Médecins de la Grande Guerre

Les Uniformes de nos Médecins militaires de 1830 à 1930

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Les Uniformes de nos Médecins militaires de 1830 à 1930.

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Médecin Militaire : Tenue pour les revues et les services d’honneur 1900. La giberne fut supprimée dans la suite.

Uniforme porté par le Médecin militaire belge en 1835

Coiffure de camp et cantonnement (le bonnet de police)

Médecin militaire portant la grande tenue, janvier 1914

Le képi coiffure de petite tenue supprimée en 1914 – 15

Un médecin au front belge 1917

A l’Ambulance Océan à La Panne 1917, S.M. la Reine Elisabeth infirmière assiste le Dr Depage au cours d’une intervention chirurgicale (tableau du Maître Allard l’Ollivier)

L’Etat-major du Service de Santé pendant la guerre (à Dunkerque en 1918, le Général Mélis entouré de ses collaborateurs)

Le Service de Santé (1830-1930)

Par le Général Médecin DERACHE.

L’organisation du service de santé de l’armée au 5 janvier 1831. Ce fut le docteur Vleminckx, membre de l’Académie de médecine, qui fut nommé inspecteur général, le baron Seutin étant médecin en chef.

Le corps des officiers de santé comprenait deux sections, médecine et pharmacie. La section de médecine était composée des médecins des corps de troupe et des hôpitaux et des vétérinaires en service dans les régiments de cavalerie et d’artillerie montée.

La section de pharmacie comprenait les pharmaciens attachés aux hôpitaux, à la pharmacie centrale et aux infirmeries de garnison. L’uniforme des médecins comportait l’habit, le pantalon et la capote en drap bleu avec passepoils rouges, boutons et galons d’or. L’inspecteur général, le médecin en chef et les médecins principaux portant les aiguillettes en or. Chapeau à la française, épée modèle de l’armée et giberne à ornements en cuivre doré. L’uniforme des pharmaciens était identique à celui des médecins, sauf que les ornements étaient d’argent et qu’ils ne portaient pas de giberne.

Les troupes du service de santé étaient constituées par une compagnie par corps d’armée. La compagnie était à l’effectif de 82 infirmiers, 24 conducteurs de chevaux et comportait 6 caissons d’ambulance et 12 voitures.

L’uniforme des infirmiers comportait le shako en feutre ciré, avec lion debout en cuivre, cocarde et pompon rouge, l’habit et le pantalon bleu avec passepoil rouge. Chaque infirmier est porteur d’une pique avec sangle, de manière à pouvoir former un brancard avec deux piques.

Ces uniformes furent différentes fois modifiés. En 1847, on adopte des couleurs distinctes : amarante pour les médecins, vert pour les pharmaciens, bleu pour les vétérinaires. En 1848, l’habit est remplacé par la tunique, mais est conservé pour la grande tenue.

En 1857, l’habit est définitivement supprimé. Le pantalon est en drap marengo, la tunique bleu de roi avec broderies au collet sur fond en drap distinctif. Les médecins principaux portent des broderies sur le parement des manches de la tunique. Giberne de grande et petite tenue pour les médecins et vétérinaires, sauf pour les médecins principaux. Bonnet de police en petite tenue, chapeau à la française en grande tenue et en tenue de campagne. Epée à fourreau d’acier. Capote en drap bleu de roi avec écussons en drap distinctif au collet, plus tard, on y ajoutera les insignes du grade.

Cette tenue, avec quelques changements de détail, fut maintenue jusque peu avant la guerre de 1914 - 1918. A ce moment, les uniformes étaient en voie de transformation. Les officiers du service de santé portaient, en petite tenue et en tenue de campagne, le pantalon de drap marengo ou la culotte, la vareuse bleu de roi avec le collet de velours amarante ou vert avec les insignes du grade et du service de santé brodés ; comme coiffure, le bonnet de police du modèle général.

En grande tenue, la tunique de l’ancien modèle était maintenue avec, en plus, les fourragères et l’écharpe amarante. Le sabre était du modèle de l’infanterie.

Puis ce fut la guerre et, dès les premiers mois de la campagne, les uniformes furent des plus disparates : chacun complétait sa tenue comme il le pouvait.

En 1915, adoption de l’uniforme kaki à peu près tel qu’il est actuellement.

Le Service de Santé militaire eut, depuis 1850, successivement à sa tête, les inspecteurs généraux : Vleminckx, Fromont, Decaisne, Célarier, Vanderlinden, Mullier, Molitor, Froumy, L. Mélis, Wibin, Wilmaers et Lebrun (Demolder 1930)

Pendant la tourmente 1914 – 1918, le Service de Santé de l’armée eut à faire face à une situation atrocement difficile. Dès le début de la guerre, les moyens dont il disposait, étaient des plus rudimentaires : matériel insuffisant en quantité, aucun véhicule à moteur, un corps de brancardiers composé de dispensés du service en temps de paix, n’ayant reçu aucune formation préliminaire, pas de brancardiers dans les corps de troupes, en un mot, tout lui manquait pour assurer la formidable tâche qui allait lui incomber. Le sursaut provoqué dans le pays par l’invasion allemande, avait heureusement suscité partout un élan de générosité et d’entr’aide, et très rapidement, en quelques jours, un nombre considérable de lits furent aménagés dans tout le pays pour recevoir les blessés. Grâce à cela, grâce à l’action de la Croix Rouge, les premiers blessés reçurent des soins satisfaisants. Mais les opérations nécessitant la retraite de l’armée d’Anvers sur l’Yser, il fallut évacuer tous les blessés pour qu’ils ne tombent pas aux mains de l’ennemi. Tous les hôtels du littoral furent aménagés en ambulance qui reçurent les blessés du pays et tous les hommes transportables de la position d’Anvers. Elle fut bien difficile cette tâche d’assurer cette évacuation, mais elle fut menée à bien. Entre-temps, les événements se précipitent, à peine installés sur la côte, voici qu’il fallut de nouveau se porter plus loin. Et cette fois c’était quitter le pays. En toute hâte tous ces blessés furent de nouveau transportés par les moyens les plus divers, la plupart à Dunkerque et vers Calais, un certain nombre en Angleterre. Trains, bateaux, chalands, tout fut utilisé. Dans un espace de 16 heures, 13.000 hommes furent évacués.

Quel lamentable souvenir que cette arrivée à Calais. Les disponibilités de la ville étaient insuffisantes pour héberger ces milliers d’hommes blessés et le Service de Santé ne possédait plus qu’une faible partie de ces approvisionnements : les deux tiers avaient dû être abandonnés par la pharmacie centrale à Anvers.

Et à ce moment commençait la bataille de l’Yser, le 16 octobre, qui devait encore amener, avant la fin du mois, 12.000 nouveaux blessés.

Le Service de Santé, sous l’impulsion d’un chef éminent, énergique et plein d’initiative, le lieutenant général I.G.S.S., L. Mélis, sut cependant faire progressivement face aux dures nécessités du moment. Les ambulances s’ouvrirent les unes après les autres à Calais, où étaient reçus les plus graves des blessés, les évacuations vers l’Angleterre et vers Cherbourg s’organisèrent chaque jour un peu mieux. Environ 28.000 hommes furent évacués sur les îles Britanniques.

En janvier 1915, le gouvernement français avait mis les installations hospitalières de la région de Rennes à la disposition du Service de Santé belge et bientôt les évacuations sur l’Angleterre purent cesser. Bientôt le service est réorganisé par la création et l’aménagement des infirmeries divisionnaires de division d’armée. Véritables petits hôpitaux où étaient soignés les malades d’affections bénignes ou de courte durée. Puis vient l’installation des hôpitaux chirurgicaux au front. Le premier en date – décembre 1914 – fut celui de l’Océan que, à l’initiative de S.M. la Reine, le professeur Depage fonda à La Panne. En avril 1915, ce fut l’hôpital d’Hoogstade, où avait été transférée une ambulance anglaise qui avait fonctionné dans le collège épiscopal de Furnes pendant la bataille de l’Yser. Elle fut reprise par le Service de Santé en mai 1915. La direction fut confiée au professeur Willems.

A la même époque un hôpital chirurgical (direction Dr Derache) s’ouvrait proche de la gare d’Adinkerque, dans la propriété de Monsieur Cabour, hôpital baraqué construit par le génie militaire.

L’organisation hospitalière chirurgicale au front fut complétée au début de l’année 1917, par la construction de l’hôpital de Beveren S/Yser, qui remplaça l’hôpital Cabour. Celui-ci devint un hôpital médical pour malades et gazés (professeur Nolf).

Ces hôpitaux furent des modèles du genre, leur installation, leur outillage, leur matériel comportaient tout le confort et tous les perfectionnements scientifiques les plus modernes. Ils étaient desservis par un personnel de chirurgiens nombreux et à la hauteur de leur tâche, des infirmiers en grand nombre apportaient aux blessés le réconfort de leurs soins intelligents et dévoués.

En même temps, le Service de Santé perfectionnait ses installations de l’intérieur : la base de Calais voyait ses hôpitaux se multiplier et s’améliorer tous les jours. – 18 hôpitaux fonctionnaient en janvier 1916 et pouvaient recevoir environ 2.000 blessés et malades. En France, les formations sanitaires de la région de Rennes se complétaient, d’autres s’organisaient, bientôt on put songer à la spécialisation de ces hôpitaux. On créa des hôpitaux pour convalescents, pour malades mentaux, pour nerveux, pour contagieux, pour tuberculeux, etc., Chambéry, le Cap Ferrat, Montpellier, Faverges, reçurent ces derniers malades.

En même temps qu’il poursuivait la tâche difficile de soigner nos blessés et nos malades, le Service de Santé s’occupait également du soin des mutilés. Déjà, en décembre 1914, on ouvrait à Rouen un institut de rééducation pour mutilés qui, de 68 lits à ce moment, fut successivement porté à 350, 950 et 1.200. Puis ce furent les instituts de Vernon (Port-Villez), du Havre et de Mortain. Le ravitaillement de toutes ces multiples formations hospitalières, celui des formations de l’armée de campagne en matériel de pansement et chirurgical, en médicaments, demanda également un très grand effort. La pharmacie centrale avait du abandonner la plus grande partie de ses approvisionnements à Anvers et, à son arrivée à Calais, elle ne disposait que de ressources excessivement réduites et en tout cas absolument insuffisantes pour faire face aux demandes chaque jour plus pressantes. C’est tout à l’honneur du personnel pharmaceutique de cet établissement installé sur une malle de l’Etat – le Jean Breydel – dans le port de Calais, d’avoir, au milieu de difficultés incommensurables du moment, pu ravitailler dans des conditions rapidement satisfaisantes, toutes les formations. Les pertes du Service de Santé, pendant la guerre, se sont élevées à : 54 médecins et 132 brancardiers.

Je pourrais m’étendre longtemps encore pour montrer l’effort fait par le Service de Santé pendant la guerre, mais la place me manque. Je veux cependant encore citer quelques chiffres : le nombre d’hommes traités dans les hôpitaux, du 21 octobre 1914 au 15 décembre 1918, s’élève à 200.409, dont 122.987 pour maladies et 77.422 pour blessures. Sur ce nombre, 9.422 sont décédés, soit 5% environ. Ainsi que le constatent Tasnier et Van Overstraete dans leur livre : L’Armée Belge dans la guerre mondiale, un résultat meilleur n’a été obtenu dans aucune des armées belligérantes.

Evidemment, comme ils le disent aussi très bien, pareils résultats n’ont été possibles que grâce à la longue immobilité de notre front, mais ils sont cependant dus, pour une bonne part, à la haute valeur de notre Corps de Santé, tant de l’active que de la réserve, qui a rivalisé de zèle, de dévouement et d’érudition pour donner à nos glorieux blessés les soins éclairés et dévoués auxquels ils avaient droit. Il y furent d’ailleurs suffisamment stimulés par l’exemple incomparable que leur donna S.M. la Reine qui, du premier jour de la guerre jusqu’à la fin des hostilités, se dépensa sans compter auprès des blessés : Elle fut pour eux une véritable mère et pour le Service de Santé, le symbole du dévouement.      



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