Médecins de la Grande Guerre
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Le Capitaine Arthur Prévost,
talentueux Capitaine Arthur Prévost – Chef de la Musique des Guides Le temps efface tout sur son passage. Peu de Belges se souviennent encore d’Arthur Prévost, ce grand musicien qui mit son talent au service de la Belgique, particulièrement pendant les deux guerres mondiales. Tournaisien, né le 19 juillet 1888, il fut formé au conservatoire royal de Musique de Bruxelles puis assez rapidement embrassa la carrière militaire. Il devint successivement chef de musique au 11ème Régiment de Ligne (1910) puis au 2ème Régiment de Carabiniers (1913) avant de rejoindre le 1er Régiment des Guides. Sous sa direction, cette Musique devint une des plus renommées du monde surtout grâce au talent de son chef qui sut créer un répertoire inhabituel comprenant des transcriptions d’œuvres classiques (Bach, Berlioz, Chopin) et modernes (Gretry). L’orchestre fut demandé partout en Europe et en 1929, il entreprit un voyage aux Etats-Unis qui remporta un succès phénoménal. Le Roi Albert fut un ardent supporter du Capitaine Prévost. Avant de s’embarquer pour les Etats-Unis, le Roi lui offrit son portrait avec dédicacé « Je souhaite au Capitaine Prévost et aux excellents musiciens du Régiment des Guides tous les succès qu’ils méritent au cours de leur tournée artistique aux Etats-Unis d’Amérique. Novembre 1928. » Nulle doute que cette photo accompagna partout la Musique des Guides. Portrait dédicacé offert par le Roi Je garde précieusement cette photo ainsi que de nombreux souvenirs de cette tournée en Amérique ayant appartenu au capitaine Prévost. Ils me revinrent au début des années 2000 après les avoir acquis dans une brocante. Ces archives nous aident à restituer l’ambiance de cette tournée qui fut succession ininterrompue de concerts prestigieux. Programmes et invitations imprimés avec grand soin, articles de journaux, carte de la tournée témoignent de l’aura de la Musique des Guides. Une aura qui était déjà bien présente à bord du navire qui les emmenait aux Etats-Unis puisque c’est dans celui-ci que nos musiciens commencèrent leur tournée ! Pour vous lecteurs, voici donc, ici rassemblés, les principaux souvenirs que garda précieusement le capitaine Prévost dans une simple farde. Le Capitaine Prévost dans les années 20 et 30 grava plusieurs dizaines de disques 78 t. Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, Arthur Prévost prit la direction de la Musique Nationale et, à ce titre, eut des désaccords avec la Gestapo qui l’arrêta en 1943. Il dut sa libération à la Reine Elisabeth. La guerre terminée, il reprit la direction de la Musique des Guides reconstituée et donna la première audition musicale sur les antennes de la radio I.N.R. Retourné à la vie civile en décembre 44, il acheva sa carrière comme directeur de l’Harmonie Nautique de Genève. Arthur Prévost fut aussi le directeur artistique de nombreuses sociétés de musique belges. Il est l’auteur d’une œuvre impressionnante comprenant plus de 350 numéros d’opus. Il conçut aussi la musique de plusieurs évènements comme le mariage du Prince Léopold et de la Princesse Astrid en octobre 1926 ou comme l’Exposition Internationale de Bruxelles en 1935. Il décéda à Etterbeek le 10 juin 1967. Dr Loodts P. Source : - Archives personnelles Les Guides Belges On gardera longtemps mémoire à Sherbrooke du brillant concert qui a été donné hier soir, au théâtre "Granada", par la Musique Royale des Guides de Belgique, car non seulement ce concert a été une féerie pour les connaisseurs, mais encore un régal pour les profanes. Les connaisseurs ont été subjugués par la maestria des artistes, tandis que les profanes, eux, ont été ravis par la beauté et le lyrisme de cette langue adorable, universelle, divine, qu'on appelle Harmonie. Langue que pour l'Amour inventa le génie a dit Musset, en parlant de la musique. Et nul voudrait le contredire ? La musique est-elle autre chose que le langage des âmes, quelque chose comme le balbutiement des cœurs, Qui a pour suprême attribut de faire oublier aux humains : qu’i1s n'appartiennent pas tous à la même patrie… Que c'est beau ! que c'est grand la musique, même pour ceux qui ne sont pas parfaitement initiés à ce divin mode d'expression ! Dieu a donné aux hommes la musique pour que les oiseaux ne soient pas seuls en ce monde à moduler leur joie ou leur douleur et pour qu'ils ne cessent pas de désirer la patrie céleste qui leur est promise et où tout ne doit plus être que ravissement. Les Guides Belges sont des artistes accomplis, la plupart "grand prix" de Conservatoires renommés. Chacun excelle dans sa sphère d'action et apporte sa contribution experte à l'interprétation du thème musical déposé sur son lutrin. Il n'y a pas de rôle modeste, puisque chacun, grâce à l’ingéniosité du compositeur, est nécessaire au tout. Ainsi, bois et cuivre, flûtes et cors, trompettes et tambours se fondent à la perfection et rivalisent, dans leur ensemble avec l'incomparable technique de 1'orgue au cent voix, aux mille nuances. La fanfare des Guides Belges, sous la direction magistrale du capitaine Arthur Prévost, c'est tout un poème, une succession de poèmes ! Parmi les pièces au programme, hier soir, je crois que l’on a spécialement goûté la Rhapsodie Espana de Chabrier, qui fut jouée avec un style napolitain parfait. L'Arlésienne, de Bizet, a aussi conquis tous les cœurs et fourni aux artistes du capitaine Prévost une occasion splendide de dessiner merveilleusement tous les rythmes qui longtemps chantèrent dans l'âme de l'auteur des Pêcheurs de Pertes avant d'être orchestrés et symphonisés. Que dire encore de l’interprétation de la Fiancée Vendue, de Smetana ? Cette pièce, on le sait, est peut-être la plus difficile de toutes les compostions musicales harmonisées à cause de son formidable staccato en vitesse, Arrangée par le capitaine Prévost lui-même, elle a été splendidement rendue à la soirée d'art d'hier soir, et ceux qui l'ont entendue sont certainement encore sous le charme prenant qui s'en dégage. Très charmé aussi avons-nous été par l'interprétation de l'Ouverture du Tannhäuser de Wagner. Cette pièce en est une de très grande envergure, qui gagne toujours à se rapprocher d’un orchestre. L 'Harmonie des Guides de Belgique ne t’en a pas moins rendue avec virtuosité. Signalons, dans cette pièce, le jeu extrêmement habile et merveilleusement nuancé des cors. Quant à l'Offertoire pour la Messe de Minuit, de César Franck, c'est, dit-on, l'une des pièces les plus difficiles de tout le répertoire des Guides. Mais, elle aussi, a été rendue excellemment. Ce magnifique concert s'est terminé par une
série de Marches anglaises et françaises, qui ont valu aux musiciens belges, comme
toutes les autres pièces d'ailleurs, une ovation. C'était une façon de terminer
le concert comme il avait commencé, c'est-à-dire dans l’enchantement. Hélas ! tout passe, même la musique et la poésie. Ce qui ne passera pas, c'est le souvenir qu'aura laissé dans les cœurs sherbrookois, les artistes consommés de la vaillante et noble Belgique. L.-P. R. De part et d'autres, chez les représentants de la Ville de Sherbrooke, qui recevait comme chez les membres de l'Harmonie Royale des Guides de Belgique qui ont été reçus, l'on conservera longtemps le souvenir des heures si aimables pendant lesquelles, après le concert d'hier soir, les uns et les autres ont fraternisé à qui mieux mieux, à cœur ouvert, au mess des officiers du 54e, au manège de la rue Belvédère. C'est là que la Ville de Sherbrooke a fait les frais de la cordiale réception qu'elle a offerte aux musiciens des Guides belges à la suite du concert magnifique qu'ils ont donné au théâtre Granada, leur premier concert depuis qu'ils mettaient le pied sur le sol canadien. Cette arrivée au pays de l'érable avait des charmes particuliers pour les visiteurs qui, après un mois de tournée aux Etats-Unis, se disaient ; profondément heureux non seulement de retrouver une population sympathique parlant la même langue qu'eux, mais encore de se voir chez ces Canadiens-français "qui ne seront jamais oubliés en Belgique où ils ont délivré glorieusement la première province de l'occupation germanique", déclarait, au mess du 54e, le directeur Prévost, de l'Harmonie des Guides, en réponse aux chaleureux souhaits de bienvenue du maire Tétreault. Celui-ci, après qu'hôtes et visiteurs eurent brisé la glace en faisant honneur au lunch préparé par les soins des Carabiniers, a interprété auprès des musiciens belges les sentiments de joie sans mélange qu'éprouvait la population de Sherbrooke de recevoir chez elle des virtuoses aussi fameux de la musique, surtout des représentants de cette Belgique qui se partage avec la France les affections profondes que le Canada français entretient en terre d'Europe. Après avoir signalé l'essor économique de la Reine des Cantons de l'Est, le maire Tétreault, qui avait été invité à prendre la parole par le Col. Johnny Bourque du 54e, a parlé avec beaucoup d'à-propos de la bonne entente entre les races au Canada, en citant l'exemple donné sur le terrain par la ville de Sherbrooke où deux éléments ethniques vivent la main dans la main, dans la concorde la meilleure. "La ville de Sherbrooke est vivement heureuse, flattée même d'être la première ville canadienne à vous bonjourer dans son milieu et elle conservera soyez-en sûrs, un souvenir durable de cette rencontre trop courte au grés de tous", concluait le maire de Scherbrooke au milieu des applaudissements des musiciens des Guides touchés par la cordialité de la réception qui leur était offerte. Le capitaine Prévost Puis, ce fut au tour des représentants de la ville et des officiers du 54e d’applaudir comme directeur Prévost prenait la parole pour remercier la Ville de Sherbrooke de l'accueil si empressé, si sincère, si ému, qu'elle faisait aux Guides. "Vous savez, dit le capitaine Prévost, en débarquant ici pour y retrouver la même langue française que nous avons peu entendu parler depuis un mois, c'est pour nous une véritable secousse d'émotion. Puis, nous nous rappelons la part glorieuse prise par les Canadiens à la délivrance de la Belgique de l'occupation allemande. Nous avons vraiment trouvé ici les cœurs que nous cherchions et de notre bref' passage parmi vous… nous garderons, gîté au fond du cœur, des réminiscences impérissables. La Belgique restera éternellement reconnaissante envers le Canada pour le secours qu'elle a obtenu de lui durant le grand conflit. Notre première tournée en Amérique nous a permis de mesurer l'étendue de l'effort valeureux qu'il a fallu à votre pays pour jeter sur nos bords ces troupes héroïques qui nous ont aidé à buter dehors l'ennemi. Une première fois, vous avez conquis les cœurs belges, après la bataille, dans les plaines de notre pays. Aujourd'hui, vous faites de nouveau la conquête de la Belgique en nous recevant comme vous le faites en ce moment, à bras et à cœur ouverts". Jusqu'au, moment d'aller prendre leur train qui les a amenés à Québec, à 7h50 ce matin, les membres de la Musique des Guides ont fraternisé avec les officiers des Carabiniers et les représentants de la Ville présents. Des souvenirs émus de guerre ont été échangés, des amitiés formées rapidement mais que le Temps ne fera pas mentir, aussi de la gaieté échangée à qui mieux mieux. En réponse aux refrains wallons ou flamands chantés par de joyeux drilles de la troupe, nos artistes locaux, dont M. Wilfrid Légaré, ont donné des airs canadiens.. "Alouette" et "O Canada, mon pays, mes amours", par M. Légaré, ont déclenché les applaudissements enthousiastes de l'assistance. |