Médecins de la Grande Guerre
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Source: Evrard. E et Mathieu. J, Histoire de la médecine militaire dans les provinces belges du moyen-âge à 1971, Editeurs, Dr Evrard et Dr Mathieu, 1996, Bruxelles Les
Hôpitaux du front Hôpital de l'Océan (Voir aussi l'article concernant le Dr Depage) Dans le Westhoeck, seul le littoral présentait des bâtiments à la mesure des besoins et des vues du Dr Depage. A La Panne, près de la résidence royale, un hôtel de 150 lits pouvait convenir: l'hôtel l'Océan. Par l'intermédiaire de la Vicomtesse de Spoelbergh, la Reine Elisabeth le mit à la disposition du Dr Depage, avec 40 hectares de dunes, en vue d'en faire une ambulance de la Croix-Rouge. L'Océan, hôtel assez modeste de villégiature estivale, ne possédait ni chauffage, ni ascenseur pour relier ses quatre étages. Antoine et Marie Depage, grâce au Major Gordon, officier de liaison du Roi Georges V, agirent avec une vivacité stupéfiante: en dix jours, ils parvinrent à acquérir en Angleterre un chauffage central, des salles d'opération et des équipements radiologiques; à transporter ce matériel et les personnels monteurs à La Panne, et à installer le tout jusqu'au dernier coup de pinceau. Sur place s'étaient dévoués le médecin et ingénieur Van Geertruyden, quelques femmes d'officiers et une unité de l'armée, rescapée de l'enfer boueux. Ce fut un miracle de l'effort et de l'ostination ; mais ce fut loin d'être idyllique. Citons quelques notes "télégraphiques" de l'infirmière Jane de Launoy –
8 décembre : on déballe les caisses de
l'Ambulance royale de l'Océan: "Le Colonel" n'a pas l'air facile et
cela cogne souvent. –
14 décembre : l'ambulance s'achève (Mesdames Lippens, Leclercq, de Brockdorff,
épouses d'officiers ; la Vicomtesse de Spoelbergh,
Mme Janssen, épouse de médecin). –
16 décembre : arrivée des cinq matrones
anglaises ; le nursing mit son corset "Nightingale". –
3 janvier : Le Dr Depage a paraît-il, lancé à
travers les paliers le contenu des armoires mal rangées à son gré. –
31 janvier : je passe ma quarantième nuit aux
"Pavots" (villa pour contagieux où l'infirmière belge est reléguée). – 16 février : l'atmosphère morale est irrespirable (tant la rigueur des matrones est glaciale et atroce)." Les premiers médecins furent Depage, Neuman, Stassen, Van de Velde, auxquels Mélis adjoignait le très précieux Etienne Henrard. Le Dr Henrarde élabora avec Depage et des collègues étrangers une méthode originale de localisation stéréotaxique et d'extractions des projectiles chez les blessés. Un des premiers volontaires pour s'associer à l'équipe du Dr Depage fut le professeur Debaisieux. Dès le mois d'août 1915, ce dernier et quelques autres accomplirent un stage à l'hôpital temporaire de Compiègne et furent ainsi initiés très tôt aux méthodes de désinfection des plaies du célèbre Dr Carrel. Le général médecin Mélis Hôpital
de Vinckem En vue de probables besoins futurs, la Croix-Rouge avait accumulé dans ses dépôts de Calais de grosses réserves de matériel: autos chirurgicales, tentes d'hospitalisation, et une centaine de grandes baraques démontables que l'on appelait l'"hôpital de Bruxelles". C'était un des derniers dons des Américains avant leur propre entrée en guerre. En 1917, on imagina l'implantation d'un nouvel "Océan" à l'intérieur des terres; ce fut "Vinckem", un grand camp de tentes dressées autour d'un bloc central opératoire en dur. Mais à l'approche de l'hiver, il fallut employer les baraques du "Bruxelles". Des unités militaires au repos installèrent l'énorme et fabuleux hôpital - en baraquements - de Vinckem à côté des tentes que l'on replia. Il frappa tout le monde de stupeur, tant par son volume que par sa conception. Au centre, un pavillon d'un hectare en briques, avec cinq salles d'opération, chacune avec quatre tables; un petit service d'hospitalisation pour les cas très graves; de part et d'autre du pavillon central, deux longues ailes, de chacune cinq cent mètres de long, s'étendaient d'est en ouest, parallèlement à une route qui amenait les blessés d'un côté, et de l'autre à un épi de chemin de fer construit pour évacuer les convalescents...L'axe de chaque aile consistait en une file de baraques de six mètres de large mises bout à bout et formant un long couloir. La moitié de ce couloir, côté route, était réservée à des magasins, des salles d'infirmières, des logements de garde. L'autre moitié du couloir côté rail, permettait la circulation et pouvait servir de volant d'hospitalisation. Elle s'ouvrait sur les baraques d'hospitalisation (vingt par ailes), chacune de trente lits. Chaque aile comportait deux pavillons servant de salles de pansement et de locaux techniques pouvant éventuellement être convertis en salles d'opération à quatre tables. Bref, un total de douze à quinze cents lits et une dizaine de salles d'opération étirées sur un km de longueur, et pouvant constituer en cas de coups dur cinq hôpitaux indépendants... Selon Jane de Launay, l'hôpital était invivable pour le personnel, surtout la nuit, tant le couloir résonnait au moindre pas. Cet hôpital fut totalement incompris, tout au moins jusqu'en mai 18,et surtout septembre 18, moment où il fit merveille. L'hôpital
de Bourbourg A la fin d'avril 1915, les Allemands bombardèrent Dunkerke par des canons à longue portée. On ferma les ambulances qui s'y trouvaient et on les remplaça par la formation de Bourbourg ouverte le 18 mai 1915. L'hôpital accessible par la route de Gravelines était situé le long de la gare de Bourbourg. Il comportait 500 lits et fonctionna jusqu'en mai 1919. Au total, il reçut 13.000 patients. En 1917, Bourbourg était commandé par le médecin principal Wilmaers. Le chef de laboratoire était le futur Professeur de l'Université Libre de Bruxelles E. Renaux. Le chirurgien était le Dr Baruch. Hôpital
de Beveren Hôpital de Béveren Ouvert en avril 1917, entièrement pensé et dirigé par le Dr Derache, ce fut un hôpital modèle : une "merveille militaire", comme le disait le Roi Albert. Son emplacement à Stavele le mettait à 9 km des premières lignes. Tout blessé pouvait espérer l'atteindre en trois heures. L'hôpital proprement dit comptait trente baraquements en bois pareils aux pavillons S.S.A. mais élargis, surélevés, dotés de fenêtres plus larges à volets coulissants .Deux vastes couloirs parallèles réunissait chacun dix pavillons; un couloir transversal reliait ces deux ailes à un centre technique médian comprenant salle des entrants, salle des choqués, salles d'opération (septiques et aseptiques, chacune à trois tables), quatre petits laboratoires, salle de RX et salle des spécaialités. Ainsi, tout patient pouvait être transporté partout, même à une chapelle, à l'abri des intempéries. Chaque baraquement abritait 26 hommes, et était éclairé par trois ampoules électriques de cinquante bougies, et chauffé par trois poêles à feu continu. Aux extrémités, une salle de bain et une tisanerie près des couloirs; à l'autre bout, un débarras et des tinettes mobiles "à chasse de sciure de bois" vidangées de l'extérieur. Le sol des pavillons et des couloirs était couvert de linoléum. C'était le grand luxe à proximité des tranchées...Le toit était orné d'énormes croix rouges et l'hôpital ne fut pas bombardé. Beveren offrait normalement 500 lits. En 18 mois, il y eut près de 6.000 entrants soit environ dix par jour en moyenne. Beveren supporta quelques coups durs: du 16 au 18 avril 1918, il reçut cinq cents blessés des combats de Merckem, alors que le Grand Quartier Général avait réduit sa capacité en lits. L'offensive des Flandres en Automne 1918, détermina un afflux encore plus massif de blessés. Les médecins et infirmières qui œuvrèrent dans cet hôpital fondèrent en 1922 le Beveren Club qui se réunit tous les ans "le dernier samedi d'avril". En 1929, les patients mirent sur pied au musée d'Ixelles une manifestation de gratitude envers le "patron", en présence de la Reine Élisabeth. Lors de sa promotion comme I.G.S.S., il y en eut une seconde au "Cercle Gaulois" en 1933. Elle fut suivie de la parution en son honneur, d'un livre jubilaire dédicacé par la reine Élisabeth. L'hôpital
d'Hoogstade
Le Belgian Field Hospital, organisme fondé par un comité anglais, avait été à l'œuvre à Anvers et avait réussi à s'échapper juste avant la reddition de la ville. On le retrouva dès le 21 octobres 1914 à Furnes et à Poperinghe. L'ouverture de l'Océan l'amena à s'établir à Hoogstade, dans l'hospice Klep, à la limite sud du secteur belge. Quatre chirurgiens anglais s'y relayèrent; mais les infirmières manquèrent peu à peu; on le renforça par du personnel militaire belge. D'octobre 14 à mai 15, les Anglais avaient opéré trois mille trois cent cinquante cas d'extrême urgence chirurgicale, avec seulement un décès pour cinq opérés. Cet hôpital fut extrêmement précieux en avril 1915 lors de l'offensive allemande de Streenstraete : il soigna surtout les Français. Bientôt, l'hôpital bénéficia de l'aide du professeur Ch. Willems, chirurgien en chef de la Bijloke à Gand. Il avait participé à la guerre des Balkans, du côté turc. Engagé volontaire en 14, il opéra des extrêmes urgences à Dunkerke jusqu'au bombardement de cette ville au printemps 1915. L'Inspecteur général Mélis l'envoya au front, au sud du secteur belge. Le Dr Willems fit agrandir le Belgian Field Hospital par l'adjonction de quelques baraques S.S.A. La capacité passa ainsi à 200 lits de chirurgie d'extrême urgence. Cet hôpital devint formellement en mai 1916 un hôpital militaire belge, dirigé par Willems, aidé par Goormaghtigh et Caestecker. A l'instar de ce qui se fit à Beveren et à l'Océan, on constitua un poste chirurgical avancé qui fut placé en 1917 dans un abri bétonné. C'était particulièrement nécessaire dans ce secteur d'accès fort malaisé. A Abeelenhof, les blessés furent opérés dans les deux heures. Mais on n'y soigna que les cas que l'on présumait désespérés: on en sauva un sur deux. Dans son ensemble, Hoogstade demeura un hôpital réservé aux intransportables: il reçut environ cent blessés graves par mois; deux patients sur trois survécurent: c'était des miraculés. L'hôpital
de Poperinge-Couthove Cette ambulance avait été établie à la fin de 1914 au
château d'Hondt par la comtesse Van den Steen et ses
infirmières de Saint-Camille de Bruxelles. Elle était destinée en principe aux
civils atteints de typhoïde. En 1915, on lui adjoignit à Couthove
quatre baraques .On obtint qu'elle se muât en un petit hôpital militaire au
profil du 7e régiment d'artillerie. Il fut desservi par deux
médecins, un pharmacien et une trentaine de militaires. Des quakers du Friend Unit assurèrent les transports avec leurs
propres voitures d'ambulance. Environ deux mille soldats y furent soignés. Les
hôpitaux de Calais Dans la ville et les environs, il y eut une douzaine de formations qui restèrent ouvertes pendant toute la durée de la guerre L'hôpital
de passage de Calais En 1916, un nouvel hôpital de passage fut installé dans des baraquements sur un terrain vague en face de la gare. Il y avait là deux médecins militaires, quelques voitures hippomobiles pour douze blessés légers et 24 autos-ambulances dont neuf fournies par un comité anglais, le F.A.N.Y., et conduites par des dames anglaises. L'hôpital
militaire belge de Calais, appelé aussi de la porte de Gravelines ou encore du
Petit Courgain. Il fut édifié en 1915. De 36 baraques , il passa à 54 pavillons soit 1.500 lits. C'était un très gros hôpital médico-chirurgical qui hospitalisa 25.000 hommes de 1916 à 1918. Carte d'identité d'ambulancier fournie par la Croix Rouge de Belgique A revalider toutes les années L'hôpital
de petit Fort Philippe
Ouvert en août 1915, c'était un hôpital de grande chirurgie de 1.200 lits. On y hospitalisa 6.500 hommes. L'hôpital
de Croix-Rouge de Virval-lez-Calais. Il ne comportait que 420 lits mais il fut longtemps actif. Il fut longtemps dirigé par le Dr Neuman. L'
ambulance Élisabeth C'était une petite formation de 100 lits offerte par la Société française de Secours. Elle bénéficia de la sollicitude du Duc de Vendôme (beau-frère du Roi Albert) qui offrit une très belle installation de radiographie et de mécanothérapie. Elle demeura ouverte jusqu'à la fin de 1917. Son chirurgien était le Dr Conrad d'Anvers. La petite
ambulance de l'École Saint-Emile Était réservée aux cas neurologiques et psychiatriques. (Drs Spaas et Leroy). Elle reçut en particulier les "commotionnés". Elle évacua les cas graves sur l'asile (français) de Dury-lez-Amiens. Par la suite, ce fut vers les hôpitaux de Châteaugiron ou Juhaye-Mondaye, et de là sur Auvours ou Soligny-la-Trappe. Le région
de Rouen La région de Rouen comprenait une dizaine de camps d'instruction ainsi qu'une quinzaine de dépôts de convalescents (soit au total 60.000 hommes) L'hôpital
Anglo-Belge
Le chef de santé de la région, le médecin-principal Deltenre, ex-directeur de l'hôpital militaire de Bruxelles, vit l'intérêt d'adjoindre au dépôt de convalescent de Rouen un institut de physiothérapie et une école de rééducation professionnelle. Grâce à l'intervention de la London Red Cross (Miss Dormer Maunder), on put créer le 23 décembre 1914, un petit hôpital "Anglo-Belge" de 60 lits, dans une dépendance de l' École industrielle, rue Saint-Lô. A peine ouvert l' anglo-belge passa à 350 lits, tant affluaient les convalescents. Il fallut bientôt ouvrir deux importantes annexes assez lointaines, à Orival par Bellemont au nord et à Saint-Aubin-Elbœuf au sud, chacune d'environ 300 lits. Dès 1915, l'Anglo-Belge comptait déjà un millier de lits. Les installations comportèrent deux départements majeurs : Le service de physiothérapie (médecin de régiment de Marneffe) qui comprenait : –
la mécanothérapie, avec des appareils artisanaux
conçus par le Dr Waffelaert et fabriqués sur place.
M. Deleu imagina d'ingénieuses gaines prothétiques permettant la mécanothérapie
sur les moignons. –
la thermothérapie, pratiquée grâce à des boîtes
sèches à chauffage électrique ou à des courants d'eau chaude –
la radiologie et l'électrothérapie (Dr Stouffs) –
la gymnastique médicale (Miss Lovedy) – le service orthopédique avec son service chirurgical de réfection des moignons (Dr Borremans) et son service de prothèses des membres (Dr Hendrix) L'hôpital
Bon-Secours Au début de 1916, Deltenre obtint la création à 2 km de Rouen au sommet de la colline de Blosseville-Bon-Secours, d'un hôpital couvrant 10 hectares et comportant jusqu'à 80 baraques soit 2.000 lits. Bon-Secours fut dirigé par la suite par le Dr Wilmaers. Il fut remarquable par son ampleur et la qualité de ses résultats. Il fut visité par la reine d'Angleterre, la Reine Élisabeth et par d'éminents spécialistes des armées alliées. Il y eut 23.000 hospitalisés à l'Anglo-Belge et à Bon-Secours. 53% purent rejoindre l'armée de campagne, 19% furent reconnus aptes à des services auxiliaires, 25% furent réformés et évacués sur deux institutions secondaires mises sur pied pour des raisons sociales évidentes: le dépôt des invalides du Havre, œuvre privée et surtout l'Institut militaire de rééducation professionnelle de Port-Villez-Vernon (Eure). Cet institut, créé par le Ministre de Broqueville en août 1915, fut placé sous la direction du sénateur Thiebaut. Des médecins militaires y furent affectés dont le Dr Stassen, un émule du Dr Hendrix. L'institut occupait cinq cent hectares; on y enseignait plus de cinquante métiers aux invalides de guerre définitivement inaptes. Il y eut notamment une imprimerie qui édita, en liaison avec l'hôpital de Beveren, les Archives médicales de guerre. La région
du Havre
L'hôpital
militaire du Havre Les autorités françaises avaient offert au gouvernement belge "réfugié" au Havre les services d'un hôpital complémentaire installé dans un lycée (rue Ancelot). Jusqu'en mai 1916, ce furent les médecins français qui soignèrent les fonctionnaires belges). Au fil du temps, la "colonie" se peupla et la "garnison" atteignit jusqu'à 13.000 soldats plus ou moins valides. Les Belges reprirent l'hôpital. Il fut placé sous la direction du Dr Smets, diplômé en 188 et nommé Major de réserve. Il disposait de 600 lits. Ce fut un excellent hôpital dont les services furent appréciés : ceux du chevalier Walter van Havré, chirurgien anversois qui mourut en 1919, ceux du vénérologue Benoit Dujardin, futur Professeur à L'U.L.B, qui fit couler à flots le néosalvarsan et le permanganate., ceux de C. Goris, spécialiste O.R.L. renommé, de Rasquin, ophtalmologue, de Van de Weghe, neuropsychiâtre, de Viaene, stomatologue gantois. Il y eut par ailleurs au Havre un dépôt des invalides belges qui fut transformé en institut de rééducation .Créé par le Ministre Schollaert, il fut continué par son beau frère, le Ministre Helleputte. Les
Arrières en France Au début de 1915, le gouvernement français fit savoir qu'en Bretagne 32 hôpitaux complémentaires étaient autorisés à hospitaliser des Belges aux côtés des Français. Cela permit de désengorger les ambulances de Calais. Il s'avéra cependant assez vite que les patients et le personnel belge s'y sentaient dépaysés et surtout nourris d'une manière inhabituelle. Le système échoua. On remplaça bientôt ces hôpitaux par des formations militaires totalement belges implantés en Normandie et en Bretagne. Il y eut ainsi une douzaine d'hôpitaux militaires dont la direction générale fut établie à l'hôpital militaire de Mortain (Manche). Citons : Cherbourg et Saint-Lô (Manche), Villiers-le-Sec et Juhaye-Mondaye (Calvados) et, en Bretagne, les quatre hôtels de la fondation de Broqueville à Dinard: Saint-Lunaire, Saint-Jacut de la Mer (côtes du nord), Saint-Méen et Châteauugiron (Ile et Vilaines). Certains de ces hôpitaux furent spécialisés notamment poiur les affections nerveuses et mentales. Les guéris ou convalescents étaient envoyés au camp d'Auvours près de Champegné (Sarthe), les incurables à Soligny-la-trappe (Orne) qui, pour les Belges avait remplacé le camp du Ruchard (Indre et Loire). S'ouvrit encore à Ligugé (Vienne) un hôpital spécialisé pour les affections rénales) Il y eut par ailleurs quatre sanatoria de tuberculose pulmonaire : Saint-Jean-Cap Ferrat (Alpes-Maritimes), Montpellier (Hérault), Chambéry (Savoie), Faverges (Haute-Savoie). On y admit environ deux mille tuberculeux dont 12% moururent. Certains d'entre eux, hospitalisés au château de Faverges, étaient des prisonniers transitant par la Suisse. Citons enfin les hôpitaux pour convalescents ou de transit offerts par la Croix-Rouge ou la générosité privée française : L'hôpital
militaire belge de Cannes Fonctionna de février 1915 à avril 1920 dans les villas Saint-Jean, saint-Charles et Anastasie, grâce à la générosité de la Duchesse de Vendôme (belle-sœur du roi Albert) et de la Croix-Rouge française. A la fin de 1916, la direction médicale devint exclusivement belge (Dr Lagache); ce fut l'hôpital militaire belge Albert Premier de Cannes. Il hospitalisa 1500 malades, pratiquement tous provenant de l'ambulance Élisabeth de Calais offerte par le Duc de Vendôme L'hôpital
Albert I à Paris L'hôtel-Dieu de Paris: la ville réservait un quartier pour les militaires belges: l'hôpital Albert Premier de Paris. On ouvrit aussi une ambulance au Lycée Carnot et une annexe pour convalescents à Courbevoie. L’hôpital
de Saint-Jean-Cap-Ferrat
De nombreux
soldats souffrant d’une pathologie pulmonaire (tuberculeux, gazés) ont été
hospitalisés à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Ils eurent le privilège de pouvoir être
soigné dans ces lieux de toute beauté à la suite d’une histoire d’amour, celle
survenue quelques années auparavant entre leur ancien monarque Léopold II (1)
et une jeune fille nommée Blanche Delacroix (2). Après la
naissance de l’enfant, Léopold décida de passer l’hiver au Cap-Ferrat avec
Blanche et ses deux garçons. Dr Loodts P. Notes : 1) Pour la note humoristique, remarquons que Léopold II
avait une phobie du refroidissement. Il avait soin d’enfermer sa barbe dans une
poche de toile cirée retenue par des cordons à son chapeau de feutre lorsqu’il
allait promener en hiver. Si au cours d’une audience quelqu’un éternuait, le
Roi y mettait fin instantanément. Chaque matin, il prenait une douche d’eau
salée et les journaux qu’il lisait étaient au préalable soigneusement repassés
! Sources et biographies : 1) Mémoires
de Blanche Delacroix, baronne de Vaughan, Editions Jourdan le Clerq 2004 Liste des Belges qui reposent dans le
carré.
En
Angleterre
Au début de janvier 1915, il y avait 25.000 militaires belges dans les hôpitaux anglais. Ils étaient venus d'Ostende, de Nieuport, et surtout de Dunkerke et de Calais, en novembre et décembre 1914. L'effort anglais fut énorme. Nos patients furent soignés dans quatre hôpitaux de l'Amirauté, dans plusieurs dizaines d'hôpitaux militaires, à Londres, Folkestone, Leeds, Sheffield, Manchester entre autres, et dans plusieurs centaines de cliniques ou maisons privées. Tous les soins furent prodigués par des Anglais. Pour assurer la coordination et le contrôle médico-disciplinaire, des médecins d'active belges prirent les choses en mains (Godts, Lambrette, Justice, Meyers, Couturier). Ils ouvrirent à la côte deux "homes pour convalescents", euphémisme pour désigner des centres de regroupement de blessés "ultra-légers", qui y firent de "trop brefs séjours"...Ils obtinrent l'aide de l'Armée du Salut pour regrouper dans les environs de Londres les patients égaillés. Ils ouvrirent surtout à Londres en décembre 14, janvier et février 15, trois hôpitaux militaires importants d'environ 350 lits chacun : les King Albert Hospitals. Bientôt, deux d'entre eux, les numéros 2 et 3, devinrent de simples hôpitaux pour convalescents. Mais le King Albert's Hospital Nr 1, installé définitivement à Gower Street, devint un remarquable hôpital général et une école d'infirmières. Les services cliniques essentiels y étaient organisés: chirurgie (Dr Jacobs), médecine interne (Docteur Sand), ophtalmomlogie (Dr Godts), OR.L. (Dr Verbruggen), stomatologie (Dr Janssens) et radiologie (Dr Denoncin). On y dénombrait 150 élèves infirmières. Les premières 64 infirmières formées furent envoyées sur le front belge au début de 1916. |