Médecins de la Grande Guerre

Le roi des bardes, Hedd Wyn, reçut un trône sculpté par un Belge.

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Le roi des bardes, Hedd Wyn, reçut un trône sculpté par un Belge



Hedd Wyn

       Hedd Wyn (fleur de lys), de son vrai nom Ellis Humphrey Evans, né en 1887, est aussi connu sous le nom du « poète berger ». Il avait hérité de son sobriquet « Hedd Wyn » en 1910 du barde Bryfdir lors d’une cérémonie en l’hommage de plusieurs poètes locaux sur les bords du lac Morynion. Il était le fils d’un fermier du pays de Galles qui possédait une exploitation continuellement battue par la pluie et le vent au sein d’une nature sauvage mais grandiose. Hedd Wyn s’engagea en janvier 1917 dans le 15ème bataillon des Royal Welsh Fusillers.

       La ferme familiale du poète a été, depuis 2017, reconvertie en musée et reçoit aujourd’hui les admirateurs du poète. La cuisine et le salon n’ont guère changé d’aspect depuis le début du siècle et gardent les meubles qu’avait connus le jeune barde. 



La cuisine

       Le salon est particulièrement émouvant car il conserve précieusement les trônes gagnés par Hedd Wyn en participant aux nombreux concours de poésie qui depuis toujours animent le pays de Galles. Dans chaque région du pays se tenait en effet un concours de poésie appelé « Eisterddfod » et dont le premier prix était un trône en bois, référence à la présence du chef des bardes à la table du roi. Dans le salon, outre les trônes bardiques remportés par Hedd Wynn entre 1905 et 1917 dans les concours locaux de poésie se trouve la pièce maîtresse, « le Trône Noir », le premier prix de l’Eisterddfod au niveau national qui s’était tenu le six septembre 1917.



Le «Trône noir » sculpté par le Belge Eugeen Van Fleteren

       Hedd Wyn, le remporta mais n’eut hélas pas l’occasion de s’y asseoir. Quand on l’appela pour recevoir son intronisation en présence d’un millier de personnes, personne ne se présenta. L’archidruide Dyfeld annonça finalement qu’Hedd Wyn, nommé le plus grand barde de l’année, avait été tué six semaines auparavant en France ! Le trône fut alors recouvert d’un voile noir et pris pour la postérité le nom de « Trône noir ». Quant à Hedd Wyn, à partir de cet instant, il devint le symbole de tous les jeunes Gallois morts au combat (Plus de quarante mille !). Fait remarquable, Hedd Win est lié à la Belgique. Le « Trône Noir » avait été sculpté par un réfugié belge nommé Eugeen Van Fleteren et le poète mourut en essayant de libérer la Belgique ! Il succomba lors du premier jour de la bataille de Passendale, le 31 juillet 1917, lors de l’assaut de la crête de Pilkem. En 2014, on inaugura à Passendale (Langemark) un dragon gallois en mémoire aux jeunes soldats venus du pays de Galles pour combattre en Belgique.



Le dragon gallois de Passendale

       Le poète gallois « Fleur de lys », repose en Belgique dans le cimetière du bois de l’artillerie à quelques mètres d’un autre poète, cette fois un Irlandais, Francis Ledwige, surnommé « le poète des merles » et tué le même jour, lors de la même bataille !

       Pour terminer ce petit hommage à Hedd Wynn. Laissons-lui le mot de la fin. Voici deux de ces poèmes. Le premier, « Le Trou noir » possède la même vision cosmique, qui inspira le poète anglais Owen lorsqu’il écrivit son poème « Futilité » voir Cette vision cosmique, c’est l’étrange indifférence de l’immense et bel univers vis-à-vis de notre planète même lorsque ses habitants la livre au désordre le plus affreux.

Le trou noir

Nous n’avons aucun droit sur les champs des étoiles,
Ni sur la lune nacrée,
Ni sur le nuage mordoré qui bourgeonne
Au milieu du beau ciel azuré.

Il n’est rien au monde auquel nous ayons droit
Rien d’autre que notre vieille terre,
Notre terre au désordre maintenant livrée,
Au milieu de la divine gloire.

Hedd Wyn



La tombe du poète

Mourir loin de son pays

Trawsfynydd est le lieu où repose sa mère,
Là où résident le vent et la pluie
Et lui sommeille sur un oreiller en terre
Etrangère, bien loin de sa patrie.

Il a vécu sans perfidie ni fausseté,
Plein de douceur et de charité,
Il est mort, les yeux pleins d'amour et de bonté
Pour son pays et sa liberté.

Il est mort dans un monde où règne le chaos,
En plein milieu de la grande guerre,
Il est mort à un âge si tendre et si beau,
Nuage entre les doigts de l'aurore.

Il rêvait de connaître une vie sans souffrances
Où l'espoir serait toujours présent,
Mourir, pour lui, si jeune et si beau, fut navrante,
Un bien dur et difficile instant.

Il ne reviendra plus jamais dans sa tanière,
Sur la vague dorée de l'été ;
Car il est un cimetière en terre étrangère
Où dans son argile il est couché.

Puisse-t-il maintenant dans le carré des morts
Reposer dans la paix et le calme ;
Puisse une aile céleste veiller sur le sort
De sa veuve et poser sur sa tombe une palme.

Hedd Wyn

                                                                                      Article rédigé en ce mois de juillet 2019

                                                                                                          Dr Loodts P.

 

 

Source principale : Le Berger poète combattant, Hedd Wynn, publié par Gwasg Carreg Swalch, 2017

 

 



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