Médecins de la Grande Guerre
Accueil - Intro - Conférences - Articles
Photos - M'écrire - Livre d'Or - Liens - Mises à jour - Statistiques
Liège honore ses Héros. Le Transfert des Fusillés de la Chartreuse
au cimetière de Robermont. Le dimanche 14 décembre 1919. Dès huit heures du matin, une foule nombreuse se presse vers les rues du centre. La place St-Lambert est noire de monde. Un cordon de lanciers garde rentrée du Palais de Justice, tendue de noire. L'intérieur de la cour est entouré d'affûts de canons sur lesquels sont placés les cercueils drapés des couleurs nationales. Les corps de M.M. Zilliox et Gillet, sujets français, sont recouverts des couleurs françaises, tandis que le cercueil de M. Godefroid Wiertz disparaît sous un drapeau hollandais. Sur, tous les affûts, des fleurs et des couronnes à profusion. Sur celui de l'agent Béguin et du commissaire de police Lejeune, des uniformes de police. Vers 8 h. 30, les autorités civiles et militaires commencent à arriver se plaçant au centre de la cour face à l'autel érigé devant la chapelle ardente. On remarque M, Grégoire, Gouverneur de la province, M. Jaspar, ministre des Affaires économiques, député liégeois ; M. Berryer, sénateur, ministre d'Etat ; M. le Haut Commissaire royal, Baron Delvaux de Fenffe ; M. Hubert, recteur de l'Université, entouré du corps professoral. Signalons également le corps consulaire au grand complet, ainsi que de nombreux membres de la magistrature et du barreau. Les généraux Leman ; Balle, de Longueville, van Ackeren, Constant et Fiévez , suivis de leurs états-majors et d'une délégation de tous les régiments de, notre garnison représentent l’armée. Sa Majesté, est officiellement représentée par le colonel baron de Moere, A neuf heures seulement, un cortège composé des membres de l'administration communale et des parents des fusillés fait son entrée au Palais. En tète marchent le général baron Jacques, M. Kleyer, le collège échevinal, le conseil communal, la députation permanente et le conseil provincial. Mgr Rutten, suivi des chanoines Joseph et Bovens ainsi que de plusieurs ecclésiastiques, monte à l'autel. Les nombreuses sociétés de la ville prennent place dans les galeries latérales. Au premier rang, figurent les membres et le drapeau de la Fédération Nationale des Combattants, des Condamnés Politiques et des Invalides de la guerre. Les drapeaux des régiments de la garnison sont rangés à droite de l'autel, cravatés de crêpe. Lugubre, le canon tonne dans le lointain, réminiscence des jours de guerre, où ces héros trouvèrent la mort. Après une sonnerie de clairons, le général baron Jacques se dirige vers la tribune et prononce le discours suivant, au milieu du silence profond et de, l'émotion de l'assemblée. « Lorsqu'après le combat, le chef rallie sa troupe, procède à l'appel de ses braves, au nom de celui qui n'est plus, les camarades répondent ; « Mort au 0amp d'honneur ! » « Du bataillon des héros civils qui se sont dévoués, nombreux sont ceux qui manquent à l’appel, mort pour la Patrie. « Je veux en évoquer le souvenir.» Le général fait exécuter par les clairons la sonnerie de l'appel. A chaque nom, une condamnée à mort Mlle Delwaide, répond : « Mort pour la Patrie », tandis que la musique du 14ème de ligne joue en sourdine La Brabançonne. Après cet appel écouté dans un silence impressionnant, le général poursuit : « Au nom de mes braves soldats, échappés à la tourmente, et au nom de ceux qui, comme vous, tombèrent pour la Belgique et son Roi, je m’incline devant vous et je vous dis « Merci ». Se tournant alors vers les cercueils : « Nobles morts, devant vous s'apaisent les querelles stériles qui, trop souvent firent la faiblesse de notre cher pays. De même qu'au retour tous étaient unis pour applaudir nos soldats victorieux, tous sont unis aujourd'hui pour se découvrir devant vous. « En cette heure de reconnaissance, je voudrais crier au peuple liégeois, venu pour vous vénérer et pour vous saluer : « N'oublions pas les morts. » Se tournant ensuite vers la délégation des condamnés politiques. « Braves cœurs, qui compreniez que vos soldats combattaient pour le plus bel idéal, qui est notre idéal commun, le respect de la parole donnée, l'amour de la justice et la conservation de notre indépendance nationale, vous aussi au sein même des troupes ennemies, vous aviez pris les armes et vous nous aidiez au mépris des plus grands dangers. Merci à tous... » Se tournant vers les familles : « Et vous… pères, mères,
épouses, orphelins, qui, êtes restés seuls et pour lesquels ces héros étaient
parfois les seuls soutiens, soyez à l'honneur ! « Soyez à l'honneur, maman
Wauthy, à qui votre brave fils Jacques disait : « Tu verras maman, comme je serai récompensé
quand les Belges rentreront… ! » « Soyez à l'honneur, Mme Bury, dont le mari meurt sans dévoiler la clef de son chiffre secret.... « Soyez à l'honneur, famille Paquay : douze enfants restés seuls avec la maman.... « Soyez à l'honneur, Elise Grandprez, Louise Derache, Lambrechts, Gilkinet, Lejeune, Zilliox et tant d'autres à qui je voudrais dire combien je les admire d'avoir osé défier cet ennemi brutal qui croyait vous façonner une âme d'esclave. » Se tournant ensuite vers les cercueils : « Pendant deux nuits vos précieuses dépouilles ont été veillées par de jeunes soldats de notre nouvelle armée. « Ont-ils compris, comme je l'espère, la grandeur de leur mission et que votre exemple leur imposait à eux, qui seront nos défenseurs de demain, les grandes vertus dont sera fière notre armée, l'armée du peuple qui se rappelle et qui, se doit de n'oublier jamais la formidable leçon apprise à l'école du malheur. « Tombés sous les balles ennemies après que vos cœurs eussent subi mille souffrances, vous méritez l'insigne qu'on décerne aux soldats qui ont bravement combattu les armes à la main et je vous confère la plus belle distinction qu'il me soit permis de vous offrir en vous citant à l'ordre du jour de ma bien-aimée 3ème division d'armée avec le motif suivant : « Etant en Belgique envahie, s’être consacrés à la tâche glorieuse de fournir aux armées alliées des moyens de combat en contrariant les projets et les manœuvres ennemis. « Avoir supporté vaillamment les tourments
qu'un implacable ennemi lui a tait et avoir superbement offert sa poitrine aux
balles rageuses de l'oppresseur impitoyable.» « Et, tout ému, je viens vous remettre cette croix de guerre, hommage suprême des troupe dont les glorieux drapeaux s'inclinent devant vous. » Sonnerie : « Aux Champs, Brabançonne ». Les drapeaux s'inclinent. Durant les discours suivants le commandant de notre glorieuse 3ème division d'armée épingle les Croix de Guerre sur les drapeaux des cercueils. Monsieur Valère Hénault, échevin ff. de bourgmestre, prend la parole à son tour : « Le conseil communal de Liège vient s'incliner respectueusement devant les restes mortels des héros tombés à la Chartreuse et à Hasselt pour la cause de la Patrie, de la Justice et du Droit. » « La glorification de ces nobles martyrs pouvait-elle s'accomplir, dans un cadre plus impressionnant que dans cette cour de l'antique, Palais où se sont déroulés tant d'évènements notables de notre Principauté ? « C'est ici que bien des fois les Liégeois, délibérant sur les intérêts majeurs de la Patrie, décidèrent de la Paix et de la Guerre. « C'est ici qu'ils portaient devant le Prince leurs énergiques réclamations, lorsque les privilèges et les franchises de la Cité étaient en péril. « C'est ici que le 4 septembre 1830 se réunirent les volontaires de Charles Rogier pour marcher à la conquête de notre indépendance. « Le souvenir, des grands aïeux plane au-dessus des cercueils qui sont rangés devant nous. Ces colonnes et ces voûtes dans leur langage muet redisent à cette heure de commémoration funèbre que les enfants de Liège ont été dignes de leurs ancêtres et que, parmi les qualités primordiales de notre race, le culte de la liberté et l'amour du sol natal se sont perpétués intacts à travers le temps. « Tous les braves dont les dépouilles sacrées sont en ce jour l'objet de notre vénération, étaient de conditions, d'opinions et d'âges différents ; chez tous, pourtant, nous retrouvons le même besoin de se dévouer au salut de la Patrie en danger, la même passion patriotique qui se révèle soudain lorsque l'ennemi attaque traîtreusement notre Pays. Aussi, c'est spontanément que, sans y être préparés, jeunes et vieux, hommes et femmes s'enrôlent dans un organisme invisible, dont ils ne connaissent pas les chefs et qui fonctionne dans l'ombre et le mystère, conjuration d'anonymes, dont les manifestations s'étendent sur tout le territoire occupé. « Pourquoi ces êtres épris de lumière et de liberté, dont les âmes étaient ouvertes à toutes les impressions qui se manifestent au grand jour, pourquoi ont-ils de propos délibéré renoncé à leur vie de quiétude et abdiqué leur personnalité pour se plonger dans une atmosphère de conspiration périlleuse pour entrer dans, un engrenage dont les éléments sont désignés par de simples numéros ou des sirènes alphabétiques ? Est-ce par intérêt personnel ? Est-ce par l'appât d'un gain extraordinaire ? Non, c'est parce qu'une voix a surgi en eux, confuse d'abord, puis peu à peu distincte et finalement toute puissante : la voix du Devoir. Cette voix leur disait : « Comme les soldats qui, là-bas, sur le front, risquent chaque jour leur vie, toi aussi, tu dois te sacrifier à ton Pays. Il le faut. La mort est certaine si tu es découvert, mais qu'importe : il le faut. » Tel est l'impératif catégorique qui retentit en eux avec une insistance toujours plus, grande, jusqu'à ce que la transfiguration intérieure soit complète. Une exaltation surhumaine s'empare de leur âme. Les tâches les plus ingrates, les plus rebutantes deviennent légères et sont remplies avec la précision et le scrupule d'un sacerdoce. Les soupçons injustes de la part des non initiés et auxquels il est interdit de répondre sont, il est vrai, une pénible épreuve ; les souffrances matérielles, les fatigues ne comptent pas. Les dangers ont presque un attrait. Les condamnations capitales qui atteignent leurs compagnons, ont beau être multipliées, L'adversaire pourtant est là, perpétuellement aux aguets, Pour lui échapper, les natures les plus expansives apprennent à se taire et à garder un secret. « Et la fourmilière laborieuse des « annotateurs », des « observateurs », des « courriers », des « boites aux lettres » travaille sans relâche. Que de patience, de perspicacité, d'audace, de témérité même, on doit déployer continuellement pour recueillir, grouper et envoyer rapidement à destination les renseignements sur les transports de troupes, sur les changements de tactique, sur les indices extérieurs qui vont révéler aux nôtres les projets des états-majors ennemis ! « Un jour… ! hélas ! l'humble ouvrier diligent, l'admirable soldat sans uniforme est surpris, poursuivi, traqué et arrêté…; alors commence le terrible calvaire. « Une indicible pitié nous étreint à la pensée des longues souffrances physiques et morales qu'ont endurées les obscurs héros que nous magnifions aujourd'hui. « Un sentiment d'horreur nous envahit quand nous nous rappelons quels raffinements de cruauté les gardiens, les enquêteurs, les policiers de tout genre, les juges mêmes ont employés pour diminuer, pour réduire à néant les constitutions les plus robustes, pour faire fléchir les volontés les plus viriles, pour entamer les caractères les mieux trempés : l'obscurité, le silence absolu durant des mois, la faim, le froid, les traitements indignes, les promesses perfides, les interrogatoires odieux où les ruses les plus infâmes sont accumulées afin d'obtenir des aveux et des dénonciations. Un sursaut de colère et d'indignation s'empare de nous quand nous songeons à tout ce que nos pauvres martyrs ont souffert en prison avant l'heure fatale où l'arrêt de mort les a frappés, implacable. Quand nous nous représentons les alternatives affolantes de Cette confrontation avec le néant dans la cellule solitaire et les déchirements des adieux suprêmes, tandis que les heures, les minutes sont comptées ! Nous avons relu les dernières lettres écrites de St Léonard, de la Chartreuse et de Hasselt. A chaque page, nous y avons trouvé des sentiments d'une intensité poignante, le courage civique poussé, jusqu'au stoïcisme, l'abnégation totale de soi, la résignation presque surhumaine, l'ardeur patriotique s'exaltant jusqu'au lyrisme, la sublime simplicité, devant la mort. Vision grandiose qui nous fait dire aux familles, affligées : « Ne pleurez plus, séchez vos larmes ! Soyez fières de vos chers défunts, ils nous ont légué un patrimoine impérissable de gloire. Leur collaboration a été précieuse à l'armée de campagne, les renseignements qu'ils ont fournis ont joué un rôle capital dans les décisions prises par les hauts commandements. « Leur sacrifice a été utile au salut de l'humanité et l'effet bienfaisant du sublime enseignement qu'ils nous ont donné ne sera pas perdu pour la ·postérité. Hier, dans ces galeries, la population liégeoise toute entière a défilé aves recueillement devant ces 35 cercueils, auréolés d'un éclatant prestige. Aujourd'hui, émue par la majesté tragique du spectacle qu'elle a eu sous les yeux. et communiant avec nous dans un même sentiment de profond respect, e1le nous accompagnera là-haut, à Robermont, où la Cité a préparé à ces héros, une place d'honneur auprès des vaillants soldats morts pour la défense de Liège. Eternellement, les générations futures iront déposer sur leurs tombes, avec des lauriers et des fleurs, l'hommage de leur admiration et de leur gratitude. » L’émotion de l'assistance devient de plus en plus intense. Le vibrant discours de Monsieur Mailleux, président de l'Association des Condamnés politiques, la porte à son paroxysme. Après avoir exprimé, en des accents inspirés d'un patriotisme ardent, la reconnaissance publique pour, ceux qui ont sacrifié leur vie à la cause du Droit, au Devoir, et retracé brièvement leur héroïsme, il les donne en exemple aux générations futures, et termine éloquemment en ces termes : « Honneur aux héros qui ont si longuement souffert ! Et quant à nous, veillons à bien employer notre vie. Pour honorer ces morts, soyons des citoyens. Apaisons les vaines querelles. Ecartons les vulgaires intérêts. Songeons que nous devons être meilleurs qu'hier, et laisser au pays après nous, des hommes plus dévoués encore à la grandeur de la Patrie. Soyons toujours et partout les soldats du Devoir. » Monsieur l'avocat Piette, au nom des Combattants, prononce alors une émotionnante allocution, qu'il termine en ces termes : « Morts glorieux, dit-il, Frères de ceux qui ont combattu à Liège et à l'Yser, je vous apporte un fraternel et ultime salut. « Vous êtes les premiers d'entre les braves, les plus nobles parmi les camarades qui tombèrent dans les journées tragiques. Au nom des 200,000 soldats, des 40,000 mutilés, au nom des veuves, au nom des orphelins, nous vous saluons morts sublimes de la Chartreuse. Héros ! soyez à jamais bénis !...» Avant de chanter l’absoute, Monseigneur Rutten, Révérendissime Evêque de Liège, voulut aussi adresser un dernier salut aux victimes de la barbarie allemande. « C'est en ma qualité de chef spirituel que je veux célébrer le courage de ceux qui sont tombés héroïquement. S’ils ont été des héros belges, ils ont été aussi des héros chrétiens. Ils sont morts pour Dieu, pour leur Roi et pout la Patrie. « Ils ne nous ont pas seulement laissé un souvenir glorieux de leur vie et une leçon de patriotisme, mais encore ils sont morts en laissant une pensée consolante à ceux qui survivent. Nous pouvons être certains, en effet, qu'ils ont reçu auprès de Dieu la récompense de leur sacrifice. Si nous prions pour eux sur cette terre, de leur côté ils intercéderont certes auprès de Dieu pour tous ceux qu'ils ont aimés ici-bas, pour notre Roi, pour notre chère Belgique et pour tous ceux qu'ils ont laissés ici-bas. » Sur ces dernières paroles, l'absoute commence, chantée par la Schola du Séminaire. Cette touchante cérémonie se déroule au milieu d'un pieux recueillement. Aussitôt après, les convois s'ébranlent vers la place St Lambert en un imposant cortège. Dans le porche les boy-scouts rendent les honneurs. En tête, marche un détachement du 14ème de ligne, puis la musique militaire et ensuite les funèbres affûts, suivis chacun de deux jeunes filles chargées de fleurs. La douloureuse théorie des familles de fusillés défile à son tour, puis ce sont les autorités civiles et militaires et enfin, fermant la marche, la masse compacte des sociétés. Tout le long du parcours, la foule est grande, mais muette et pieusement recueillie. Les enfants des écoles sont au premier rang. Les magasins sont fermés en signe de deuil et les réverbères allumés sont voilés de crêpe. Vers onze heures, on atteignit le cimetière de Robermont, tandis que le canon tonnait à nouveau. Les uns après les autres les affûts pénètrent dans les allées de la nécropole. Un terre-plein est préparé, couvert de fieurs, avec tout à l'entour des petites fosses… Les cercueils sont déposé; dans les tombes.... Les parents font la haie et c'est le défilé de toutes les personnalités et des groupements qui viennent dire un éternel adieu à ceux qui font la gloire, mais aussi le deuil de notre ville.... A midi tout est fini... Beaucoup de larmes versées.... sur d'immortels héros.... et puis, plus rien. Les fusillés de la Chartreuse dorment là côte à côte avec ceux de Hasselt, avec les soldats tués à l'ennemi. Pax œternam. « Parler et écrire des soldats et des civils morts pour la cause de la liberté et de l’indépendance de la patrie, les admirer, les louer, les bénir, les glorifier, c'est si peu de chose en comparaison du sacrifice qu'ils ont fait, des leçons, des exemples qu'ils nous ont donnés. Et, cependant, ce sacrifice, ces leçons et ces exemples, s'ils n'ont pas une influence efficace .pour la grandeur morale du pays, sont comme s'ils n'avaient pas été. Dès lors, il n'y a pas d'œuvre plus utile, plus patriotique, plus morale que de tenir ces leçons et ces exemples vivaces, de montrer aux générations les vraies sources de la grandeur d'âme, de l'héroïsme sublime dont ils nous ont émerveillés, car en elles aussi se trouvent toutes les puissances de l'avenir heureux de notre pays. Or, la grande éloquence de leurs gestes atteint son apogée à l'heure de la mort. La plus belle page de leur vie est celle de leur mort. L'impression la plus vive, la plus heureuse, la plus salutaire est celle que nous laissent les circonstances, de leurs trépas. Ce qui parle le plus à notre âme, lui fait le plus de bien, est le plus sincère, le plus vrai, c'est leur foi vive, leur confession, leur communion, la sainte messe, le départ calme, résigné, joyeux même, pour l'assaut ou pour le poteau de l'exécution ; c'est, enfin, leur âme naturellement chrétienne, croyante, espérante, sûre de la miséricordieuse bonté du Père céleste. Leur mort, surtout celle des fusillés, à cause des, documents.que l'on possède, est une page d'apologétique, qu'il faut lire avec respect. Elle est vivante, touchante, dénuée de tout artifice, à l'abri des passions, victorieuse de l'orgueil et du monde, écrite en pleine lumière du vrai, éclairée d'en haut, simple et sublime. Pour qui veut la méditer, elle est convaincante. C'est pourquoi nous osons espérer que ces lignes, consolantes et encourageantes pour ceux et celles qui pleurent, seront aussi instructives, bienfaisantes, moralisantes pour tous les Belges. Que les jeunes gens, et les jeunes filles, les pères et les mères, les soldats et les civils s'inspirent de la vaillance, de la foi, de l'amour du devoir de ces braves, pour faire de leur vie une suite d'actes héroïques, de victoires glorieuses sur les ennemis, de leur âme, de leur famille, de la société. C'est ainsi qu'ils rendront la victoire des armes durable et heureuse pour la patrie.» ABBÉ NYSTEN. |