Médecins de la Grande Guerre

Drame pour dix infirmières néo-zélandaises sur le SS Marquette.

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Drame pour dix infirmières néo-zélandaises sur le SS Marquette.

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Carte postale en souvenir des Néo-Zélandais décédés dans le naufrage du SS Marquette

Portrait de Nona Hildyard, une des infirmières victimes du naufrage. (Image courtesy of Friends of the Chapel)

Nurse Marion Brown

Nurse Isabel Clark

Nurse Catherine Fox

Nurse Helena Isdell

Nurse Mabel Jamieson

Nurse Mary Rae

Nurse Margaret Rogers

Nurse Mary Looney

Drame pour dix infirmières néo-zélandaises sur le SS Marquette.


Carte postale en souvenir des Néo-Zélandais décédés dans le naufrage du SS Marquette

       Le 23 octobre 1915 à 9 h00 du matin, le transporteur de troupe, le SS Marquette n’a plus que trois heures de navigation pour rejoindre Salonique sur la côte grecque quand il croise la route d’un sous-marin allemand. Le navire avait quitté Port Saïd avec à son bord plus de cinq cents soldats britanniques, des munitions, 500 mules et les 130 membres du personnel du 1 New Zealand Stationnary Hospital.  Tout se déroulé alors très vite, en quelques minutes. Une torpille atteignit le flanc tribord du navire tout près de la proue et le navire commença immédiatement à plonger vers l’avant. Sans panique, les infirmières se sont divisées en deux groupes pour atteindre les canots à bâbord et à tribord exactement comme on leur a enseigné quelques heures auparavant. Les canots sont mis à l’eau mais la malchance poursuivra les occupants pendant l’évacuation du navire. A bâbord, la première barque est mise à l’eau mais la deuxième descend dans une trajectoire oblique et s’écrase sur la première en tuant et blessant nombre de ses occupants. Parmi ceux-ci se trouvait Jeannie Sinclair qui heureusement s’en tira indemne. Elle décida alors de ne pas rester sur la chaloupe et de rejoindre la côte à la nage. Elle put demander à un membre d’équipage qui se trouvait dans l’eau de la tenir par une corde car elle n’était pas une bonne nageuse. Le duo parvint à s’éloigner de l’énorme tourbillon créé par le navire en train de couler et qui aspirait débris, hommes et mules qui se trouvaient à sa surface.

       Une autre infirmière, Fanny Abott, qui se trouvait dans la seconde chaloupe plongea elle aussi dans l’eau malgré sa conviction d’être une très mauvaise nageuse. Elle réussit elle aussi à s’éloigner du navire.

       A tribord la situation n’était pas meilleure. La première chaloupe oscilla lors de la mise à l’eau et beaucoup de ses occupants furent propulsés dans la mer. Ceux-qui restèrent cramponnés dans la chaloupe durent finalement aussi se jeter à l’eau à cause d’une énorme voie d’eau. Parmi ceux-ci, Mary Grigor eut le bras écrasé entre la chaloupe et le côté du navire. Elle fut sauvée par un membre d’équipage qui la rejoignit avec une planche à laquelle elle put se cramponner. A deux, ils purent ensuite rejoindre un canot qui malheureusement, endommagé et surchargé se retournait continuellement en obligeant ses malheureux naufragés à consentir à des efforts considérables. Le brave marin qui, avait sauvé Mary Grigor, mourut après quelques heures, complètement épuisé. Une autre infirmière Mary Rae atteint aussi ce canot grâce à la bouée d’un de ses brancardiers. Malheureusement, comme bien d’autres, elle s’épuisa, lâcha alors la chaloupe retournée et se noya.

       Toutes les 36 infirmières n’avaient pas pu rejoindre à temps les chaloupes. Quatre d’entre elles étaient restées dans le navire. Parmi celles-ci, Mabel Wright qui témoigna avoir vu Marion Brown et Isabel Clark escalader les derniers escaliers menant au pont puis se tenir main dans la main pour sauter ensemble dans la mer.

       Aucune des deux ne survécut. Mabel  Wright et Ina Coster étaient encore sur le navire car elles avaient pris du retard en aidant deux brancardiers malades. Elles furent aspirées avec le bateau dans les profondeurs de la mer mais purent miraculeusement refaire surface. Toutes deux survécurent malgré une fracture de la base du crâne chez Mabel.

       Il y eut beaucoup de scènes de courage et d’héroïsme pour sauver les infirmières encombrées de leurs longues jupes. Pendant les sept heures qui se déroulèrent avant que les premiers bateaux n’arrivent pour les secourir, les survivants se cramponnèrent comme ils le purent aux débris, radeaux improvisés, chaloupes surchargées ou retournées.


Portrait de Nona Hildyard, une des infirmières victimes du naufrage. (Image courtesy of Friends of the Chapel)

       Nona Hildyard blessée lors de la chute de la deuxième chaloupe à bâbord chantait pour se donner du courage  « It’s a long way to Tipperary » jusqu’à son épuisement total qui la fit succomber.

       Jeanine Sinclair dut sa survie à un soldat nommé Joseph qui l’aida à rester accrochée à son radeau fait de planches et de bouées.

       Poppy Popplewell survécut en n’oubliant jamais l’impression d’avoir touché le fond de la mer lorsqu’elle fut aspirée avec le bateau vers les profondeurs. Après sa remontée, elle rejoignit un soldat anglais Lorna Rattay qui se tenait à des débris flottants auxquels elle s’accrocha bientôt rejointe par son amie Mary Walker qui hélas succomba d’épuisement avant que les secours n’arrivent. 

       En tout 170 hommes et femmes furent noyés dont 10 infirmières et 22 brancardiers de l’hôpital. Tout le monde admit bien vite que l’on aurait pu éviter la mort de ces infirmières en transportant l’’hôpital de campagne et son personnel sur un navire-hôpital, protégé par les conventions. D’autant plus que l’on constata qu’un de ces navires protégé par sa croix rouge avait quitté à vide Alexandrie pour Salonique deux jours avant le départ du SS Marquette. Manifestement, il y eut là une erreur stratégique !

       Presque toutes les infirmières survivantes (26) continuèrent à servir durant la guerre. Parmi elles, Minnie Jeffery, Mary Looney et Jean Erwin.

       Minnie Jeffery s’engagea en 1914. Elle participa à l’évacuation des soldats blessés à Gallipoli, servit à l’hôpital néozélandais d’Alexandrie, aida à l’évacuation des blessés de Solum et de Tobruk vers Alexandrie puis travailla sur le bateau français Valdivia qui évacuait les soldats français des Balkans. En septembre 15, elle fut blessée et perdit l’œil droit. Après le naufrage du Marquette, elle travailla à l’hôpital néozélandais de Walon-on-Thames en Angleterre avant de retourner à Dunedin en Nouvelle-Zélande où elle continua à soigner ses compatriotes, anciens combattants jusqu’en 1920, date à laquelle elle devint inspectrice du nursing au Département de la Santé. Elle s’éteignit en 1963.


Nurse Mary Looney

       Mary Looney engagée dans le New Zealand Army Nursing Service partagea son temps entre des missions sur le navire-hôpital Maheno et l’hôpital néo-zélandais du Caire. En octobre 15, on la retrouve sur le SS Marquette. Elle survécut au naufrage en s’agrippant à une mule qui nageait ! Quand elle fut secourue huit heures après, on constata qu’elle avait de multiples plaies au crâne. Elle perdit peu après tous ses cheveux qui repoussèrent entièrement blancs. Looney continua cependant son travail et servit encore pendant la guerre dans des hôpitaux en France et en Angleterre. Elle fut décorée par le roi George V, retournée au pays, elle travailla, comme matrone, jusqu’à son mariage en 1921. Elle décéda en 1961.

       Jean Erwin, après le naufrage du Marquette obtint l’autorisation d’aller travailler dans l’hôpital anglais de Brockenhurst où son frère, engagé volontaire, était hospitalisé ayant dû être amputé d’un bras. Jean soigna les grippés pendant la terrible épidémie de 1918-1919 et fut seulement démobilisée en 1920. Elle exerça alors comme kinésithérapeute au « Dunedin Hospital » et se spécialisa dans ce domaine. Durant la Deuxième Guerre mondiale, elle voulut à nouveau exercer un service outre-mer ce qui lui fut refusé, ayant dépassé l’âge admissible mais, elle fut nommée commandant du New Zealand Women’s Army auxiliary Corps pour le district sud de Nouvelle-Zélande. Elle décéda en 1969.

       Liste des infirmières et brancardiers (« Private ») décédés lors du naufrage du SS Marquette

       Trois infirmières décédées sur le Marquette provenaient de la ville de Christchurch en Nouvelle-Zélande. On y construisit une chapelle en souvenir de ces trois infirmières. C’est la seule chapelle connue qui est consacrée aux infirmières décédées en mission durant la Première guerre mondiale. Ayant souffert lors du tremblement de terre de 2011, cette chapelle est actuellement en voie de rénovation. Elle devrait rouvrir ses portes en 2018.


       La chapelle contient des vitraux évoquant le sacrifice des infirmières durant la Première Guerre mondiale. Plus de cinq cents infirmières néo-zélandaises travaillèrent en France, en Belgique et en Angleterre durant la Grande Guerre. La Grand Guerre eut une influence énorme sur la Nouvelle-Zélande. Sur une population d’un million d’habitants, plus de 100.000 hommes partirent combattre en Europe. 18.000 d’entre eux y perdirent la vie et 40.000 furent gravement blessés. Un immense sacrifice pour un petit pays !

Dr P. Loodts

 

Sources :

The 'MARQUETTE' Angels - 23rd October 1915 - Aegean Sea



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