Médecins de la Grande Guerre

Les et Angus Dornauf : le combat de deux Tasmaniens en Belgique !

point  Accueil   -   point  Intro   -   point  Conférences   -   point  Articles

point  Photos   -   point  M'écrire   -   point  Livre d'Or   -   point  Liens   -   point  Mises à jour   -   point  Statistiques


Les et Angus Dornauf : le combat de deux Tasmaniens en Belgique !

point  [article]
Angus Dornauf repose au Buttes New Bristish Cemetery. (collection Ian et Jenny)

Les Dornauf, le papa de Ian, fut grièvement blessé. (collection Ian et Jenny)

Le « Dental Corps » de l’armée Néo-Zélandaise. La revue périodique des dents. (Le Miroir 1918)

Le « Dental Corps » de l’armée Néo-Zélandaise. Un cabinet dentaire près du front. (Le Miroir 1918)

Une équipe de tunneliers Néo-Zélandais.

Soldats australiens coiffés du chapeau de Brousse.

The Australian and New Zealand Army Corps populairement appelé ANZAC.

Le Polygon Wood Cemetery. (photo F. De Look)

Sur les 100 tombes de Polygon Wood Cemetery, une seule tombe allemande ? (photo F. De Look)

L’allée conduisant au « Buttes New British Cemetery ». (photo F. De Look)

L’Obélisque commémorant les faits d’armes de la Cinquième Division Australienne. (photo F. De Look)

Vue du cimetière. (photo F. De Look)

Vue du cimetière. (photo F. De Look)

Ian et Jenny Dornauf, habitants de Tasmanie. (photo F. De Look)

La porte de Menin à Ypres. (photo F. De Look)

Des couronnes sont toujours bien présentes. (photo F. De Look)

Comme ici, à côté de certains noms, des proches y accrochent une petite fleur. (photo F. De Look)

Une délégation militaire dans l’attente du Last Post. (photo F. De Look)

Comme chaque soir, ce 15 mai 2006,les pompiers volontaires d’Ypres vont jouer le Last Post. (photo F. De Look)

Pendant le Last Post. (photo F. De Look)

Pour le dépôt d’une couronne de coquelicots. (photo F. De Look)

Statue du Digger à Bullecourt. (photo, voir source au n° 3 du bas de page)

 Les et Angus Dornauf : le combat de deux Tasmaniens en Belgique !

Le 15 mai 2006, nous visitions le cimetière militaire de Buttles New British Cemetery[1] à proximité d’Ypres, quand nous aperçûmes du haut du monument à la mémoire des Australiens, un couple de retraités d’une septantaine d’années qui s’arrêtait avec respect devant chaque tombe de ce petit coin de Flandres devenu aujourd’hui propriété du Commonwealth. Quand nous les rejoignirent, nous eûmes la joie de pouvoir faire leur connaissance. Ian et Jenny Dornauf habitants de Tasmanie, étaient  venus pour quelques jours en Europe afin de  réaliser un vœu lointain : rejoindre le  Buttles New Bristish Cemtery pour rendre hommage à leur aïeul Angus Dornauf, Tasmanien enrôlé volontairement avec les Néo-zélandais  et malheureusement  tué à l’ennemi  à proximité même du cimetière.  En parcourant les allées du  cimetière et en s’arrêtant devant chaque tombe abritant la dépouille d’un  soldat « connu seulement de Dieu »,  Ian et Jenny espéraient avoir  pu ainsi en ce jour   saluer au moins une fois dans leur vie  Angus ! Angus était en fait  l’oncle de Ian  et, au front des Flandres, il combattit avec  son frère Les, qui lui était le père de Ian.

Ian entendit de nombreuses fois le récit  dramatique  de son père Les qui eut  moins de malheur que son malheureux frère Angus  car il survécut à la boue des Flandres. Très  gravement blessé, le médecin militaire dut cependant l’amputer d’une jambe et Les fut transféré dans un hôpital militaire anglais. De retour en Tasmanie, il  fonda une famille et, des années plus tard, nous  eûmes  l’honneur de rencontrer son fils Ian et sa belle-fille Jenny à l’endroit même où il combattit. 

Nous nous sommes promis de nous écrire pour pouvoir compléter sur notre site la vie des deux frères Angus et Lee. . . mais le soir même de notre entrevue. . .  nous eûmes encore la joie de nous revoir durant la sonnerie du « Last post » à la porte de Menin[2].

Cette rencontre est pour nous l’occasion de remercier tous les Australiens, Néo-zélandais et Tasmaniens qui donnèrent des années de vie et parfois leur vie à notre Europe !

La guerre 14-18 nous apparaît de plus en plus lointaine. Le temps semble effacer ses traces et pourtant cette tragédie se passa il y  a très peu de temps : le fait de rencontrer Ian et Jenny lors d’une belle journée de printemps en 2006 nous le rappelle !!!

Patrick Loodts et Francis De Look 


 Un complément d’informations fourni par Ian et Jenny ce 30 avril 2007.


Angus (Frank) Dornauf est né à Lilydale en Tasmanie le 27 décembre 1893. Il était le 7ème d’une famille de 15 enfants ! Jeune homme, il quitta la Tasmanie à la recherche de travail. La famille perdit le contact avec lui et n’imagina pas qu’il s’était finalement engagé en Australie au 32ème bataillon d’infanterie AIF après avoir travaillé un temps comme mineur dans les mines d’argent de Broken Hill.

William Leslie (Les) Dornauf est né quant à lui le 18 juin 1898 à Lilydale .Il était le 9ème enfant et s’engagea âgé seulement de 17 ans au 12ème bataillon d’infanterie AIF. Plus tard il fut transféré au 52ème bataillon et arriva en France début 1917. A sa grande surprise, un jour, un soldat d’un bataillon voisin lui annonça qu’il y avait aussi dans son unité un Dornauf. Les frères eurent alors la joie de se retrouver et ils écrivèrent à leur famille qu’ils étaient réunis sur le front des Flandres.

Tôt dans la matinée du 11 avril 17, « Les » fut blessé à la bataille de Bullecourt[3] et fut évacué. Il perdit une jambe et l’autre fut gravement blessée par les shrapnels.

Le 28 septembre 1917 (cinq mois après) Angus perdit la vie au Polygon Wood près d’Ypres.

Angus et Les étaient les petits-fils d’immigrants allemands Ludwig et Christina Dornauf qui avaient quitté Kelkheim, Nassua (juste à l’ouest de Frankfort) pour prendre à Liverpool le bateau « Montmorency » qui devaient les amener en Tasmanie. Ils avaient signé un contrat de travail pour « Brickendon Longford ». Ils arrivèrent à Launceston le 28 juin 1855. Ils figuraient dans les 134 passagers qui avaient quitté le Duché de Nassau après un soulèvement populaire des paysans (Peasant Uprising). Les immigrants construisirent d’abord de petites cabanes en bois à proximité de Lilydale qui devint vite connue comme une « ville allemande » pour finalement s’installer dans des fermes qu’ils construisirent dans les collines boisées du bush.

Beaucoup des petits-fils de ces immigrants s’engagèrent aux côtés des Alliés dans la première guerre mondiale.
Angus donna sa vie et ne laissa aucun descendant.
« Les » s’installa comme joaillier à Sidney puis il retourna en Tasmanie et se maria avec Henrietta Charlotte (May) Walker. Il passa 33 ans de sa vie à travailler durement dans une boucherie-charcuterie pour faire vivre sa famille. Il souffrit tout au long de sa vie de son handicap important. Ses descendants (septante personnes en 2006)) peuvent être fier de lui.

 Original document envoy by Ian and Jenny.

Angus (Frank) Dornauf was born at Ljlydale, Tasmanja, Australia 27th December 1893. He was the 7th born of 15 children. He left Tasmania to look for work as a very young man. The family lost contact with him and were unaware that he had enlisted in South Australia for the Great War 32nd Battalion, Australian Infantry AIF. He may have worked for the silver-lead mines at Broken Hill.
William Leslie (Les) Dornauf was born 18th June 1898 Lilydale (the 9th born). He enlisted aged 17 and was allocated to the 12th Infantry Battallion AIF and was later transferred to the 52nd Batallion and was in camp in the Flanders area in France in early 1917 when a soldier from a neighbouring battallion mentioned there was a Dornauf in his battallion. Contact was made so the family became aware both brothers were in France.

Early morning 11th April 1917 Les was injured in the Battle of Bullecourt and was evacuated. He lost one leg and the other was serverely injured by shrapnel.

On the 28th September 1917 (5 months later) Angus lost his life in Polygon Wood near Ypres, Belgium.

Angus and Les were grandsons of German immigrants ludwig and Christina Dornauf who had left Kelkheim, Nassua (just west of Frankfurt) to travel to Liverpool, U .K. to board the "Montmorency" to van Dieman's Land (soon to be called Tasmania). They were sponsored to work at "Brickendon" Longford and arrived in Launceston 28th June 1855.The 134 passengers had left the Duchy of Nassau after the Peasant Uprising with an urge to seek an uncertain fortune in another country. The adults mostly completed their indentures and bought small lots of timbered blocks in the outlying areas such as Lilydale (then known as German Town). Eventually they eked out a living by hewing farms from the heavily timbered bush.

Many of the grandsons of these German migrants joined the Allies in the war against Germany.

Angus gave his life and leaves no descendants whereas for his rehabilitation Les trained as a jeweller in Sydney then returned to Tasmania and married Henrietta Charlotte (May) Walker and spent 33 years working in a butcher's shop. He died 2nd June 1973. He struggled to provide for his family alld suffered considerable discomfort with his basic wooden leg, however he was blessed with around 70 descendants by 2006. Such are the vagaries of war!

 

 

 

 



[1] Le polygoonbos  est un domaine de 68 hectares sillonné de plus de 5 km de sentiers pédestres.  Au pied de la bute pare-balles fut aménagé le « Buttes New British Cemetery.  Sur un talus élevé se dresse un obélisque commémorant les faits d’armes de la Cinquième Division Australienne. Ce cimetière militaire, un des plus émouvants de l’ensemble de la zone du front de l’Yser, est accessible par une large allée bordée de chênes.  Derrière le cimetière se dresse le Missing Memorial en forme de temple grec.  Du côté opposé de la « Lange dreve » se trouve le Polygon Wood Cemetery, un cimetière militaire en forme de pentagone avec 100 tombes sous des bouleaux.

[2] A partir d’octobre 1914, le bénévole de la Croix-Rouge Britannique Fabian Ware se mit à noter systématiquement l’identité des victimes de la guerre et l’endroit de leur inhumation.  En mars 1916, le National Committe for the Care of Soldiers fut fondé et par après en 1961, il fut rebaptisé  le Commonwealth War Graves Commission.  Ce comité décida que chaque soldat serait enterré avec une pierre tombale identique comprenant l’insigne de leur unité, le symbole religieux de leur appartenance éventuelle ainsi qu’un épitaphe comprenant une courte phrase rédigée selon le désir de leurs proches.  Les soldats inconnus, contrairement à d’autres armées ne reposent pas dans des fosses communes mais possèdent leurs propres tombes individuelles.  Les soldats dont les corps n’ont pas été identifiés ou ceux qui  n’ont jamais été retrouvés sont commémorés sur la porte de Menin et sur les galeries du Tyne Cot Cemetery.  Sur la porte de Menin sont inscrits les noms de 54. 896 soldats britanniques disparus entre le début de la guerre et le 15 août 1917.  Les noms des disparus entre le 16 août 17 et la fin de la guerre sont au nombre de 34. 957 et figurent au Tyne Cot Cemetery. 

Depuis 1928, des pompiers volontaires d’Ypres sonnent chaque soir à 20 heures le « Last Post » sous les voûtes de l’immense Porte de Menin en guise d’hommage à toutes les victimes de la guerre.  

[3] Bullecourt où 10.000 soldats australiens ont été tués, blessés ou ont disparu au cours des batailles des 10 et 11 avril 1917 et du 3 au 17 mai 1917. Le 15 mai, les Australiens étaient relevés par les Anglais. Entre le 15 mai 1917 et le 21 mars 1918, date de la dernière attaque allemande, le village aurait été pris et repris une vingtaine de fois ! En 1980, Claude Durand, instituteur, a traduit un récit australien narrant les batailles de Bullecourt. On prend alors réellement conscience du massacre. A l’incitation du Souvenir français, un monument est érigé devant l’église (sur la pelouse, une chenille de char du lieutenant Davies). Depuis, le parc mémorial a été aménagé, orné par la statue du Digger, œuvre du sculpteur australien Peter Corlett (dont le père a combattu à Bullecourt) et de la fonderie Meridian Sculpture de Melbourne en Australie. Tous les ans, une cérémonie est organisée le dernier samedi d’avril. Le Digger de Bullecourt a été dévoilé le 24 avril 1993 par Kim Jones, ambassadeur d’Australie en France, et Jean Letaille, maire. La sculpture représente un soldat australien avec l’uniforme et les armes de l’AIF. Les détails de la sculpture sont authentiques, même si le soldat porte les couleurs des insignes des quatre divisions australiennes d’infanterie (la 1re, la 2e, la 4e et la 5e) qui étaient présentent à Bullecourt.
Les villageois ont également érigé « la petite croix » ou « croix des disparus » respectueusement entretenue par l’ancien garde-champêtre. A Bullecourt, 2423 soldats restent sans sépulture, perdus dans le noman’s land ou sous la stèle de soldat inconnu. Après la guerre, la zone a été classée zone rouge comme à Vimy, comme à Verdun... mais la terre était si bonne. Des travailleurs chinois sont venus combler les tranchées et le terre a été remise en culture. Le maire de l’époque s’appelait Druon Decaudin. C’était le garde du corps de Clémenceau.

Tiré de : Le premier guide exclusivement consacré à la Première Guerre mondiale (des Flandres à l’Alsace), casterman LE GUIDE  



© P.Loodts Medecins de la grande guerre. 2000-2020. Tout droit réservé. ©