Médecins de la Grande Guerre
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Les
infirmières japonaises au chevet des soldats hospitalisés à Paris et à Netley (Angleterre) Linda Richards était une femme
exceptionnelle qui n'eût pas une enfance très heureuse ! Née le 27 juillet 1841 dans l'Etat de
New-York, son père mourut de tuberculose
quand elle atteignit l'âge de quatre ans. Madame Richards acheta alors une
petite ferme dans le Vermont mais fut elle aussi atteinte de tuberculose. La
courageuse petite Linda soigna sa maman jusqu'au décès de celle-ci en 1854 ! Son expérience de soignante auprès
de sa maman éveilla une vocation
d'infirmière mais à cette époque il n'y avait pas d'étude d'infirmières aux
Etats-Unis. C'est ainsi qu'en 1856, à l'âge de 15 ans, elle rentra à Ce fut donc grâce à Linda
Richards que le Japon se dota d'un corps infirmier extrêmement compétent
puisque la durée des études y était très longue : trois ans ! Les infirmières eurent fort à
faire dans la guerre sino-japonaise
(1894- 1895) durant laquelle elles soignèrent un grand nombre de blessés à la
fois dans les hôpitaux et dans les navires. Cinq ans après, elles se
distinguèrent à nouveau dans les incidents du nord de la chine (Giwadan Jiken) et en 1904-1905 la guerre Russo-japonaise les
contraignit à se surpasser à nouveau. Un témoin du travail des infirmières
japonaises fut l'infirmière britannique Sethel McCall qui fut envoyée en
Mandchourie pour y observer le travail de ses consœurs japonaises ! Les Missions de En 1909, le gouvernement britannique examina
les moyens d'organiser en temps de guerre un service infirmier composé de
volontaires et pour ce faire il se basa sur l'expérience du corps des infirmiers
japonais. L'admiration de l'occident
envers les Japonais pour leur organisation des soins infirmiers déboucha sur
une invitation de ces derniers à participer à la conférence internationale des
infirmières de juillet 1909 qui se tint à Londres et à celle de 1912 qui se déroula à Cologne. Parmi les invités se
trouvait la matrone Yamamoto Yao qui dirigera plus tard l'ambulance japonaise
envoyée en Angleterre. Le congrès de Cologne fut suivi par une visite de
travail en Angleterre afin de visiter les lieux qui gardaient le souvenir de
Florence Nightingale : l'école d'infirmière de l'hôpital St Thomas, la maison
de florence et enfin, sa sépulture à East Welow (Hampshire). Miss Yao Yamamoto, chef infirmière de la Mission de la Croix-Rouge Japonaise à l'hôpital militaire de Netley. (source : The british Journal of Nursing, february 6, 1915) La guerre éclata le 4 août
1914. 19 jours plus tard, le Japon déclara la guerre contre les puissances centrales
et un peu après, le cabinet japonais Okuma prit
l'initiative d'envoyer trois équipes soignantes japonaises en Europe pour
soutenir pendant six mois les Français, Britanniques et Russes. Je ne possède hélas aucun renseignement sur l'aventure de L'équipe destinée à l'Angleterre
comprenait 22 infirmières, deux médecins, un administratif et un interprète.
Deux infirmières étaient remarquables : l'infirmière chef Yamamoto Yao et son
aide Kiyooka
Singe qui avait même été blessée dans la guerre russo-japonaise. Avant de partir, les
infirmières furent briefées sur l'Angleterre et on attira même leur attention
sur le fait qu'elles ne devaient pas fréquenter les « suffragettes
anglaises » qui troublaient l'ordre public par leurs revendications
féministes et actions de protestation ! Le 19 décembre 14, 17 infirmières, les deux médecins, et un
administrateur s'embarquaient pour l'Europe sur le navire Shunyomaru.
Ils emportaient avec eux un stock de médicaments et de bandages. Seize jours plus
tard ils faisaient escale à San Francisco, prirent le train et visitèrent les
chutes du Niagara avant de rejoindre, le 11 janvier 1915, New-York.
L'importante délégation japonaise visita la Columbia Nursing School en causant beaucoup d'émoi parmi les New-Yorkais qui ne
pouvaient imaginer les Japonaises qu'en Geisha habillées du kimono. Le 13
décembre, les Japonais s'embarquèrent sur le Megantic
pour traverser l'atlantique tous feux éteints
et, le 22 janvier 1915,
débarquèrent à Liverpool. « Au
secours des blessés alliés » fut le titre à la une du The Liverpool
Post and Mercury's. Le chirurgien-Général Sir
Benjamin Franklin fut dépêché par la Croix-Rouge anglaise pour accueillir les Japonais
au port. De Liverpool, ils rejoignirent Londres en train et à Euston station, le train fit halte et on leur présenta une
centaine de dignitaires anglais et japonais. Les infirmières japonaises
voulaient commencer leur travail le plus vite possible mais le gouvernement
britannique et la Croix-Rouge avaient préparés un programme d'accueil officiel
d'une semaine très chargé. Les Japonais furent logés dans le luxueux hôtel
Russel. Dans leur semaine de festivités, ils eurent la surprise d'assister à une représentation théâtrale d'un de leurs chefs-d’œuvre
Kimigayo mis habilement en scène par les Anglais. Ils
prirent de plus part à un immense banquet, furent reçus dans de nombreuses « tee
parties » et bénéficièrent d'une audience de la Reine Mère Alexandra, présidente d'honneur de la Croix-Rouge
britannique. Enfin, après une semaine de festivités, les infirmières et
médecins japonais prirent le train pour Netley où se trouvait l'hôpital militaire dans lequel ils
allaient se dévouer. Ils y retrouvèrent là les cinq infirmières qui avaient
pris le chemin des Indes pour rejoindre l'Angleterre ! L'équipe soignante japonaise
se retrouvait maintenant au complet (22 infirmières dont deux infirmières
mariées, deux médecins, un interprète et un administratif) dans ce qui était le
plus grand hôpital militaire d'Europe munie d'une façade impressionnante d'un
quart de mile donnant sur la mer et qui
le faisait ressembler à un immense palace. L'impressionnant bâtiment possédait sa propre gare, un
département psychiatrique et un magnifique mess officier
"The Splendid Italianate
British Officers Club". Malgré son immense
capacité, on avait installé des bâtiments préfabriqués qui pouvaient héberger
chacun 20 patients. C'est dans ceux-ci qu'allaient œuvrer principalement les
médecins et infirmières japonaises. Deux baraquements furent confiés aux
médecins japonais et à un certain nombre de leurs infirmières. Les infirmières
japonaises excédentaires furent réparties dans les baraquements voisins pour
renforcer les infirmières anglaises. Plus tard, devant les très bons résultats
remportés par les Japonais et aussi à cause de l'afflux massif de blessés
provenant de la bataille des Dardanelles, on confia aux Japonais quatre
baraquements avec chacun 40 blessés puis finalement, à la fin 1915, sept
baraquements ! Pour aider les infirmières japonaises, on leur offrit des
glossaires médicaux anglais-japonais et …des bottines d'hiver pour affronter
l'hiver anglais. Les Japonais supportèrent le climat anglais puisqu’une seule infirmière tomba malade durant une durée
significative. Les rapports entre anglais et Japonais furent extrêmement conviviaux.
Partout, on nota l'extrême compétence des infirmières japonaises qui possédaient
un savoir faire impressionnant du fait de leur longue formation reçue durant
trois ans ! Contrairement aux
infirmières anglaises, les japonaises étaient très habiles à soulager les
blessés par les massages. Une fois leur réputation de masseuse connue dans
l'hôpital, elles devinrent vite très sollicitées ! Par contre, les Japonaises furent très étonnées qu'il rentrait dans leurs
obligations de devoir accompagner les soldats les plus valides au théâtre ou au
concert ! Finalement en l'espace de quelques semaines, les infirmières
japonaises acquirent une solide réputation de compétence et de
gentillesse qui leur vaudra de nombreux signes de reconnaissance de la part des autorités et des blessés. Parmi ces signes,
se trouve certainement l'aide que les Britanniques leur accordèrent pour fêter
le couronnement de l'empereur Taisho dans l'automne
1915 en faisant décorer par des drapeaux japonais les murs et tables d'un vaste
hall de l'hôpital ! Bien entendu les autorités britanniques demandèrent le prolongement de la
mission japonaise qui ne devait durer que six mois ! Malheureusement cette
prolongation ne put être acceptée par la Croix-Rouge Japonaise
vraisemblablement pour des raisons budgétaires. La fin de mission des Japonais fut célébrée de différentes façons. Le 15
décembre 1915, les deux docteurs et les deux infirmières chefs furent reçues à
Buckingham Palace par George V et L’histoire de Dr Loodts Patrick Bibliographie : -Hiroko Tomida and Gordon Daniels, "Japanese women emerging from subservience", Global Oriental-2005 -The British Journal of Nursing, February 6, pages 105 et 106, 1915 - Pour voir l’album de Francis Isabel Blencowe
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