Médecins de la Grande Guerre
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Histoire de Simone Anspach, fondatrice d'une ambulance à Liège, et de
Marie-Anne Lemaire, sa collaboratrice. Remerciement: cet article n'aurait pas été possible sans le témoignage de Madame Anne Lambert, fille de Marie-Anne Lemaire et de Léon Lambert dont il sera fort question dans ce récit... Sur la place Emile Dupont à Liège au numéro 8 se trouvait la merveilleuse demeure de Monsieur Orban, homme d'affaires bien avisé pour avoir créé "à la belle époque" une société de bateaux mouches. N'était-ce pas une merveilleuse idée que d'offrir aux Liégeois endimanchés des minis croisières pour quelques sous? Monsieur Orban avait raison d'être fier de son entreprise qu'il aimait à surveiller les jours d'été, du fond de son jardin, assis près de la grille qui s'ouvrait directement sur le quai où s'amarraient ses bateaux. Parfois c'était en compagnie de ses enfants qu'il observait le bon déroulement de l'embarquement ou du débarquement des touristes ...On prenait le café et on dégustait un morceau de tarte sous la tonnelle qui protégeait des ardeurs du soleil la table de pique-nique nappée de blanc et recouverte des pièces du petit service en faïence conçu pour le goûter! Il y avait souvent là, réunis sur la pelouse avec lui, sa fille et son gendre Anspach, fils de Eugène Anspach gouverneur de la Banque Nationale de Belgique, ainsi que leur petite Simone née en 1892 dont le sourire ravissait particulièrement l'alerte grand-père ..Ah quelle joie il avait de pouvoir raconter à sa petite-fille les légendes de la Meuse et l'histoire de ses bateaux! Invariablement, le dimanche se terminait en s'embarquant dans le dernier bateau-mouche en partance. Le capitaine du bateau était alors prié de laisser la barre quelques instants à la petite-fille du patron... Quel honneur et quels souvenirs pour la petite Simone! Il n'est pas étonnant qu'avec les années, une solide et très grande affection se maintiendra entre Simone et son grand-père qui accorda d'autant plus d'attention à sa petite-fille que celle-ci était de santé fragile. Simone souffrait en effet d'un problème orthopédique, une boiterie découverte à l'âge des premiers pas, et qui l'handicapera toute sa vie malgré de multiples tentatives de traitements... Malgré son infirmité, Simone ne cessa jamais de présenter à tous l'image d'une fille enjouée et courageuse qui semait la joie autour d'elle. Agée de 18 ans, elle se maria avec Max Lepersonne, jeune ingénieur civil, à l'avenir prometteur et qui se retrouvera un jour à la tête des célèbres cristalleries du Val Saint Lambert ! Le jeune couple s'installa chez le grand-père Orban qui, veuf depuis plusieurs années déjà, ne demandait pas mieux que de partager sa grande maison avec sa petite-fille. Quand la guerre de 1914 éclata, le bon cœur de Simone n'hésita pas un instant. Le fait de ne pas pouvoir avoir d'enfants lui faisait disposer de beaucoup de temps libre... Dans ces conditions, elle considéra qu'il était de son devoir d'entreprendre quelque chose pour contribuer au soulagement de cette immense souffrance qui allait immanquablement survenir partout. Simone obtint l'autorisation de son grand-père, et le consentement de son mari de transformer une grosse partie de la demeure familiale en une véritable "ambulance" ! La maison étant meublée de façon exquise comme nous le montre les photos d'époque, il faut reconnaître que cette initiative présentait un risque certain pour les magnifiques mobiliers et œuvres d'art qui y étaient accumulés! Il y avait donc dans ce geste une générosité peu banale ! Les locaux trouvés, il fallait que les généreux mécènes trouvent ensuite le personnel pour faire fonctionner l'installation hospitalière. Une jeune fille, Marie-Anne Lemaire (née le 8 octobre 1894), diplômée ambulancière de la Croix-Rouge accepta de travailler bénévolement pour exercer la surveillance de nuit des blessés. Bientôt les demoiselles Jane Rutten (fille d'un ophtalmologue) et Alberte Delseaux (fille d'un chirurgien) complétèrent l'équipe soignante. Un véritable esprit d'équipe naquit rapidement entre ces femmes qui se nommèrent mutuellement par de sympathiques diminutifs dont elles ne se séparèrent jamais plus! C'est ainsi que Marie-Anne Lemaire devint "Titlem"(petite Lemaire), Jane Rutten "Tituten" (petite Rutten). L'ambulance "Anspach" fonctionna pendant les quatre années de guerre. Le temps n'a hélas pas laissé à notre connaissance de témoignages écrits sur l'histoire de cette petite formation hospitalière qui fonctionna sous l'égide de la Croix-Rouge. On le regrette évidemment car on aurait aimé pouvoir encore mieux partager la vie de tout son personnel : soignantes, médecins; cuisinières et autres bénévoles dont un certain Jean, le "masseur" de la famille Anspach, qui pendant quatre ans offrit ses services aux blessés... Les quelques photos qui nous sont parvenues nous restituent cependant l'ambiance de l'ambulance Anspach: quand on regarde les clichés représentant les blessés (ou convalescents) si bien endimanchés, réunis un jour de fête avec le personnel, on éprouve une impression de sérénité faite sans doute d'ordre et de discipline, mais aussi et surtout d'un important esprit d'entraide mutuelle. Pas étonnant donc que les quatre jeunes femmes dévouées à la cause de la Croix-Rouge et qui animèrent cette ambulance aient gardé durant toute leur existence l'impression d'avoir vécu durant ces années de guerre une expérience humaine très intense! L'amitié tressée entre elles dans des circonstances exceptionnelles se révéla cousue de fils tout aussi exceptionnels dont le moindre ne fut certes pas un idéal très haut placé, librement choisi et pouvant être vécu dans une étroite communauté ! Quand la fin de la guerre sonna le glas de cette aventure, Simone Anspach retrouva l'entièreté de sa maison libérée de toutes les servitudes de l' "ambulance". Bientôt seule (le couple se sépara), elle trouva une autre vocation pour sa belle demeure qui devint entre les deux guerres un véritable salon où beaucoup d'artistes aimaient à se retrouver. Parmi eux se trouvaient notamment les artistes peintres Auguste Donnay[1], Richard Heintz[2], Mathilde du Monceau, son frère Henri Anspach, le chanteur lyrique Frédéric Anspach (il devint directeur du conservatoire de Liège), le photographe d'art Gustave Marissiaux et le célèbre violoniste Eugène Isaïe. Quant à Marie-Anne Lemaire, elle pu encore prolonger son action en effectuant quelques missions en Suisse pour la Croix-Rouge dans le cadre du rapatriement des prisonniers de guerre gravement malades et qui avaient reçu l'autorisation de rejoindre ce pays resté neutre. Marie-Anne eut aussi l'occasion de faire partie du personnel soignant d'un train sanitaire évacuant des soldats (sans doute des prisonniers revenus d'Allemagne) vers l'hôpital l'Océan. Le train sanitaire avait été assemblé à "la va vite" au moyen de vieux wagons parfois dans un état lamentable! Arrivé à la côte belge, Marie-Anne y resta 15 jours et eut l'occasion de rencontrer la Reine Elisabeth en visite à l'hôpital militaire d'Hoogstaede. Vraisemblablement en 1919, Marie-Anne eut aussi à s'occuper quelques semaines d'une ambulance ou d'un centre de convalescents situé dans le château de Rendeux, dans les Ardennes belges. Marie-Anne a transmis à sa fille le récit oral d'une mémorable soirée dans ce château en compagnie de militaires anglais (sans doute de passage ou installés à Rendeux pour une raison que nous ne connaissons pas). Au cours de cette soirée, les soldats anglais qui avaient avec eux leur drapeau national décidèrent de le présenter à Marie-Anne. Plutôt que de saluer l'emblème comme un soldat, l'intrépide jeune femme sans hésiter un instant embrassa tout simplement le drapeau. Les soldats d'abord étonnés se regardèrent un instant sans réagir avant de se mettre à applaudirent à qui mieux la jeune femme. Marie-Anne fut en outre récompensée de son geste en recevant des Tommies de multiples... boutons d'uniformes et cartes dédicacées. Un colonel du corps des Carabiniers, VI DG, alla même jusqu'à détacher de sa poitrine l'insigne de son unité pour le lui offrir. Cet insigne a traversé le temps dans les archives familiales .On peut y lire, gravée, la devise du Régiment qui y figure en français "Honni soit qui mal y pense" et qui tire son origine dans l'histoire de l'Ordre de la Jarretière. (Plus tard, ce lieutenant-colonel envoya à Marianne à l'occasion d'une nouvelle année (1919 ?) une carte de voeux sur laquelle l'officier écrivit : "from Lieut colonel H Sadlen ad all ranks of The carabiniers to their very charming friend". Marie-Anne avait trouvé dans la guerre sa vocation d'infirmière. Il fallait maintenant après la pratique acquérir la théorie ! Il n'y avait qu'un moyen : s'inscrire à l'école provinciale d'infirmières de Liège. Dans cet établissement, les places étaient limitées et des instructions officielles donnaient ordre de privilégier l'inscription des candidates infirmières issues de la province de Luxembourg. Le docteur Delseaux (le père d'Albertine Delseaux) dut convaincre la direction de l'école provinciale d'accepter Marie-Anne qui avait montré tant de dévouement pendant quatre ans de guerre ! Marie-Anne devenue infirmière trouva ensuite du travail aux Etablissements Pelzer (fabrique de tissus en laine) à Verviers. Durant cinq ans, elle vécut au rythme des soucis et des joies des familles ouvrières qu'elle visitait souvent. Sa carrière d'infirmière se termina comme le voulait l'époque par ses noces! Marie-Anne avait fait connaissance de son futur mari durant ses études d'infirmière. Alors qu'elle se trouvait accompagnée d'une amie sur les "galopants" de la foire de Liège, deux jeunes gens les avaient invité à prendre un verre en leur compagnie. Marie-Anne avait alors rétorqué bien fort : " ...mais je ne vous connais pas !". Phrase à laquelle un des jeunes hommes avait réagi... en sortant sa carte de visite ! Les jeunes filles, ébahies par ce geste auquel elles ne s'attendaient pas, restèrent un court moment sans réactions qui fut mis à profit par l'intrépide qui déclara : " Je me présente : Léon Lambert, étudiant géomètre et voici mon ami Albert, employé à l'hôtel de ville". Devant tant d'audace, Marie-Anne accepta l'invitation mais... en imposant la stricte condition que l'on s'assoit à la terrasse du café et non à l'intérieur ! Léon Lambert tomba amoureux de Marie-Anne qui lui avait simplement signalé son état d'élève infirmière à l'école provinciale. Le renseignement fut cependant bien mis à profil. Un beau jour, à l'heure où les élèves infirmières franchissaient le porche de l'école pour profiter des quelques heures de libre d'un jour férié... Léon était là ! Léon avait effectué des études de géomètre avant la guerre. La guerre vint interrompre tous ses projets. Il s'engagea et fut fait prisonnier le 10 octobre 1914 lors de la reddition des forts d'Anvers[3]. Léon sera "interné" pendant quatre ans en Hollande à Leeuwarden. Au cours de cette longue période, il eut le soutien épistolaire d'une dame Suisse qui fut sa marraine de guerre. Incroyable mais vrai: après cette longue période de détention, Léon ne fut pas quitte de ses obligations militaires et dû après la guerre encore accomplir de nombreux mois de service militaire. Au moment où il rencontra Marianne, Léon effectuait un stage de géomètre. Marie-Anne Lemaire et Léon Lambert se marièrent en 1925. Léon fut nommé géomètre du cadastre[4] après avoir passé les examens de sélection requis pour cette fonction. On lui attribua le "Ressort" de Braives (telle était l'expression consacrée au cadastre). Le jeune couple s'installa dans la maison de la famille Lambert sise au n°1 rue de Borlez à Les Walleffes. Trois enfants vinrent égayer le foyer, deux garçons et une fille. Marie-Anne resta très attachée à Madame Simone Anspach, fondatrice de l'ambulance de la place Emile Dupont et qui fut souvent accueillie à Les Waleffes par les enfants comme une véritable tante affectionnée et généreuse! Durant la seconde guerre mondiale, en sa qualité de fonctionnaire, Léon Lambert fut assigné à résidence par l'occupant. Dés lors, il organisa "le Secours d'Hiver" qui travailla sans répit à rassembler des vivres pour ses compatriotes qui étaient nécessiteux. Etant donné que cette activité était illégale, il fut condamné par le tribunal de Huy à une peine correctionnelle et se vit dans l'obligation de payer une amende pour éviter la prison. Cette activité "illégale" le conduisit tout naturellement à se consacrer à la véritable résistance contre l'occupant. Il fut introduit dans ce milieu par un certain monsieur Charlier de Chapon-Seraing. Les activités de ce groupe comportaient plusieurs volets. La lutte contre les collaborateurs, la récolte de vivres pour soutenir les maquisards et les soldats évadés et enfin la mise en place d'un réseau pour réceptionner les prisonniers évadés. C'est surtout à ces deux dernières activités que Léon se dévoua. Les prisonniers évadés étaient en majorité des Russes et des Polonais. Ils étaient pris en charge à la gare de Namur par un cheminot résistant. Une résistante qui était perceptrice du réseau de tram les acheminait ensuite jusque Waleffes station. Là sur un signe convenu, Léon les prenait en charge. Chez lui, les évadés changeaient de vêtements, se restauraient et attendaient que la nuit tombe. Alors, dans l'obscurité, Léon les répartissait chez les fermiers avoisinants qui avaient marqué leur soutien à la résistance. De temps à autre les prisonniers se réunissaient chez Léon pour échanger des nouvelles et entonner les rengaines de leur pays. Quant à Marie-Anne, elle avait été chargée par la Croix-Rouge de délivrer les soins de première urgence à la population et donner aussi des formations de premiers soins. Vers la fin de la guerre, Marie-Anne et Léon hébergèrent aussi un couple de fugitifs juifs, le couple Fridman (Léon et Annie) qui avaient dû fuir Liège parce qu'ayant été repérés par les Allemands, ils se considéraient comme "grillés" comme on le disait alors.. Après la guerre, la famille Fridman s'installa à Bruxelles et s'agrandit d'un fils qui fut nommé Rodolphe. Malheureusement, le bonheur des parents fut de courte durée car Léon Fridman décéda de maladie un an après son installation à Bruxelles tandis que son épouse ne survécu à son mari que durant une année ! Léon (1892- 1973) et Marie-anne (1894-1968) reçurent après la guerre pour leur dévouement la médaille civique de première classe. Quant à Simone Anspach (1892-1975 ou 76), elle fit, sous le nom de Sylvie Arnaud, pendant la guerre 40 partie du réseau "Clarence" animé par le grand résistant des deux guerres que fut Waltère Dewez qui tint parfois réunion chez elle (Durant la guerre 14-18, Simone avait déjà rendu service à Walthère Dewez dans le réseau de la "Dame blanche"). Quand sa tête fut mise à prix, Simone alla se terrer au couvent du Val Notre-Dame à Antheit (près de Huy) et puis dans la famille de sa femme de chambre à Binche... Quand elle revint à Liège en 1945, elle retrouva sa maison qui avait été pillée par les Allemands et qui était occupée par des soldats américains. Elle aménagea alors dans la petite maison que son frère Henri Anspach possédait dans la même rue et, par après, vendit la belle demeure familiale à une société bancaire. Simone Anspach se consacra à de nombreuses œuvres patriotiques ou sociales; elle fut Présidente du Bastion et du Mémorial de l'Enclos des Fusillés de la Chartreuse, Présidente des Veuves de guerre, Présidente de la commission administrative de la Prison Saint-Léonard. Simone n'oublia jamais son amie Marie-Anne Lemaire. Seule la mort qui survint pour Marianne en 1968 et pour Simone en 1975 (ou 76) sépara les deux amies... Dr Loodts P. décembre 2003
[1] Donnay Jean (Cheratte 1897), Peintre et graveur. Professeur de gravure puis directeur de l'académie des beaux-arts de Liège. Peintre de paysages et de figures, pratiquant surtout l'eau forte. (Dictionnaire des Belges, 1981, Paul Legrain éditeur et auteur) [2] Richard Heintz (Herstal, 1871-1929) : Peintre de portraits et de natures mortes et de paysages. Aquarelliste et aquafortiste. Le créateur du paysage ardennais en peinture. Impressionniste d'instinct, son tempérament vigoureux, son langage plastique, tout à tour éclatant et délicat, où reparaît comme une dominante un bleu très particulier donnent une image robuste et virile des Ardennes (Dictionnaire des Belges, 1981, Paul Legrain éditeur et auteur) [3]Lettre de Léon à son ami dans laquelle il raconta sa guerre Leeuwarden, le 2 janvier 1915 Mon cher Joseph, Ta lettre m'a fait bien plaisir et je te remercie beaucoup ainsi que Madame des bons souhaits que je m'empresse de vous réciproquer à tous deux et de tout cœur. Mille bons vœux aussi pour le bonheur et la santé de vos chers petits. Il y a une dizaine de jours, je t'ai envoyé une lettre que Juliette avait remise à une dame de Blehen pour te faire parvenir. Au dos de cette lettre se trouvait mon adresse exacte. Et comme ton régiment, bataillon, compagnie n'étaient pas indiqués, j'ai ajouté 14° de ligne et j'ai attendu que tu m'envoies ton adresse pour t'écrire. Tu me demandes comment je me trouve ici. Voici, tu sais que la retraite de l'armée de campagne a commencé le 7 octobre et comme toujours, il fallait un certain nombre d'hommes pour couvrir la retraite et donner à l'armée de campagne le temps de s'éloigner en arrêtant ou en ralentissant la marche de l'ennemi. Cette mission fut confiée aux troupes de forteresse (artillerie) avec les grenadiers et un certain nombre d'hommes du génie. Nous sommes donc restés dans les tranchées avec, devant nous, les grenadiers. La nuit du 9 au 10, il y eut à Anvers un fameux carnage et la situation devint intenable pour nous et le dix au matin nous nous sommes repliés vers le nord dans le but de rejoindre les alliés. Seulement arrivés à la Clinche, petit village belge sur la frontière, les Boches nous attendaient et toute la colonne fut obligée de franchir la frontière. J'ai d'abord passé une semaine à Amerfoort où j'ai rencontré Tollet, Gondat et Bada puis on nous a dirigés vers Leeuwaarden au fin fond de la Hollande où nous sommes relativement bien, surtout du point de vue logement. J'ai fait ici assez bien de connaissances particulièrement dans le personnel enseignant de la ville, ces jeunes gens viennent me rendre visite chaque fois afin d'étendre leurs connaissances dans la langue française. De plus une vieille dame dont les deux fils sont militaires (des candidats officiers de l'académie) s'intéresse beaucoup à moi et je vais assez souvent souper chez elle et passer la soirée. Vous voyez que je n'ai pas à me plaindre mais tout cela ne fait cependant pas notre affaire. A quand ce beau jour du retour. Veuillez bien remettre avec tous mes bons souhaits, mes bonnes amitiés à Florent et Théophile. Le petit sac que vous m'aviez fait m'a rendu bien des services, aussi, je le tiens comme souvenir. Par le même courrier je vous envoie une lettre pour mes parents avec qui j'ai assez difficile de communiquer maintenant car Bada Camille ne vient plus à Maëstricht depuis une quinzaine de jours. Si Juliette voulait également remettre la présente à mes parents ou leur passer en lecture elle me ferait grand plaisir et je vous suis très reconnaissant de bien vouloir vous mettre à ma disposition pour me rendre service. Amitiés. Léon Lambert PS. J’ai eu la visite de ma mère et de mon oncle au mois de novembre. NB. Si Juliette croît se compromettre en emportant cette lettre où je parle de choses militaires, qu'elle n'hésite pas pour vous la laisser. [4] Léon termina sa carrière de géomètre au "Ressort d'Hannut" après 42 années de service |