Médecins de la Grande Guerre
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La clôture électrifiée à la frontière belgo-hollandaise pendant la Première Guerre
mondiale Prof. Dr A. Vanneste Un peu trop d’agitation à la frontière belgo-hollandaise ! Pendant la Première Guerre mondiale, de nombreux Belges
ont dû considérer les Pays-Bas comme une sorte de paradis sur terre, tout simplement
parce que le pays était neutre et qu’il ne participait pas directement à la
Grande Guerre. En dépit du fait que des soldats allemands - le plus souvent des
soldats des compagnies Landsturm, tous âgés d’à peu près 40 ans -
contrôlaient les frontières entre la Belgique et les Pays-Bas, bien vite après
l’invasion allemande, 5 types d’activités se sont développées le long de cette
frontière. 1.
Après l’appel du
souverain belge Albert I et du cardinal Mercier, fin décembre 1914, de nombreux
volontaires de guerre, de tout âge, ont essayé d’atteindre le front de
l’Yser. A cet effet, ils devaient d’abord pénétrer dans les Pays-Bas et
rejoindre Flessingue, d’où ils furent embarqués à Folkestone. Là, ils reçurent
une brève formation militaire avant d’être transportés de l’autre côté de la
Manche, derrière les lignes près de l’Yser (en France). A partir de là, les
états-majors alliés les affectèrent à des unités près du front inondé, empesté
de rats et de vermine, pour aller peupler les tranchées meurtrières, comme
chair à canon, pour affronter l’ennemi... 2.
Comme les services
interalliés d’espionnage, sous la direction des Britanniques, avaient installé
leur quartier général continental aux Pays-Bas, il était essentiel qu’un maximum
d’informations sur le front occidental et les territoires occupés puissent
atteindre la Hollande. Bien vite furent organisés des réseaux locaux
d’espionnage en Belgique, ayant pour mission de rassembler, d’encoder et de
centraliser toutes sortes d’informations militaires, en l’occurrence les
déplacements de troupes allemandes sur les foies ferrées en territoire occupé.
Ces informations devaient finalement être groupées dans la centrale aux
Pays-Bas et donc, avant cela, être trafiquées de l’autre côté de la frontière
belgo-hollandaise. Pour un grand nombre de Belges, l’espionnage et le trafic
d’informations militaires étaient devenus tout simplement un sport national -
et patriotique - de guerre ! 3.
Un grand nombre de
Belges dont le père, le mari, le frère ou l’enfant se battaient au front, ainsi
que les soldats au front en tant que tels, essayèrent - tant bien que mal - de
rester en contact par le biais d’un échange clandestin de lettres. Le courrier
venant de Belgique fut “passé” au-delà de la frontière et rassemblé à
Flessingue, d’où il suivit la même route que celle prise par les volontaires de
guerre. Arrivé en France, le courrier fut distribué aux troupes. Le courrier
provenant du front suivit la même route, mais évidemment en sens inverse. 4.
De nombreux Belges,
plus particulièrement ceux ayant des parents ou des amis aux Pays-Bas, mais
également ceux pour qui la situation était devenue trop dangereuse en Belgique,
prirent la fuite vers la Hollande où ils espérèrent trouver une vie plus calme
ou moins menaçante, où certains espérèrent aussi pouvoir trouver de meilleures
conditions matérielles. D’autres continuèrent leur voyage vers la
Grande-Bretagne ou la France. 5.
L’état de guerre
avait inévitablement causé une pénurie de nombreux produits, la pauvreté, la
faim et - tout simplement - la misère. Dans les zones frontalières, cette
situation avait pour conséquence évidente le développement d’une contrebande
bien organisée et plus intense encore qu’avant la guerre - surtout de produits
alimentaires et de carburants. Cet important trafic près de la frontière
belgo-hollandaise - manifestement plus intense encore qu’en temps de paix -
n’était évidemment pas pour plaire aux occupants allemands. Ceux–ci
n’hésitaient aucunement à traquer les contrebandiers, les agents, courriers;
espions et autres braconniers ou trafiquants. Voilà pourquoi, au début de 1915,
les Allemands ont décidé d’enfermer une fois pour toutes les Belges et de
mettre fin à tous ces aller-et-retour gênants entre la Belgique et les
Pays-Bas. La clôture électrisée (Aquarelle de la Collection M. Mercelis, Hoogstraten) Emprisonner les Belges dans une cage, ce sont bien les
termes qu’il faut employer dans ce contexte. A partir du printemps de 1915, les
Allemands ont en effet construit une clôture du nord au sud, depuis Cadzand
(près de Knokke) jusqu’au point où la Belgique, la Hollande et l’Allemagne se
touchent. Or, il ne s’agissait point d’une simple clôture, au contraire,
c’était une barrière électrifiée avec un voltage impressionnant de 2000 volts ! Des compagnies de génie, parfois assistées
par des “volontaires chinois” belges, ont planté des poteaux le long de toute
la frontière et les ont garnis de quelque 5 à 8 fils électriques. L’aspect de la clôture pouvait varier en fonction du
paysage. Pour ce qui est du trajet à l’est de l’Escaut, le courant électrique
était fourni par une station de tram près d’Aix-la-Chapelle, par des usines à
Kaulille et Lommel et par une cabine de transformateurs près de
Merksem-Anvers. Pour le trajet à l’ouest
de l’Escaut le courant venait d’une sucrerie à Zelzate et sans doute aussi de
quelques locomobiles ou générateurs locaux. Vers le milieu ou la fin de l’été
de 1915, la frontière presque entière - de Knokke à Vaals - était garnie de
cette impressionnante construction menaçante. C’était en effet un exemple avancé d’ingénierie électrique,
du moins pour l’époque. La garde et la maintenance étaient assurées par des
unités militaires spéciales, cantonnés dans les villages frontaliers et/ou
logeant dans de petites baraques construites le long de la clôture - les
Schalthaüser - se trouvant à des distances variant de 1 à 3 ou 4
kilomètres. Ces mêmes baraques faisaient également fonction de guérites. La
clôture était scrupuleusement et sévèrement gardée, nuit et jour, par des
soldats des compagnies Landsturm, patrouillant le long des fils
électrisés. Les gardes avaient entre autres le droit - l’obligation même ! - de
tirer sur tout ce qui bougeait dans les environs, et évidemment sur toute
personne voulant essayer de franchir la clôture pour tenter de s’enfuir vers
les Pays-Bas. Afin de protéger quelque peu la population locale ainsi
que les troupes de service près de la frontière et de la clôture, mais aussi
afin de garder tous les curieux à l’écart, la barrière électrisée était
flanquée par une petite clôture non électrifiée des deux côtés des fils
centraux. Généralement, ces clôtures
latérales étaient moins hautes et moins bien entretenues que la haie centrale.
Tout cela signifie que la clôture entre la Belgique et les Pays-Bas était
composée de trois barrières, dont seule celle au milieu était électrisée. En
général, la construction suivait d’assez près le trajet de la frontière ; mais
là où celle-ci affichait toutes sortes de sinuosités ou de méandres irréguliers,
les Allemands avaient parfois pris le chemin le plus court entre deux points de
la frontière, abandonnant ainsi de grandes surfaces de territoire belge
derrière la clôture et créant ainsi une sorte de no man’s land (belge !)
entre la barrière et la frontière. Voilà pourquoi la haie électrique fait à peu
près 100 km de moins - 357 km - que la distance totale de la frontière
belgo-hollandaise - 450 km. A des
intervalles réguliers, il y avait des passages gardés - des Durchlässe -
militaires ou civils. Grâce à une autorisation ou un permis spécial - un Passierschein,
toujours difficile à obtenir - les citoyens pouvaient parfois franchir
légalement la frontière pour rendre visite à des parents ou à des amis aux
Pays-Bas. La clôture électrisée: une menace permanente mais
inconnue ! La haie électrisée avec une sentinelle allemande. Remarquez le panneau avec le texte " Danger de mort " (photo Prof. Dr. A. Vanneste) Pour ceux qui ne connaissaient pas encore les ampoules ou
lampes - déjà plus ou moins courantes autour de la ville de Eindhoven - ou
l’électricité tout court, la clôture électrisée constituait une grande menace,
surtout une grande inconnue. De nombreux citoyens innocents furent tués à la
clôture, les uns par ignorance, les autres parce qu’ils n’avaient pas pris les
précautions nécessaires ou qu’ils avaient sous-estimé les gardiens allemands. Nos
recherches nous ont permis de dresser une liste d’un peu plus de 1000 personnes
ayant trouvé la mort à la clôture, dans des circonstances très différentes mais
toujours dramatiques, et ceci malgré le fait qu’il était interdit aux citoyens
de s’approcher de la clôture ! Mais il fort probable qu’il y a eu davantage de
victimes mortelles. Certains ont tout simplement été tués près des fils, par
des coups de feu, parce qu’ils avaient été surpris ou trahi par des
compatriotes ou des gardes allemands - par ailleurs généralement très bien informés. D’autres ont trouvé la mort parce qu’ils
avaient pensé pouvoir échapper à la vigilance des “bons vieux” gardes prussiens.
Un homme fut électrocuté lorsqu’il trébucha et voulut instinctivement s’accrocher
aux fils électrisés. Un autre trouva la mort parce qu’il avait touché les fils
en essayant de jeter une lettre par-dessus de la barrière. Un compatriote fut
électrocuté parce que les Allemands lui avaient promis de couper le courant sur
la clôture - or, ils ne le firent pas ! Un imprudent refusa de croire toutes
les histoires fantastiques concernant la clôture électrisée et eut
l’impertinence de vouloir toucher les fils : sa curiosité et son audace lui ont
coûté la vie. Nous pourrions encore relater des dizaines et des dizaines de
faits analogues, tous aussi tristes et dramatiques que vrais ! Notons aussi que
de nombreux Allemands sont morts à la clôture, par inattention ou en essayant
de déserter... Il n’empêche que c’est une loi militaire inébranlable que
l’usage de nouvelles armes - telle la clôture - stimule la créativité de ceux
qui doivent en subir les menaces ou les dangers. Il n’en était pas autre avec
les fils électrisés ni avec les patrouilles et les gardes sévères près de la
clôture. Les nombreux contrebandiers vivant près de la frontière
belgo-hollandaise étaient en fait les mieux placés pour faire face à cette
nouvelle menace: en effet, ils connaissaient le terrain comme pas un, ils
étaient au courant des caractéristiques les plus détaillées du terrain près de
la frontière, ils connaissaient l’emplacement de chaque arbre et de chaque
colline, ils n’ignoraient pas où se trouvaient les sinueux sentiers les plus
cachés et vers où ils menaient, ils connaissaient par cœur le tracé des ruisseaux
et autres cours d’eau... Mais, il y avait toujours cette sacrée clôture, ces
trois murs de fils, cette damnée électricité ! Il leur fallait donc à tout prix
trouver des moyens pour continuer à passer les volontaires de guerre et les
candidats réfugiés en Hollande, pour trafiquer les informations militaires et
le courrier, ou pour continuer leur pratiques souvent lucratives de
contrebande... Les simples citoyens n’avaient pas intérêt à essayer de franchir
la clôture seuls et sans assistance de “spécialistes”. Ils se firent le plus souvent aider par des passeurs
- spécialisés, en effet, dans cette pratique hasardeuse qui consistait à
franchir la clôture électrisée ! Ces passeurs étaient d’ailleurs
généralement des contrebandiers expérimentés, vivant près de la frontière, et
qui faisaient partie des réseaux locaux d’espionnage, constitués par des agents
désignés par les Anglais. Une créativité sans bornes... La façon la plus simple de franchir la clôture consistait
à soudoyer, à corrompre les gardiens allemands - c’est qu’eux aussi avaient
faim, eux aussi avaient soif et appréciaient pleinement 500 gr de tabac ou une
bonne bouteille de genièvre hollandais - fussent-ils trafiqués - et,
évidemment, quelques dizaines ou centaines de marks ! Or, parfois, ces affaires
de pot-de-vin se terminaient mal, surtout lorsque les supérieurs de certains
soldats des compagnies Landsturm devenaient trop suspicieux, ou, tout
simplement, lorsque les Allemands ne tenaient pas leur parole ! Au début de la guerre, les passeurs ou
contrebandiers - surtout lorsqu’ils étaient seuls - essayaient de creuser une
petite fosse ou tranchée sous le fil inférieur. Evidemment, il fallait toujours
faire vite, car les patrouilles allemandes passaient à des intervalles
réguliers ! Fuite, arrestation et exécution - (Archives de Mme Eyckens-Wouters, Arendonk) (photo Prof. Dr. A. Vanneste) D’autres se servaient d’une simple échelle placée contre un
des poteaux de la clôture, ce qui leur permettait de franchir celle-ci - non
sons danger, car ils couraient toujours le risque qu’en montant sur l’échelle
ou en sautant de celle-ci, ils touchent les fils électrisés, ils se blessent ou
fassent trop de bruit ! Certains se servaient d’une échelle double et
comptaient sur l’aide “de l’autre côté” - une seconde échelle : une planche
était alors placée au sommet des deux échelles, ce qui permettait de “marcher”
vers le bon côté de la clôture ou même de glisser d’importantes quantités de
marchandises d’un côté à l’autre. Une méthode assez intelligente consistait à se servir
d’un panier dont on avait enlevé le fond ou d’un tonneau dont on avait enlevé
le dessus et le dessous ; le tonneau était placé entre le sol et le fil
inférieur, ou entre deux autres fils, ce qui permettait à un homme de passer à
travers. Il ne faut cependant pas oublier que se promener avec un tonneau le
soir, pendant la nuit ou la journée, avec une échelle ou un panier, pouvait
sembler suspect ; les Allemands n’hésitant évidemment pas à demander des
explications ! En outre, il fallait toujours faire très vite. D’autres sautaient tout simplement au-dessus de la
barrière avec une perche - faisant donc du saut à la perche ! Certains passeurs enveloppaient les fils d’une
couverture en laine, celle-ci étant isolante et permettant de passer entre les
fils sans se faire électrocuter. Evidemment, il fallait faire garde et ne pas
se promener avec les couvertures par temps de pluie... A partir du moment où les passeurs étaient mieux
informés sur le fonctionnement de l’électricité et les dangers de
l’électrocution, plus particulièrement grâce aux services d’intelligence
interalliés, ils plaçaient parfois un seau d’eau de chaque côté de la barrière
(avec de l’assistance “de l’autre côté”), ils jetaient un fil en cuivre
au-dessus de la clôture et trempaient les deux bouts des fils dans les
seaux! Ceci provoquait un court-circuit,
ce qui permettait de franchir la clôture sans danger – vite, évidemment, car
dans leurs postes de contrôle, les gardes allemands voyaient immédiatement ce
qui se passait et où la clôture était sabotée - les Allemands envoyaient alors
immédiatement quelques hommes vers l’endroit suspect. Après que les passeurs avaient appris que la
porcelaine était également un isolateur, il plaçaient parfois une table devant
les fils - les pieds de la table se trouvant dans des petits pots en porcelaine
- et grimpaient entre les fils. Or, la méthode la plus souvent pratiquée, c’était celle
d’un cadre pliant en bois, serré entre deux fils et à travers l’ouverture
duquel les passeurs ou les réfugiés passaient. Les passeurs s’étaient
exercés à cette pratique relativement difficile - l’expérience démontre, en
effet, que ce n’était tout de même pas si facile que ça ! Vers la fin de la guerre, les Anglais fournissaient aux
passeurs des bottes, des chaussettes, des petits tapis et des gants en
caoutchouc, pour qu’ils puissent aisément franchir la clôture sans se faire
électrocuter. Toujours vers la fin de la guerre, les Anglais ont
également procuré aux passeurs de gigantesques cisailles isolées avec
lesquelles ils pouvaient tout simplement couper les fils. Ainsi, les services locaux d’espionnage, bien
approvisionnés en matériel et bien organisés avec l’aide des services
d’intelligence interalliés aux Pays-Bas, pouvaient continuer à faire leur
travail. Pratiquement n’importe qui pouvaient faire partie d’un pareil réseau
local : des médecins et des vétérinaires, des enseignants, des religieux, des
marchands et des commerçants, des artisans, des maires et leurs conseillers, de
simples citoyens, hommes aussi bien que femmes, même des enfants... Les espions (ou observateurs) au front et dans les
territoires occupés observaient scrupuleusement et notaient tous les faits
saillants, toutes les informations potentiellement importantes, surtout les
déplacements de troupes allemandes. Ces informations étaient alors encodées et
acheminées par un ou plusieurs courriers vers des points centraux, d’où ils
étaient apportés - par d’autres collaborateurs - vers la zone frontalière. Les
agents, passeurs ou espions s’occupaient alors du reste : franchir la clôture
et délivrer les messages à des agents belges résidant en Hollande, près de la
frontière. Ces agents étaient d’ailleurs généralement d’anciens espions ou des
personnes suspectes aux yeux de l’occupant, qui avaient quitté la Belgique. Ceux-ci
transmettaient alors les messages aux services d’intelligence. La plupart des
rapports étaient “passés” par des passeurs. Parfois des braconniers
spécialisés, mais également de courageux citoyens de tout ordre, pouvaient
franchir la frontière par les portes entre la Belgique et les Pays-Bas. Pendant
la guerre, ces mêmes passeurs passaient des réfugiés et des volontaires
de guerre en Hollande, malgré les menaces des Allemands et en dépit de
l’immense danger que provoquait la clôture. Ils apportaient aussi de la
nourriture et toutes sortes de produits en Belgique et s’occupaient plus d’une
fois du courrier clandestin - dans les deux directions. Des estimations prudentes nous permettent d’affirmer
qu’entre le printemps de 1915 et la fin de la guerre, au moins quelque 25.000
personnes ont franchi la clôture électrisée – dont un grand nombre de courageux
ont continué leur dangereux voyage jusqu’au front de l’Yser, plus d’une fois
pour ne plus jamais en revenir... Une baraque le long de la clôture, faisant également fonction de guérite (photo Prof. Dr A. Vanneste) L’absurdité organisée... Aux yeux de l’état-major allemand, la construction d’une
barrière électrique le long de la frontière belgo-hollandaise avait un objectif
clair : réduire sensiblement toutes les activités suspectes le long de la
frontière. Ont-ils réussi ? Tantôt oui,
tantôt non - à cette question, on pourrait donc donner ce qu’on appelle une
réponse de Normand : p’têt bien qu’oui, p’têt bien qu’non. Evidemment que ça marchait, car la clôture rendait de
plus en plus difficiles les activités des services d’intelligence, des espions,
des passeurs et des braconniers. Evidemment que ça marchait – du moins
dans la perspective de l’occupant - parce que la barrière a causé de nombreux
blessés et morts. Mais, d’autre part, ça ne marchait pas ! Tout simplement
parce qu’il était clair que ces mêmes services d’intelligence, les espions, les
passeurs et les braconniers, trouvaient de plus en plus de techniques
pour attaquer et pour vaincre la clôture. Evidemment que ça ne marchait pas
parce la frontière a été franchie des milliers de fois. Evidemment, ça ne
marchait pas, parce que nous connaissons maintenant l’issue de la guerre... Immédiatement après le 11 novembre, la haie a été
détruite, partiellement à l’initiative des agriculteurs qui voulaient se servir
des poteaux et des fils pour faire des clôtures autour de leurs prés, et
partiellement à l’initiative des autorités locales qui coordonnaient la
démolition de la clôture et qui revendaient les poteaux et les fils ! Les baraques le long de la clôture ont également été
démantelées. De nos jours, il ne reste plus que quelques rares traces des
ardoises des baraques, des fragments des isolateurs aux poteaux, par-ci par-là
quelques trous de balles dans un poteau oublié, quelques sentiers faits par les
patrouilles Allemandes le long de la clôture - et, finalement, un seul monument
(dans les Fourons) commémorant tous ces citoyens courageux ayant risqué leur
vie à plusieurs reprises - ou l’ayant tout simplement perdue ! - pour passer
leurs concitoyens en Hollande, pour frauder un jambon ou du pain pour certains
de leurs compatriotes pauvres, pour passer quelques lettres au-delà de la
frontière pour qu’une femme seule ou un soldat au front puissent trouver
quelque chaleur pendant un bref moment...
Depuis quelques années il existe des reconstructions
partielles de la haie électrique, notamment à Hamont-Achel et à
Molenbeersel/Kinrooi (Limbourg), à Essen et à Zondereigen, un hameau de
Bar-le-Duc (Province d’Anvers).
Le
Prof. dr Vanneste est professeur émérite à la Universiteit Antwerpen (Faculté
de Lettres & Philosophie, Département de Linguistique) et président
honoraire du Conseil d’administration de la Universiteit Antwerpen. BIBLIOGRAPHIE des publications du Prof. dr A. Vanneste
sur la clôture électrique De
elektrische draadversperring tussen België en Nederland tijdens de Eerste
Wereldoorlog in Merckenswaert, Jaarboek Weerderheem
Valkenswaard, Valkenswaard, 1994, 169-192. De
Eerste Wereldoorlog: méér dan de IJzer alleen, Ten
Geleide in VANDEN BOER A. & Al., Vier jaar lang onder het juk van
Duitse pinhelmen. Lommel tijdens de Eerste Wereldoorlog (1914-1918),
Lommel, V.Z.W. Museum Kempenland, 1994, pp. 11-18 (Publicaties van de v.z.w.
Museum Kempenland, nr. 12) Een
wereldoorlog teistert Limburg en de Limburgers in
VERHELST R. & R. VAN LAERE, De Eerste Wereldoorlog in Limburg. Verslagen,
Hasselt, Provincie Limburg, Culturele Aangelegenheden, 1997 (Limburgse
Studiën 1.8), pp. 9-21. Kroniek
van een dorp in oorlog: Neerpelt 1914-1918.
Het dagelijks leven, de spionage en de elektrische
draadversperring aan de Belgisch-Nederlandse grens, Antwerpen,
Uitgeverij Universitas, 2 delen, 1998, 723 pp. Een
draad aan de grens in Uit Eijsdens Verleden, 83 (1999), 99.
21-29. Het
eerste IJzeren gordijn?
De elektrische draadversperring aan de Belgisch-Nederlandse grens
tijdens de Eerste Wereldoorlog in Het Tijdschrift van Dexia Bank, 54
(2000) 4, 39-82. Le
premier Rideau de fer? La
clôture électrique à la frontière belgo-hollandaise pendant la Première Guerre
mondiale in Bulletin de Dexia Banque, 54 (2000) 4, 39-82. De
dodendraad in het Land van Beveren tijdens de Eerste Wereldoorlog (1)
in Het Land van Beveren, XLV (2002) 3, 119-142; 4, 167-185. Een
door de traditionele geschiedschrijving vergeten feit uit WO I: De elektrische
draadversperring aan de Belgisch-Nederlandse grens in Jaarboek
2002 Heemkundige Kring Oud Wachtebeke, Sint-Kruis-Winkel, pp. 57-184. Une
clôture électrifiée à la frontière belgo-hollandaise pendant la Première Guerre
mondiale in La Grande Guerre. Magazine (Revue de
l’association nationale 1914-1918, Louviers - France), 40 (2003) 26-36. Une
clôture électrifiée à la frontière belgo-hollandaise pendant la Première Guerre
mondiale 3, in La Grande Guerre. Magazine (Revue de
l’association nationale 1914-1918, Louviers - France), 42 (2004) 26-33. De
Doodendraad. De elektrische
draadversperring aan de Oost- en Zeeuws-Vlaamse grens tijdens de Eerste
Wereldoorlog, Gent, Provincie Oost-Vlaanderen, 2013, 127 pp. Autres références BARE
P. & N. CLOSE, Le fil rouge - Une barricade électrisée édifiée par
l’ennemi à la frontière belgo-néerlandaise dès 1915, Pierre Baré, Nicole
Close, éditeurs, 2008. BRUGMANS
H., Geschiedenis van de wereldoorlog 1914-1918, Amsterdam, Scheltens
& Giltay, s.d. JANSSEN
H. (red.), Hoogspanning aan de Belgisch-Nederlandse grens. De Eerste Wereldoorlog aan de rijksgrens met
Baarle, Baarle-Hertog-Nassau, Heemkundekring Amalia van Solms, 2013. LOMBARD
L., Zone de mort, Stavelot, Editions Vox Patris, s.d. WATERSCHOOT
E., De Duitschers in de Kempen, Turnhout, L. & A. Waterschoot Gebr.,
s.d. |