous le drapeau anglais !  Le premier  mourut en Argonne et l’autre sur le front de l’Yser. La maman voulut que les deux frères soient réunis et c’est ainsi que l’on transféra la dépouille de Harry près de son frère Regge. On imagine les formalités que durent remplir les parents éplorés ! L’histoire des frères King vaut la peine qu’on s’y arrête pour comprendre pourquoi les deux frères avaient des nationalités différentes !  La famille King est anglaise et compte cinq garçons et trois filles. Des cinq garçons, quatre émigrent aux Etats-Unis pour chercher une meilleure vie, un seul, Lewis reste auprès de ses parents. La guerre éclate en Europe. Les Etats-Unis ne rentrent en guerre que bien plus tard en 1917.  George franchit la frontière des Etats-Unis  et s’enrôle dans l’armée canadienne tandis que son frère Reginald décide de retourner en Angleterre pour s’enrôler dans son pays natal. Lewis, resté en Angleterre, s’engage sur place. Harry s’engage plus tard dans l’armée américaine et meurt en Argonne de la grippe. Des cinq garçons, quatre se sont donc engagés et cela dans trois armées différentes !  Deux y laisseront la vie ! 

3 générations Sutherland veuillent sur le cimetière

       Le soldat Sutherland servit comme brancardier dans un des hôpitaux de Lijssentheok. Il tomba amoureux de la fille du patron du café Boonaert qui se trouvait en face de la ferme Remi. Ils se marièrent et après la guerre fut le premier jardinier engagé. Après son fils, c’est aujourd’hui son petit fils qui prend soin des plantations du cimetière.

Des tombes datant de 1920

       Après la guerre l’hôpital continua à fonctionner jusque 1920. C’est ainsi que la dernière personne à y reposer fut le jardinier Simpson Meldrum décédé d’une hémorragie en 1920.

La tragique destinée d’un émigré belge au canada

       30 nationalités sont représentées à Lijssenthoek. L’armée canadienne était composée en effet de nombreux jeunes immigrés. Il en était ainsi pour le belge Van Neste. Cet instituteur né à Elseghem était parti chercher une meilleure vie au Canada. Il s’engagea volontairement dans l’armée canadienne pour participer à la libération de son pays natal. Il y mourut à l’âge de 37 ans !  Quelle trajectoire dramatique pour cet héroïque  Belge !  Que devinrent ses enfants et son épouse qui était aussi belge ?

Lijssenthoek : un lieu d’expérimentation pour les médecins en quête de meilleurs soins pour leurs patients !


Le docteur Crile, célèbre médecin américain

       Le docteur Washington Crile était américain mais fut mis à la disposition de l’hôpital. Ce médecin en 1906 osa effectuer une première  transfusion de sang en 1906. Il était très connu pour des études médicales variées. Il fut l’inventeur d’une pince chirurgicale et travailla beaucoup pour prévenir le phénomène de choc opératoire subi par l’organisme lorsque celui-ci doit affronter une intervention. Il prouva que si on effectuait une anesthésie locale au niveau de l’endroit à opérer et cela avant d’effectuer l’anesthésie générale, le blessé avait beaucoup plus de chances de s’en sortir car l’innervation de la zone traumatisée n’envoyait plus de signaux de stress  au cerveau. Ce savant fut avec le Dr Cushing (voir mon article sur le Dr Cushing) un des premiers militaires américains à nous porter secours. A Lijssenthoek il tenta de réanimer un groupe de six soldats par l’injection d’eau de mer ! Cette expérimentation ne fut pas une réussite car un seul survécut.

       Le médecin canadien Laurence Bruce Robertson expérimenta quant à lui  la transfusion sanguine sur 36 blessés.

       Un troisième médecin illustre, l’Anglais Adrian Stokes mit au point la méthode d’administration de l’oxygène par tubulure nasale. Ce médecin possédait à Lijssenthoek un singe chez qui il administrait du sang des soldats atteints de la fièvre des tranchées afin de mieux connaître cette maladie. Le Dr Stokes participa plus tard à la compréhension de la fièvre jaune. Il mourut lui-même de cette maladie en 1927 à Lagos en Afrique durant une expérimentation !  Des travaux du Dr Stokes et de ses collègues le Dr Young et le Dr Noguchi  (Ces deux médecins périrent aussi de la maladie qu’ils étudiaient !) naîtra le futur vaccin anti-malaril !

Conclusion :

       Le cimetière de Lijssenthoek est un lieu chargé d’émotions ! Tant de jeunes gens y reposent injustement privés d’une vie d’adulte qu’ils commençaient à peine !  Le centre des Visiteurs du cimetière constitue un véritable hommage aux soldats qui succombèrent de leurs blessures après avoir  reçu  les soins de leurs  médecins et infirmières !  Que d’espoirs déçus !

       Il reste à espérer que les soldats belges décédés  puissent connaître le même honneur que les gars du Commonwealth !  Je pense tout spécialement au cimetière militaire de La Panne où reposent bon nombre de soldats qui furent hospitalisés à l’hôpital l’Océan !  Quel sera le mécène qui s’enorgueillira plus tard d’avoir honoré les petits soldats belges morts à La Panne ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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