Médecins de la Grande Guerre
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Le chagrin de l’ « Ami des Belges », Herbert Hoover, futur
Président des Etats-Unis La misère de la population civile et la fondation de la Commission for
Relief Après quelques mois de guerre Prenons l’exemple de la
province de Luxembourg. Le bilan matériel de la traversée de l’armée allemande
dans celle-ci laisse d’innombrables plaies qui seront très lentes à cicatriser. Rien que pour l’habitat, selon
le chanoine Schmitz, 259 maisons sont détruites dans
l’arrondissement de Virton et 581 dans celui de Neufchâteau ! Dans les
villages les plus détruits, le nombre de bâtiments à reconstruire par 100
habitants fut de 12 à Musson et Rossignol, 13 à Izel et Maissin, 16 à Herbeumont,
18 à Tintigny et Ethe et 20
à Porcheresse. Ce chiffre de 20 maisons à reconstruire
par cent habitants à Porcheresse signifie qu’il fût
le village le plus sinistré avec un nombre de ménages sans abri représentant
les trois quart de la population ! Pour ce qui concerne
l’alimentation, les réquisitions de l’ennemi et le chômage forcé conduisit la
population belge à éprouver les affres de la faim ! A Bruxelles, nos autorités nationales prirent
toute la mesure de la misère grandissante des Belges en créant un « Comité
central de secours et d’alimentation » soutenu par les banques et les
grands industriels et dont la présidence fut confiée à Ernest Solvay. Pour donner des moyens à ce Comité, il
fallait importer en Belgique une
immense quantité de vivres et maintenir cette importation pour une longue
durée ! Le problème logistique était énorme mais le problème diplomatique
l’était autant car il fallait garantir aux alliés que les vivres importés ne
serviraient pas à ravitailler l’occupant, lequel devait par ailleurs s’engager
à ne pas saisir l’aide fournie à la population ! Des négociations étaient donc
nécessaires à la fois envers les alliés et d’autre part, avec les occupants allemands ! Seules des nations neutres
pouvaient se permettre d’entreprendre de pareilles négociations en faveur de la
population civile belge. Ce furent les Etats-Unis et
l’Espagne par l’intermédiaire de leurs ambassadeurs ou ministres
plénipotentiaires qui s’en chargèrent pour constituer ensuite Cette organisation neutre fut
donc agréée par tous les belligérants et autorisée à fournir l’aide matérielle
vitale à la survie des Belges ! Cet Américain extraordinaire
était un brillant ingénieur qui s’était déjà fait remarquer en Chine des
circonstances difficiles. En 1900, alors qu’il travaillait dans une entreprise
privée comme ingénieur-chef, la révolte des Boxers éclate et son campement à
T’sien-Tsin est pris sous la mitraille de l’ennemi.
Pendant plus d’un mois, le campement va résister grâce à Herbert Hoover qui
organise la construction de barricades. Le 3 août 1914, l’ambassadeur
américain à Londres lui demande de l’aider afin d’organiser le rapatriement de
120.000 Américains surpris en Europe par Une partie de cet artisanat
était vendu aux Etats-Unis au profil de Le Comité national et les Comités provinciaux sont crées pour distribuer
les vivres fournis par Comment acheminer jusqu’au
plus petit village belge les vivres fournis par On a vu plus haut que la
province Belge de Luxembourg était la province la plus sinistrée. Ce fut dans cette province que
le premier Comité provincial de Secours et d’Alimentation fut créé. Son
abréviation « CSAL » fut rapidement connue de tous nos Ardennais et Gaumais et son président le baron Auguste Goffinet. Parmi les
membres du comité, le baron Evence Coppee et son père
menèrent une action philanthropique très
importante. Ils n’hésitèrent pas une
seconde à faire de leur domaine de Roumont près de
Libramont, un centre de ralliement pour tous les délégués communaux du CSAL. Evence n’était
qu’un jeune homme de 32 ans mais il se révéla particulièrement créatif et
énergique pour aider ses concitoyens. Le magasin général de la province se
trouvait à Libramont et à la gare de cette commune siégeait en permanence un
délégué américain de la commission qui procédait à la réception des
marchandises. Le Comité de la province de Luxembourg ne se contentait pas de
distribuer une aide importée. Elle créa aussi des potagers communautaires qui
produisaient des légumes pour la soupe populaire et du travail aux villageois
chargés de les cultiver. Le CSAL fit fabriquer près de cent mille paires de sabots pour lutter contre le chômage Le CSAL fournit aussi du
travail aux chômeurs de manière parfois surprenante quand il, commanda plusieurs milliers de
paires de sabots aux sabotiers de Porcheresse. Un
excellent document édité en 1995 par le centre Georges Lemaire créé par le
syndicat d’initiative de Daverdisse[1]
nous apprend que le CSAL comptait
fournir une aide aux comités de Liège
par l’envoi de 85.000 paires de sabots et, au comité de Charleroi, par l’envoi de 15.000 paires de sabots !
On imagine les heures de travail que cette fabrication procura aux sabotiers de
la province de Luxembourg et en particuliers à ceux de Porcheresse,
village connu pour cette spécialité. Toujours dans le même document, on
découvre avec étonnement que l’administration allemande interdit le transport de sabots le 5 septembre 1916 ce
qui conduisit le CSAL à ne plus pouvoir les distribuer. C’est ainsi qu’à la date du premier novembre 17, le stock de sabots
immobilisés se montait à Porcheresse à 67.000 paires,
43.000 à Libramont, 21.000 à Wellin, 12.000 à Corbion, 56.000 à Tellin… Le CSAL bâtit des maisons provisoires Les Comités provinciaux non
seulement se mobilisèrent pour fournir alimentation et travail aux démunis mais
ils se démenèrent pour fournir un logement à ceux qui avaient tout perdu. En
Belgique, 78.000 maisons avaient été détruites et il fallait les reconstruire.
Le gouvernement du Havre créa dans ce but le Fonds du roi Albert en 1916 mais
celui-ci ne fut opérationnel en Belgique qu’en 1919. Le comité National accorda
une aide en argent aux Comités provinciaux
qui bâtirent de petites maisons de secours en matériaux locaux. Dans la province de
Luxembourg, toutes ces petites maisons qui se ressemblaient comme des sœurs
jumelles portèrent gravée sur une pierre l’inscription « 1915 CSAL ».
Les « maisons du comité » aussi
appelées « américaines » rendirent alors d’appréciables services à la population.
Certaines d’entre elles ont traversé le temps. Il en reste par exemple une
vingtaine à Porcheresse et le promeneur attentif les
repérera facilement. Le fascicule du Centre Georges Lemaire en fait un
remarquable inventaire[2].
A Baranzy, une de ces maisonnettes se trouve dans le jardin du 14, rue Marcel Niessen. L’histoire de l’occupant de
l’ « Américaine » de Baranzy, René Lecerf
et de Madame Schaeffer. Cette maisonnette est liée à
l’histoire de René Lecerf qui fut mon ami. Ce Monsieur était âgé d’un an quand,
dans les bras de sa maman, le 23 août 1914, il fut blessé au visage par un
éclat d’obus. La maison paternelle fut détruite et une maison du comité
construite dans le jardin. J’ai connu René Lecerf à la fin de sa vie qui entretenait avec amour la maison
américaine qui l’avait abrité. René, décédé vers 2005, était une personne très
attachante et avait combattu sur Après la guerre les maisons du fonds Roi Albert succèdent aux maisons du
CSAL Mais revenons aux maisons des sinistrés.
Après l’armistice, c’est le Fonds Roi Albert qui construisit de nombreuses maisons
provisoires. Le fonds obtint du Ministère de l’Intérieur un budget de 100
millions en 1919 et de 50 en 1920. Des baraques militaires furent rachetées aux
Anglais et servirent d’écoles ou de bâtiments administratifs mais le Fonds
construisit aussi des maisonnettes uni familiales en bois dont on vit de nombreux spécimens
dans le pays comme par exemple la cité Froideveau à
Dinant. A Porcheresse, l’église provisoire fut louée
au fonds Roi Albert et dix maisons du fonds roi Albert furent construites. Le
roi lui-même se rendit à Porcheresse le 18 décembre
1919. Il s’arrêta devant le fournil de Joseph Poncelet puis fut accueilli
devant l’école, où était préparé un goûter. Les sabotiers lui avaient dressé un
arbre de triomphe à leur façon, fait de sabots ! Une commune se vantait en 1998 de garder
beaucoup de maisons du fonds roi Albert. Il s’agit d’Herstal, rue Basse-Préalle, rue du Bon Air, en quelques rues, on pouvait
découvrir en 1998 une trentaine de ces maisons[4].
La plupart servent encore d’habitations. Dans le pays de Charleroi, on possède
encore un important patrimoine du Fonds Roi Albert, en particuliers la très
belle chapelle en bois du Try d’Haies à Loverval[5]. Juste après la guerre, une lutte
s’engage entre architectes, entre conservateurs et modernistes. Les
conservateurs veulent reconstruire à l’identique, les modernistes tentent de
faire passer des concepts sociaux
nouveaux comme des cités-jardins. Finalement, les réfugiés rentrant au
pays, il faut opter pour l’urgence et les idées des modernistes (dont Louis Van
der Swaelmen est un des fers de lance) sont mises de côté ! Malgré l’urgence de
reconstruction, les baraques du fonds ne sont pas construites aussi rapidement
que prévu ! En 1919, seules 850 baraques ont été construites sur les
2.000 commandées. Les fonds ne suivent
pas. En 1925, le fonds Roi Albert est liquidé.
Après avoir été utilisées dans les régions du front, un grand nombre ont
été ensuite remontées dans des villes à population ouvrière comme à
Herstal ! Le chagrin de l’ami des Belges, le Président Hoover Hoover fut un véritable
sauveur pour les Belges. Son idéalisme, sa force de travail, ses talents
organisationnels contribuèrent de façon exceptionnelle à la mise sur pied du
ravitaillement des Belges en territoire occupé. Il en fut bien
récompensé ; des milliers de cartes postales, de photos de classe écrites par les enfants des écoles lui
parvinrent en remerciement. On ne compte pas non plus les
sacs de farines qui vidés de leurs contenus furent renvoyés décorés de dessins
et de mots de remerciements aux donateurs américains. Les Belges de 14-18 gardèrent une
gratitude immense envers les Américains et cela grâce à Herbert Hoover. La
guerre 14-18 révéla aux Américains la
valeur de leur compatriote. En 1917, son activité au
profil de Après l'armistice, Hoover,
membre du Conseil économique suprême et directeur de l'Administration de l'aide
américaine, organisa l’envoi de
cargaisons de vivres à destination des millions d'affamés d'Europe
centrale. Il étendit cette aide à En mars 1929, il fut élu comme
31ème président des Etats-Unis et quelques mois après, en octobre,
il dût affronter le cataclysme du
grand crash boursier ! Aucun homme politique n’aurait
pu trouver une solution à cette crise économique majeure mais, pour beaucoup,
il fallait un responsable et Hoover apparut comme une victime toute
désignée ! Le mécontentement des Américains se cristallisa au printemps et
en été 1929 quand les anciens combattants de Malgré ses explications les Américains
ne lui pardonnèrent pas l’action démesurée entreprise par son général. Dans ses
mémoires, Hoover essaya de justifier son
attitude et refit la chronologie des évènements. Six mille anciens combattants avaient accepté
de toucher des frais de voyage (ticket home) qu’Hoover avait pu obtenir en urgence au Congrès pour qu’ils puissent retourner chez
eux. Mais il restait cinq mille mécontents qui ne voulaient pas de compromis.
Parmi eux, une enquête semble le prouver, se trouvaient beaucoup d’agitateurs
qui n’avaient jamais servi à l’armée ! Dans un building de En 1932 Roosevelt lui-même usa de ce
malheureux événement pour sa campagne électorale. Hoover fut caricaturé comme
un tueur et un ennemi des vétérans. Une large majorité de ceux-ci croyaient
faussement qu’Hoover avait donné l’ordre de tiré sur eux. Hoover était pourtant
l’homme qui avait au cours de sa carrière instauré le plus de mesures
en faveurs des anciens combattants. Plus tard un ancien communiste,
Benjamin Gitlow publia un compte rendu de la marche
dans lequel il avoua que celle-ci avait été noyautée par son parti. Quoi qu’il
en soit, les accusations des vétérans jouèrent en faveur de Roosevelt et Hoover
ne fut pas réélu. On comprend la souffrance morale endurée par cet homme
exceptionnel : rejeté par les anciens de Le 5 juillet 1958, Hoover, au
siège de la société Générale à Bruxelles, à 84 ans, recevait une nouvelle
fois les hommages des Belges et
déclarait : « C’est
dans cette salle, c’est à cette table que nous avons travaillé ensemble,
pendant de longues années, au cours de la première guerre mondiale. C’est ici
que nous avons pris soins des malades, des vieillards et des affligés. Nous
avons fait plus, nos organisations ont soutenu le moral, la cohésion et la
force spirituelle d’un peuple pendant ces quatre années terribles. » En 1947, le Président
Truman nomma Hoover Président de la commission de réforme des ministères. Il
occupera une fonction similaire sous la
Présidence d’ Eisenhower en 1953.
Les travaux de ces deux commissions génèrent de nombreuses économies dans le
fonctionnement du gouvernement. Hoover mourut à l'âge de 90 ans à New-York le
20 octobre 1964. La Chaire Hoover perpétue la mémoire du Président Hoover à Louvain-la-Neuve Aujourd’hui, une chaire
universitaire perpétue en Belgique
depuis vingt ans le nom de notre bienfaiteur Hoover. La fondation Hoover, dont
l’origine, on l’a vu plus haut, se trouve dans l’opération de secours à la
population belge pendant la première guerre mondiale, a accepté de faire un don
en 1990 à l’U.C.L. Ce don servit à créer
à Louvain-la-Neuve le 28 octobre 1991, dans La Grandeur d’âme de l’Ami des Belges N’oublions jamais l’énergie qu’Hoover
consacra à Dr Loodts P. 11 novembre 2011 [1] « Les maisonnettes de 1915 à Porcheresse (Daverdisse), Souvenirs des tourments d’un village »,
Centre Georges Lemaire, syndicat d’initiative
de Davredesse, édité en 1995. [2]
Idem au 1 [3] Ce texte est paru dans le mensuel
« Le Gletton », N° 304-305, juillet-août
2001, éditeur : Michel Demoulin à Virton. En août 1914, quand la première guerre mondiale éclate les habitants des villages gaumais vont se retrouver dans une tourmente qui
ressemblera furieusement à l’enfer. Civils massacrés, maisons en feu, toute la
région va être littéralement dévastée
par une barbarie sans nom. Un événement qui nous semble aujourd’hui si lointain
et déjà presque ’ irréel… Et pourtant ce jour n’est pas si reculé ; pour
preuve, la présence parmi nous, en 2001, d’un homme qui survécut à ces
terribles journées. Monsieur
Lecerf est né le 17 mai 1913 à Baranzy. Pendant les
combats du 21 août 14, les habitants se terrent comme ils peuvent. Dans une des maisons bombardées, un bambin
d’un an se met brutalement à
hurler ; sa mère se précipite sur lui : le visage de l’enfant s’est
couvert de sang. D’un geste rapide, avec
sa manche elle éponge le visage de son petit. Ouf ! la
plaie qui saigne n’est pas trop grave : le coin de l’œil droit s’est ouvert sur un cm mais, par miracle, l’œil
semble indemne. Un petit miracle, sans
aucun doute, qui on le verra par après, n’est en fait que le premier
d’une série d’autres qui jalonneront la vie de René Lecerf. Un
bandage est serré et voilà comment le
petit René se retrouva un des premiers blessés de la
Grande Guerre. La
population civile de la Gaume paya un lourd tribut à la barbarie. Madame Lecerf
dut faire à elle seule des prodigues pour faire survivre sa famille. Elle
n’avait plus à ses côtés son mari Constant (1882- 1962) qui avait rejoint début
août l’armée belge. Constant restera au front sur l’Yser deux ans avant d’être
muté à l’arrière de l’armée, du côté de Calais, pour occuper un job dans la
maintenance des équipements. Quelle terrible séparation est imposée aux
familles ! Quand la guerre se termina, la Gaume martyre reconstruisit avec
courage ses villages dévastés et peuplés de tant de veuves et d’orphelins. Les
Américains aidèrent à la reconstruction
des maisons des plus démunis : 130 maisons furent construites grâce à leur
initiative, toutes sur le même modèle lilliputien : un couloir, une
chambre à gauche, une salle de séjour à droite. Aujourd’hui, il en subsiste
quelques unes dont une jalousement entretenue dans le jardin actuel de… René Lecerf. René va grandir au milieu des campagnes qu’il aime
à parcourir. Il gardera de cette époque le goût pour la nature, pour les choses
du terroir. Un goût qui ne le quittera jamais : tout à tour René durant sa
longue vie se transformera en horticulteur chevronné (Il obtiendra de nombreux
premiers prix dans des foires et salons), en
pêcheur, chasseur et même taxidermiste afin de pouvoir admirer chez lui
à toute heure du jour les merveilleuses
créatures de la vie animale. Aujourd’hui
encore, en 2001, à 88 ans, René s’occupe
encore de son jardin. Il prend aussi énormément plaisir à créer des
variétés de cidres qu’il met en bouteille avec un savant dosage d’herbes parfumées.
Enfin, quand la pluie ou le froid le force à rester à l’intérieur, ses mains
rugueuses aiment à s’emparer d’un morceau
de bois pour y graver un cerf (ce
n’est pas pour rien qu’il s’appelle Lecerf) ou l’image de la vierge miraculeuse de Baranzy qui a dû le protéger plus d’une fois comme au temps
de la « dernière guerre » quand, à l’âge de 23 ans, jeune époux et futur papa, il dut avec
son célèbre régiment des
Chasseurs ardennais combattre
trois jours et trois nuits sur L’armée capitulera le 28 mai 40 et les soldats
belges sont faits prisonniers. Beaucoup partiront prisonniers en Allemagne
mais René qui a toujours sa bonne étoile n’en sera pas du
nombre. En effet, le 8 juin 40, les Allemands renvoient en effet dans leurs foyers bon
nombre de soldats flamands et René est
mis par erreur dans le lot chanceux. Curieusement ces soldats peuvent rejoindre
leurs villages dans leur uniforme belge. Avec un compagnon gaumais
heureusement placé dans la même situation, René entreprend de rejoindre aussi
vite qu’il le peut sa famille. Pour ce faire, il récupère un vélo démunis de
pneumatiques qui était à
l’abandon et met au point les règles d’une judicieuse performance sportive : pendant qu’un équipier fait Ce sera là une rencontre de deux êtres
exceptionnels. Yvonne Schaefer
(née le 11-6-20) est une jeune mariée qui attend impatiemment le retour de son
mari prisonnier de guerre. Les deux jeunes gens vont dans les épreuves se
soutenir l’un l’autre. Une amitié exceptionnelle débute ainsi entre deux jeunes familles. Yvonne n’est pas n’importe quelle
femme ! Elle rentre dans la
résistance du réseau F-1 et son
apparence de jeune maman candide est
employée au mieux. Yvonne va effectuer,
au risque de sa vie, de nombreuses
missions en transportant cachés dans le
landau de son bébé armes et courrier.
Aujourd’hui, Yvonne évoque ces souvenirs
avec beaucoup de simplicité. Les héros
ne sont-ils pas souvent des gens très
humbles ? Mais ne nous y trompons pas : Yvonne est détentrice de Nous
avons quitté momentanément René alors
qu’il était réfugié dans la ferme d’Yvonne. Ce séjour ne va pas être bien long
car René à hâte de rejoindre sa maison de Baranzy. Il
va profiter d’une offre du bourgmestre qui cherche quelques hommes volontaires
pour surveiller nuit et jour les biens
que les villageois de Baranzy ont abandonnés
contraints et forcés. On lui remet un brassard et on l’autorise à rejoindre le
village fantôme le 24 juin 40. René éprouve un immense cafard en voyant le
village abandonné. Il y règne une atmosphère pesante et angoissante. Un chien
abandonné rejoint René qui l’adopte. Malheureusement son canin de compagnon ne
fera pas long feu et mourra empoisonné
quelques semaines plus tard causant ainsi
un gros chagrin à notre Robinson solitaire. Plus amusant est
le sauvetage d’une vache abandonnée qui avait Dieu sait comment rejoint le
troisième étage d’une maison du village.
Ce fut toute une aventure pour convaincre « Marguerite » de descendre
les escaliers. René surveillera le village pendant plusieurs semaines et c’est
avec soulagement qu’il vit la fin de la
quarantaine imposée au village et le retour des réfugiés parmi lesquels se
trouvait sa tendre épouse qui suprême cadeau de retrouvaille mit au monde leur
petite fille quelques jours à peine
après son retour . Après la deuxième guerre, René travailla après la libération à l’usine de Musson. C’est là, dans les années soixante, qu’il connut la
troisième aventure de sa vie. En réparant l’alimentation électrique d’une
machine il fut électrocuté par une décharge de 15.000 volts. René qui
travaillait en hauteur chuta,
électrocuté, de plusieurs mètres. Incroyable mais véridique, il ne fit qu’un
bref séjour à l’hôpital et surprit
tous les médecins. La fée de Baranzy avait
encore protégé René à moins…à moins que
ce fut le « quart » de goutte
qu’un copain de René lui fit boire dans le plus grand secret à l’hôpital en le convainquant qu’il n’y
avait pas de meilleur médicament ? Quoi qu’il en soit René est encore
aujourd’hui étonné de l’audace de son guérisseur d’ami, audace à laquelle il ne
peut s’empêcher à chaque fois de penser
en riant… Cher René, Chère Yvonne, un jour d’été 2001, ce
fut pour moi une immense joie d’avoir rencontré
des Gaumais tels que vous, solides et droits comme
des chênes, bons et simples comme un pain de campagne..
Puissions-nous ne jamais vous oublier ! [4] « Ma cabane du fonds du roi »,
article paru dans le journal « Le
Matin » du 10 novembre 1998 et signé C.E.
[6] “The bonus March : Herbert Hoover’s view”, American History
Magazine, juin 2004 |