Médecins de la Grande Guerre
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Commémoration à Gaillon
de l’école d’officier créée en 1915 par les Belges La guerre est mangeuse d’hommes. Parmi les officiers particulièrement exposés au feu se trouvent les sous-lieutenants et les lieutenants car ils sont toujours en première ligne. Après quelques mois de guerre, l’armée belge se retrouva avec un effectif insuffisant de ces jeunes officiers. Il fallait de toute urgence en former de nouveaux. Notre école royale militaire se trouvant dans la zone occupée à Bruxelles, il fallut créer de toute pièce une école dans notre base arrière qui se situait en France. La ville normande de Gaillon à quelques km au sud de la Seine se proposa d’accueillir en son château l’école des candidats sous-lieutenants de l’armée belge. Certes le château était occupé partiellement par l’armée française (un pénitencier militaire et une batterie d’artilleurs, et deux sections métropolitaines d’exclus), mais il était encore suffisamment vaste pour accueillir les Belges. Le 24 décembre 1914, le commandant Neuray arriva au château pour créer le C.I.S.L.A. (Centre d’Instruction pour Sous-Lieutenants Auxiliaires) de Gaillon. Le 15 janvier les cours débutaient avec une première promotion (une promotion comptait cinq pelotons d’une trentaine d’hommes). Au total 2.000 candidats officiers séjourneront à Gaillon. Les Belges garderont pour la plupart un bon souvenir de Gaillon car l’accueil de la population française fut chaleureux. De nombreux élèves officiers dont René Glatigny et Jacques Mechelynck, détaillèrent par écrit à leurs proches leur vie d’apprentissage à Gaillon. Une vie studieuse sévère avec très peu de temps libre… Plus de cent ans après l’ouverture de l’école d’officiers belges, les Gaillonais se souviennent encore de la présence des Belges au cœur de leur ville pendant la Grande Guerre. L’initiative d’une commémoration fut lancée notamment par l’Association pour la Renaissance de Château représentée principalement par Monsieur Jean-Louis Breton. Le 8 mars une délégation Gaillonaise fut reçue par Madame Christine Poulin, Député-Bourgmestre de Walcourt, la tombe de René Glatigny se trouvant au cimetière de Tarcienne fut fleurie puis Monsieur Bernard Le Dilavrec, Maire de Gaillon remit la médaille de sa ville à Constant Soumoy descendant de René Glatigny ainsi qu’à Monsieur André Mechelynck, fils d’un autre officier passé par Gaillon. Le verre de l’amitié fut offert à l’hôtel de ville de Walcourt. Un travail préliminaire de deux ans fut nécessaire à l’organisation des journées du centenaire de la Grande Guerre qui eurent lieu le 25 et 26 avril 2015 à Gaillon. Deux jours qui furent véritablement exceptionnels car ils ravivèrent au plus haut point l’amitié franco-belge autour des sacrifices et des souffrances partagées par deux peuples qui luttèrent ensemble pour rester libres. Une délégation belge fut accueillie dans une ville pavoisée aux deux couleurs nationales. Prenait part à celle-ci, plusieurs membres de la famille de l’élève-officier René Glatigny ainsi que l'échevin Marc Preyat et la Député-Bourgmestre de sa commune d’origine, Walcourt. Le samedi 25, la commémoration débuta dans le cadre du prestigieux château où fut inaugurée une remarquable exposition sur Gaillon pendant la Grande Guerre. Après celle-ci, la salle qui avait pendant quatre années servi de réfectoire aux élèves du C.I.S.L.A., accueillit un très nombreux public pour une conférence en quatre parties. La première partie concernait « La communauté Belge entre Gaillon et Bonnières durant la Grande guerre » par Jean Baboux. On y apprit énormément de choses sur la petite ville de Bonnières voisine de Gaillon qui accueillit toute une communauté civile belge composés de réfugiés dont beaucoup provenaient de la région de Walcourt et travaillaient dans l’usine métallurgique fondée par Louis Piret en 1905 à Thy-le-Château. Cet ingénieur se réfugia d’abord en Angleterre puis vint à Bonnières pour créer un laminoir dans lequel la plupart de ses ouvriers d’avant-guerre retravaillèrent. La deuxième partie, « Des soldats de Gaillon et des environs combattent et meurent en Belgique » par Jean-Louis Breton rappela le sacrifice des soldats de Gaillon en Belgique lors de la fameuse bataille des frontières du mois d’août 1914. La troisième partie de la conférence fut donnée par Madame France Poulain, architecte qui nous mena sur les traces de la présence belge visible au château de Gaillon. Enfin la quatrième partie de la conférence fut donnée par le Dr Patrick Loodts qui parla du Centre d’instruction des Sous-lieutenants auxiliaires de l’armée belge et de la destinée d’un de ses élèves, René Glatigny. Le deuxième jour de commémoration, le dimanche 26 avril fut consacré au souvenir des combattants qui perdirent la vie pour notre liberté. A 9h30 ce fut au Carré du cimetière militaire où l’on rendit un hommage à un soldat belge du C.I.S.L.A. décédé à Gaillon pendant son instruction, ainsi qu’à un poilu de 74ème R.I. Devant une assistance particulièrement émue le maire de Gaillon, la Secrétaire Générale de la préfecture de l’Eure, Madame Laparre-Lacassagne puis le Ministre belge de la Défense, Monsieur Steven Vandeput prirent la parole. Un cortège fut ensuite formé par les Drapeaux, les autorités ainsi que deux pelotons de soldats, l’un belge, l’autre français. La vision de soldats belges défilant en armes à Gaillon fut un moment émouvant car les Belges n’avaient en effet plus défilé en arme à Gaillon depuis près de cent ans ! Les militaires belges provenaient de l’école des sous-officiers de la ville de Saint-Trond. Ils devaient incessamment recevoir leurs premiers galons de sous-officiers dans les prochains jours. Nul doute que ce défilé restera gravé dans leurs mémoires durant toute leur carrière au sein de l’armée belge. Le cortège sous des cieux extraordinairement cléments (il avait beaucoup plu les jours précédents) nous mena au Monument aux Morts où l’on évoqua particulièrement la mémoire des déportés. Enfin, le cortège se remit en route et défila dans la rue Général de Gaulle extraordinairement pavoisée aux couleurs belges avant d’atteindre finalement le château où dans la cour l’on dévoila en grandes pompes la plaque rénovée qui rappelle la présence du C.I.S.L.A. à Gaillon. Un vin d’honneur termina la cérémonie et se prolongea longtemps sur la longue terrasse bordant le réfectoire du C.I.S.L.A. et d’où on bénéficie d’une magnifique vue sur le nord d’où, arrivèrent un jour, des centaines de jeunes hommes belges qui voulaient parfaire leur connaissances pour devenir les officiers appelés à libérer un jour la patrie occupée. Vive la Belgique, vive la France, vive l’amitié franco-belge et la mémoire de nos Anciens qui perdirent la vie pour que nous conservions notre liberté !
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