Un zeppelin s'écrase sur Gand le 07 juin 1915.   [article] Au temps de l'artisanat, le pilote balançait sa bombe à l'estime Le parachute est inconnu à l'époque Le sous-lieutenant Warneford, l'héroïque destructeur du zeppelin de Gand Enterrement de l'équipage du zeppelin abattu en juin 1915 au-dessus de Mont Saint-Amand Modèle de bombe que l'on laissait tomber des Zeppelins

Source: "Science et Vie", n° 21, juillet 1915, page 144
"Lz 129 Hindenburg" (histoire des dirigeables), Chrys, Editeur Pierre de Meyere Bruxelles,1973.

Au temps de l'artisanat, le pilote balançait sa bombe à l'estime

Le premier raid allemand sur Londres fut effectué par le LZ 38 dans la nuit du 19 au 20 janvier 15. Les 119 bombes lâchées causèrent la mort de 4 personnes et en blessa 16. Les alliés eurent droit à leur revanche le 7 juin 1915 lorsqu'un zeppelin revenant d'un raid en Angleterre fut aperçu par l'aviateur britannique Warneford qui lui donna immédiatement la chasse. Le zeppelin s'éleva à une hauteur énorme et prit à toute vitesse la direction de son hangar situé à Gand. Quand il fut au-dessus de cette ville belge, il lui fallut descendre après un échange de coups de fusils et de mitrailleuses. A un moment, l'aviateur Warneford, qui n'avait cessé de dominer le dirigeable, le bombarda si heureusement que ce dernier s'enflamma aussitôt et s'affaissa lourdement sur le sol où il acheva de se consumer. Tout son équipage périt et s'étant abattu par malheur sur le grand béguinage de Gand (Mont-Saint-Amand) deux religieuses et plusieurs autres personnes furent mortellement atteintes.

Enterrement de l'équipage du zeppelin abattu en juin 1915 au-dessus de Mont Saint-Amand

Le roi d'Angleterre adressa ses félicitations au jeune aviateur, Canadien d'origine, âgé de 23 ans, et qui n'avait pris son brevet de pilote que depuis trois mois.

Le sous-lieutenant Warneford, l'héroïque destructeur du zeppelin de Gand

Ajoutons qu'à l'heure où Warneford détruisait le zeppelin, deux autres aviateurs anglais, Wilson et Mills, incendiaient les hangars des dirigeables ennemis à Evere, près de Bruxelles et détruisaient un "Perceval". Warneford ne profita pas longtemps de sa gloire car il périt de façon spectaculaire dix jours plus tard à Buc. Volant avec un ami, le journaliste américain Beach Needham, l'un et l'autre avaient négligé de s'attacher. Au cours d'une manoeuvre le passager s'en fut dans l'hélice propulsive, l'appareil se retourna et l'officier vint s'écraser au sol !

Le parachute est inconnu à l'époque

La guerre menée par les zeppelins entraîna la mort de 557 civils innocents. La barbarie se retrouva néanmoins présente dans chaque camp ennemi comme en témoigne la tragique histoire de l'équipage du L 19. Dans la nuit du 30 janvier 1916, 9 dirigeables ont bombardé Londres. Le L 19 endommagé par des éclats d'obus perd son gaz et tombe à l'eau à quelques dizaines de milles de la côte anglaise. Sa carcasse flotte comme une chenille à demi-écrasée. L'équipage s'est réfugié sur le dos de l'épave. Le jour se lève, légèrement brumeux. Passe un chalutier de Grimsby, le 1174 King Stephan. Il voit les restes du ballon, il tourne autour, il voit les hommes qui appellent, il les entend... Le chalutier n'a que cinq hommes d'équipage. Le capitaine hésite: l'équipage du zeppelin est armé et, une fois transféré sur son bateau, pourrait s'emparer du bateau ! Il faudrait au capitaine un esprit chevaleresque pour accepter ce risque ! Ne le possédant pas, il prend son mégaphone et crie "je ne sauve pas l'équipage d'un zeppelin..." Et, pendant deux jours et deux nuits, il assiste à la lente agonie des naufragés dont le flotteur s'enfonce peu à peu ! Cette histoire nous interpelle : dans une guerre, nul belligérant ne peut être assuré de pouvoir garder son "humanité"...Tôt ou tard, la peur de l'autre forme avec la haine et le désir de vengeance le germe de la barbarie !

Dr Loodts P.