Médecins de la Grande Guerre
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Un grand merci à la Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives de la République Française pour son aimable autorisation d’insérer, dans notre site, le contenu de la très belle brochure, réalisée par : « Ministère de la Défense/Secrétariat Général pour l’Administration/Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives » dans laquelle les Belges sont mis à l’honneur. Lettre d’autorisation annexée. LES BELGES EN FRANCE L’INVASION, L’YSER Le plan allemand d’invasion de la France nécessitait de passer par la Belgique, à la neutralité pourtant garantie par les traités de 1831 et 1839, dont la Prusse fut l’un des signataires. L’ultimatum pour le libre passage des troupes ayant été repoussé par le Roi Albert 1er, l’Allemagne déclara la guerre à la Belgique le 3 août 1914, en même temps qu’elle violait sa neutralité et celle du Grand-Duché de Luxembourg. Le 4, Liège et ses forts étaient déjà assiégés, pilonnés par des mortiers de 305 et de 420. Les 305 mm Skoda, armes tchèques, étaient servis par des artilleurs austro-hongrois : ainsi, l’Empereur François-Joseph attaquait lui aussi la Belgique au mépris des traités internationaux. Ce n’est en effet que le 28 août que l’Autriche-Hongrie déclara la guerre. L’Angleterre se rangea les 4 et 13 août aux côtés des Français et des Belges contre les deux Kaisers des empires centraux, comme en une croisade pour le droit des petits peuples écrasés par les Impériaux : ainsi naquit l’appellation « guerre du Droit », cause à laquelle se rallièrent les Etats-Unis en 1917. L’armée belge, faible, n’alignait que 7 divisions dont une de cavalerie. En dépit des lourdes pertes qu’ils infligèrent pourtant à l’ennemi, à Liège, à Haelen et sur la Gette, les Belges durent battrent en retraite vers le camp retranché d’Anvers où se réfugia le gouvernement. Le 20, Bruxelles fut envahie. Deux jours après, Anglais et Français se battirent à Mons, à Charleroi, Namur, Virton, avant d’entamer à leur tour une retraite. Un corps de siège allemand attaqua ensuite Anvers, où les forts désuets s’écroulèrent sous le feu de l’artillerie lourde. Par mer, ministres, fonctionnaires, réfugiés, évacuèrent la ville et le port, tandis que l’armée s’échappait le long du littoral vers Ostende, dans les Flandres, où une furieuse bataille se développa. Le 11 octobre, la France offrit au gouvernement belge la possibilité de s’établir au Havre où, le 13, deux paquebots entraient dans le port pour débarquer les ministres en exil, leur administration et les malheureux fuyant l’ennemi. Le Roi Albert était au front, à la tête de ses soldats. Avec la Reine Elisabeth, il s’établit à La Panne, promue capitale symbolique de son royaume, sur le dernier lambeau de terre belge défendu par son armée. Au cours du conflit, l’image favorable de la Belgique et de son Roi grandit dans l’opinion publique française : le Roi fut décoré de la Médaille Militaire et reçut une épée d’honneur (mars 1915), une journée du Drapeau belge fut organisée le 20 décembre 1914 avec quête, vente d’insignes au profit des réfugiés, etc. L’engouement du public conduisit même à débaptiser un dessert d’origine autrichienne qui devint le « café liégeois » ! L’armée française vola par ailleurs constamment au secours d’Albert 1er. Ainsi, en octobre 1914, quand l’armée belge défendait 40 km avec 82.000 hommes, les 89e et 87e D.I. territoriales françaises gagnèrent le front de l’Yser. Où en octobre-novembre 1914, lorsqu’après l’inondation du secteur de Nieuport, consécutive à l’ouverture des écluses, l’armée allemande engagea la bataille du saillant d’Ypres : les Anglais amenèrent en renfort 3 corps d’armée ; les Français envoyèrent, sous le commandement de Foch, 4 divisions de cavalerie, 1 division d’infanterie, une brigade de marine. Le 28, Joffre décida du ravitaillement des Belges en obus. Trop peu nombreux, les Belges, par contre, ne combattirent jamais en France, se consacrant à lutter sur leur territoire national, derrière l’Yser, et à guerroyer contre les Allemands en Afrique, depuis leur colonie du Congo. Maîtresse du royaume, l’armée allemande s’y livra à des actes criminels contre les populations civiles et le clergé catholique. Ainsi à Dinant-sur-Meuse, les 23-24 août 1914, 674 personnes furent fusillées sans jugement, dont 92 femmes ; le Consul d’Argentine, qui s’interposait, fut lui aussi passé par les armes. La ville fut ensuite pillée et brûlée. De tels actes se répétèrent au cours de l’été 1914 à Louvain, à Tamines, etc. L’occupation continua avec son cortège de destructions industrielles, de prises d’otages, de déportations, d’arrestations et de fusillades des patriotes, la création des « Zivil Arbeiter Bataillonen » (bataillons de travailleurs civils) pour les hommes, du bagne de représailles à Sedan aux conditions de survie inhumaines, pour les insoumis… L’occupant oeuvra même pour diviser la population : le gouverneur général Von Bissing voulut montrer qu’il menait une politique plus favorable aux Flamands – considérés comme peuple germain – qu’aux Wallons (peuple gaulois), accentuant ainsi les germes de discorde. Le militarisme prussien se déchaîna durant quatre ans en Belgique, en tous domaines, motivant la haine des oppressés, la vengeance des combattants, la réprobation des Neutres, la détermination des Alliés. L’annexion pure et simple du pays demeura l’un des buts de guerre de l’Allemagne les plus tenaces jusqu’à l’été 1918. Le 11 septembre 1914, une mission diplomatique belge arriva à New York via Londres. Elle se rendit à Washington afin de remettre au président Wilson les procès-verbaux et notes sur les crimes de l’armée allemande en Belgique, dont le sac de Louvain, ce que l’ambassadeur du Reich aux Etats-Unis s’empressa de démentir. Les ministres belges furent reçus triomphalement par la population et les autorités, fêtés à Chicago, Boston, Philadelphie, puis de même au Canada à Montréal. LES INSTALLATIONS EN
FRANCE Le ministère de la Guerre s’installa à Dunkerque. Dans cette ville, entre le 5 et le 13 octobre 1914, venus à pied depuis la frontière ou débarqués de centaines de bateaux, arrivèrent plus de 20.000 réfugiés, civils et militaires. Tous les édifices publics furent bondés de malheureux. 30.000 repas gratuits furent distribués. Le baron de Broqueville, ministre de la Guerre, fit remonter les soldats grâce à sa gendarmerie, évacués par bateaux anglais vers Calais, le Havre et Cherbourg, tandis que les civils étaient convoyés sur Calais par trains. L’armée belge installa ses hôpitaux à Calais, en Normandie, en Bretagne. Les civils réfugiés étaient évacués progressivement en train vers l’intérieur du pays. 41 départements les accueillirent : 38.000 en Seine-Maritime, 25.000 dans la Seine, 10.500 en Seine-et-Oise, 5000 en Manche, 4.700 en Ille-et-Vilaine, 2.000 en Dordogne, 3.500 dans le Loiret, 3.200 en Vendée, etc. Toute la flottille de pêche de la côte belge s’abrita dans les ports français, depuis la Normandie jusqu’à la façade Atlantique, notamment à l’île de Sein. Les camps d’instruction des recrues de l’armée s’installèrent à Granville, Bayeux, Caen, Fécamp, Dieppe, Saint-Lô, Eu, au camp d’Auvours, etc..., où 100.000 hommes furent formés au cours du conflit. Des unités belges s’entraînèrent aussi au camp de Mailly (Aube) avec des instructeurs français expérimentés, telles la 6e D.A. dont le 4e carabiniers en janvier 1917. Le 14 octobre 1914, le général Joffre réserva le port de Calais à l’armée belge : ce fut sa principale base de guerre jusqu’en 1919. Le port de Gravelines-Bourbourg devint Belge lui aussi. Tout ce vaste secteur vit se multiplier le nombre de militaires belges et d’installations qui furent la cible, durant quatre ans, des bombardements ennemis. Un autre grand centre fut le Havre : début 1917, 300 officiers et 13.000 hommes de l’armée belge y travaillaient. L’Intendance envoyait quotidiennement à l’armée du front de l’Yser 550 tonnes de ravitaillement dont 40.000 litres d’essence. La base navale du Havre recevait de nombreux convois, dont ceux amenant le cuivre du Katanga servant pour les munitions. Les chemins de fer belges – son ministère était à Sainte-Adresse – avaient 7.000 agents en France, entretenaient 2.000 locomotives, des dizaines de milliers de wagons, sous la direction d’un général du Génie, le baron Empain. C’est au Havre que se trouvait la plus grande fabrique belge d’armement, détruite le 11 décembre 1915 par une catastrophe (ce jour-là, 320 tonnes explosèrent, faisant 101 morts, 1.500 blessés et pulvérisant 24.000 m² d’usine. La détonation fut entendue à 100 Km à la ronde). Reconstruite en un mois, elle fournit, en 1916, 200 canons, 97.000 grenades, 1.450.000 obus, 44 millions de cartouches. Dans cette même ville, et à Sainte-Adresse, se trouvaient aussi tous les ministères belges, la poste, les organes de presse, installés dans de nombreux hôtels et villas. La fête nationale du 21 juillet y était célébrée dans la ferveur avec défilé, prise d’armes et fanfares. LA VICTOIRE Le 9 septembre 1918, le maréchal Foch vint trouver le Roi Albert à La Panne pour lui soumettre le plan d’opérations allié visant à libérer la Flandre. Le G.A.F. (groupe d’armée des Flandres) fut créé, aux ordres du Roi Albert, avec la général français Degoutte comme chef d’état-major et comprenant l’armée belge (général Gillain), la 2e armée britannique (général Plumer), et la 6e armée française (général de Boissoudy). L’offensive libératrice démarra le 28 septembre. Son avance fut irrésistible : Dixmude fut repris le 30 septembre, Roulers le 14 octobre, Ostende le 17, Bruges le 19. Le 22 novembre, les Souverains Belges rentraient à Bruxelles. Le 5 décembre, le Roi Albert et la Reine Elisabeth, accompagnés du prince héritier Léopold, vinrent en visite officielle à Paris, accueillis en héros par les Parisiens. Le 1er février 1919, la Belgique était représentée par son ministre M. Van den Heuvel à la Conférence de la Paix, à Versailles, où furent examinés les problèmes vis-à-vis de l’Allemagne. Le 14 juillet 1919, avec le général Gillain à leur tête, un détachement et les Drapeaux de l’armée belge participèrent au défilé de la Victoire à Paris, passant sous l’Arc de Triomphe. Le 21 juillet suivant, la fête de la Victoire se déroula en Belgique. Le Président Poincaré et le maréchal Foch furent reçus par les députés au Palais de la Nation avant de participer aux festivités. Durant la guerre, la Belgique perdit 44.000 militaires, tués au combat ou décédés de blessure ou de maladie, et près de 9.000 civils (dont les 2/3 en 1914). Son soldat inconnu fut inhumé à Bruxelles le 11 novembre 1922. Les 3-4 août 1924, au Havre, se déroulèrent de fastueuses fêtes franco-belges dite « de la Reconnaissance belge » en présence du duc Léopold de Brabant, prince héritier, du maire du Havre, M. Léon Meyer, du maire de Sainte-Adresse, M. du Bosc. Devant 50.000 personnes, un défilé de 1000 drapeaux d’anciens combattants belges précéda les discours des ministres des deux pays, clôturés par celui du président de la chambre, M. Painlevé. En octobre 1924, les deux maires normands se rendirent à Bruxelles remettre l’épée d’honneur offerte par leurs deux villes, œuvre de l’orfèvre Falize et gravée de la devise « au Roi Albert, à l’héroïque Belgique, la France amie et alliée ». En France, cette fraternité de guerre provoqua le baptême de voies publiques du nom de personnalités belges : ainsi celui d’Adolphe Max, maire de Bruxelles durant la guerre et résistant à l’occupant, fut donné à une place de Paris (9e ardt). LES LIEUX DE MEMOIRE Le 14 juillet 1923, à Paris, fut inauguré un monument à l’amitié franco-belge, offert à cette ville par maître Théodor, bâtonnier de l’ordre des avocats de Bruxelles, lui-même otage-déporté en Allemagne durant la guerre. Comme ce monument, plusieurs stèles furent édifiées dans des communes qui gardaient le souvenir de la présence belge durant le conflit. Cette brochure en présente quelques exemples. Par ailleurs, reposent actuellement, en France, 3.724 militaires et civils belges, morts pour leur Patrie en 1914 – 1918, et inhumés en sépultures perpétuelles. La liste suivante donne les principaux cimetières où ils sont enterrés :
Seine-Maritime : Le Havre (137 corps), Fécamp (21), Eu (39), : Dieppe (37). Pas-de-Calais : Guemps (56), Calais (1060). Seine : Paris 20e Père-Lachaise (103). Nord : Bourbourg (101), Dunkerque (64). Somme : Amiens (35). Aisne : Effry (229, civils déportés). Ardennes : Sedan (115, civils déportés). Meuse : Brieulles (35, civils déportés). Meurthe-et-Moselle : Pierrepont (140, civils déportés). Alpes-Maritimes : Saint-Jean-Cap-Ferrat (90). Hérault : Montpellier (94). Gard : Avèze (32). Indre-et-Loire : Avon-les-Roches (63). Sarthe : Le Mans (77), Champagne (61). Calvados : Caen (42). Manche : Cherbourg (61). Ille-et-Vilaine : Dinard (41), Rennes (53). Savoie : Bassens (36). ALBERT
1er (1875-1934). Il prêta le serment constitutionnel le 23 décembre 1909, pour devenir le 3e Roi des Belges après Léopold 1er et Léopold II, rois non d’un royaume mais d’un peuple (comme Louis-Philippe 1er était « Roi des Français », en 1830) par le vote du congrès national de 1831. Albert était le neveu de Léopold II qui lui laissa un pays opulent, doté d’une riche colonie, le Congo, avec deux communautés, Flamands et Wallons, où prédominaient ces derniers. La noblesse de son attitude à la tête de son armée lui valut le surnom de « Roi-Chevalier ». Il fut admirablement soutenu par son épouse, la Reine Elisabeth (1876-1965). Bavaroise de naissance (née Von Wittelsbach) et nièce de l’impératrice d’Autriche Sissi, elle se dévoua auprès des blessés, des réfugiés, fondant un hôpital à La Panne où elle servit comme infirmière. Leur fils, le prince Léopold, duc de Brabant, fut mobilisé en 1915 comme simple soldat au 12e de Ligne à l’âge de 13 ans. |