Médecins de la Grande Guerre

En 1923, la Grande Guerre provoqua la mort du jeune sonneur de cloche de Mont-devant-Sassey.

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En 1923, la Grande Guerre provoqua la mort du jeune sonneur de cloche de Mont-devant-Sassey.

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Le village de Mont-devant-Sassey. (photo Dr Loodts)

Le portail de l’église et devant lui, le châtaignier jouxtant l’escalier qui dévale vers le village. (photo Dr Loodts)

Devant l’église, le châtaigner éventré et sa stèle marque l’endroit où explosa le réservoir d’hydrogène qui faisait office de cloche. (photo Dr Loodts)

La stèle commémorative à la mémoire d’Eugène Trichot. (photo Dr Loodts)

Derrière le châtaignier, on aperçoit la magnifique volée d’escaliers unissant le village à son église. (photo Dr Loodts)

Des fenêtres gothiques éclairant la tribune d’orgue ajoutent une délicate touche gothique à cette église romane. (photo Dr Loodts)

Le vieux cimetière vu de la sacristie. (photo Dr Loodts)

Le vieux cimetière semble regarder la chapelle « Notre-Dame des enfants » qui pendant des années fut le premier dimanche de mai un important lieu de pèlerinage. (photo Dr Loodts)

Les croix en fer témoignent des cœurs humains souvent forgés dans la dureté de la vie du 19ème siècle. (photo Dr Loodts)

Dans l’attente de la résurrection, la stèle témoigne d’un couple parmi d’autres. (photo Dr Loodts)

Un monument funéraire représentant un sceptre, bois mort sculpté redonnant mystérieusement vie à une végétation luxuriante donnant des fruits en abondance. (photo Dr Loodts)

La vie colonise les murs du vieux cimetière comme pour montrer qu’elle aura toujours le dernier mot. (photo Dr Loodts)

L’église de Mont accrochée à la colline boisée attire le regard du voyageur qui remonte la Meuse vers Verdun ! Autrefois les vignes entouraient l’église. (photo Dr Loodts)

Les murs témoignent de la violence des hommes. (photo Dr Loodts)

Nanou Bouillet et son mari, des Belges passionnés par l’histoire de Mont. (photo Dr Loodts)

L’église domine le village et semble appeler ses habitants à prendre de la hauteur en toute chose ! (photo Dr Loodts)

Le portail abrité de l’église est une merveille qui vous plonge d’emblée au Moyen-âge. (photo Dr Loodts)

Un tympan naïf mais parlant… (photo Dr Loodts)

La crypte éclairée délicatement par la lumière du jour est la réplique de celle de la Cathédrale de Verdun. (photo Dr Loodts)

La mort d’Eugène racontée par le bulletin Meusien. (photo Dr Loodts)

En 1923, la Grande Guerre provoqua la mort du jeune sonneur de cloche de Mont-devant-Sassey

       Mont-devant-Sassey, merveilleux village dominant la Meuse, vaut assurément  le détour. Une merveilleuse église romane accrochée au flanc boisé de la vallée attire immanquablement  l’attention  du voyageur  qui  remonte la Meuse entre Stenay et Verdun.

       L’église aperçue, si belle et si étrange à la fois, une question vient alors immédiatement à l’esprit de celui qui la voit pour la première fois: que peut bien rappeler, célébrer et fêter  cette vieille  église qui se découpe si bien entre  le ciel meusien  et son  bocage verdoyant ? Pour répondre à cette question, beaucoup de curieux  font le détour et se rendent au pied de l’église ! Ils ne sont pas déçus, l’édifice roman possède une âme, un esprit  que l’on ressent de plus en plus clairement lorsque que l’on se rapproche d’elle en gravissant  son « mont »  qu’elle partageait autrefois avec les vignes. 

       Eglise émouvante protégeant un vieux cimetière tout aussi  émouvant avec ses vielles croix de fer forgé et ses  pierres  tombales couverts de noms qui s’effacent peu à peu  mais qui parviennent encore à  proclament que ces hommes, ces femmes, ces enfants reposent là  dans une attente confiante, celle de leur résurrection ! La Foi de nos ancêtres de la première moitié du 19ème siècle est  retrouvée émouvante dans le vieux cimetière mais celle qui régnait dans un temps beaucoup plus reculé, au  Moyen-Age, se retrouve dans  le magnifique tympan  sculpté ornant  le portail… Le cimetière, le portail de l’église nous parle encore aujourd’hui en 2011 et nous questionne sur le sens à donner à la vie humaine. Un sens qui peut-être trouvé pour certains  dans la merveilleuse crypte de l’église, fidèle réplique de celle de la cathédrale de Verdun, éclairée par la lumière du jour en dépit de son soubassement, et qui garde en son cœur,  comme un trésor, la statue polychrome d’une vierge compatissante.

       Il y a de cela quelques années à peine, on ne donnait  plus beaucoup de chances de survie à l’église qui semblait se  muer inexorablement  en un champ de  ruines. Pourtant le miracle survint : la merveille fut sauvée de justesse, grâce aux habitants de son village et grâce  aussi à l’enthousiasme  de monsieur et madame Bouillez, un couple de Belges émus profondément par ces lieux. Emus par ces lieux  sous l’effet de lointaines influences ?  Sans doute, car  de façon surprenante, des racines historiques unissent l’église de Mont-devant-Sassey avec la Belgique. Une Belge, Sainte Begge,  fille de Pépin de Landen, bisaïeul de Charlemagne possédait les terres de Mont et avait fondé un monastère à Andenne aux bords de la Meuse et où elle se retira devenue veuve.  A la mort de Begge, les terres de  Mont-devant-Sassez  rentrèrent naturellement dans la possession des  religieuses d’Andenne. Ce cadeau se révéla  particulièrement précieux au XIème siècle quand les Normands pillèrent et incendièrent Andenne. Les religieuses belges en fuite rejoignirent leurs terres de Mont, s’y réfugièrent, et entreprirent alors la construction de l’église romane.

       La guerre créa Mont, la guerre voulut  aussi détruire Mont ! La guerre de trente ans (entre 1630 et 1643), la guerre de la Fronde (1648-1659) dévastèrent la région et la belle église fut incendiée en 1660. Les guerres  marquèrent à jamais  ses murs qui portent encore aujourd’hui les marques des  coups de canons et  des mitrailles qui tentèrent  de la détruire !  

       Plus près de nous, le drame de la Grande Guerre,  nous est rappelé, à Mont-devant-Sassey,  de façon saisissante à quelques mètres du parvis de  l’édifice sacré, à l’endroit  où se trouve un châtaignier  centenaire, éventré profondément en 1923, et qui survit à son handicap  depuis près de 80 ans ! A ses côtés une plaque rappelle la catastrophe, le sort injuste fait  à un gamin du pays et dont reste  témoin le vieil arbre solitaire qui domine les escaliers  unissant le village à l’église. Le 11 mars 1923, le jeune Tichot Eugène, âgé de 15 ans sonnait au pied de l’arbre les cloches pour appeler les habitants à l’office. Des cloches très  particulières, en fait  un succédané de cloches car les  vraies avaient été volées par les Allemands.  Eugène battait en réalité un gros  tube métallique  suspendu dans le bel arbre depuis deux ans, un tube  récupéré et qui pendant la Grande Guerre servait à contenir l’hydrogène  nécessaire  pour gonfler les ballons d’observation…Un réservoir qui, battu, émettait  un son qui ressemblait à s’y méprendre à celui d’une belle cloche… Eugène était musclé et ses volées de coups sur la fausse cloche  lui procuraient  un incontestable  renom dans le village ! Hélas, le  tube hélas n’était pas vide ! A force d’être frappé il se fissura jusqu’à ce fameux jour où il explosa en emportant  Eugène  et une partie du châtaignier ! On devine sans peine le deuil qui saisit le village tout entier !

       Les cloches à Mont avaient décidément des histoires tristes  à raconter. Longtemps avant la mort d’Eugène, s’était établi dans le village la famille Farnier qui créa une industrieuse et prospère  fonderie de cloches (plus de 1.200 grosses cloches fondues). Mais en  1854 le choléra  endeuilla la famille en emportant en quelques jours  quatre de ces  membres. La tombe familiale existe toujours  et sur celle-ci demeure  encore l’emplacement où se trouvait jadis  une petite cloche !

       Mont-devant-Sassey !  L’église restaurée, il ne manque plus qu’à recréer le vignoble qui l’entourait !   Ses cloches de fonte résonnent à nouveau et s’il vous arrive de les entendre, sachez qu’elles rappellent aussila mémoire d’un petit gars du pays, Eugène, si fier d’appeler les villageois au sommet du Mont.  

 

Dr P. Loodts

 

Les lecteurs, désirant mieux connâtre ce très beau village français si lié à la Belgique, ne manqueront pas de visionner le beau site Mont-devant-Sassey  



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