Médecins de la Grande Guerre

Robert Schuman : une remarquable destinée pour clore deux guerres mondiales

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Robert Schuman : une remarquable destinée pour clore deux guerres mondiales.

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Robert Schuman.

De sa résidence surveillée, Robert Schuman porta le regard vers les tours puissantes de la cathédrale de Spire. (tirée de Robert Schuman cet inconnu)

Regard vers le Rhin, aux bords duquel combien de fois aux cours des siècles les peuples de l’Europe occidentale se sont entre-déchirés. (tirée de Robert Schuman cet inconnu)

L’Hôtel Kurhaus-Kolher à Neustadt, où Robert Schuman vécut quelque temps en résidence surveillée. (tirée de Robert Schuman cet inconnu)

Pérégrination de Robert Schuman depuis Metz où il avait été fait prisonnier par les Allemands. (tirée de Robert Schuman cet inconnu)

Winston Churchill et Robert Schuman au sortir de la Cathédrale de Metz, le 14 juillet 1946. (tirée de Robert Schuman cet inconnu)

De droite à gauche : MM. Robert Schuman, Joseph Bech et le prof. H. Brugmans – décorés du « Karlspreis » - en conversation avec M. Hermann Heusch, « Oberbürgermeister » de la Ville d’Aix-la Chapelle. (tirée de Robert Schuman cet inconnu)

Robert Schuman savait emporter les convictions par sa simplicité, son intégrité, la solidité de ses arguments et l’exquise finesse de son esprit. (tirée de Robert Schuman cet inconnu)

La fameuse photo du « Klatz-Klub », Club de la bille, prise lors du Congrès académique à Louvain, en 1912. De gauche à droite : Henriquet, R. Schuman, M. Sonnet, Armand Koening et Jean Burton. (tirée de Robert Schuman cet inconnu)

Ami de Schuman, le père Fohl prit les ordres à l’abbaye des Bénédictins à Clervaux. (tirée de Robert Schuman cet inconnu)

Robert Schuman à l’école primaire en 1893. (tirée de Robert Schuman cet inconnu)

Scy-Chazelles : dernier adieu à Robert Schuman, le 7 septembre 1963. (tirée de Robert Schuman cet inconnu)

M. Jean Monnet dévoile la plaque commémorative à la maison de Robert Schuman à Scy-Chazelles. (tirée de Robert Schuman cet inconnu)

Au cimetière de Scy-Chazelles, une tombe émouvante par sa simplicité. (tirée de Robert Schuman cet inconnu)

La mère de Robert Schuman.

Le père de Robert Schuman.

Robert Schuman.

La maison de Schuman à Scy-Chazelles en 2006. (Photo Dr Loodts)

La maison de Schuman à Scy-Chazelles en 2006. (Photo Dr Loodts)

L’église Saint-Quentin dans laquelle repose depuis 1966 R.Schuman. (Photo Dr Loodts)

Plaque apposée sur le mur de l'enceinte de la maison. (Photo Dr Loodts)

L’église Saint-Quentin. (Photo Dr Loodts)

Robert Schuman : une remarquable destinée pour

clore deux guerres mondiales.

                                                                

Auteurs : Loodts. P et Galbrun. M.

 

 

Le 9 mai 1950

 

Ce 9 mai 1950, Robert Schuman, ministre français des affaires étrangères invita solennellement les nations démocratiques de l’Europe à s’associer librement en vue d’édifier une communauté de destin. Qui fut cet homme considéré comme un des Pères de l’Europe sinon Le Père de l’Europe ? En fait il fut d’abord le Rassembleur des deux cultures européennes à savoir les cultures germaniques et latines.  Robert Schuman suite à des circonstances exceptionnelles eut  la chance  mais aussi la douleur de vibrer au diapason de deux civilisations. Doué de très grandes qualités de courage mais aussi très astucieux, il parvint à rassembler les peuples européens malgré les deux  guerres fratricides et barbares que ceux-ci se livrèrent.  Quel idéal n’a-t-il pas poursuivi, quelle finesse ne dut-il pas user pour venir à bout de tant de haines surgies de toutes les familles endeuillées par les guerres ? Au cours de la genèse de la déclaration du 9 mai 1950, Robert Schuman n’a cessé de ruser et d’user de détours pour parvenir à ses fins. A  peine cinq ans après la fin de la guerre, associer des nations ennemies était une chose impensable !  Première subtilité: Schuman  s’est interdit de dévoiler à l’avance les teneurs de son projet qui est aussi celui de Jean Monnet.  En parler prématurément, c’était risquer de le voir être sabordé dès ses prémices ! Deuxième subtilité: feindre l’insignifiance du projet devant le Conseil des ministres le 3 mai afin qu’il puisse être accepté ! Sans la ruse de Schuman, il n’y aurait pas eu de Déclaration du 9 mai 1950 et peut-être jamais de Communauté Européenne !

 

Sa jeunesse

 

Schuman est né le 29 juin 1886  à Luxembourg.  Son père étant lorrain, Robert  est de naissance citoyen allemand en vertu du traité de Francfort, signé le 10 mai 1871 entre la France et l’Allemagne, par lequel, l’Alsace et la Lorraine ont été cédées à l’empire allemand.  Le père de Robert, le lorrain Jean-Pierre Schuman cultivait ses terres à Evrange, à la frontière luxembourgeoise, jusqu’à son mariage à 47 ans avec une jeune Luxembourgeoise de Bettembourg, Eugénie Duren. Le couple va alors s’installer à Luxembourg et Jean-Pierre va vivre de ses rentes. Robert connaîtra une enfance sans problème s’épanouissant dans ses études et passera souvent ses vacances à Kruth en Alsace, le village natal de  sa mère.    C’est de cette période que date le début de la grande affection  que  Robert Schuman vouera toute sa vie à l’Alsace et à ses habitants.

Né Allemand, vivant au Luxembourg et avec de profondes attaches sentimentales envers la France, Schuman va véritablement être « Européen » avant l’heure.  Il va suivre un enseignement bilingue à l’athénée de Luxembourg et possèdera la parfaite maîtrise de l’allemand et du français à la fin de ses humanités.  En 1900, son père meurt  à l’âge de 63 ans. Robert va alors entretenir des liens privilégiés avec sa mère qui va lui transmettre l’amour des lettres et une foi chrétienne très affirmée. En 1903, l’étudiant quitte l’athénée et rejoint Metz pour y refaire sa classe terminale car, comme citoyen allemand, il est nécessaire qu’il soit en possession de l’ABITUR (sorte de baccalauréat), pour avoir le droit d’accéder à l’université allemande. En optant pour Metz le jeune Schuman opte évidemment pour le pays de son père, la Lorraine, arrachée à la France par les armes allemandes en 1870.  En 1904, Schuman entame ses études universitaires et choisit de fractionner ses études, et il étudia tour à tour à Bonn, Munich, Berlin dans toute l’Allemagne universitaire, pour aller enfin à Strasbourg ! 

Le jeune universitaire brille dans toutes les matières, aussi bien scientifiques que littéraires.  C’est pourtant le droit qu’il choisit, mais évite de se cantonner strictement aux matières juridiques et suit des cours complémentaires d’économie, d’histoire, de philosophie.  Il terminera ses études en  1908.  Schuman effectuera alors différents stages et en 1912, à l’âge de 26 ans, il est le plus jeune des 46 candidats reçus à l’assessorat, grade qui lui permettra d’assister le président d’un tribunal.  Sa mère ne sera hélas plus là pour le féliciter : Eugénie Schuman meurt tragiquement en tombant de sa voiture attelée ; elle n’avait que 47 ans ! Schuman racontera plus tard cet événement tragique (cfr  « Robert Schuman » par Claudio Landrini) :

Une cousine devait retrouver son futur mari à Evrange.  Toute la famille était en fête.  La maman de Robert prend le train pour se rendre à la cérémonie.  Arrivée à destination, un neveu est venu à la gare et l’attend avec un attelage.  Le beau cheval aux yeux ardents frémit  impatient de prendre la route.  Ils montent, l’homme lâche le frein et la voiture roule vite.  Tout à coup la vitesse augmente de façon vertigineuse.  Le neveu tire les rênes de toutes ses forces, il crie, il menace, il tombe.  Le cheval semble affolé, mais il court tout droit.  La femme est glacée de terreur, les yeux écarquillés, les mains agrippant un point d’appui juste trouvé à temps. L’attelage file à toute allure (. . . ).  Un tournant.  La bête suit la route, l’attelage est déporté avec violence vers l’extérieur du virage.  La femme est éjectée et tombe lourdement mais elle tient toujours, serrés dans sa main, les rênes. Dix mètres, vingt mètres, cent mètres Elle n’a plus la force de tenir ces lanières de cuir.  Elle les abandonne, la roue passe et . . .  l’attelage disparaît dans un nuage de poussières.

  La disparition de sa mère crée un vide effroyable dans la vie de Robert qui envisage de se retirer dans un monastère.  Son meilleur ami, Henri Eschbach parvient à le convaincre de ne pas opter pour cette vocation ; il lui dira : « Dans notre société, l’apostat laïc est une nécessité urgente ; je ne puis imaginer de meilleur apôtre que toi.  Tu resteras laïc parce que  tu réussiras à faire le bien, ce qui est ton unique préoccupation. »

« Faire le bien », Schuman va le faire, il part s’installer à Metz cruellement dépourvu d’avocats car entre 1871 à 1875, un tiers de la population messine émigra en France avec parmi eux quasi la totalité des magistrats et avocats.  C’est d’ailleurs ainsi que Maître Stroever, un avocat de Cologne reprit à bas prix une étude florissante et  devint même maire de Metz de 1900 à 1908. C’est donc au milieu d’une population mixte d’origine allemande et française que Schuman va s’installer. Cependant, au fil du temps, la population immigrée  dépassera en nombre la population française et en 1884, la langue allemande sera alors imposée à Metz comme seule langue officielle. Le patriotisme restera  fort ancré dans la population de langue française. Chaque année d’ailleurs, on célèbre à la cathédrale la « messe du souvenir » dont la nef est tendue de noir pour l’occasion ! C’est dans ce milieu fort agité et par les chemins tortueux de l’histoire politique et militaire de l’Europe que Schuman établit son étude.  Il plaide en langue allemande  et est rapidement reconnu comme étant un avocat très efficace et cela malgré sa modestie et son caractère effacé.  Son activité professionnelle est débordante mais Robert n’oublie pas l’idéal qui est le sien : « faire le bien ».  Il offre son concours bénévole au Bureau de bienfaisance, donne des conférences sur l’enfance abandonnée, s’engage dans l’Union Populaire Catholique Lorraine qui a pour mission de propager les valeurs chrétiennes.  Cette Union est la branche francophone et francophile du Volksverein allemand, en fait un Mouvement d’action catholique soutenant les députés catholiques.  Schuman sera fortement encouragé dans son action par le père allemand Willibrord Benzler qui abbé de l’abbaye bénédictine de Maria-Laach devint l’évêque de Metz.  Cet évêque conquit rapidement les cœurs des Lorrains car il respecta leur identité culturelle ainsi que leur  patriotisme. Il  officiait pour eux en français. C’est cet homme de 59 ans qui remarqua le jeune avocat de 27 ans et le pria d’accepter la présidence de la « Direction des Œuvres Diocésaines de la Jeunesse ».  Ce fut aussi suite à son influence que Schuman se prit de passion pour l’étude des œuvres de Saint Thomas.  Il maîtrisera si bien cette philosophie chrétienne qu’il pourra en débattre en latin avec les spécialistes ! En 1913, Schuman fut chargé de donner une conférence dans le cadre de l’assemblée générale de l’Union Populaire Catholique Lorraine. On retrouve dans cette conférence l’humanisme qui le faisait vivre. Schuman plaida contre l’individualisme et la compétition acharnée de la civilisation industrielle, l’égoïsme brutal dont les petits et les pauvres font les frais. Un peu plus tard la première guerre mondiale éclatera et mettra temporairement fin à la lutte des classes ! 

 

Schuman et la Première Guerre Mondiale 

 

Quand celle-ci survient Robert Schuman a 28 ans.  Il  fut grandement soulagé d’avoir été réformé en 1908 pour raisons médicales.  Son père n’a t-il pas porté l’uniforme français et lui-même, n’a-t-il pas des amis français et allemands.  Le 3 août 1908 sa mère lui avait écrit  ces mots: « Ne crois-tu pas que c’est Notre-Dame de Lourdes qui t’a fait échapper au service militaire, pour l’ardeur que tu mettais à lui envoyer autant de pèlerins ? C’est une récompense qui en vaut d’autres. »

Le 31 juillet 1914, Guillaume II proclame l’état de risque de guerre.  Les Lorrains sont contraints d’abandonner leurs journaux de langue française.  Parler français en public est considéré comme un acte d’hostilité et l’état civil n’accepte désormais plus que des prénoms à consonance germanique sur les actes de naissance. La brutalité du changement entraîne une résistance dans tous les cœurs ! Dès le début Schuman est incorporé comme commis aux écritures dans une unité  en garnison à Metz qui travaille à la consolidation des fortifications.  Le 12 juillet 1915, il sera affecté comme « Hilfsarbeiter », c'est-à-dire « travailleur auxiliaire », à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Metz.  Il fut magasinier dans un dépôt vestimentaire.  Comment Schuman vécut-il cette période ? On peut se le demander mais malheureusement nous ne possédons aucun document relatant ces quatre années de guerre vécues par Schuman. Nous ne pouvons donc nous livrer qu’à des suppositions. Schuman a-t-il eu à certains moments l’envie de rejoindre le front français ? A-t-il au contraire été par désespoir tenté d’aller mourir sur le front allemand ? N’y avait-il pas en effet sur le front allemand beaucoup de jeunes gens qu’il avait connus et appréciés comme étudiants et amis durant ses études universitaires en Allemagne ? Une chose est certaine : le jeune Schuman dut être en proie à un questionnement incessant sur ce que devait être réellement son devoir ! Il est vraisemblable que Schuman ait écrit  de longues pages sur cette partie de sa vie mais celles-ci ont été gardées secrètes voire même détruites, par Schuman lui-même ! Ne l’a-t-on pas accusé plus tard dans la presse, à la Tribune Nationale et au cours des campagnes électorales d’avoir été « un capitaine boche » et même d’avoir été membre d’un tribunal militaire ? 

En réalité, les Lorrains, les Alsaciens ont été soumis à des choix  absolument cornéliens durant les deux guerres ! Tout homme sensé dira aujourd’hui qu’il est impossible de juger les comportements des soldats de ces deux contrées pendant les deux guerres mondiales.  Il  est seulement possible de constater que non seulement des membres d’une même  famille se sont trouvés contraints de se combattre de chaque côté des tranchées mais que la conscience même de chaque soldat était divisée, écartelée entre des choix qui quels qu’ils fussent n’étaient jamais  exempts de  remords, ou de sentiments pouvant aller d’un extrême à l’autre, comme la lâcheté ou au contraire la désespérance et l’état suicidaire, au point  de parfois donner le change et d’afficher un vrai  héroïsme !  On peut supposer que l’expérience  de Schuman pendant la première guerre mondiale le fit rêver, dès cet instant déjà à une autre Europe.  Que pensa Schuman  très religieux du Dieu que chaque camp voulait mettre de son côté  et de cette  Eglise qui n’avait pas su faire taire la guerre ? 

 

L’entre-deux-guerres : une carrière de député régionaliste

 

Le 19 novembre 18 le général Pétain entre à Metz.  Il est accueilli en libérateur mais malheureusement Paris nomme dans la ville au Poste de Commissaire de la République un homme borné qui ordonne aux familles immigrées allemandes de « vider les lieux » alors qu’ils habitent Metz depuis deux générations.  A Mgr Benzler, l’évêque cher aux Lorrains, il ordonne de se trouver le jour même à la gare avec sa valise !  Les catholiques lorrains –l’immense majorité - se sentent blessés d’autant plus qu’ils ont encore en mémoire qu’en 1871 les Allemands laissèrent Monseigneur Dupont des Loges sur le siège épiscopal bien qu’il fût breton et patriote français irréductible ! A l’uniformisation impériale de 1870 succède maintenant le jacobinisme de la République qui veut supprimer l’enseignement libre catholique (dès le mois d’août 1919, une pétition signée par plus de cent mille Lorrains fut remise au Commissaire Général de la République ; elle demandait notamment le respect de la nature confessionnelle de l’école par les instituteurs non Alsaciens - Lorrains, venus en nombre après 1918 dans les trois départements à nouveau français) et d’autres avantages sociaux dont jouissait la population de Lorraine (les codes régissant les relations civiles et commerciales comprenaient une législation sociale en avance par rapport aux autres pays européens.  Cette avance était due à l’action  sociale pionnière menée en Allemagne par les catholiques dès la seconde moitié du XIX° siècle) !

 Le 16 novembre 1919 auront lieu les premières élections législatives de l’après-guerre et le nouveau parti majoritaire créé en Alsace et Lorraine, l’Union Populaire Républicaine demande avec insistance à Robert Schuman de le représenter. Schuman acceptera devant l’insistance   du chanoine Collin.  : « Ce n’est pas l’ambition qui me guide écrira-t-il à son cousin Albert Duren. Combien aurais-je préféré me consacrer à ma profession, aux œuvres religieuses et sociales, à ma famille ! Mais il y a des devoirs auxquels on ne peut se dérober (. . . ) »

Elu député, Robert Schuman va se montrer un incroyable travailleur et au terme d’une première législature il aura battu tous les records parlementaires en tant qu’auteur ou rapporteur de projets et de préparations de lois. En 1924, son prestige personnel est confirmé par sa réélection et il conservera son siège de député durant toute la période de l’entre-deux-guerres.

 Schuman va représenter le courant lorrain et alsacien  qui accepte l’intégration progressive à la France mais à condition qu’elle se fasse  dans la préservation des traditions et des convictions religieuses de ses habitants. Ainsi avant de devenir le Père de l’Europe, Schuman sera le  vrai défenseur des particularismes régionaux ! Pour Schuman, l’Européen est originaire d’une localité, d’une région, d’un pays . . . L’avenir de l’Europe  est dans la coopération mais non dans la perte des identités. L’Europe tiendra donc de ce principe le fonctionnement de son administration qui sera basé sur la « subsidiarité » et non la centralisation. Grâce à Schuman, l’Alsace et la Lorraine continueront dans l’après-guerre à bénéficier d’une sécurité sociale en avance sur le reste du pays mais qui préfigurera, servira d’exemple à celle qui sera mise en place partout après la seconde guerre mondiale partout en France.  Schuman ne se contente pas de l’action politique : il  consacre beaucoup de temps à expliquer les défis de l’époque : il organisa notamment en Moselle « des journées sociales » destinées à sensibiliser les étudiants aux  problèmes de société. 

En 1932 se sentant plus progressiste que son parti, Schuman le quitte et adhère au Parti Démocrate Populaire (PDP). Il quittera ce parti à son tour en 1939, scandalisé par l’analyse que le secrétaire général du parti faisait de la situation en Espagne qui taisait les massacres commis contre les religieux espagnols. C’est dans ce contexte qu’il faut juger sa démission  et non pas dans la survenue quelques temps après de la dictature en Espagne. Après cette nouvelle démission, Schuman adhérera à la nouvelle formation politique qui prendra la relève de l’UDP, le Mouvement Républicain Populaire.

 

La Deuxième Guerre de Schuman  



En août 1939, Schuman passait ses vacances sur la côte belge à Nieuport quand un matin il lut dans le journal la nouvelle du pacte de non agression entre la Russie et l’Allemagne.  Le temps pressait, il fit ses bagages en toute hâte et prit le premier train pour la France.  Pétain lui avait confié la charge d’organiser la protection des réfugiés. Schuman se montra à la hauteur de cette tâche qui lui valut la reconnaissance générale.  Le 21 mars 1940, il entre dans le cabinet Raynaud comme sous-secrétaire d’Etat à la présidence du conseil, chargé du soin aux réfugiés  puis un peu plus tard , sans avoir été vraiment consulté, conserve le même portefeuille dans le cabinet Pétain du 16 juin 1940.  Il vote les pleins pouvoirs au Maréchal le 10 juillet mais le lendemain remet sa démission au nouveau président du conseil, Pierre Laval. Schuman quitte alors Vichy et rejoint Metz où il va s’opposer aux mesures administratives que  prennent les Allemands envers les Messinois. Le 14 septembre 1940, il est arrêté et conduit en  cellule  à la prison de la rue Barres. On traita Schuman avec égards et il reçut même de son gardien Hans un petit arbre de noël garni de cierges bariolés et de friandises.  En janvier 41, des amis Jean Dubois, Georges et Jules Steinmetz  lui font savoir qu’ils vont tenter de le libérer.  Schuman refuse trouvant que cette action serait trop dangereuse pour ses amis. En revanche, il les conseille afin d’organiser la libération d’un groupe de Lorrains, parmi lesquels se trouvait son ami Pierre Jasmin,  que les Allemands voulaient déporter. Le stratagème réussit : les résistants parviennent à entrer dans le train lors de la relève des sentinelles quelques kilomètres après avoir franchi la frontière. Un peu plus loin le train stoppa devant un obstacle dressé sur la voie ; stupéfaites par cet arrêt imprévu, les sentinelles se penchèrent par les fenêtres et les bâillonner fut un jeu d’enfant.  Les prisonniers se dispersèrent dans les bois avoisinants où par petits groupes ils purent rejoindre la France.  Au mois de mars, Schuman reçut la visite du Procureur allemand Wellch qui lui proposa la liberté contre la collaboration.  Schuman refusa et en bon diplomate minimisa ce refus en demandant à son tour un service : il voulait lire l’Histoire des Papes de Pasteur, histoire en douze volumes !  L’extraordinaire c’est que Schuman obtint ces livres ! Les explications de sa patience nous sont données par la phrase qu’il prononça devant son geôlier à cette occasion : « J’en sortirai certainement et bien vivant, mais d’abord je veux profiter de cette période de calme  pour terminer la lecture de ces précieux volumes.  Chaque chose en son temps, et du temps j’en ai pour m’occuper l’esprit ». Schuman eut un large soutien moral en prison : il bénéficia de l’aide des Sœurs qui s’occupaient de l’intendance de la prison.  Un peu plus tard on fit une nouvelle proposition à Schuman en lui demandant s’il acceptait d’écrire des articles pour un journal allemand.  Il refusa à nouveau. Les Allemands sont maintenant de plus en plus convaincus que Schuman garde en prison des contacts nombreux avec ses compatriotes et avec des partisans.  Ils décident de l’éloigner de Metz et l’envoient en résidence surveillée dans la petite ville de Neustadt. Schuman loge dans l’hôtel Kurhaus Kolher qui domine la vallée du Rhin.  Schuman peut sortir en ville. Il habitue ses gardiens à des absences de plus en plus longues.  Il revient de promenade d’abord vers midi puis vers 13 heures et puis après deux mois il ne rentre plus que vers 15 heures.  Le  jour  vint où  il décida être capable de braver l’interdiction de sortir de la ville de Neustadt.  Schuman veut rejoindre Strasbourg.  Son escapade va pleinement réussir mais lui donne des sueurs froides dans le  train, lors du contrôle des identités au passage de la frontière. Il doit ruser et profiter que les militaires  font   sortir quelqu’un du train pour vite se rendre dans le wagon de tête dont les occupants ont déjà été contrôlés !  Arrivé à Strasbourg, Schuman rejoignit le domicile de son ami Eschbach qui lui présenta alors un plan minutieusement mis au point  pour échapper définitivement aux Allemands. Schuman rentre à Neustadt.  Les sentinelles ont constaté sa longue absence mais ils ne lui disent rien.  Ils savent qu’il est resté absent un bon moment mais il est revenu !  Pour Schuman, c’est de bon augure, il  vient ainsi de renforcer la confiance de ses gardiens en vue de sa fuite qu’il espère définitive !

Le 2 août soit à la date fixée pour son évasion, Schuman reprend le train pour Strasbourg. Arrivé à destination, il monte dans le train qui se dirige vers Colmar, ville dans laquelle il retrouve son ami Eschbach. Les deux amis passent quelques heures ensemble avant que Schuman prenne cette fois le train pour Mulhouse où il retrouve la passeur Anselme.  Schuman passa la nuit chez le passeur qui le lendemain après un bref voyage en chemin de fer, lui fit traverser la campagne pour rejoindre Belfort où ils logèrent.  Le lendemain ils se remirent en route pour atteindre Dole. Via Poitiers et Ligugé,  Schuman rejoint  son cousin Monseigneur Léon Schmitt à Lyon.  Finalement, il trouve un endroit sûr pour se cacher à l’orphelinat de Saint-amour à Beaufort dans l’Ain. Il passera deux années dans cette institution où il enseignera le catéchisme aux orphelins !! Après la libération de Paris Schuman est heureux de pouvoir se mettre à nouveau à la disposition de ses concitoyens.  A Tournus, le Général de Lattre de Tassigny qui, en septembre 1944,  à la tête de la Première Armée Française marche  vers l’Alsace lui demande d’être son conseiller politique pour l’Alsace-Lorraine. Trois semaines plus tard,  le ministre de la Guerre, André Diethelm, exige que « soit vidé sur le champ ce produit de Vichy ».   Schuman vit des moments très durs et  fait l’objet d’une instruction criminelle pour haute trahison pour avoir été en 1940 sous-secrétaire pour les réfugiés lorrains…sous Pétain !   Schuman écrit au général de Gaulle le 24 juillet 45 et sur son intervention personnelle, le 15 septembre 45, la commission de la Haute-Cour  lui rend cependant son  éligibilité.  Le 21 octobre 1945, il est élu député M. R. P.  de la Moselle et devint président de la Commission des finances. Cet homme de 59 ans va connaître alors une ascension  fulgurante en occupant de nombreuses fois de suite des postes ministériels. En 1947, le communiste Jacques Duclos accueille son arrivée à la Chambre des députés par un « Voilà le Boche » l’accusant d’être un ancien officier allemand et claironnant « C’est un boche, ce Président du Conseil ». Robert  Schuman en fut profondément blessé. 

Schuman conserva durant son ascension son entière modestie (il n’aimait ni les voitures à cocardes, ni les escortes policières et préférait l’autobus).  Longtemps locataire d’un petit logement à Paris rue du Bac au sixième étage et sans ascenseur, il se contenta comme ministre,  de loger dans le  minuscule appartement de la rue de Verneuil qu’il acheta au début des années cinquante.  Schuman  était tout aussi simple pour ses repas qu’il prenait  dans les restaurants les plus modestes.

 

A l’âge de soixante-cinq ans il révolutionne le vieux continent

 

Ministre des affaires étrangères sans interruption de septembre 1948 à décembre 1952 sous 8 gouvernements différents,  c’est en cette qualité qu’il fit, au nom du gouvernement, la déclaration du 9 mai 1950, qui est à l’origine du  « plan Schuman » qui donnera le jour à la Communauté européenne.

« L’Europe ne se fera pas en un seul jour et d’un seul coup, mais moyennant des réalisations concrètes, créant d’abord une solidarité de fait.  Le regroupement des nations européennes exige que l’opposition séculaire entre la France et l’Allemagne soit éliminée. L’action entreprise doit donc se tourner avant tout vers la France et l’Allemagne.  A cet effet, le Gouvernement français propose d’agir immédiatement dans un secteur limité, mais décisif ».

Afin de pouvoir faire cette déclaration d’apparence anodine, mais en réalité tout à fait révolutionnaire, Schuman usa de finesse. La genèse de cette déclaration mérite qu’on la détaille. En réalité cette déclaration a été écrite par Jean Monnet, le Commissaire au Plan du gouvernement français par la grâce de Léon Blum.  Dès 1943-44, Jean Monnet avait déjà émis l’idée d’une coordination  entre les différents pays d’Europe mais c’est en 1949 que l’on va penser sérieusement au futur de l’Europe à la  suite de signes annonciateurs d’une  nouvelle  crise entre pays européens.  Il y a d’abord la surproduction d’acier et d’un début d’une véritable guerre des prix entre la Ruhr et le Nord de la France, vient ensuite la guerre froide qui bat son plein et qui  fait craindre qu’après la Tchécoslovaquie ce soit toute l’Allemagne qui bascule dans l’orbite soviétique.  En septembre 1949, ne l’oublions pas, la première bombe atomique russe explose et la course à l’armement va prendre des proportions dantesques. Les hommes politiques sentent donc que quelque chose doit naître. Le chancelier Adenauer est un homme d’avant-garde, il propose même  le 9 mars 1950, dans une déclaration au directeur de l’International News Service, de réaliser une union complète, politique et économique entre la France et l’Allemagne ! Au Quai d’Orsay, on hausse les épaules, les hommes politiques français soupçonnent quelque machiavélisme. Schuman lui se tait mais n’oublie pas cette proposition insolite qui alimente sa réflexion. Jean Monnet quant à lui ne dit rien mais est marqué par cette déclaration. Rapidement, durant les vacances de Pâques, il consacre un séjour à la montagne pour réfléchir et  écrire un texte de six feuillets qui détaille les idées majeures et le mécanisme de ce qui deviendra le « plan Schuman ».  Entamer le processus de réconciliation après 85 ans de haine demande une immense ténacité mais aussi discrétion. Discrétion parce que de longues discussions sur un pareil projet, à coup sûr, exacerberont à nouveau  les passions nationalistes et bloqueront tout accord. Il n’empêche que Monnet doit bien trouver l’un ou l’autre politique pour faire passer ses idées.  L’équipe qu’il choisit va se montrer miraculeusement efficace ; elle est composée d’un juriste du quai d’Orsay, Paul Reuter, du directeur de cabinet de Robert Schuman Bernard Clappier et de deux amis de Jean Monnet, Pierre Uri et Etienne Hirsch.  Avec ces quatre hommes, Monnet va revoir son texte  des dizaines de fois mot par mot. Il faut absolument que le texte soit prêt pour le 10 mai date à laquelle Bevin, Acheson et Schuman doivent se retrouver à Londres pour parler de l’Allemagne. Le 22 avril, M.  Falaise, directeur du Cabinet Georges Bidault remet les propositions de Monnet à son patron.  Celui-ci ne les lira pas.  Devant l’absence de commentaire du Président, le 29 avril, Monnet décide de faire porter le duplicata de la note à Schuman.  Clappier le remet à Schuman  sur le quai de la gare de l’Est en lui disant : « jetez un coup d’œil, c’est important ».  Moins de 48 heures après, le téléphone sonne chez Monnet : une voix presque timide, celle de Schuman, lui dit « je marche ».   Il restait alors moins de dix jours pour convaincre six gouvernements, l’Angleterre et l’Amérique de cautionner le projet.  A la lecture de ces quelques paragraphes, on pourrait croire que Monnet a tout fait et Schuman rien.  La réalité est autre.  Si Monnet est l’auteur de la « pièce », Schuman en sera le metteur en scène  en sept jours !  Le 3 mai, il y a conseil des ministres, Schuman demande la parole et d’une voix monocorde et faible il expose très vaguement son idée.  La plupart des ministres entendent mal et par lassitude approuvent.  Seuls Bidault, Pleven, Meyer ont montré de l’attention mais après tout il ne s’agit pour eux que d’un plan farfelu et original. . . Feu vert donc pour Schuman qui doit néanmoins continuer d’aller très vite tant que personne n’a encore clairement compris l’enjeu !  Le 9 mai, un membre du cabinet de Schuman se présente chez le Chancelier Adenauer et le met au courant, Dean  Acheson est informé de la même façon tandis qu’au même moment Schuman entre au Conseil des ministres.  Cette fois il annonce clairement  toute l’opération : tout se jouera à Londres le lendemain mais pour atteindre le succès escompté, il exige de mettre immédiatement et préalablement  l’opinion publique au courant des enjeux du traité qui sera discuté à Londres le lendemain. La discussion se prolonge, René Mayer, ministre de la Justice prend la parole et soutient le projet avec fougue.  René Pleven dit tout le bien de l’initiative : Schuman sort de Matignon vainqueur car Pleven et Mayer ont donné leur accord sans réserve ! Schuman  reçoit alors immédiatement les ambassadeurs  pour exposer les enjeux  qui seront discuté le lendemain à Londres. Il ouvre la conférence de presse destinée aux journalistes en expliquant l’initiative. Il ne s’agit pas dit-il de vaines paroles mais d’un ace hardi, constructif. L’introduction se termine par cette phrase : « Une Europe où la Ruhr, le Sarre et les bassins français travailleront de concert et feront profiter de leur travail pacifique tous les Européens sans distinction, qu’ils soient de l’est ou de l’Ouest, et tous les territoires, notamment l’Afrique, qui attendent du vieux continent leur développement et leur prospérité. »

  Le jour de l’entrevue à Londres, l’annonce du Plan s’étale sur six à huit colonnes dans les journaux du monde et selon les prévisions de Schuman, les commentateurs, qui n’ont pas eu le temps de recevoir les critiques des grands patrons de la sidérurgie et des nationalistes revanchards, proclament  avec enthousiasme que ce plan signera la fin définitive de la guerre entre européens !

Monnet et Schuman  ont donc remporté leur pari audacieux. Aucun des deux ne pouvait réussir seul.  Ces deux hommes n’eurent  jamais entre eux la  moindre amitié. Certes ils s’estimaient  mais jamais ils ne se louangèrent mutuellement  de leur succès parce  que finalement ils n’eurent jamais besoin de beaucoup de reconnaissance pour vivre  mais seulement du sentiment d’avoir toujours été fidèle à leur idéal !    

 

Le 25 juillet 1952, la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier voyait sa concrétisation.  Jean Monnet fut installé à sa tête au Luxembourg.  Les bases de la  nouvelle Europe étaient fondées de manière parlante et symbolique : le charbon et l’acier n’avaient-ils pas été toujours la cause d’un grands nombre de conflits ?

Le mercredi 19 mars 1958, Robert Schuman est élu à l’unanimité Président de l’Assemblée Parlementaire Européenne. Quel honneur pour cet homme dont l’allure est celle  d’un notaire de province.  Un peu gauche, ne possédant que de piètres qualités oratoires, très myopes,  Robert Schuman  se sentait plus à l’aise dans les couloirs de l’abbaye de Ligugé (où il y effectua de nombreuses retraites) que dans ceux du Palais-Bourbon ! 

Schuman  était un  célibataire endurci (il confessa à Jules Moche « qu’un vrai croyant ne peut commettre l’acte de chair que dans le mariage ») qui n’avait qu’un seul objectif : servir sans faille.  On ne lui connaissait  qu’une double passion : son terroir mosan (en 1926, il acheta à Scy-Chazelles une maison, où il aima se retrouver au calme. Cette demeure  était entretenue par une gouvernante sourde et à moitié muette qui resta au service de Schuman pendant 42 ans)  et sa collection de  quatre mille  livres et autographes  (autographes de nombreux rois de France et d’écrivains). Claudio Landreni raconta sur ce lecteur passionné deux belles anecdotes :

Dans le train qui le ramenait de Londres à Paris, le Président Auriol offrit gentiment le champagne aux journalistes :

-Et je bois à votre santé, messieurs dit-il en levant sa coupe.

-Et mesdames, corrigea Robert Schuman en regardant Lise Elina, reporter de la radiodiffusion française.

-J’ai constaté dit le Président que vous remarquiez toujours les dames !

-C’est peut-être pour cela, rétorqua Schuman, que je suis resté célibataire !

Quand il se trouvait à Metz où il avait son étude d’avocat, Robert Schuman avait l’habitude d’aller en autobus à sa maison de Scy-Chazelle.  Près de l’arrêt d’autobus, il y avait un kiosque à journaux.  Schuman, chaque fois qu’il faisait le trajet et pendant qu’il attendait l’autobus se distrayait à lire les journaux accrochés  autour du kiosque.  Finalement il était tellement absorbé par la lecture qu’il manquait souvent l’autobus et, à sa grande joie, était forcé d’attendre le prochain.  Un monsieur qui par hasard le rencontrait chaque fois, lui dit un jour : « Maître, je crois que vous devriez engager un secrétaire qui vous empêcherait de lire, sinon, vos clients se fatigueront d’attendre votre retour ». 

     

           

Finalement le mérite de Schuman, ce Rhénan véritable moine-politicien,  « réaliste mystique » (J.  de Borbon-Busset) , « homme carrefour » sur une terre déchirée ne fut-il pas avant tout, avant même d’être un des Pères fondateurs de l’Europe, d’être  le grand humaniste qui réforma le sentiment patriotique en lui enlevant sa sauvagerie dévastatrice ?

Imprégnons-nous une dernière fois de sa parole :

« Le patriotisme, ce sentiment noble qui a forgé les nations, qui leur a proposé et fait accomplir des tâches magnifiques, a fréquemment dévié, dégénéré en intolérable fanatisme et est ainsi devenu une source d’insécurité et de déchirements fratricides.  Nous ne sommes, nous ne serons jamais des négateurs de la patrie, oublieux des devoirs que nous avons envers elle.  Mais au-dessus de chaque patrie, nous reconnaissons de plus en plus distinctement l’existence d’un bien commun, supérieur à l’intérêt national, ce bien commun dans lequel se fondent et se confondent les intérêts individuels de nos pays.  La loi de la solidarité des peuples s’impose à la conscience contemporaine.  Nous nous sentons solidaires les uns des autres dans la préservation de la paix, dans la défense contre l’agression, dans la lutte contre la misère, dans le respect des traités, dans la sauvegarde de la justice et de la dignité humaine. »      

 

        

 

 

Sources et bibliographies

-  « Robert Schuman », Raymond Poidevin, collection Politiques et Chrétiens, Editions  Beauchesne,1988.

-  « Robert Schuman cet inconnu », Claudio Landrini , 1967 Imprimerie Saint-Paul S. A.,

Luxembourg.

             - « Robert Schuman, Père de l’Europe », René Lejeune, Editions du Jubile, 2000

             -  Article écrit par Georges Suffert à l’occasion de l’enterrement de Robert Schuman,

                   Dans l’ « Express », 12 septembre 1963

 

 



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