Médecins de la Grande Guerre
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Remerciement : Cet article n'aurait pas été possible sans l'aide de Monsieur Frings, président du "Rebecq Historical Association" Sources:
Note-rapport du 2 février 1989 du Wing-Commander de la R.A.F , M. W. STRETEN
Numéro 2078 du mercredi 14 janvier 1987 le l' Echo de la Haute Senne
Journal "La Province" du mercredi 22 août 2001
Courrier de l'Escaut du vendredi 24 août 1990
Photos et divers documents provenant de la documentation assemblée par Monsieur
Englebert
André.
Le Corps Royal d'Aviation, sous le commandement du Général de Brigade Sir David Henderson se composait en août 1914, de Quartiers Généraux, des escadrilles d'aviation n° 2-3-4 et 5 comprenant une flotte de 20 appareils. Au total, ce corps comportait 1.000 hommes. Des dispositions avaient été prises quelques mois avant le commencement de la guerre et chaque escadrille devait être prête à faire mouvement dès le 4ème jour vers sa base tactique sur le théâtre de la guerre. Les chevaux, charrettes, motocyclettes ainsi que les vivres et bagages devaient être transportés par train et camion. Après la déclaration de la guerre, l'escadrille n°5 d'abord basée à Gosport au début de la guerre fut déplacée à Douvres le 14 août et arriva en France le 15 pour rallier la base aérienne de Maubeuge. Les moyens de transport motorisés pour l'escadrille consistaient en une variété d'automobiles rassemblés à "Regent Park" à Londres durant les premiers jours de guerre. Le camion avec les munitions et bombes appartenaient au propriétaire d'une usine de production d'une fameuse sauce et décoré d'une couleur écarlate sur laquelle ressortait le slogan peint en lettres d'or "Tye World'sappetiser". Ce camion très peu militaire pouvait se voir de très loin, ce qui aida les pilotes de l'escadrille à identifier facilement leur convoi durant la retraite de Mons. La 5e escadrille, à cause de nombreux accidents et mésaventures de route ne fut au complet que le 22 août. Elle était équipée d'appareils "Henri Farman", d'Avro 504" et de "B.E.-8s". Dès lors les vols de reconnaissance furent effectués au-dessus de la Belgique pour connaître la position de l'armée allemande. L’Avro 504 A Le 22 août à 10h.16 du matin un appareil AVRO 504 N° 390 de la 5e escadrille piloté par le 2e Lieutenant Waterfall (1) du régiment "Yorkshire Est", 23 ans avec son observateur le lieutenant Bayly (2) du régiment "Royal Enginners" lui aussi âgé de 23 ans, décolla de Maubeuge afin de surveiller l'avance de l'ennemi dans la zone Enghien-Soignies. A 10 H.50 sur la route Mons-Soignies, ils virent un long convoi de matériel sur la route dans la zone de Thieusie. A 11 H., ils observèrent près d'Enghien-Bassily une file de cavaliers, quatre compagnies d'infanterie avec un autre groupe de chevaux et une colonne de troupes tournant à gauche vers Silly. Peu après cela, l'avion fut abattu par les coups de fusils et les deux hommes d'équipage furent tués. Curieusement, près du point de chute de l'avion, on retrouva intact la feuille du rapport de vol de l'observateur. Les deux hommes furent enterrés sur place. Le 2e Lieutenant Waterfall Vincent, pilote de l’Avro 504 A. Deux témoins belges assistèrent à l'événement dramatique Catherine Debacker née en 1901 et Hector Durand né en 1900. Ce dernier, jeune garçon de14 ans était assis sur une charrette tirée par un cheval et livrait du grain à une distillerie située à Marcq-lez-Enghien. C'était l'heure du déjeuner et il avait reçu l'ordre de rester sur sa charrette afin que les Allemands ne prennent son grain pour nourrir les chevaux. Ce témoin vit l'avion arriver aux environs de 13 H. survoler les troupes allemandes à basse altitude. Les soldats allemands furent si surpris qu'ils ne réagirent pas. Finalement un officier leur commanda de tirer et ils le firent au moment où le pilote entamait un demi-tour. Devant l'épave fumante, les soldats passèrent et ayant enlevé leur béret firent le salut militaire. Curieusement cette mission aérienne qui devait informer l'armée anglaise servit à informer l'armée allemande. L'appareil anglais constitua la première preuve pour le Général Voin Kluck qu'il se trouvait en face des forces britanniques. Le Lieutenant Bayly Charles, observateur de l’Avro 504 A. Ce fut Monsieur Darbé, un passionné d'histoire, de Marcq-lez-Enghien qui retrouva l'endroit exact où l'avion s'était écrasé, retrouva les témoins et de plus établit que la première inhumation de l'équipage s'effectua dans un champ à côté de la distillerie. Les corps furent ensuite transférés dans le caveau familial du propriétaire de la distillerie Monsieur Louviau. En 1924, l'Impérial War Graves Commission transféra les restes au cimetière militaire allié inclus dans le cimetière communal de Tournai. En 1987, M. André Englebert, délégué permanent de "The Royal Legion, Ypres Branch", et habitant Saint-Ghislain écrivit en page 4 dans le journal des Combattants (N) 2 février 86) un article où il relatait avoir retrouvé dans un livre édité aux Etats-Unis sous le titre 'the advance From Mons" (traduction anglaise de l'ouvrage "Vormarsh" de Walter Bloem) la relation allemande de cet épisode de guerre. En voici les extraits: "Le 21 août 1914, le 12e Régiment allemand de Grenadiers Brandebourgeois (Gren. R.12) entre à Hal acclamé par la population qui croit accueillir des Anglais... La surprise passée, la compagnie "B3 réquisitionne une sucrerie désaffectée tandis que son capitaine, Walter Bloem, et ses deux adjoints sont reçus par l'industriel local: repas avec trois plats, champagne, cognac, cigarettes, logement et premier bain depuis le début de la guerre! Le lendemain nous nous remettons en route en direction du sud-ouest. Nous traversons Enghien en longeant le mur interminable d'un parc. A midi nous nous arrêtons quelque part dans un champ pour nous reposer. Soudain un aéroplane nous survole. Cette fois il n'y a aucun doute : le rouge, le blanc et le bleu des cocardes sont visibles à l'oeil nu. J'ordonne à deux groupes de lui tirer dessus et, vite, il semble que tout le monde fait feu. L'avion entame un demi-tour, comme s'il voulait reprendre la direction du sud, mais c'est trop tard : il pique du nez, fait plusieurs vrilles puis tombe comme une pierre à environ un mille d'ici. Autour de moi, je n'entends que des murmures de satisfaction. Un peu plus tard trois hussards nous crient que de plus loin ils ont trouvé l'avion dans un champ. Je leur demande :"Que sont devenus le pilote et l'observateur?" "Tous deux sont en bouillie, Monsieur". Au cours de l'après-midi nous arrivons à Thoricourt... Voilà 14 jours que nous marchons. Le récit du capitaine Bloem qui se trompe sur la nationalité à laquelle appartenait l'avion confirme exactement la version des témoins belges. Il semble bien que les lieutenants Baily et le second lieutenant Waterfall sont les premiers officiers britanniques tués à l'ennemi durant la guerre 14-18. En outre leur aéroplane est sans doute le premier engin volant perdu par les alliés dans cette guerre. En 1988 Monsieur Englebert organisa une rencontre entre le Wing Commander M.G Streten de la R. A. F. et le témoin, Monsieur Durant. A cette occasion Monsieur Durant expliqua qu'il avait dû se précipiter an dessous de son chariot car l'avion s'écrasa à quelques mètres de lui. Il raconta aussi un fait qui le marqua profondément : pendant toute la durée de la chute de l'avion, il pouvait distinguer clairement la tête des deux pilotes. Monsieur Durant montra au Wing Commander Streten un morceau de l'entoilage de l'avion qu'il avait découpé sur l'épave de l'avion et sur lequel il inscrivit les noms des deux officiers. A Rebecq, à quelques Km de Marcq-lez-Enghien, une équipe de passionnés la "Rebecq Historical Association" entreprit de commémorer à sa manière la chute de l'Avro. Des centaines d'heures de travail furent consacrées à reconstituer une maquette grandeur réelle de l'avion. Il ne reste plus qu'à espérer qu'un jour un monument soit édifié à Marcq en mémoire aux deux premiers aviateurs alliés tombés en Europe alors que l'Europe devenait folle ! Dr Loodts P., août 2003
(1) Waterfall Vincent, né le 25 mai 1891 à Grimsby (Angleterre), domicilié à Brigton (Sussex), brevet de pilote obtenu le 22 avril 1913. (2) Bayly Charles, George, Gordon, né le 30 mai 1891 à Rondebosch, colonie du Cap, domicilié à Falmouth (Cornouailles). Brevet de pilote le 18 mars 1913. Baily était parent du général Gordon de Karthoum. Sa soeur était amoureuse de Lanoe Hawker (Victoria Cross), un as britannique abattu par Von Richhofen.
Photos envoyées par Monique Delecosse et Léa De Vos |