Médecins de la Grande Guerre
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L’exploit du 3ème régiment
de Lanciers à A mon ami Daniel Moons, vaillant lancier et cœur
généreux et à sa chère épouse Monique ! Dr Loodts P. Le fait d’arme du 3ème Lanciers[1] ayant lutté à Orsmael, le 10 août 1914 fut longtemps passé sous silence. Pourtant, ce jour-là, ce fameux régiment de cavalerie, en défendant les ponts de la Petite Gette et la ferme Beckers[2], tint tête pendant une demi-journée aux cavaliers de la 2ème Division de Cavalerie allemande, division qui étaient renforcée par de l’artillerie et des mitrailleuses. Le vénérable régiment du 3ème Lanciers compta au terme de ce combat 28 tués[3] qui furent initialement ensevelis dans le cimetière d’Orsmael mais les Allemands subirent des pertes beaucoup plus importantes. Résultat extraordinaire : devant l’opiniâtreté de nos lanciers, l’ennemi renonça à ses plans initiaux, ce qui retarda son avancée de neuf jours. Parmi nos tués se trouvait le capitaine-commandant Knapen. Celui-ci, d’après un de ses hommes qui en aurait été témoin, le lancier François Mabille, aurait été exécuté d’une balle alors qu’il se trouvait déjà prisonnier de l’ennemi au terme du combat d’arrière-garde qui protégea la retraite du 3ème Lanciers. Si ce témoignage n’a pu être confirmé par d’autres, ce crime de guerre est cependant plausible si on présume de la rage éprouvée par un ennemi retardé dans sa progression par quelques Belges armés seulement de fusils et de lances. Une rage que nous confirme d’ailleurs un rapport concernant le lancier Baudouin Van de Kerckhove, établi le 9 septembre 1915 par sa hiérarchie. « Blessé de deux balles, au bras et au genou le 10 août 1914, au combat
d’Orsmael, au moment où il se portait au secours du lieutenant
Halleux (tué). Cerné dans une ferme, frappé ensuite
d’un violent coup de crosse sur les reins par un Allemand et laissé pour mort
par eux sur le terrain (un officier ayant dit « oh petit Belge, vous
n’avez plus longtemps à vivre ») a été relevé le lendemain par le
lieutenant Servais et dirigé sur la Croix-Rouge de Tirlemont, a été soigné successivement
à Gand à l’hôpital de la Billoque, à Middelkerke, à
l’hôpital maritime, à Westende et enfin en Angleterre
à l’hôpital du camp d’Holderschot. Il a rejoint le
front sur sa demande le 2 juillet 1915, bien qu’imparfaitement guéri. » Le courage de nos lanciers était en tout cas fameux. On le retrouve décrit dans les motivations écrites qui accompagnaient les décorations reçues par nos braves. Ils furent courageux à Orsmael mais aussi bien après, sur l’Yser. Le maréchal des logis Derutte Edouard, par exemple, est récompensé de la décoration de chevalier de l’ordre de la Couronne pour les faits suivants : « Par
la bravoure et la belle conduite dont il a fait preuve : en restant le
dernier sous un feu violent auprès d’un officier blessé qu’il ne voulait pas abandonner ;
en retournant seul vers l’ennemi pour dégager son adjudant, tombé et embarrassé
dans les ronces artificielles ; en allant reconnaître, sous le feu, la
position ennemie ; s’étant faufilé au cours d’une reconnaissance sur
l’Yser, derrière les avant-postes allemands, et se voyant surpris, se jette
résolument dans une ferme violemment canonnée par notre artillerie d’où fuyait
l’ennemi, puis traverse, sous les balles, un cours d’eau à la nage pour venir
rendre compte des renseignements recueillis. « (A.R du 19 novembre 1914) Un rapport concernant Emile Toussaint est tout aussi éloquent : « Le 10 août 1914, lorsqu’au combat d’Ormael, le lieutenant comte van der Burch
tomba frappé sur le pont qu’il avait à défendre, le 1er maréchal des
logis-chef Toussaint alors maréchal de logis, n’hésita pas à se porter au
secours de l’officier qui venait de tomber. Le combat, à ce moment était à son
plus grand développement et c’est littéralement sous la mitraille que ce
sous-officier put ramener le corps de son chef. Le lieutenant Mersch était sur
la ligne de feu et fut témoin de ce dévouement. » Et enfin ces quelques lignes concernant Gustaaf Baetman ne laisseront personne indifférent : « Baetman, peloton van der Burch, atteint
à l’épaule gauche par une rafale Mi. Grièvement blessé tomba dans la Gette près
du pont. Rassemblant toute son énergie, il parvint à se hisser hors du ruisseau
en se cramponnant à un arbuste et là, malgré les souffrances que lui causaient
les atroces blessures, il eut le cran d’encourager ses camarades. Mais
l’abondante perte de sang lui fit perdre connaissance… il tomba dans l’eau du
ruisseau… il était mort. » Le combat d’Orsmael entraîna des représailles dans la population civile. Plus de vingt maisons furent brûlées sans que l’ennemi ne prenne la peine d’en avertir les habitants. Trois habitants furent fusillés : Karel Germentier, Frans Lorquin et Hubert Linaer et un habitant Eugene Henot fut tué avec une hache. Une vingtaine d’autres habitants reçurent coups et blessures. Autre fait tragique : le 10 août se trouvaient cachés dans la maison Van Hoebrock deux soldats carabiniers-cyclistes blessés, Victor Dupont et Omer Mussche. Découverts par les Allemands après la retraite du 3ème Lanciers, ils furent exécutés. L’un fut pendu à un arbre le long de la grand-route Saint-Trond-Tienen et l’autre fut fusillé attaché à un poteau téléphonique le long du Steenweg. Sur le corps de l’un des deux, il y avait trace de 22 coups de baïonnettes ! Puissions-nous ne jamais revoir pareille barbarie et que l’esprit d’abnégation de tous ces cavaliers Flamands et Wallons rassemblés pour défendre leurs valeurs communes ne soit jamais oublié. De toute évidence, nos lanciers d’aujourd’hui sont leurs dignes successeurs. Malgré des moyens insuffisants et des statuts précaires indignes selon nous de leur engagement, nos jeunes lanciers font de leur mieux pour « tenir comme à Orsmael » courageusement dans toutes les missions de paix qu’on leur confie en Belgique et souvent bien loin de leur pays ! Quant aux habitants d’Orsmael-Gussenhoven qu’ils soient remerciés d’entretenir la mémoire de « leurs Lanciers » qui se trouvèrent auprès d’eux en 1914 et 1940. Ils feront encore mieux à l’avenir puisque que, dans un geste magnifique de reconnaissance, Orsmael-Gussenhoven vient d’accepter en 2017 d’héberger définitivement le musée du 3ème Lanciers. Un musée assurément à visiter et dont l’ouverture définitive fut fêtée en grande pompe ce jeudi 23 mars 2017 en présence des autorités communales, des écoles, d’un escadron du 1er/3ème Lanciers, et d’une kyrielle d’anciens du 3ème Lanciers dont le Colonel Pettiaux à qui nous laisserons le mot de la fin : Allocution du colonel BEM e.r. Fernand PETTIAUX donnée lors de la parade de
l’escadron BRAVO 1/3L le 23 mars 2017 Président d’honneur
de la Fraternelle Royale du 3e
Régiment de Lanciers Toespraak van kolonel SBH b.d. Fernand PETTIAUX Erevoorzitter
v.d. Koninklijke Verbroedering v.h. 3e Regiment Lansiers Allocution du colonel BEM e.r. Fernand PETTIAUX Mijnheer
de burgemeester, Mevrouw de vertegenwoordigster van de provincie Vlaams
Brabant, heren generaals en hoofdofficieren, lieve kinderen, lansiers, dames en
heren Iedereen
weet dat het gebouw dat hier achter mij staat het gemeentehuis van Linter is.
Nochtans zullen sommige onder U, en vooral de jongelui, verbaasd zijn te leren
dat hier honderd en drie jaar geleden het gemeentehuis van Orsmaal-Gussenhoven
met de gemeenteschool van het dorp hier stonden. Op 10 augustus 1914 was er ook
daar een post van het Rode Kruis geïnstalleerd. De
dag tevoren was het 3e regiment lansiers in Orsmaal-Gussenhoven
aangekomen. Het regiment stond onder het bevel van kolonel stafadjunct Georges
Hagemans. Zijn commandopost werd opgericht in de gemeenteschool. De
lansiers werden langs de Kleine Gete vanaf de
baanbrug, langs Het Broek, tot de hoeve Beckers geïnstalleerd. Hun paarden
werden aan de dorpskerk verzameld. Onze lansiers zullen dus te voet vechten. Ze
waren slecht geëquipeerd met alleen maar hun lansen, sabel en karabijn. Op de
frontlijn telde het Regiment in het geheel een tiental pelotons dat wil zeggen
tussen drie à vierhonderd man. Deze hadden zich in alle haast geïnstalleerd met
een barricade op de brug en alleen maar hun lichaam langs de rivier. Tegenover
hun, de troepen van Keizer Willem II die België op 4 augustus 1914
binnengedrongen waren en vooral de cavalerie eenheden van luitenant-generaal
Georg von der Marwitz met
honderden mannen te voet en te paard, met machinegeweren, met pioniers en met
een belangrijke artilleriesteun. In het totaal konden we zes regimenten tellen
met ongeveer 650 man per regiment :
kurassiers, dragonders, huzaren, ulanen. Op
een paar twee honderd meter van hieruit langs de Kleine Gete
en op de baanbrug werd er zeer hard gevochten deze maandag 10 augustus 1914. 29
lansiers zijn hier gevallen waaronder twee karabiniers wielrijders. De Duitsers
lieten 75 doden op het terrein. De slag had maar een paar uren geduurd maar het
3e lansiers was erin geslaagd de Pruisische cavalerie te stoppen. Laten
we niet vergeten dat ook 18 inwoners van Orsmaal-gussenhoven
door de Duitsers hier gedood werden. Onder
de vijandelijke regimenten die het 3e lansiers aanvielen waren er
twee dodenkoppen huzaren regimenten. Deze hadden een dodenkop als kenteken op
hun helm en het is daarom dat U op de Leopardtoren die we vandaag inaugureren
een dodenkop kunt zien. Inderdaad, gezien zijn prachtige en dappere houding
kreeg het 3e regiment lansiers de toelating een “totenkopf”
op zijn voertuigen te schilderen. In
mei 1940, Tweede Wereldoorlog, waren onze lansiers terug in de streek. Ze
vochten dan op de Grote Gete in de dorpen Oplinter, Neerlinter et Drieslinter. Messieurs les lanciers du 1er / 3e
bataillon, à plusieurs reprises vous avez fait preuve de vos capacités
opérationnelles ; au Kosovo, en Afghanistan, au Mali, en Lituanie et
aujourd’hui vous œuvrez avec brio dans le cadre de l’opération Vigilant
Guardian. Vous méritez la gratitude et les félicitations du peuple de Belgique
d’autant plus que vous êtes les dépositaires des traditions et des faits
d’armes de deux glorieux régiments, les 1er et 3e
régiments de lanciers et des lanciers parachutistes. Vous êtes les successeurs
des lanciers qui le 10 août 1914 se sont couverts de gloire à Orsmael-Gussenhoven. Ils ont
droit à votre reconnaissance et à votre respect.
Inderdaad, de lansiers die hier tegenwoordig zijn, zijn de opvolgers van
de lansiers van 1914. Vos cris de ralliement, Uw
strijdkreten, sont « Vaillant de le Burch » et « Comme à Orsmael,
je tiens » ; ils renferment en eux le glorieux passé des deux
régiments que vous représentez. Lanciers
du 1er / 3e bataillon, soyez fiers de vos aïeux et de votre beau bataillon. Vive
la Belgique et vive le Roi / Leve België
en leve de Koning Colonel Pettiaux [1]
Le lecteur
intéressé trouvera dans le livret écrit par Jeroen Huygelier
- 1914-2014
Het gevecht van Orsmael-Gussenhoeven, le Combat d’Orsmael-Gussenhoven - le compte-rendu exact de ce fait d’armes
du 3ème Lanciers. Ce livret, extrêmement précis et complet, est
vendu 3 euros au musée du 3ème Lanciers et à l’administration
communale de Linter. C’est ce livre qui m’a servi de source pour la rédaction de
cet article. [2] La ferme Beckers a été rebaptisée ferme Halleux (Hoeve Halleux). C’est dans celle-ci que succombèrent 14 Lanciers et leur chef, le lieutenant Alexandre Halleux ; le capitaine-commandant Knapen est décédé peu avant près du Vivier, au sud de cette ferme. [3] 18 d’entre eux sont encore inhumés dans le
cimetière du village auprès d’un monument élevé en leur hommage.
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