Médecins de la Grande Guerre
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Un soldat français, prisonnier, enterré
à Rotheux-Rimière. Edouard David En cette période de recherche sur la guerre 1914-1918, il nous arrive souvent de fréquenter les cimetières. Nous y trouvons la plus part du temps des informations bien intéressantes. Très récemment, M. Riga, ouvrier communal, nous transmettait un document reprenant les personnes décédées en 1919. La première ligne était occupée par des informations sur un prisonnier militaire français, un certain « POUSAS » Louis, 20 ans, fils de « POUSAS » Ferdinand et « GRIARD » Albertine Euphrasie (Intrigué par cette mention, il n’en fallait pas plus pour que nous approfondissions le sujet. Une première recherche dans les registres de la commune de Rotheux, nous a permis de disposer de l’acte de décès enregistré le 4 janvier 1919. Celui-ci mentionne : POUTAS Louis, âgé de 20 ans, prisonnier militaire français, attaché à la 341e unité d’artillerie coloniale, domicilié à Teurthéville Bocage, village de Coimbot, département de la Manche. L’intéressé était fils de POUTAS Ferdinand domicilié à Teurtheville (cultivateur et cordonnier) et de GREARD Albertine, Euphrasie, Prudence, ménagère domiciliée à Teurthéville. Un petit voyage à Teurthéville-Bocage par « Google Earth » m’a permis de découvrir, dans le cimetière, le monument aux morts du village qui reprend parmi d’autres le nom du soldat POUTAS. Ensuite, la réponse à un email adressé au maire de la commune de Teurtheville a quelque peu complété l’information. Mme Valérie Pesnel[1] du secrétariat de Mairie nous écrit : « … Louis POUTAS est né le 4 avril 1898. Malheureusement et comme
beaucoup à cette époque, nous n’avons pas été officiellement informés de son
décès (pas de mention en marge de l’acte). Par contre, M. le Maire, lorsqu’il
était petit, a entendu parler de M. Poutas et il a
donc mené son enquête. Mr
Poutas n’avait pas de descendance directe, un frère
Jean Albert et deux sœurs Marie et Esther, nées respectivement en 1901 et 1903.
Ces 2 sœurs, célibataires, ont légué leurs biens à une habitante de Theurthéville. Des recherches sur internet nous confirment ces informations et les complètent sur un plan militaire : POUTAS Louis, Albert, Ferdinand, né le 3 avril 1898 à Teurtheville Bocage – Manche. Canonnier servant au 341e Régiment colonial d’Artillerie lourde, n° matricule 9807, -2ème batterie, 2ème pièce 1ergroupe. Matricule de recrutement 446 - Cherbourg. Mobilisé en mars 1917 à Querqueville (près de Cherbourg). Il part pour le front le 19 mars 1918 dans l’Aube, commune de Villechetif, arrondissement de Troyes. Mort pour la France le 4 janvier 1919 à Rotheux-Rimière (décédé en captivité). Madame Germaine VALOGNES , héritière de la famille, a confié au Maire les courriers qu’il a adressé à ses parents durant cette période. Dans un courrier daté du 21 mai 1918, il donne de ses nouvelles « …pour le moment nous sommes assez tranquilles. Il y a des jours que nous ne tirons pas un coup de canon ; d’autres jours on est tout le temps à tirer. Dimanche après midi, nous avons tiré. A la fin, je commençais à avoir mal dans les oreilles. On commence un peu à s’y faire, mais les deux premier jours, on avait la frousse quand on entendait siffler les obus et éclater à 200 ou 300 mètres de nous. Je vous assure que je n’étais pas fier, mais maintenant on s’y fait un peu. Il y a des avions qui viennent nous voir de temps en temps, mais ils ne nous envoient pas de bombes, c’est le principal. Nous sommes avec des gars de la classe 1917 et d’autres un peu plus vieux. Il n’y en a pas un qui vient de la Manche. Il y en a un de Marseille et je vous assure que s’est un « âo ». Il me fait mourir de rire tous les jours. Ce matin, il y a eu un blessé et il va être évacué. Il a un doigt écrasé et une coupure à la tête. Nous étions en train de tirer. Les quatre pièces devaient tirer ensemble, il était pointeur et croyait que la pièce avait déjà tiré. Il est monté au … pour pointer. Comme il montait dessus, le coup est parti et il a été jeté à terre et il a eu le doigt pris sous le coin. Il ne va trop mal, mais il a eu peur et nous aussi, je vous l’assure… » Il restait à préciser le lieu d’inhumation. M. Riga nous a précisé que M. Poutas avait été inhumé dans le caveau de famille du docteur Jacob. Un courrier du 4 février 1919, émanant de l’administration de Rotheux et destiné au Directeur du Service des inhumations militaires à Bruges, confirme que Mr Poutas a été inhumé dans le caveau du Docteur Jacob qui l’a soigné chez lui. La cause du décès est peu explicite : « décédé par suite d’anéantissement ». Nous n’avons pas de précisions concernant les circonstances dans lesquelles le soldat Poutas a été fait prisonnier. Par contre, dès le mois de septembre 1918, peu avant la libération, nous savons qu’un nombre importants de prisonniers ont été amenés dans nos régions, des prisonniers français, mais également russes et anglais. Dans les prochains jours, la commune fera déposer sur la tombe du docteur Jacob, une plaque commémorative avec le texte suivant : En hommage à Louis POUTAS prisonnier de guerre français décédé à Rotheux-Rimière, le 4
janvier 1919 Rotheux-Rimière. Le caveau du Docteur Jacob
[1] Nous
remercions très chaleureusement M. Serge Laurent, Maire de Teurthéville-Bocage
et Mme Valérie Pesnel du Secrétariat de Mairie. |