Médecins de la Grande Guerre

Le Sanatorium Elisabeth de Chanay (France)

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Le sanatorium Elisabeth de Chanay (France)

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Alphonse BORNARD, maire de CHANAY de 1903 à 1937. En 1920, il fut décoré de la Croix de Chevalier de la Couronne belge pour services rendus au Sanatorium Elisabeth.

CHANAY II : le Centre Climatique, Médical et Scolaire de la MGEN en 1983 (cliché Hervé PETITHOMME)

Le Château de QUINSONAS côté Est, propriété de la MGEN (cliché Maud BONNEFOUX)

Le "Pavillon des Petites" construit par les Pupilles de l'Enseignement Public de l'Ain en 1936 pour agrandir le Préventorium de CHANAY.

Le Dr. Hottlet et
sa famille à
l'intérieur de
la villa Saint-Pierre.

Devant la villa Saint-Pierre : le Docteur HOTTLET, à sa droite Madeleine et Arthur assis, à sa gauche, Alfred et Ernest puis un officier. A gauche de Mme HOTTLET, Louis et André.

A gauche, le Docteur Alfred HOTTLET devant la propriété de ses amis BESSON à DORCHES, puis Céline BESSON née TAVERNIER. Assis, Marie-Antoinette BAVEREY et André HOTTLET. A droite, Eugène BAVEREY.

Elisabeth de Quinsonas, vicomtesse de Bonneval, prêta son Château de Chanay au gouvernement belge.

Debout au centre, Elise L'HOIR, épouse du Docteur HOTTLET. A gauche, un cousin de la famille HOTTLET. Assis, Louis à gauche et Madeleine HOTTLET à droite.

A partir de droite, Marguerite BESSON, Arthur HOTTLET, Madeleine HOTTLET, et deux non-identifiés.

A partir de droite, Marguerite BESSON, Madeleine HOTTLET, Céline BESSON née TAVERNIER, Arthur HOTTLET, Eugène PORTAL, gestionnaire du Sanatorium.

A partir de gauche, Madeleine HOTTLET, Marguerite BESSON, puis deux soldats belges non-identifiés.

A gauche, non identifié, puis Eugène PORTAL, gestionnaire du Sanatorium, Arthur HOTTLET, Céline BESSON née TAVERNIER, Madeleine HOTTLET, Marguerite BESSON.

Militaire belge non-identifié à l'époque du Sanatorium.

La gare de Pyrimont-Chanay où les malades arrivaient de Belgique pour être soignés au Sanatorium Elisabeth.

Dans le cimetière de Chanay (photo Patrice Salvy)

Ministère de l’intérieur de Belgique Sanatorium Elisabeth. Concession à perpétuité. (photo Patrice Salvy)

Carré des Belges. (photo Patrice Salvy)

Carré des Belges. (photo Patrice Salvy)

Entrée du cimetière. (photo Patrice Salvy)

Le sanatorium
de Chanay
en 1916.

6 mars 1919 : le gouvernement belge au préfet de l'Ain : remerciements pour l'alimentation (A.D. Bourg-en-Bresse).

23 mars 1920 : le gouvernement belge au gestionnaire du sanatorium : cessions de propriété de main à la main (A.M de CHANAY).

25 mars 1920 : le gestionnaire du sanatorium au maire de CHANAY : acquisition du pré du Chêne (A.M. de CHANAY).

23 avril 1921 : le sous-préfet de l'Ain au maire de CHANAY : cessions gratuites d'immeubles par le gouvernement belge (A.M. de CHANAY).

14 mai 1921 : remerciements de l'Ambassade de Belgique au Président du Conseil lors de la fermeture du Sanatorium, copie au Préfet de l'Ain (A.D. Bourg-en-Bresse).

20 juin 1921 : le Ministre belge au Préfet de l'Ain : envoi des remerciements de l'Ambassade de Belgique au Président du Conseil (A.D. Bourg-en-Bresse)

1er mars 1922 : le gouvernement belge au Préfet de l'Ain : vente des immeubles du sanatorium (A.D. Bourg-en-Bresse).

Le village de CHANAY à l'époque du Sanatorium Elisabeth

Les ruines de DORCHES furent vendues le 28 mars 1922 à la famille BAVEREY qui organisa des fêtes médiévales en 1926 et 1927 (dessin livre QUINSONAS 1858).

Notice établie par Eugène PORTAL pour la vente séparée de la Tour de DORCHES, propriété du Sanatorium (Archives CALDAIROU).

28 mars 1922 : le gouvernement belge vend les ruines de DORCHES à Marie-Antoinette BAVEREY feuillet 1 (Archives CALDAIROU)

28 mars 1922 : le gouvernement belge vend les ruines de DORCHES à Marie-Antoinette BAVEREY feuillet 2 (Archives CALDAIROU)

28 mars 1922 : le gouvernement belge vend les ruines de DORCHES à Marie-Antoinette BAVEREY feullet 3 (Archives CALDAIROU)

28 mars 1922 : le gouvernement belge vend les ruines de DORCHES à Marie-Antoinette BAVEREY feullet 4 (Archives CALDAIROU)

18 mars 1917 : immatriculation à CHANAY du Docteur HOTTLET avec sa femme et 3 de ses enfants (A.M. de CHANAY)

En face du Sanatorium, la Maison des Notaires (cliché Georges TARDY)

Dans l'hospice communal, la Croix-Rouge américaine recueillera des enfants de 1918 à 1920.(L.Michaux, édit. Bellegarde)

Fiche matriculaire du Docteur HOTTLET page 1 (Musée Royal de l'Armée, Bruxelles)

Fiche matriculaire du Docteur HOTTLET page 2 (Musée Royal de l'Armée, Bruxelles)

15 février 1922 : cahier des charges pour l'adjudication du Sanatorium page 1 (A.D. Bourg-en-Bresse)

15 février 1922 : cahier des charges pour l'adjudication du Sanatorium page 2 (A.D. Bourg-en-Bresse)

15 février 1922 : cahier des charges pour l'adjudication du Sanatorium page 3 (A.D. Bourg-en-Bresse)

15 février 1922 : cahier des charges pour l'adjudication du Sanatorium page 4 (A.D. Bourg-en-Bresse)

15 février 1922 : cahier des charges pour l'adjudication du Sanatorium page 5 (A.D. Bourg-en-Bresse)

15 février 1922 : cahier des charges pour l'adjudication du Sanatorium page 6 (A.D. Bourg-en-Bresse)

Le Docteur Alfred HOTTLET, médecin-directeur du sanatorium de CHANAY (photo tirée de l'album du Sanatorium Elisabeth)

février 2006 : le carré belge du cimetière de CHANAY en travaux (cliché Guy VITRANT)

février 2006 : le carré belge du cimetière de CHANAY en travaux (cliché Guy VITRANT)

Mai 2009, le carré des Belges après les travaux. (photo Dr Loodts)

Première pierre avec la liste des noms. (photo Dr Loodts)

Deuxième pierre avec la liste des noms. (photo Dr Loodts)

Petit historique du cimetière de Chanay. (photo Dr Loodts)

La pierre placée à l’origine par le ministère belge. (photo Dr Loodts)

Gros plan sur le carré des Belges. (photo Dr Loodts)

En honneur à Louis Hottlet. (photo Dr Loodts)

Le Dr Loodts en compagnie d'Albert Hottlet petit fils d'Alfred Hottlet. (photo Dr Loodts)

Hommage à Louis Hottlet, frère d’Albert et petit fils du Dr Alfred Hottlet, pour des actes de bravoure pendant la deuxième guerre mondiale.

Le château en 2009. (photo Dr Loodts)

Le château en 2009. (photo Dr Loodts)

L’église. (photo Dr Loodts)

Le village et son point de vue. (photo Dr Loodts)

Le village et son point de vue. (photo Dr Loodts)

Le village et son point de vue. (photo Dr Loodts)

Le village et son point de vue. (photo Dr Loodts)

Le village et son point de vue. (photo Dr Loodts)

Le village et son point de vue. (photo Dr Loodts)

Le monument. (photo Dr Loodts)

La mairie. (photo Dr Loodts)

Le village et son point de vue en 2009. (photo Dr Loodts)



Vues sur le sanatorium Elisabeth de Chanay (France)

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Couverture de l'album photos du Sanatorium Elisabeth de Chanay en France : 1916 - 1921.

Album photos édité par le gouvernement belge à l'ouverture du Sanatorium Elisabeth de CHANAY en France 1916-1921. Reliure à vis, 49 pages. 41 photos 18,5x13,5 cm. Couverture de couleur bordeaux, dos gaufré. Poids 5 kg. Dimensions : 42x28,5x6,5 cm.

Album photos édité par le gouvernement belge à l'ouverture du Sanatorium Elisabeth de CHANAY en France 1916-1921. Reliure à vis, 49 pages. 41 photos 18,5x13,5 cm. Couverture de couleur bordeaux, dos gaufré. Poids 5 kg. Dimensions : 42x28,5x6,5 cm.

Vue sud-est du château de QUINSONAS en 1916 : un sanatorium belge de 60 lits avec ses 3 galeries de cure et son lazaret.

Vue de la façade principale du château et de la cour d'honneur.

Vue des dépendances comprenant le logement des sœurs au premier étage et la buanderie au rez-de-chaussée.

Vue d'ensemble des principaux bâtiments formant le sanatorium.

Le lazaret dans le parc du Château (construit en bois, il fut brûlé à la fermeture du Sanatorium)

Allée de sapins dans le parc.

Au sanatorium, activités calmes en plein air.

La terrasse donnant sur le parc avec en arrière plan les montagnes de Savoie.

Le hall d'entrée du château

Les galeries de cure du château où les cures d'aération se déroulent plusieurs heures par jour.

Palier du grand escalier où se déroulent des activités de jeux d'intérieur

La cuisine principale

Les salles à manger

Les salles à manger

Salle à manger du personnel supérieur avec notamment à table le docteur Hottlet et le gestionnaire

Une série de dortoirs

Un dortoir montrant la disposition des lits

Une chambre à coucher aménagée sous les combles

Salle de bains et douches

Les lavabos

Le Docteur HOTTLET dans son cabinet : cette pièce était la "chambre de la Comtesse", appelation encore utilisée jusqu'aux années 1950-1960.

Monsieur Portal, le gestionnaire dans son bureau

L'habitation du médecin-directeur, dans la villa Saint-Pierre au-dessus de la route en venant de SEYSSEL.

Le personnel rassemblé: le médecin-directeur, le gestionnaire, la Sœur Supérieure et les religieuses

La buanderie (sous le logement des soeurs)

La bibliothèque

La chapelle (devenue salle de spectacle pour l'hôtel du Château puis local administratif pour les centres médicaux

Vue du sud-est du sanatorium en été

Vue générale avec la cure en été

Sous les galeries de cure, les parterres fleuris

Le jardin français en terrasse

La cour principale sous son décor d'été

Le fond de la cour principale vers l'église du village

L'entrée de la cour d'honneur

La pharmacie

Le laboratoire

Le lazaret avec sa galerie de cure où les malades restent le jour et la nuit en plein air

La galerie de cure avec ses malades

Départ du Ministre de l'Intérieur Berryer venu visiter le sanatorium

Un groupe de malades et du personnel avec Monsieur le Ministre Berryer

Monsieur le Ministre Berryer en compagnie du personnel supérieur (le docteur Hottlet, l'aumônier, le gestionnaire Monsieur Portal en uniforme) et de son officier d'Etat-Major.

Soldats belges dans les dortoirs du Sanatorium.

Histoire du Sanatorium Elisabeth de Chanay


Avertissement au lecteur

Cet article a été réalisé par les élèves et les professeurs des classes de technologie du centre M. G. E. N "Soins-Etudes" du village de Chanay (F-01420 France). Qu'ils soient vivement remerciés ! Grâce à leur travail, les Belges qui bénéficièrent de l'hospitalité de leur commune entre les années 1916 et 1921 peuvent aujourd'hui retrouver leur place dans notre mémoire collective. Le témoignage émouvant que nous livrent photos et texte est aussi pour nous l'occasion de découvrir un village entièrement tourné vers le service aux autres et qui perpétue depuis près de cent ans un merveilleux idéal humaniste. Merci mille fois aux "anciens" de Chanay pour avoir si bien accueilli nos malades, merci à leurs descendants pour avoir préservé le souvenir des "petits Belges" dans leurs archives... et dans leurs coeurs ! Enfin, nous adressons toute notre reconnaissance à Monsieur Albert Hottlet, petit-fils du Docteur Alfred Hottlet, passionné par l'histoire de son village et à qui nous devons de pouvoir admirer l'album photo de son grand-père!

Dr Loodts P.


1. Les débuts du Sanatorium Elisabeth

En Belgique, le premier dispensaire antituberculeux de type Calmette est créé à Liège en 1911, l'objectif de la politique sanitaire étant de "dépister d'abord les sujets atteints de tuberculose pulmonaire, osseuse ou autres et de les envoyer à leurs médecins traitants, ensuite d'obtenir, des malades et de leur entourage, l'application des règles d'hygiène pouvant réduire au minimum les sources de contagion et de les aider dans cette tâche part tous les moyens possibles."



Au sanatorium, activités calmes en plein air.

En Belgique comme en France, les pouvoirs publics se lancent dans la construction de "Sanas populaires" et le gouvernement belge décide de construire un sanatorium à Chanay dans l'Ain, village dont la qualité de l'air est réputée.

En 1916, le gouvernement belge achète le Château à la famille de Bonneval et en fait un "établissement de santé" pour adolescents et adultes tuberculeux, hommes et femmes, de 1916 à 1921.

L'acte de vente qui sera établi entre le Vicomte de Bonneval, mari de la Comtesse Elisabeth de Quinsonas, et l'Etat belge porte la date du 27 décembre 1919. Des travaux seront entrepris pour améliorer l'accueil hôtelier. La disposition intérieure des pièces sera revue et un chauffage central placé. Des dortoirs et des chambres seront aménagés dans les étages, des douches et des sanitaires seront placés au sous-sol, la cuisine du sous-sol sera modernisée et une buanderie sera installée au rez-de-chaussée de l'accueil. Enfin la ferme du Château sera adaptée aux besoins du Sanatorium.

Et puis, comme il s'agit d'accueillir et de traiter des malades dans un établissement médical,

1. On aménage une pharmacie et un laboratoire d'analyses médicales
2. On construit 2 étages de galeries de cure sur le mur du Château situé face à l'est,
3. Enfin on construit un lazaret dans le grand pré situé en dessous du Château

2) Le fonctionnement du Sanatorium Elisabeth

Le Médecin-directeur

Le Sanatorium Elisabeth est dirigé par le Docteur Alfred Joseph Ghislain Hottlet né le 23 janvier 1861 à Bioul (Province de Namur) en Belgique. C'est un ancien médecin militaire: les renseignements sur la carrière du Docteur Hottlet sont extraits du Détail des Services de sa fiche matriculaire qu'a bien voulu nous fournir le Musée Royal de l' Armée et d' Histoire Militaire du Ministère de la Défense Nationale sur la demande expresse de l'Ambassade de Belgique à Paris.

Le 9 juin 1881, il est incorporé comme milicien dans le 14ème régiment de ligne de la province de Namur. Le 1er octobre 1881, il devient élève-médecin de 2ème classe à l'hôpital de Louvain et contracte un engagement de 8 ans, 1 mois, 9 jours le 23 août 1882. Il accomplit ses études de médecine. Le 2 juillet 1886, il devient élève-médecin de 1ère classe "aspirant" et contracte un nouvel engagement de 8 ans le 17 septembre 1886. A partir du 27 septembre 1886, il est nommé attaché à l'hôpital de Namur. Le 1er avril 1887, il passe au 3ème régiment de chasseurs à pied. Le 5 décembre 1888, il est nommé médecin auxiliaire. Le 22 mars 1889, il est attaché à l'hôpital de Diest. Le 1er octobre 1889, il est nommé médecin-suppléant de 1ère classe et passe au bataillon d'administration. Le 12 décembre 1889, il est nommé attaché à l'hôpital d' Anvers puis nommé médecin adjoint le 7 octobre 1890.

Le 17 novembre1891, il est détaché au 5ème régiment d'artillerie "à l'effet d'y remplir les fonctions de médecin de bataillon".

Nommé médecin de bataillon de 2ème classe le 26 juin 1893, il sera successivement attaché au 5ème régiment d'artillerie le 29 juin 1893, puis au 3ème régiment de chasseur à pied le 7 février 1895. Démissionné de l'armée belge sur sa demande le 11 janvier 1896, il deviendra médecin dans le civil jusqu'au début de la guerre de14, où il sera " désigné pour faire du service en qualité de médecin de bataillon de 2ème classe de réserve pour la durée de la guerre et être adjoint au directeur de l'hôpital de Bruxelles". Cette commission du grade de médecin de bataillon de 2ème classe de réserve, qui lui a été attribuée au début des hostilité le le 6 août 1914, lui sera retirée le 30 septembre de la même année. A partir de cette date, il sera affecté à la mise en oeuvre et à la direction médicale du sanatorium Elisabeth de Chanay

Le Gestionnaire

Le médecin directeur est assisté d'un gestionnaire, Eugène Portal, Fonctionnaire du Ministère belge de l'Intérieur. Il reprendra son poste à Bruxelles après son départ du Sanatorium.



Salle à manger du personnel supérieur avec notamment à table le docteur Hottlet et le gestionnaire

Les Religieuses infirmières

En plus du médecin directeur, le personnel médical comprend une équipe de religieuses infirmières (environ une dizaine, sans doute des religieuses Dominicaines) et d'aides-soignantes. Elles étaient logées au premier étage actuel (aussi appelé Couvent à cette époque), le rez-de-chaussée de ce bâtiment étant occupé par la buanderie. Elles sont dirigées par Soeur Marie Poulain qui dirige aussi les aides-soignantes. On sait qu'elle était assistée par Soeur Marie-Jodeph Provost, Soeur Marguerite Dietrich, Soeur Marie-louise Desgranges et Soeur Pétronelle Witters (qui décédera des atteintes de la tuberculose le 18 octobre 1919 à Chanay pendant son service).

Les religieuses infirmières, outre leur service aux malades, s'occupaient également des repas. La cuisine était située dans une des salles voûtées du rez-de-jardin du Château (où elle restera jusqu'en 1982). Un historien du village de Chanay estime que les carrelages de cette cuisine, dont une partie recouvre encore le sol de l'ancien magasin, ont été posés vers 1850. Une autre des salles attenantes à la cuisine était occupée par la salle de bains équipée de douches et de baignoires. Au sanatorium, la vie est répartie entre les activités calmes (jeux, lecture, petites promenades) et les soins (cures de plein air sur les galeries, médicaments).



Palier du grand escalier où se déroulent des activités de jeux d'intérieur

Le traitement

Les soins sont organisés selon la règle de la Cure Hygiéno-diététique en usage au début du 20ème siècle:

1) La cure d'aération: la cure de ventilation organise la vie du sanatorium. Prescrite aux malades, elle était assurée en plein air plusieurs heures par jour, dans le silence, sous des couvertures et cela sur les galeries de cure construites sur les deux étages de la façade Est du château.



Les galeries de cure du château où les cures d'aération se déroulent plusieurs heures par jour.

2) La suralimentation est utilisée pour lutter contre l'anémie entraînée par l'infection tuberculeuse.

3)Les médicaments

Quand c'était nécessaire, les malades étaient placés au lazaret: ce lazaret, construit dans le grand pré situé entre le Château et le bâtiment Mont-Blanc actuel, accueillait les malades ayant une tuberculose très grave à l'arrivée ou qui rechutaient en cours de séjour. Sur la galerie de cure abritée du lazaret, les malades restaient en continu le jour comme la nuit en plein air.

La chapelle

Il existait une chapelle, située à l'emplacement de la comptabilité actuelle (où elle restera jusqu'en 1935) dans laquelle l'aumônier du sana disait la messe tous les matins.

La villa du médecin-directeur était située à l'entrée du village (côté route de Seyssel, derrière la résidence des enseignants), au lieu-dit St-Pierre. en 1917, le Docteur Hottlet agrandira cette maison, en faisant construire dans son prolongement une tour carrée que l'on voit encore dans le virage en arrivant de Seyssel. Rachetée par la société "La Plage et le Tourisme pour Tous", cette villa deviendra la Villa Estrea en 1925.

Qui étaient les malades?

De 1916 à 1921, le Sanatorium Elisabeth installé dans le château de Quisonas de Chanay a traité des centaines de malades atteints de tuberculose. Avec ces hommes et ces femmes venus se faire soigner à Chanay depuis la Belgique, il y avait aussi des adolescents. Agés de 13 à 55 ans, les malades célibataires ou mariés provenaient de toutes les régions de la Belgique. Les malades étaient issus de toutes les professions: ajusteur, blanchisseuse, bûcheron, caissière, cartonnière, charpentier, commerçant, commis d'hôtel, comptable, cuisinière, cultivateur, dactylographe, docker, domestique, émailleur, ferblantier, forgeron, menuisier, ouvrier agricole, ouvrière, peintre-décorateur, préposé des douanes, religieuse infirmière, sténodactylo, tisserand. On comptait aussi une artiste lyrique, un instituteur, une religieuse cloîtrée! Les moins de vingt ans étaient inscrits comme sans profession. Parmi eux les malades, il y avait aussi des soldats. Alors que les militaires français étaient soignés à Aix-les-Bains, ville toute proche, les soldats belges touchés par la tuberculose pendant leur séjour sur le front étaient envoyés au sanatorium de Chanay.

3) Après la fermeture du Sanatorium Elisabeth

L'Etat belge fera l'acquisition de la totalité du domaine. Lors de la fermeture du Sanatorium, Eugène Portal, directeur administratif du Sanatorium, proposa à un prix avantageux au maire Alphonse Bornard le champ du chêne (3 hectares, 19 ares, 87 centiares). Ce terrain fut acquis par l'Hospice pour y aménager des jardins. En plus d'autres terrains, il céda à peu près gratuitement à la commune le terrain nécessaire pour agrandir le cimetière. Le maire demanda qu'en compensation le conseil municipal accorde une concession perpétuelle et gratuite pour les tombes des cinquante malades (2) décédés de 1917 à 1921 pendant leur séjour au Sana ( Il existe un projet de réhabilitation du "carré des Belges" se trouvant dans le cimetière municipal). Lors de la fermeture du Sanatorium, à partir de 1921, la totalité du domaine sera vendu par l'Etat belge à la société "La Plage et le Tourisme pour Tous" qui va organiser à Chanay des séjours de loisirs de 1921 à 1939. Le but de cette société était de "procurer à ceux qui le désirent, en été, des vacances économiques à la mer et à la montagne dans un milieu familial dans des établissements égalant en hygiène et en agrément ceux des bons hôtels".

(1) Chanay et les oeuvres sociales:Pendant tout le 20ème siècle, le village de Chanay dans l'AIN a été un lieu privilégié où se sont implantés des oeuvres sociales et de santé. Ce village de 560 habitants est situé à 450 mètres sur les contreforts du Jura. Son altitude et sa position à l'abri des brouillards de la vallée où coule le Rhône lui donnent un climat tempéré et en ont fait un site recherché pour les maladies respiratoires, par exemple la tuberculose et l'asthme pour ne citer que ces deux pathologies. Placé entre le Colombier et le Crêt d'eau, ce village a accueilli successivement, quelquefois en même temps, un Hospice (1909-1918) géré par la commune, puis le Sanatorium Elisabeth. De 1918 à 1920, la Croix-Rouge américaine a créé la "Maison du Bon accueil des Fillettes" pour les orphelines de guerre. De 1924 à 1939, la Société la "Plage et Tourisme pour Tous" a organisé des congés payés pour les salariés dans l'hôtel "Pension du château". Pendant ce temps, dans le même village, dès 1926, l"Office des Pupilles de la Nation de l'Ain" crée la "Maison des Pupilles de la Nation" pour les orphelins de guerre, qui cède la place en 1929 au "Préventorium de demi-altitude", géré par l"Oeuvre des Pupilles de l'Enseignement Public de l'Ain", qui va accueillir des fillettes et des jeunes filles tuberculeuses jusqu'en 1952. Repris en 1952 par la "Mutuelle Générale de l'Education Nationale", le Centre Climatique de demi-altitude (1952-1976), toujours préventorium pour des enfants tuberculeux devient en 1977 une "Maison d'Enfants à Caractère Sanitaire" pour les enfants et adolescents malades .En 2001, il devient le centre M. G. E. N (Mutuelle Générale de l'Education Nationale) "Soins-Etudes" et se concentre sur les pathologies des adolescents.

2) Liste des personnes décédées au sanatorium Elisabeth de 1917 à 1921 (d'après les registres d'état-civil de la mairie de Chanay)

nom décès le âge né le état-civil domicile métier
Dantinne Edouard 1/07/17 21 28/08/1896 célib Namur sans
Mengal Alice 29/10/17 23 22/08/1894 mariée avec Lt d'artillerie Bourg-Léopold sans
Devoglair 04/12/17 41 19/01/1876 marié Frasnes-les-Buisenal cordonnier
Libbrecht Jules 04/12/17 41 19/01/1876 marié Ypres émailleur
Ernst Léopold 13/01/18 27 4/10/1891 marié Andrimond tisserand
Bruynooghe Léonie  01/02/18 39 20/07/1888 célib Boitshoehe blanchisseuse
Van Thournout Irma 09/02/18 36 11/11/1881 célib Bruxelles cuisinière
Vanderstichelen Richard 12/02/18 39 13/10/1878 marié Lierde-Saint Marie cultivateur
Lepoint Elise 13/04/18 36 19/02/1882 célib Bruxelles caissière
Bogaerts Irma 20/04/18 25 10/11/1892 célib Tirlemont domestique
De Coene Elisa 02/06/18 17 12/12/1900 célib Nieuport sans
Nyville Paula 06/07/18 15 15/03/1903 célib La Panne sans
De Keyrel Maria 11/07/18 17 08/09/1900 célib Bulscamps sans
Lips Marcel 08/08/1918 18 28/11/1899 célib Leysele sans
Rosmeulen Gabrielle 10/08/1918 31 04/05/1887 mariée à un artiste de Paris Paris sans
Gryson Camille 12/09/18 26 11/04/1892 célib Oudenberg forgeron
Claernout Eugène 15/09/18 18 22/07//1900 Célib Rhenenghelst sans
Limage Juliette 21/09/18 31 O9/08/1887 mariée Winille sans
Van Hyfte Pierre 22/09/18 26 17/06/1892 celib Wulpen sans
Vercaigne Georges 26/09/18 16 27/09/1902 célib Bixschott sans
Laloyaux Marie 01/10/18 22 30/07/1896 célib Walcourt sans
Vrolix Jean-Pierre 26/10/18 40   marié Peer ouvrier à la ferme du sanatorium
Salember Rodolphe 3/11/18 33 14/04/1885 marié Bruges ferblantier
Lahoutter Robert 04/11/18 40 22/09/1878 marié Keyem docker
Petit Camille 5/11/18 23 29/03/1895 célib Anvers comptable
Embrecks Jeanne 06/11/18 32 31/05/1886 célib Turnhout religieuse infirmière
Dave Stéphanie 06/11/18 26 30/11/1892 Célib Paris artiste lyrique
Dewilde Adrienne 08/11/18 19 11/12/1898 célib Reninghelst ouvrière
Allemeershe Edmond 11/11/18 53 07/03/1865 marié Zedelghem bûcheron
Vanheghe Eugène 15/11/18 31 26/12/1887 marié Enghien ajusteur
Thiry Charles 26/12/18 31 29/09/1887 célib Lambermont (Muno) comerçant
Merlevede Marie-Louise 16/01/19 36 22/10/1882 célib Couvent saint- Michel à Chevilly (Seine) religieuse
Hanquet Victor 09/02/19 42 22/12/1876 marié Verviers charpentier
Didier Esther 15/02/19 18 07/11/1900 célib Ypres sans
Mariage Charles 05/03/19 32 30/07/1886 célib Taintignies instituteur
Pauwels Jean 09/05/19 33 08/12/1885 marié Saint-Gilles menuisier
Vandecauter Jeanne 25/05/19 17 06/08/1901 célib Louvain sans
Shuppen François 13/O6/19 45 28/05/1874 marié Ixelles peintre-décorateur
Volckaert Léon 29/06/1919 19 21/06/1900 célib Langmark commis d'hôtel
Peulen Germaine 11/07/19 21 29/09/1892 célib Anvers sans
Haguenauer Emile 24/08/19 17 12/11/1902 célib Bellegarde (Ain) préposé aux douanes
Witters Pétronella 18/10/19 30 29/08/1889 célib   religieuse infirmière
Ravet Marguerite 01/03/20 14 26/11/1905 célib Grenoble (Isère) sans
Pasquet Marie-Louise 23/04/20 13 12/11/1906 célib Chateauroux (Indre et Loire) sans
Comblain Julie-Marie 10/07/20 20 29/05/1895 célib Blégy-Trembleur dactylographe
Delhalle Auguste 09/08/20 39 25/04/18881 mariée Namur sans
Tysebaert Marie-Josèphe 02/11/20 30 07/01/1890 mariée Bruxelles sans
Deknop Jeannette 17/01/21 27 30/09/1893 veuve Bruxelles sans
Paeps Anne-Sophie 20/05/21 20 28/10/1899 célib Anderlecht sténo-dactylo
Meiresonne Elvire 16/06/21 29 27/03/1892 mariée Gand cartonnière

Liste des décès par année et par mois

Le nombre de décès très important en 1918 s'explique par l'épidémie de grippe espagnole

total par an Jan Fév Mars Avril Mai Juin Juil Aout Sept Oct Nov Dec
1917 4             1     1   2
1918 27 1 3   4 2 6 2 2 5 2 8 1
1919 11 1 2 1   2 2 1 1   1    
1920 5     1 1 1   1 1     1  
1921 3 1         1            
total 50 4 5 2 5 5 9 5 5 5 4 9 3




Le Docteur Alfred HOTTLET, médecin-directeur du sanatorium de CHANAY (photo tirée de l'album du Sanatorium Elisabeth)

Biographie du Dr Hottelet

Le Sanatorium Elisabeth est dirigé par le Docteur Alfred Joseph Ghislain HOTTLET né le 23 janvier 1861 à BIOUL (Province de Namur) en Belgique. C'est un ancien médecin militaire: les renseignements sur la carrière du Docteur HOTTLET sont extraits du Détail des Services de sa fiche matriculaire qu'a bien voulu nous fournir le Musée Royal de l’Armée et d' Histoire Militaire du Ministère de la Défense Nationale sur la demande expresse de l'Ambassade de Belgique à Paris :
Le 9 juin 1881, il est incorporé comme milicien dans le 14ème régiment de ligne de la province de Namur. Le 1er octobre 1881, il devient élève-médecin de 2ème classe à l'hôpital de Louvain et contracte un engagement de 8 ans, 1 mois, 9 jours le 23 août 1882. Il accomplit ses études de médecine. Le 2 juillet 1886, il devient élève-médecin de 1ère classe "aspirant" et contracte un nouvel engagement de 8 ans le 17 septembre 1886. A partir du 27 septembre 1886, il est nommé attaché à l'hôpital de Namur. Le 1er avril 1887, il passe au 3ème régiment de chasseurs à pied. Le 5 décembre 1888, il est nommé médecin auxiliaire. Le 22 mars 1889, il est attaché à l'hôpital de Diest. Le 1er octobre 1889, il est nommé médecin-suppléant de 1ère classe et passe au bataillon d'administration. Le 12 décembre 1889, il est nommé attaché à l'hôpital d' Anvers puis nommé médecin adjoint le 7 octobre 1890.
Le 17 novembre 1891, il est détaché au 5ème régiment d'artillerie "à l'effet d'y remplir les fonctions de médecin de bataillon".
Nommé médecin de bataillon de 2ème classe le 26 juin 1893, il sera successivement attaché au 5ème régiment d'artillerie le 29 juin 1893, puis au 3ème régiment de chasseur à pied le 7 février 1895. Démissionné de l'armée belge sur sa demande le 11 janvier 1896, il deviendra médecin dans le civil jusqu'au début de la guerre de 14, où il sera " désigné pour faire du service en qualité de médecin de bataillon de 2ème classe de réserve pour la durée de la guerre et être adjoint au directeur de l'hôpital de Bruxelles". Cette commission du grade de médecin de bataillon de 2ème classe de réserve, qui lui a été attribuée au début des hostilité le 6 août 1914, lui sera retirée le 30 septembre de la même année. A partir de cette date, il sera affecté à la mise en oeuvre et à la direction médicale du sanatorium Elisabeth de Chanay.
Avec son épouse, Elise Marie Joséphine L’HOIR, le Docteur HOTTLET a eu sept enfants. Sur la photo prise sur le perron de la villa Saint-Pierre (prise par Paul sans doute qui, lui, est absent de la photo), on peut voir Ernest (en haut à droite), Alfred (en haut au milieu), Arthur (assis en bas à gauche), Madeleine (assise à gauche), André (assis le plus à droite) et Louis (assis le deuxième à gauche). Il est probable que le Docteur HOTTLET soit venu plusieurs fois seul à CHANAY pour l’installation du Sanatorium. Le registre d’immatriculation des étrangers de la commune de CHANAY indique le 18 mars 1917 qu’il est accompagné de sa femme et de trois de ses enfants, les plus jeunes : Madeleine : 20 ans, Paul : 18 ans et Louis : 12 ans. On ne sait pas comment ils étaient scolarisés, surtout Louis le plus jeune. Ce n’était sûrement pas avec les enfants du Sanatorium à cause de la contagion. Peut-être était-ce tout simplement l’école du village ou bien encore Mme HOTTLET qui s’occupait elle-même de la scolarité de ses enfants à l’aide de devoirs envoyés depuis la Belgique ? Parmi les plus âgés, certains sont alors soldats sur le front, on voit sur la photo qu’Alfred est en uniforme et on sait qu’Arthur, le père d’Albert (le dernier des HOTTLET qui reste et qui demeure en retraite dans le village de CHANAY), était militaire et qu’il a été gazé. Il a dû venir quelques temps en convalescence à CHANAY où il a rencontré celle qui devait devenir sa femme.


Témoignages d’Albert HOTTLET, le petit-fils du Docteur HOTTLET, qui vit à CHANAY

« Arthur, mon père, est né le 7 août 1896. Il habitait à Anvers avec ses parents. Comme un de ses grands-oncles qui avait émigré à la fin du 19ème siècle, il était lui aussi parti au Canada. Lors de la déclaration de guerre, il est revenu en Belgique et il s’est engagé dans l’Armée Royale de Belgique. Il a reçu des médailles belges et françaises : du côté belge, la Médaille commémorative pour la campagne 1914-1918 (HENNERINGS VAN DEN VELDTOTCHT) et la médaille « La grande guerre pour la civilisation » (DE GROOTE OORLOC TOT DE BESCHAVING 1914-1918) et du côté français la Médaille militaire, la Croix de guerre avec étoile de vermeil et la Croix du Combattant. Il a aussi reçu la Croix des Vétérans du Roi Albert Ier le 28 février 1964. Après avoir été gazé dans la Somme ou dans les Ardennes, il était venu en convalescence à CHANAY. En 1921, il est à Bruxelles puis il revient à CHANAY début 1922 et il épouse ma mère, Louise Alexandrine Pierrette GAILLARD, née en 1898. Elle était la petite-fille de François BALLY, régisseur du Comte de QUINSONAS, ancien propriétaire du Château où fut installé le Sanatorium Elisabeth en 1916. Ils auront 11 enfants. Je suis le 6ème enfant, la première est ma soeur Elisabeth qui demeure à Bellegarde. Mon père a travaillé d’abord comme cultivateur à CHANAY où sont nés les trois premiers des enfants puis il a travaillé à Bellegarde comme courtier en vins et spiritueux. Il a été ensuite comptable au barrage de Génissiat pour la Compagnie Nationale du Rhône. Il a été naturalisé français. Ma mère a repris en 1945 la suite de la Société des Carburants Français. Avec une dizaine de prisonniers allemands qui lui avaient été confiés, elle a de nouveau exploité les coupes de bois du col de RICHEMONT. Pendant la seconde guerre, mon frère Louis a rejoint à 17 ans les Résistants du département de l’Ain (les Maquis de l’Ain dirigés par ROMANS-PEIIT. Caporal de F.F.I dans le groupe MINET, il a été arrêté par les Allemands le 8 avril 1944 après les combats de MONTANGE dans l’Ain. Puis il a été torturé et abattu le lendemain alors qu’il venait d’avoir 18 ans. Son aventure est racontée dans le livre : Le maquis de Richemond A titre posthume, il a reçu la Médaille militaire, la Croix de guerre avec palmes, la Croix de guerre avec étoile de vermeil, la Médaille de la Résistance Française et la Croix du Combattant. Il a une stèle aux Avalanches au lieu-dit « Les Avalanches » sur la commune de CHAMPFROMIER, au-dessus de CHATILON DE MICHAILLE dans l’Ain et elle est fleurie chaque année par la commune. Mon oncle André a aussi perdu un fils pendant la seconde guerre : Jean avait 18 ans quand il est entré dans le Maquis en Belgique. Il a été pris alors qu’il sabotait des avions sur un terrain d’aviation où il était rentré avec ses camarades en coupant le grillage. Il a été déporté et il est mort à MATHAUSEN.
Ma grand-mère Marie me racontait : « le Docteur HOTTLET était très sollicité pour soigner les gens dans le village lors de la grippe espagnole pendant l’hiver 1918 : il n’avait pas une minute à lui. Tout le monde l’appelait. Il était parti dans la neige à travers prés pour aller dans la neige au hameau de VOVRAY pour soigner des malades. Il soignait les gens de la grippe par la méthode des « pointes de feu ». Ma tante Marie PITTIE a été soignée de la grippe espagnole par le Dr HOTTLET ». On peut penser aussi qu’il a soigné des enfants malades de la grippe espagnole à la colonie d’enfants recueillis par la Croix-Rouge américaine dans le bâtiment en face du Sanatorium.
Un collectionneur a retrouvé une correspondance au dos d’une carte postale qui a circulé en 1918 et qui représente la Maison du bon accueil des fillettes ouverte par la Croix-Rouge américaine de 1918 à 1920.



Dans l'hospice communal, la Croix-Rouge américaine recueillera des enfants de 1918 à 1920.(L.Michaux, édit. Bellegarde)

On peut lire au dos de cette carte :


Ma chère tante,

Je t’écris vite un petit mot car je crains que tu n’attendes de mes nouvelles depuis quelques jours déjà. J’ai eu bien à faire avec les enfants que nous avons ici et qui sont malades. Je suis bien contente du succès d’André et je pense que tu as dû te réjouir aussi. Soigne-toi bien et chauffe-toi. La grippe sévit partout avec intensité. Je ne sais pas quand j’irai à Lyon. Bientôt j’espère. Je t’embrasse bien tendrement.
Ta petite mère, Marcelle.
Mes amitiés à Jeanne.



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