Médecins de la Grande Guerre
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Un grand merci à Monsieur Fabrice Holoye pour le don d’une série de jolies photos LE
THEATRE AU CAMP DE SOLTAU[1] Les
nombreux prisonniers réunis au camp allemand de Soltau
ont essayé de tirer parti, le mieux possible, des démoralisants loisirs que leur
laisse la captivité actuelle. Ils ont commencé par créer une université, à laquelle
il ne manque qu'un cours médical, les médecins ayant de la besogne ailleurs. Ils
y ont même adjoint une école supérieure de commerce très florissante L'assiduité
que montrent les universitaires prisonniers est même telle que les directeurs improvisés
espèrent pouvoir arriver à faire passer des examens et à délivrer des diplômes qui,
plus tard, pourraient être validés officiellement. Quelques
intellectuels belges et français prirent même l'initiative de faire paraître un
petit journal de huit pages, du format 31 x 22 centimètres, et intitulé Les
Camp du Hanovre. Dans le numéro que nous avons sous les yeux, on trouve non
seulement de la prose intéressante et de bons vers, mais aussi une chronique sportive
où l'on donne les résultats d'un match de football, qui mit aux prises une
équipe franco-belge et une équipe anglaise. Celle-ci l'emporta par 3 goals
contre 2, grâce, dit l'auteur du compte rendu, à son jeu serré et à sa bonne coordination,
qui furent unanimement admirés. Dans
un autre camp allemand, à Dulmen, M. Jean Bourbon, l'excellent
artiste de la Monnaie, s'était déjà improvisé directeur de music-hall et, au bout
de trois semaines, réussissait à récolter, au profit de ses camarades belges et
français, une somme de 3000 francs, qui permit de leur procurer de nombreux tricots
et chaussettes de laine. A
Soltau, on songea à faire quelque chose d'analogue.
Un prisonnier, qui avait fait la campagne de Madagascar, rappela que, le lendemain
de la prise de Tananarive, il avait aidé un groupe de légionnaires à dresser des
tréteaux dans une paillotte abandonnée et à construire une scène où l'on donna
la « première » de Champignol malgré lui,
alors dans toute sa nouveauté. Cette inénarrable bouffonnerie avait fait, pendant
des semaines, la joie des soldats exilés. Des représentations de vaudeville n'obtiendraient-elles
pas le même succès à Soltau, où l'on disposait d'ailleurs
de moyens beaucoup moins rudimentaires ? Oui, sans doute. La
fondation d'un théâtre fut donc décidée et l'on se mit aussitôt à l'œuvre. Un peintre
se chargea de la décoration du Cosmo-Palace, nom dont on affubla la vaste
salle des fêtes. L'on fit venir des perruques et des accessoires pour la troupe
qui s'était formée, et les répétitions – qui groupèrent d'excellents amateurs et
même quelques professionnels – permirent de représenter bientôt le Paradis, l'hilarant
vaudeville de notre compatriote Hennequin ; Papa, une
comédie légère des deux maîtres du genre, R. de Flers et A. de Caillavet, et enfin
Mademoiselle Josette Ma Femme, un chef-d’œuvre de fine ironie. Le succès fut
énorme. A vrai dire. l'élément féminin faisait totalement défaut, mais on s'inspira
de la règle traditionnelle qui veut, que, au Japon, les actrices soient toujours
remplacées par des hommes. Les
prisonniers russes, qui comptent de nombreux
virtuoses, ont également donné au « Cosmo-Palace » un concert de musique religieuse
et ils annoncent une audition consacrée à l'école moderne slave. Les
diverses festivités ont déjà rapporté une somme fort rondelette, qui a comblé d'aise
les prisonniers nécessiteux.
[1] Texte et les réductions de programmes de fêtes de Soltau sont tiré de « ALMANACH RETROSPECTIF 1917 » Les éditions Brian Hill. |