Médecins de la Grande Guerre
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Durant la Grande Guerre, les Allemands eurent comme objectif d'enlever aux colonies belge, française et britannique suffisamment de territoire pour pouvoir amalgamer leurs trois territoires africains, le Cameroun, l'Ouest et l'Est- Africain. La guerre en Europe donnait aux Allemands le prétexte rêvé de réaliser leur rêve africain. Les alliés sentant la menace prirent les devants. L’armée coloniale belge défendait un territoire de deux millions quatre cent mille kilomètres carrés et comptait en principe sur 18.000 soldats (un Belge pour cinquante soldats congolais). Le 22 août 1914, le Congo rentrait en guerre contre les colonies allemandes. Le 24 septembre, les Allemands sortirent du Rwanda qui faisait partie de leur colonie et envahirent l’île Idjwi située dans le Lac Kivu et faisant partie du territoire congolais. Avec leurs faibles moyens, les Belges décidèrent de riposter. Le colonel Henri s’en alla occuper les hauteurs qui dominent le port de Gisenyi au nord du lac Kivu tandis qu’un premier détachement belge s’en va prêter main forte aux Français pour envahir la possession allemande du Cameroun. Première épisode : La conquête du Cameroun et
l’héroïsme du sergent Mambamu Le
30 septembre, le bateau « Luxembourg » quitta Léopoldville avec 136
soldats sous les ordres du lieutenant Bal[1].
Le « Luxembourg » remonta l’Ubangui
pour rejoindre le poste français de Dungu menacé par
les Allemands. Dungu hors de danger, les Belges
allèrent prêter main forte aux Français pour
attaquer le poste allemand de N’Zimu. Celui-ci
résista trois jours avant d’être enlevé par l’ennemi. Plus rien n’arrêta alors
les Français et Belges qui bientôt se rendirent maître de la vallée de Pendant plus
de 18 mois, vous avez connu les journées
torrides et l’humidité froide des nuits sans abri ; vous avez supporté les
pluies torrentielles de l’Equateur ; vous avez traversé des forêts
impénétrables et des marécages fétides ; vous avez sans relâche, enlevé
l’un après l’autre les retranchements ennemis en y laissant de nombreux
camarades. Manquant de vivres, parfois de munitions, les vêtements en lambeaux,
vous avez poursuivi votre marche glorieuse sans une plainte, sans un murmure, jusqu’à ce
que vous ayez atteint le but qui vous était fixé. Avant de me séparer du contingent de C’est au cours de cette campagne que se distingua le sergent Mambamu dont l’histoire[2], racontée par J.M Jadot (de manière infantilisante et paternaliste, mais cette histoire est écrite en 1937 et reflète la mentalité des colons de cette époque), commence de cette façon : Né dans un
coin de forêt dans le Bas Uelé, poussé comme
une herbe folle pousse sous le Tropique et tôt fait milicien par le
choix de son chef, Mambamu avait conquis sans grande;
peine le galon de laine jaune de « premier » soldat au camp d’instruction d’Irebu,
le double galon pourpre de « caporal » dans
un poste de brousse et le large galon, de « sergent », soie rouge brochée d’orfroi
à Léopoldville même ! Il s’était alors
acheté une pipe de bruyère de merisier, baguée d’argent, puis s’était
mis en ménage. Mais l’abus du tabac le rendit somnolent ; et la paternité,
indulgent à l’excès, si bien que, pour avoir négligé ses troupiers et couverts
leurs maraudes, il dut jusqu’à 7 fois en l’espace d’un an, serrer son calumet dans son sac, revêtir la tenue de
corvée, baiser femme et enfants, signer d’une main lourde le registre d’écrou
de Le sergent Mambamu participa à tous les combats jusqu’au jour fatidique du 2 septembre où les Belges manquèrent d’être défaits. Il s’en valut de très peu comme nous le raconte J.M Jadot : Mais voici
que, dans l’aube ocreuse du 2 septembre, l’espoir grisé du souvenir de Sedan,
un fort parti germain, quatre fois plus nombreux que la troupe des nôtres, se
rue à même la brousse en assaut forcené. Les nôtres se défendent. Les salves se
précipitent, des baïonnettes se cherchent, des étreintes se nouent, se tordent
et s’écroulent. C’est la mêlée à mort dont la rumeur s’élève, dans l’air
incandescent qu’empuantit la poudre,
vers le soleil de Dieu qui monte dans l’azur. Vers dix heures, les nôtres sentent
qu’on les a encerclés. Leur ardeur en redouble. Mais le cercle se resserre en
étreinte qui tue. Nos clairons sonnent
la retraite. Sous le tir convergent des armes ennemies, le détachement doit
tâcher de se dégager et de se tirer du mauvais pas sans trop de pertes. Or, Mambamu commande la section la plus avancée dans l’attaque,
la plus éloignée du salut. Il la rassemble, y fait choix de six hommes,
souhaite aux autres de se débrouiller heureusement, puis, s’adressant à ses
élus : - Vous autres six,
dit-il, vous êtes mauvais soldats : tire-au-flanc, maraudeurs,
boit-sans-soif, chevaux· de retour du cachot et de la chaîne. Quant à moi,
votre chef, je suis une moule ! On me l’a dit cent fois ! Un grognement
approbatif répond à cette mise à l’ordre du jour. Mambamu reprend : - Vous autres six
et moi septième, nous avons tous, dans nos livrets de solde, une piteuse page
noircie de punitions marquantes ; moi votre chef, j’en reçus sept en
l’espace d’un an. – Hum Hum !
approuvent les six chenapans. Une balle siffle aux oreilles du sergent et brise une
branche à six pas. –
Minute ! fait-il, goguenardant. Que six hommes comme vous et qu’un
septième comme· moi soient tués, cela n’a pas d’importance. –
Hum ! acclament les six héros. –
Clairon ! La charge ! Les autres sonnent la retraite … –
La charge ! Nom de
nom ! La Chaaarge ! Les notes claires, vibrantes, pressées,
galopantes, de la charge couvrent la sonnerie déjà lointaine de la retraite,
dominent les hurlements victorieux de l’ennemi. Mambamu
et les siens, baïonnette au canon, un coutelas aux dents, leurs cartouches dans
la main gauche furieusement crispée, se ruent vers Hommage donc aux soldats congolais qui furent si dévoués à la cause de leurs officiers belges ! Mambanu est un de leurs dignes représentants et son héroïsme, son sacrifice est certainement aussi impressionnant que celui du lieutenant Lippens et du sergent De Bruyne devant l’armée esclavagiste quelques années auparavant. Un deuxième épisode : Peu de temps après, vers le 15 novembre, deux compagnies belges furent envoyées cette fois en Rhodésie pour y renforcer les troupes anglaises. Le 28 et 29 juin 1914, les compagnies furent attaquées par les troupes allemandes dans le poste de Saisi. Ils durent soutenir un siège de 8 jours avant d’être délivrés par les troupes anglaises venant d’Abercorn. En novembre 1915, les compagnies revinrent au Congo pour se préparer à la campagne du Tanganyika. La préparation du troisième épisode : la maîtrise
du lac Tanganyika L’île d’Idjwi était le seul point de notre territoire africain
occupé par l’ennemi. Les Allemands étaient maîtres du lac Kivu et du lac Tanganyika.
Au Havre, le Ministre des Colonies, M. Renkin parvint à vaincre toutes les oppositions au projet de passer de
la défensive à l’offensive. La campagne de l’Est Africain allait s’ouvrir. Le
Commissaire Général Henri était chargé de la conduite des opérations
militaires défensives de La décision de renoncer à une défensive aussi énervante qu’onéreuse, prise en février 1915, ne put entrer en réalisation qu’en avril 1916. Le colonel Moulaert et le major Stinghlamber créèrent une base navale à Albertville pour s’assurer la maîtrise des lacs Kivu et Tanganyika. Le vapeur belge «A. Delcommune» qui avait été coulé par les Allemands, fut remis à flot. Une chaloupe canonnière fut montée. Et le bateau glisseur «Netta» fut amené sur le Tanganyika. Un détachement de marins anglais sous la direction du capitaine Spicer Simon nous aida avec 2 petits cruisers automobiles, le « Toutu » et le « Fifi » qu’ils tractèrent depuis Elisabethville au moyen de tous les moyens imaginables par monts et par vaux ! L’aviation arrivait sur place, et on procéda au montage du « Baron Dhanis» et d’un remorqueur. Le 26 décembre 1915, le remorqueur allemand « Kingani» était en vue d’Albertville. Aussitôt, les deux cruisers anglais et la canonnière attaquent. Après quelques minutes, le capitaine allemand amène son pavillon. Première victoire. Le remorqueur remis en état et armé, navigue sous pavillon belge. Le 9 février 1916, le vapeur «H. Von Wissmann» en vue de M’toa est attaqué et coulé par les Belges et le détachement des marins anglais. Les Allemands perdirent aussi le « Graf von Goetzen » amarré dans le port de Kigoma. La manière dont ce navire fut mis hors de combat fut peu banale ! C’est l’aviation belge, amenée tout exprès, d’Europe, qui fut l’artisan de cette victoire. L’histoire de ce fait d’arme a été décrite avec beaucoup de détails par monsieur J.P. Sonck[3]. Je vous le résume ici! Le ministre des Colonies
Renkin avait accepté la proposition du colonel Tombeur de fournir à la force
Publique des hydravions pour récupérer
la maîtrise des lacs Kivu et Tanganyika. Renkin avait demandé conseil au
capitaine-commandant de Bueger. Cet ancien colonial et
aviateur d’hydravion expérimenté, grâce aux relations privilégiées qu’il entretenait
avec les Anglais, avait reçu un hydravion Farman du Royal Naval Air Service pour patrouiller
régulièrement au-dessus de la côte belge. De Bueger assura au ministre qu’il était possible d’employer
l’aviation en Afrique Centrale. Réponse qui lui valut, le 21 novembre 1915, la mission d’organiser et de diriger
l’expédition d’hydravions au Katanga. De Bueger forma son escadrille avec trois pilotes : le lt Orta, les slt Behaeghe et
Castiaux ; deux observateurs : les slt Russchaert et Collignon ; trois sous-officiers mécaniciens et deux sous-officiers menuisiers.
La nouvelle escadrille belge obtint de La Royal Navy quatre hydravions Short 827. Cet appareil pouvait emporter 1000 kg de charge
et était armé d’une mitrailleuse Lewis calibre 303 avec cinq chargeurs-tambours de 97 coups. Lieutenant – Général Baron Tombeur de Tabora En décembre 1915, les
quatre hydravions furent démontés et mis
en caisses. Furent aussi emportés deux moteurs de réserve, de la toile d’avion
et des pièces de rechange. Tout ce matériel fut transporté à Falmouth où il fut
embarqué à bord du paquebot « Anversville » de 7694
tonnes, dans lequel les membres de l’escadrille devaient aussi prendre place.
Le chargement du navire comprenait également une TSF, des touques d’essence et
des munitions pour Une base navale fut
alors spécialement construite sur les
bords d’un petit lac (Tongwe) à Mtoa
à quelques km d’Albertville. Elle comprenait les logements et le réfectoire destinés au
personnel navigant et non-navigant, le bureau de l’escadrille, un atelier mécanique
et une menuiserie, quatre hangars pour les hydravions, des dépôts pour les
bombes et les munitions, des réservoirs pour le carburant d’aviation et un plan
incliné constitué de madriers et de planches pour la mise à l’eau des
appareils. Le 14 mai, le premier hydravion remonté prenait son envol et le 30
mai, l’escadrille possédait deux
hydravions remontés. L’offensive aérienne
devait démarrer à l’aube du 2 juin, mais l’hydravion « 3094 » du slt Orta heurta un tronc d’arbre
au décollage et se brisa. L’appareil fut renfloué pour être réparé. Il fut impossible de lancer des
missions avant le 11 juin au soir. Ce
jour là le pilote Behaeghe
demanda la permission de pouvoir effectuer une mission de bombardement et il
partit vers 17h15 avec l’observateur Collignon[4]
dans l’appareil « 3093 ». Une panne obligea le pilote à amerrir et à lancer ses
fusées de détresse qui furent repérées par l’équipage du bateau « le
Vengeur » qui le remorqua jusqu’à la base le lendemain matin. Lorsque les
mécaniciens examinèrent le moteur pour découvrir la cause de la panne, ils
s’aperçurent que deux bouchons purgeurs avaient cédés. Mise à l’eau d’un hydravion belge au bord du lac Tanganyika L’appareil fut remis en
état et une nouvelle mission fut lancée le 12 juin vers 18h00 avec le même
équipage qui put survoler à basse altitude le port de Kigoma. L’observateur
Collignon réussit à lâcher deux projectiles de 65 livres sur le navire allemand
« Graf von Götzen » et un des engins explosa sur le
gaillard arrière. L’hydravion sur le chemin de retour connut alors une nouvelle panne provenant des bouchons purgeurs et dut à nouveau être
remorqué par « le Vengeur ». Suite à la mise hors service du bateau
allemand, l’équipage fut cité à l’ordre du jour. Quinze jours plus tard, le
problème des bouchons-purgeurs fut résolu par les mécaniciens des ateliers CFL
de Kindu qui en fabriquèrent de plus solides. L’atelier fabriqua aussi des radiateurs supplémentaires à placer sur
les hydravions pour remédier à la
chaleur trop importante qui avait causé toutes les pannes. Le 25 juin 1916, le
troisième appareil numéroté « 3095 » du pilote Castiau
et de l’observateur Russchaert fut remonté et intégré
au sein de l’escadrille et les trois équipages volèrent en formation au-dessus
du lac. Ils firent de nombreuses missions de reconnaissance et aidèrent ainsi les troupes au sol qui
approchaient de Kigoma. Finalement, le 23 juillet, l’escadrille constata avec
surprise que l’ennemi avait complètement abandonné le port de Kigoma en
sabordant sa flottille. Kigoma fut alors occupée le 27 juillet sans combats par les
troupes du lt-col Thomas, chef du 2e
régiment de la brigade Sud. Le 10 août suivant, une
grande partie du lac était aux mains des Belges et l’escadrille au complet
s’envola de la base de Mtoa pour rallier la ville
conquise où ses membres furent reçus par le col Olsen, chef de la brigade Sud. Olsen
félicita les équipages pour leur action
décisive et leur confia, qu’à chacune de leurs attaques aériennes, ses troupes
avaient senti fondre la résistance ennemie. Général F. V. Olsen, Commandant de la Brigade Sud Sans autres objectifs à
attaquer, la présence des hydravions devenait maintenant obsolète
et les appareils furent à nouveau démontés et mis en caisses. Epuisé par ses
nombreuses missions, Aimé Behaeghe dut être évacué
vers l’hôpital de Niemba où il décéda. Son corps
demeura en terre d’Afrique, tandis que
ses camarades regagnaient Troisième épisode : la conquête
de Tabora Pendant que la situation sur les lacs
tournait à notre avantage, l’armée de terre s’apprêtait à envahir l’Est-African allemand (Tanzanie actuelle). Les troupes
congolaises comportent 719 officiers et sous-officiers belges et 11.698 gradés
et soldats congolais. Les soins de santé furent assurés par le Dr Trolly (hôpital de Pweto), le Dr
Mouchet de Compagnie cycliste de la Force publique, détachement du Katanga Baudouinville, 1916 (Coll. KLM-MRA DE(c) 11005) Sous
la direction du général Tombeur, les troupes sont divisées en deux brigades. La
brigade du nord sous les ordres du colonel Molitor pénètre au Rwanda, occupe
Kigali puis Nyanza
où se trouve la résidence du roi des Watutsi avant de se mettre en route vers Tabora. La
brigade sud (cette brigade comprenait une compagne cycliste !) sous le
commandement du colonel Olsen occupa Busumbura le 17
juin puis longe le lac Tanganyika pour
occuper le 28 juillet Kigoma où la flottille ennemie immobilisée par nos pilotes d’hydravion s’est
sabordée. De Kigoma la brigade sud suit la ligne de chemin de fer qui se dirige
en ligne droite vers Tabora. Les troupes ennemies sont sous la direction du
général Von Lettow. Surpris par l’avancée des
colonnes, les Allemands abandonnent l’île Idjwi pour
ne pas se retrouver en arrière de leurs lignes. La brigade de Kigali a rejoint
le lac Victoria puis, dans sa marche
vers l’est, est attaquée à Kato le 3 juillet par
l’ennemi dans un violent combat :
l’Etat-major du 4ème régiment, encadré d’une soixantaine d’hommes
est surpris dans son campement par l’ennemi au nombre de 400. Les hommes
gagnent alors les petites tranchées qu’ils ont creusées et résistent en attendant du renfort du
régiment. Ce sont les mitrailleurs du régiment
qui apportent la délivrance. L’ennemi
abandonne et se retire mais l’on compte beaucoup de victimes dans les rangs de Le Major Rouling La brigade nord attaque l’ennemi le 2
septembre à Korogwe,
poursuit sa marche vers Tabora, combat le 13 et 14 septembre à Itaga. La brigade sud, quant à elle, enlève le 30 août la
gare d’Usoke qu’elle dut défendre du 2 au 6 septembre car l’ennemi tenta de la reprendre. Malgré les
combats, en moins de six semaines, Quatrième épisode : la
deuxième campagne de la force Publique dans l’Est africain. En mars 1917, le capitaine allemand Wintgens, officier à l’ascendant extraordinaire, parvint à la tête de 600 soldats à percer le front anglais. Le gouvernement anglais fit appel une nouvelle fois à la collaboration des Belges ! Le colonel Tombeur étant rentré en Belgique, c’est le colonel Huyghe qui prit le commandement des troupes belges pour poursuivre Wintgens et occuper le plateau de Mahenge au sud-est de Tabora. Wintgens malade se rendit aux Belges mais sa colonne, sous la direction de Naumann mena d’incessants combats et ne se rendit qu’au début du mois d’octobre. Les Belges prirent possession de la place fortifiée de Mahenge le 9 octobre mais les troupes allemandes ne furent pas pour autant totalement vaincues. Von Lettow réussit en effet à rassembler les restes de son armée pour les abriter dans la colonie portugaise du Mozambique. Le 25 novembre 18, les troupes allemandes invaincues quittèrent la brousse où ils se cachaient et conformément à l’armistice se rendirent aux autorités anglaises dans la ville D’Abercorn pour y déposer les armes, soit un canon portugais, sept mitrailleuses allemandes, trente anglaises, 1060 fusils anglais et portugais ! Faisaient partie de cette valeureuse troupe, le gouverneur von Lettow, 20 officiers, cinq officiers médecins, un médecin volontaire, un pharmacien, un secrétaire télégraphiste, 125 européens de grade divers, 1156 soldats Askaris[5] et 1.156 porteurs ! Le général von Lettow invaincu rentrait dans la légende après quatre années de combats incessants et de manœuvres continuelles dans la savane africaine … Après
la guerre, l’ensemble des territoires occupés par Les militaires
belges perdirent 132 hommes dont un médecin militaire (le Dr Schram).
Les soldats congolais eurent leurs héros mais la plupart d’entre eux, morts à
la guerre ou ayant survécus restèrent
dans l’anonymat. 1.895 périrent dont les deux-tiers par la maladie ou
l’épuisement. Il n’existe, à ma connaissance aucun monument qui commémore « le
soldat inconnu congolais » mort pour Le 1er sergent Barasi, 1er bataillon, ca 1917. (Coll. KLM-MRA EST 2072-1) Attribution
de la médaille d’or avec palme de l’ordre de l’Etoile africaine et croix de
guerre au caporal Masiganda no « Blessé grièvement d’une balle à la tête
au combat de l’île Idjwi, au début de septembre
1914, et fait prisonnier par les Allemands, a résisté pendant deux ans aux sollicitations et aux menaces de
nos ennemis qui voulaient le faire servir dans leurs rangs. Plutôt que de leur
céder, a préféré accomplir un dur travail de portage dangereux pour lui-même,
pour sa femme et les deux enfants qui
l’accompagnaient. Ayant réussi à prendre la fuite, il est parvenu à
conduire dans nos lignes après un voyage d’un mois, un détachement de huit
soldats prisonniers avec lui. Attribution de la médaille d’or avec
palme de l’ordre de l’Etoile africaine et de La croix de guerre au 1er
sergent Barasi
A.R. 20 novembre 1916 « Au combat de Samfu
(Rhodésie) le 20 mai Les victimes innocentes de cette guerre : les
porteurs Des dizaines de milliers de porteurs furent engagés ou forcés d’amener le matériel et les vivres aux combattants et cela très loin des bases de la force publique. Un officier utilise jusqu’à 20 hommes pour ses bagages. Durant la durée de la guerre on estime que 260.000 hommes furent recrutés ou réquisitionnés pour servir comme porteurs. 20.000 accompagnent les troupes, l’immense majorité intervient par étape pour le transport des vivres et des munitions depuis les bases du Congo belge. Chiffre énorme, 6.600 d’entre eux périrent dont beaucoup dans la région dévastée de Mahenge où régnait la famine. Un officier belge qui participa à la campagne Africaine, Pierre Daye[6] témoigne de ce que fut l’effroyable portage : Est Africain Allemand (occupation Belge). Porteurs Il
y avait souvent une trentaine d’étapes quotidiennes entre le terminus du chemin
de fer et la base à ravitailler, ce qui fait que pour les obus de Un régiment
en marche comprenait environ quinze
cents soldats et au moins trois mille porteurs chargés des munitions, des
vivres, du campement. Dans l’étroit chemin, cette foule était forcée de marcher
à la filé indienne et, dans la plaine sans limite, elle formait un long
serpent zigzaguant durant des kilomètres
et des kilomètres. En temps normal, le déplacement d’une telle colonne était déjà été d’une organisation difficile. L’arrêt
d’uni porteur, que la fatigue faisait succomber sous sa charge trop pesante,
pouvait disloquer et immobiliser tout ce qui le suivait. Un fossé, un ruisseau,
un marais à traverser, ses rochers à escalader, une erreur de direction même
minime à corriger, étaient des obstacles qui, pendant parfois plusieurs heures, pouvaient jeter de
la perturbation dans la troupe en marche. Conclusion : Nous sommes en
2011. L’ile Idjwi au centre du lac Kivu fut le point de départ
de Hannut, ce 15 janvier 2011 Dr Patrick Loodts Bibliographie - Colonel Emmanuel Muller, Les troupes du Katanga et les Campagnes d’Afrique, 1935, Etablissements Généraux d’Imprimerie, rue d’Or Bruxelles. - Bernard Lugan,
Arnaud de Lagrange, Le safari du kaiser, -Hermans Kermans et Christian Monheim, La conquête d’un empire, Editions de l’Expansion coloniale, Bruxelles, 1932 - Lisolo na Bisu, 1885-1960, « Notre histoire » Le
soldat congolais de L’ile
Idjwi : Rêverie d’un Eurafricain
D’abord un peu de
flâneries dans l’espace et aussi dans le temps
La baie de Beira Le Kibati petit rafiot à moteur, était le seul moyen de
transport officiel entre le nord et le sud du lac. Un Français, Monsieur Duplan, en assumait le commandement. Il était loin de
sous-estimer les qualités de capitaine que lui donnaient, après dieu, plein
pouvoir sur les passagers se trouvant à
son bord. Il connaissait à merveille le lac avec ses redoutables hauts-fonds,
ses baies accueillantes et les possibilités d’approvisionnement en bois dont
l’île Idjwi constituait la réserve principale. Comme
il voyageait de préférence la nuit, ou partait à l’aube, il nous donna
l’occasion d’admirer de beaux clairs de lune et de merveilleuses aurores. L’une
d’elle nous rendit amoureux du Kivu. Nous avions campé au Nord de l’île Idjwi dans la baie de Beira. Le temps nous avait été
laissé, à ma femme et à moi, d’escalader la colline surplombant le lac. Je n’ai
jamais contemplé spectacle plus impressionnant que celui des grands volcans vus
de cet endroit. La chaîne s’en détachait sur un ciel rougeoyant teinté d’orange
et de toutes les couleurs du prisme, dans une fantasmagorie unique en son
genre. Ce pays de contraste où le calme le plus complet fait place en un rien
de temps aux tornades les plus violentes, aux orages les plus bruyants, vous
prend par l’intensité même de la vie qu’il exprime. Eugène Prince de Ligne, « Africa »,Librairie Générale, Bruxelles, 1961 Une journée unique
« Je me
souviens comme d’une journée unique dans ma vie, de ce séjour dans l’île d’Idjwi, dans la maison hospitalière de Monsieur Clairbois[8].
Le lever, à la fine pointe du jour ; la douceur inégalée de cette brise de
l’aube qui ride à peine le lac, le soleil qui perce dans une si généreuse
lumière ; les cimes orgueilleuses inviolées dans la tendre brume de
l’aurore. On éprouve une sensation profonde de repos et de purification. C’est
ainsi que nos lointains aïeux, avant que nous la profanions, au matin du monde
devaient regarder la nature ». Arthur Wauters, « D’Anvers à Bruxelles via le lac Kivu », 1929 Le premier hôpital de l’île d’Idjwi fut créé par le Prince de Ligne en 1927 Le premier hôpital d’Idwji fonctionna sur un plateau situé à proximité de notre centre actuel de Mamvu. Puis la crise et la guerre mirent nos activités en sourdine jusqu’au retour de la paix. Un de mes souvenirs se situe à l’ombre d’un gros albizia qui surplombait le toit de notre pavillon, à Kihumba. Une simple table était posée sur l’herbe avec un choix fort restreint de médicaments : de la quinine, de la teinture d’iode et de l’ouate avec des bandes de pansement. Vêtue de blanc, notre fille Yolande qui avait obtenu son brevet de soigneuse, s’occupait des affections légères. Elle avait pour surnom indigène : « elle est comme la main du bon Dieu » (…) La « Linea »[9]
créa un fonds social destiné à desservir un pavillon d’hospitalisation et deux
dispensaires bâtis au nord et au sud de l’île. C’est l’architecte van Overstraeten qui fut chargé des constructions. Le premier
débarcadère construit en matériaux durables donnait accès à un dispensaire qui
présentait des terrasses en gradins à l’avant-plan. On entrait dans l’île par
le « Social ». Notre personnel surveillait en outre trois
dispensaires « chefferies ». (…) (…) Notre
troisième hôpital fut construit quelque peu en arrière de celui que l’âge et la
mauvaise qualité du matériau employé nous amenèrent à démolir. (..) Le Docteur de Schrevel, gendre
de feu le gouverneur Brasseur « médecin colonie » dirige avec
compétence le complexe médico-chirurgical qu’i la créé au milieu des
difficultés inhérentes à la période de récession par laquelle passe le Congo.
Son activité est venue à bout de maints obstacles. Sa gentille épouse lui a
déjà donné trois enfants. Parmi les opérations faites parle docteur il en est
une qui mérite une mention toute spéciale. Un indigène est arrivé un certain
jour à l’hôpital, la main presque séparée de l’avant-bras par un coup de
machette, à la suite d’une rixe sanglante. Schrevel
au lieu de procéder à une amputation a suturé la main au bras et la circulation
s’est rétablie. Le blessé est reparti guéri. Eugène Prince de Ligne, « africa », Librairie Générale, Bruxelles, 1961 Le
dernier hippopotame du lac Kivu
Léopold de Bonhome, celui qui conduisit en « gentleman farmer » le premier tracteur Ford dans notre plantation
de birava, a fait venir au Kivu toute sa famille. Son
père, le colonel de Bonhome, figure attachante et
pittoresque que la rumeur publique accusait d’avoir supprimé le seul
hippopotame du lac, était passionné de pêche. Coiffé d’un chapeau à larges bords,
il aimait taquiner le poisson au débarcadère de Kakondo.
C’est là que j’ai vu pour la dernière fois l’hippo
éclairé par les phares de notre « Packard ». Pour être juste, il me
faut faire mention d’une conversation que j’ai eue avec le plus ancien missionnaire
du Kivu, le charmant père Cool. Celui-ci, toujours coiffé du fez qu’il tenait
de « maison carrée », se plaît à évoquer les souvenirs du passé.
Résidant dans une école d’infirmières offerte par le Fond du bien-être Indigène
à Eugène Prince de Ligne, « africa », Librairie Générale, Bruxelles, 1961 Le rêve : le centre
Eurafrique Shuman
- Mandela
Un projet hors de commun, inédit. Pourquoi ne pas revoir la coopération européenne en Afrique Centrale ? Partir autre principe que le principe que l’aide multifocale. Ne plus répartir la majorité des aides sur de multiples subventions mais travailler à partir d’un « foyer ». Un foyer qui bien alimenté éclairerait progressivement de plus en plus loin, exactement comme un phare…Répartir des milliers de luminaires de 40 volt sur une plage ne servira pas à grand chose pour guider le navire qui cherche sa route…Il en sera bien évidemment autrement avec un phare : pendant de très nombreuses années, il va être un facteur de sécurité pour toute une région côtière ; il va même faire la fierté des habitants du lieu sur lequel il s’élève et son renom dépassera les frontières. En conclusion, pourquoi ne pas opter pour un développement maximal en un endroit stratégique en supposant que d’année en année le cercle dans lequel son action bénéfique s’inscrira, deviendra de plus en plus grand. Explicitons encore une fois notre pensée : si le développement de microprojets au service de la population est une nécessité, ceux-ci ne pourront être d’une efficacité à moyen et à long terme que si cette population a déjà un minimum de conditions assurant leur survie sociale et économique : toute chance de développement nécessite une triple assise 1) des soins de base de bonne qualité : nous pensons spécialement aux soins nécessaires pour ceux qui sont séropositifs ou qui souffrent d’autres syndromes infectieux comme la tuberculose, la malaria etc.) 2) une éducation de base 3) les moyens pour utiliser de la meilleure façon les ressources nutritionnelles (culture, élevage, pêche) 4) la paix et la sécurité des personnes et des biens assurées 5) des voies de communications Les aides au développement actuelles sont souvent il est vrai attribuées pour réaliser ces cinq points mais malheureusement ces aides sont délivrées en des endroits situés à de trop grandes distances l’une de l’autre et seulement pour un des points. Les cinq conditions de base ne peuvent donc que rarement être rencontrées ensemble. Il s’en suit que l’assise ne devient jamais suffisamment solide pour un développement ultérieur et que l’aide attribuée apparaît comme étant à chaque fois jetée un gouffre sans fond. Le principe du phare devrait donc nous guider pour une politique de développement. Il faut procéder à un projet massif englobant complètement ses cinq points dans une région bien déterminée. L’endroit idéal pour installer un premier pôle de développement devrait être certainement l’Afrique des Grands Lacs. Considérations générales : l’Afrique des Grands Lacs connaît d’immenses souffrances. Si des solutions à long terme ne sont pas mises en place, ce carrefour de l’Afrique ne retrouvera pas la paix - L’Afrique noire est la seule région qui ait régressé depuis une génération, là où l’espérance de vie était, en 2002 de seulement 38 ans, la moitié d’une vie occidentale. - Depuis août 1998, selon l’International Rescue Committee, une ONG américaine, la guerre, les épidémies et la faim ont dévasté l’ex-Zaïre et auraient coûté la vie à 3,3 millions de Congolais. - Ces 3, 3 millions de morts surviennent après que 800.OOO Rwandais succombent au génocide de 94, après les 200.000 Hutu qui ont trouvé la mort dans la jungle de l’ex-Zaïre entre octobre 96 et mai 97, après les 300.000 victimes de la guerre civiles au Burundi depuis 93. L’Afrique des
Grands-Lacs est à un tournant de son histoire : si un plan massif en
faveur du développement et de la paix n’est pas réalisé, on peut craindre que
le pire ne soit pas encore survenu. Ce
« pire » serait la « Somalisation »
(En Somalie, faut-il le rappeler, il y a neuf millions d’habitants sans
administrations, sans routes, sans impôts, seulement des chefs de guerre) de
vastes étendues avec comme seule loi, celle imposée par des factions armées
n’ayant comme objectifs que le dépouillement et des hommes et du
sol ! L’Afrique des Grands-Lacs du point de vue stratégique représente 5 pays unis par de nombreux liens
historiques et géopolitiques. Pour que l’avenir pur redevienne souriant,
l’unique solution sera que ces pays forment une Communauté des Grands Lacs. On
voit ici le rôle important que - L’Afrique des Grands-Lacs possède un
immense potentiel de développement. Les terres y sont d’une grande fertilité, l’élevage
est partout possible, les ressources en eau et les ressources minières sont
énormes, les potentiels de communication élevés car aux immenses étendues
d’eau peuvent constituer de merveilleux
moyens de liaison. Les pays des Grands-Lacs possèdent en outre des immenses
richesses touristiques. Si ce potentiel n’est pas sauvegardé pour le bien des
habitants par une Gestion efficace de l’Etat on peut craindre que les richesses
de plus en plus soit exploitées de façon éhontées par de véritables mafias. Freddy
Mulumba, rédacteur en chef du quotidien « Le
Potentiel » à Kinshasa-RD Congo (voir « Les négriers africains des
temps modernes » dans « L’Afrique des Grands-Lacs doit donc mettre en place une structure économique qui ne permette plus d’exploitation éhontée de leurs richesses. La seule solution est ici aussi la création d’une Communauté des Grands-Lacs qui pourrait légiférer et faire respecter les principes nécessaires à la sauvegarde de leur patrimoine pour les générations actuelles et futures. Ou créer le Phare
Eurafrique dans l’Afrique des Grands-Lacs ? De multiples endroits peuvent être
choisis. Mais pourquoi pas l’île Idjwi. Cette île est
hautement symbolique. Longue d’une quarantaine de km, elle a l’avantage d’être
au cœur du lac Kivu unissant le Congo, le Rwanda et le Burundi. Il n’y aurait
pas d’endroit plus symbolique que pour un Phare de sagesse que cette île. Une île qui regarde trois pays et qui pourrait être un magnifique symbole de la coexistence pacifique des peuples des Grands-Lacs. Une île, un tout petit bout de sol qui pourrait être le début d’un grand projet, d’une véritable Communauté Une île située au carrefour intellectuel
des Grands-Lacs : regardons simplement la présence universitaire autour de l’ïle
Idjwi : nous sommes à quelques encablures des
universités de Butare, de Bukavu, de Bujumbura. Nous sommes aussi à proximité
du centre de recherche de Lwiro (avec ses Une île symbolique aussi des richesses en eau, en poissons, en méthane que les Grands-Lacs peuvent offrir. L’île Idjwi est un merveilleux observatoire des ressources naturelles des Grands Lacs. Nous y reviendrons plus loin. Une île qui peut bénéficier de moyens de communications maritimes exceptionnellement aisés avec les pays riverains et donc pouvoir rayonner très facilement. Et en quoi
consisterait si donc nous commencions le développement du centre Eurafrique à
l’île Idjwi ? Nous avons examiné sommairement le principe du phare : il s’agit d’assurer en coopération étroite avec les autorités locales et la population un développement concerté des cinq assises du développement et cela sur une superficie limitée mais appelée à s’étendre naturellement d’année en année. Ce développement concentrique ultérieur dépendant de plus en plus des autorités nationales. Dans le cas de l’île Idjwi, le développement concentrique de son rayonnement aura l’immense avantage de se manifester dans plusieurs pays et pourra donc constituer aussi un moteur important pour la création d’une véritable Communauté des Grands Lacs. Voyons en détail les cinq branches qui devraient faire partie du centre EURAFRIQUE. 1) Pour les soins de santé : Un
établissement hospitalier interuniversitaire des Grands-Lacs Cet hôpital européen assurera les soins des habitants de l’île mais servira aussi d’hôpital de référence. A ce titre il : · Assurera le recyclage des médecins généralistes et spécialistes des Grands-Lacs. Pour le médecin africain, il n’y a très peu de cours de recyclage. On assiste à une fuite des « cerveaux médicaux », parce que ces derniers se sentent délaissés, laissés pour compte. Seuls les plus chanceux obtiennent de partir à l’étranger parfaire leurs connaissances. Les médecins africains souvent mal-payés quant ils sont au service de la classe populaire trouveront dans l’hôpital du centre Eurafrique un institut de recyclage qui leur donneront de nouvelles motivations à persévérer dans leur idéal. Un recyclage pourra être aussi organisé via le site internet du centre de recyclage. · Développera la recherche : assurer le recyclage permanent des médecins africains requiert que cet hôpital soit très performant dans les soins habituels que tout hôpital doit prodiguer mais aussi dans les soins des personnes atteintes des grandes pathologies infectieuses du continent. Un département recherche HIV et un département Malaria devront s’appliquer aux soins aux malades mais aussi promouvoir des recherches sur place et en coopération avec les hôpitaux universitaires. · L’hôpital comprendra aussi un département de Pharmacologie Adaptée. Ce
département de Pharmacologie Adaptée à la pathologie africaine aura pour tâche de développer ou d’encourager
toutes les études sur la pharmacologie traditionnelle dans les universités des
Grands Lacs. Elle mettra à la disposition des chercheurs africains des
laboratoires ultra-spécialisés dans lesquels ils peuvent trouver de grandes
facilités pour parfaire ou finaliser leurs recherches. Ce Centre de
Pharmacologie appliquée développera aussi avec les autorités des pays des
Grands-Lacs une politique d’aide à la diffusion et à la fabrication des
médicaments essentiels à bas prix et particulièrement aux médications anti-HIV. · Un département d’épidémiologie
pouvant par son expertise aider
les pays des Grands Lacs dans leur politique de santé. 2) Pour
l’éducation de base : L’institut
pédagogique des pays des Grands Lacs Ce centre organisera en accord avec les autorités l’enseignement des enfants et des adolescents de l’île. Mais surtout, il devrait comporter une importante école pédagogique qui aurait pour but le soutien aux instituteurs formés par les pays des Grands-Lacs. Ce centre devra coordonner les aides européennes destinés à l’enseignement. Il devra soutenir les instituteurs de la région en lui donnant les moyens de se recycler Des chercheurs des pays riverains pourraient mettre leur expérience ensemble pour créer des manuels d’histoire, de géographie, de « leçons de choses » qui puissent être communs aux pays membres. A noter que cette façon d’éduquer participerait intensément à la réconciliation. 3)
Un centre interuniversitaire des ressources naturelles comprenant · Un département
interuniversitaire agronomique · Un département interuniversitaire des ressources piscicoles Plus que jamais nécessaire pour éviter une erreur comme celle produite par l’introduction de la perche du Nil dans le lac Victoria · Un département interuniversitaire des ressources géologiques. Ce
département devrait aider les pays des grands Lacs à mettre sur place une
véritable politique d’exploitation dans l’intérêt des générations futures. Nous
pensons aussi à la mise en œuvre de l’exploitation du gaz méthane du lac Kivu
qui pourrait être un combustible permettant de lutter contre la déforestation
due à la recherche de combustibles (huit africains sur dix cuisinent au feu de
bois ou de charbons de bois). Le Méthane pourrait alimenter le Phare Eurafrique
de l’île Idjwi. D’autre part le département de
géologie peut uniformiser la lutte ces pays des grands Lacs contre
l’exploitation sauvage des ressources minérales qui représente un véritable pillage mais peut aussi se révéler comme un grand risque écologique pour la
région. Au Katanga, le même problème se
pose aussi avec acuité : la « démocratisation » de l’extraction
minière empêche l’explosion sociale mais transforme tout une région en territoire
sauvage, libéré de toute emprise de l’Etat
Ces trois départements offriront aux
chercheurs des Pays des Grands-Lacs des laboratoires de haute spécialisation
dont la rentabilité scientifique ne peut être assurée que s’ ils peuvent être utilisés par plusieurs universités. 4) Pour la paix et la sécurité · Un centre de conférence interrégional pour la paix des Grands-Lacs. Ce
centre pourrait recevoir et animer toute initiative politique en vue de résoudre par le dialogue les litiges existant entre les pays des Grands
Lacs. Il aurait pour deuxième objectif de promouvoir à moyen terme une
« Communauté des Grands Lacs ». Ce centre devrait aussi disposer d’un
département de recherche en politique Africaine permettant d’aider les
chercheurs œuvrant dans ce domaine. · A la demande des Pays des Grands Lacs, une base ONU permanente pourrait
être installée à l’île d’Idjwi. La sécurité du Lac
devra aussi être rétablie avec les
autorités locales car il y aurait actuellement beaucoup d’actes de pirateries. 5) Pour améliorer les voies de communications · Le Phare Eurafricain possédera
un institut des voies de communication
pour étudier les moyens d’améliorer la a communication entre les régions des
Grands Lacs afin de faciliter les exportations et importations. Les efforts à
entreprendre qui peuvent être subsidiés par l’aide Europe seront sélectionnés
par ce centre. Ces travaux seront effectuées selon le principe des cercles
concentriques : d’abord dans l’île, puis dans les régions directement
avoisinantes. · L’île Idjwi développera un port moderne avec un service de passagers et de
marchandise. Ce service maritime des Grands-Lacs aura pour but de promouvoir à
moindre le coup les échanges entre les pays. · L’île Idjwi peut développer une liaison aérienne avec l’aéroport de Bukavu. Un tel projet
est-il faisable sans paternalisme dans un véritable esprit de
coopération ? Il ne faut pas se
leurrer : un tel projet d’aide interrégionale par l’Europe ne peut se
dérouler que si chacun en retirent des avantages. Les avantages pour l’Afrique
ont été soulignés plus haut. Quels seraient les avantages pour les
Européens ? Ce projet doit être une source de satisfaction pour l’Europe.
Si on postule que les avantages pour l’Europe ne doivent pas être matériels
(Comme un élastique, l’aide octroyée doit revenir en commande en Europe), ils
doivent cependant exister ! L’aide gratuite n’a aucune rentabilité. A ce
point de vue nous partageons le point de vue de Stephen Smith (dans « Négrologie »,Camnant-Levy,
2003) quand il écrit que le pire qui puisse arriver à un pays , le plus
destructeur pour son « Etat » c’est d’être comblé de fonds
d’assistance, sans qu’il n’y ait la moindre contrepartie . L’Europe doit
imposer de pouvoir retirer certains avantages de l’aide accordée. Ces avantages doivent appartenir à deux
catégories. L’Europe doit pouvoir être assuré d’une rentabilité des projets financés. Cette rentabilité n’est
pas nécessairement financière mais elle est d’abord morale : cette
rentabilité morale consiste à pouvoir au moins
éprouver une sensation de fierté provenant du succès de leur projets de
coopération. Cette satisfaction de l’œuvre accomplie, si légitime, ne sera
évidemment possible que si on laisse le
projet naître mais aussi grandir et s’améliorer ! Il faudrait donc qu’un accord de coopération
entre L’historien congolais Yok Bokwey rappelle dans un article du Soir l’importance de l’investissement dans la durée mais aussi dans la globalité. Les souvenirs marquants des vieux Congolais en faveur du temps des colonies ont trait ces caractères: leur aide qui s’est malheureusement terminée sans « remise reprise » était inscrite dans une durée et une globalité qui donnait satisfaction. Voici un souvenir marquant de l’historien Antoine Yok Bokwey (« Le patrimoine revisité », dans le Journal « Le Soir » du Mercredi 27 avril 2005 et signé Colette Brackman) A Mapangu, la société PLZ (huilerie du Bas Congo) faisait tout :
elle avait ouvert les écoles, soutenait la paroisse, avait amené l’électricité,
ouvert un cinéma. Chaque mardi, un bateau chargé de marchandises venait de Kinshasha. Ce souvenir a été magnifié de génération en
génération. C’est pour cela que les gens rêvent d’un retour des Belges :
leurs entreprises prenaient en charge le
secteur social. Certains Belges sont effectivement revenus comme Monsieur Forest au Katanga qui renouant avec le passé a relancé de nombreuses exploitations minières tout en finançant dispensaires et l’école technique de Kipushi. Est-ce la bonne solution ? Difficile à dire, ne peut-on pas estimer cependant que des prestations sociales peuvent aussi être considérées comme faisant partie du salaire, surtout quand l’Etat ne parvient plus à assurer les services d e base minimums qu’ont droit tous les citoyens de n’importe quelle contrée ? Ne faut-il pas plutôt encourager ces patrons conscients des besoins primordiaux de tout être humain plutôt que de laisser le champ libre à une mafia exploitant l’homme sans loi morale ? Evidemment, il ne paraît pas, sauf situation d’urgence, adéquat de décider et de faire tout « tout seul » mais il quand même temps en 2005 de remarquer que les vérités ne sont pas nécessairement dans les livres d’économie et de politique mais qu’elles reposent aussi dans ce que pense le travailleur, le citoyen. Pour ces derniers, la vérité expérimentée et commune à tous est certainement que le développement ne peut s’effectuer que dans la durée et dans la globalité. C’est ici que le projet européen de grande envergure à l’île Idjwi trouve tout son sens. Une île au centre du continent et porteuse d’espoirs pour les Africains qui veulent trouver les moyens techniques et humains pour faire partager et donner un début de réalisation à leurs idées pour changer en bien leurs milieux. Le manque de politique structurée, de contrats entre le demandeur et le receveur conduit actuellement à une pléthore d’experts et de consultants internationaux appelés en mission de courte durée en Afrique. (Toujours d’après Stephen Smith, un pays aussi pauvre que le Burkina Faso recevait à la fin des années 80 environ quatre cents experts par an, soit plus de un par jour. Toujours selon lui, plus d’un tiers de l’aide publique au développement est consacrée à des expertises de faisabilité ou à la « post évaluation de projets ». On préférerait évidemment une plus grande aide directe aux acteurs sur le terrain et en particuliers à ceux qui devraient permettre à leurs compatriotes de satisfaire aux cinq conditions préalables au démarrage du développement Nous pensons ici aux infirmières, instituteurs, techniciens, médecins, ingénieurs africains qui essayent aujourd’hui de remplir leurs missions malgré le manque flagrant de soutien qu’il soit matériel ou moral. Un centre de développement comme le Centre Eurafrique permettrait de mettre l’Europe plus à portée des Africains en la rendant concrètement très présente. Comme mentionné plus haut, ce centre aurait pour vocation première non la formation mais l’encouragement à la formation continue des acteurs locaux du développement et cela grâce à des outils très performants (hôpital de référence, laboratoires interuniversitaires, infrastructure d’accueil pour des recyclages des instituteurs, presse écrite scientifique, pédagogique, développement des techniques de communication par le Web, radio européenne pour la région etc.). Secondairement, le Centre Eurafrique permettrait une décentralisation de l’expertise et de la coordination des projets soutenus par la communauté européenne qui pourraient se pratiquer à partir du centre et non plus à partir de Bruxelles. Les Africains doivent accepter cette nouvelle coopération en la négociant, mais les Européens doivent pouvoir l’offrir en y mettant les conditions leur permettant d’obtenir les avantages moraux qu’ils sont en droit d’exiger. Il faut surpasser ici nos culpabilités liées à l’époque coloniale qui nous empêchent encore trop souvent d’envisager des nouveaux modes de coopération sous prétexte qu’ils pourraient impliquer une certaine autorité ! Mais en réalité, notre vie de tous les jours ici en Europe nous montre bien qu’il faut savoir mettre certaines conditions pour qu’une aide soit efficace. Aider une personne en difficulté n’est certainement pas lui faire un chèque. Par contre l’aider à trouver un travail, subsidier son logement ou ses études sous certaines conditions nous semble beaucoup plus moral et correct pour le donneur et le receveur. Dans notre histoire européenne, nous avons aussi eu l’expérience d’une aide massive « sous conditions » et que nous ne regrettons pas ! Les guerres affreuses que les Européens se sont faites ne se sont pas terminées sans l’intervention militaire américaine et de plus durant la guerre froide, les Américains ont offerts à l’Europe pendant plus de cinquante ans de nombreuses bases militaires pour assurer sa sécurité. Nous ne croyons pas que cette aide fut attribuée sans conditions : les Européens durent garantir à leurs alliés américains une certaine durée de leurs présences en même temps que l’extra-territorialité de leurs bases. Enfin pour terminer une remarque, si nous avons critique le trop grand nombre d’experts itinérants, ce n’est certainement pas que les experts sont inutiles…C’est simplement parce que nous croyons qu’un expert sur place qui s’investit avec ses homologues africains dans la durée à travers les difficultés génère beaucoup plus d’amitié et de véritable coopération entre les peuples … Finalement, ne croyez-vous pas que les bureau des experts Européens et Africains de l’Afrique des Grands Lacs devraient se trouver aux bords du lac Kivu à côté des salles de réunions, des salles de conférences et des labos destinés à soutenir ceux qui œuvrent dans l’ombre ? Une ConclusionEt si on laissait la conclusion à Eugène Prince de Ligne ? Peut-être un peu ringard ? D’accord, mais il y a quand même du vrai dans ce qu’il écrivait en 1961 L’Eurafrique me paraît constituer une étape nécessaire
dans l’équilibre des forces mondiales. L’idée implique la concentration des
efforts vers le mieux-être des hommes. Pas de ligue dans le sens de la
prédominance. Le Sénateur Zurstrassen développait récemment ces idées dans un grand quotidien
belge. Après avoir rappelé les circonstances ayant présidé à la naissance de l’Association
Internationale Africaine, l’homme politique évoquait la commission où le roi
Léopold II siégeait à côté d’un Allemand, le Dr Nachigal,
d’un Français, Monsieur de Quartefages, et d’un Anglais,
Sir Bartle Frères. (…) Le Congo occupe au carrefour des courants
géographiques de l’Afrique une position comparable à celle du Benelux en
Europe. C’est autour de ce catalyseur qu’un monde encore sous-développé
pourrait atteindre son épanouissement tout en veillant à la sauvegarde de ce
« régionalisme sagement entendu » préconisé par le roi Albert. La
politique de la min tendue ne prendra sa véritable signification pour l’Eurafricain
que le jour où le geste pourra se faire tant vers l’occident que vers l’orient,
sans autre arrière-pensée que celle qui cimente la paix. Eugène Prince de ligne,
« africa » Librairie générale, Bruxelles,
1961 Dr Loodts.P Bruxelles, 2008
[1] Bal (Mortsel 1882, Bruxelles 1961), Ecole militaire des pupilles (1893 à 1896), lieutenant de la force Publique (campagne du Cameroun), capitaine-commandant à la brigade Sud lors de la campagne vers Mahenge. Major à la force Publique (1925-1926) [2] J.M. Jadot,né à Marche en 1886, magistrat colonial et écrivain lauréat du prix triennal de littérature colonial. Ecrivit « La charge » qui est l’histoire de Mambamu, dans « Pages de gloire », publication annuelle 1935, page 241 à 245. Desclée De Brouwer et Cie. [3] http://www.congo-1960.be/LesHydraviationAuCongoBelge.html [4] L’observateur Léon Collignon ne survécut pas à la guerre et disparut au cours d’une mission sur le front de l’Yser. [5] ) les troupes coloniales allemandes ont au départ un effectif maximum
de 16.670 hommes soit un tiers des forces qui leur sont opposées ou autant que
le contingent de la force publique : 11.367 « Askaris »
(guerrier en langue swahili) soutenus par 2.500 auxiliaires indigènes « Ruga-Ruga » et encadrés par 2.712 Européens grossis par les
équipages de navires qui avaient réussi à forcer le blocus imposé par les
anglais [6] Pierre Daye, le Congo Belge, page 47 et 51, Desclée De Brouwer, 1927 [7] Un rêve Africain pour la destinée de l’île Idjwi : [8] Monsieur Clairbois fut officier de la force Publique dans le Kivu. Il se mit ensuite au service du Prince de Ligne qui obtint en 1925 du vice-gouverneur général de Meulemeester la possibilité la concession des terres non occupées de l’île à condition d’investir deux millions de francs dans les activités sociales de l’île. Ce montant était alors pour l’époque très important Le Commandant Clairbois qui accepta d’aider le Prince à s’installer dans l’île Idjwi. Il développa autour de sa maison dans la presqu’île de Luhundu une entreprise fermière de grand et petit bétail, importa des lapins, poussins « Leghorn » et même pigeons, ce qui lui donnait l’impression d’être en Belgique. Malheureusement le choix du terrain sur lequel il bâtit sa maison ne lui porta pas chance. Le Prince de Ligne raconte la fin prématurée du commandant dans ses souvenirs : Quand Clairbois choisit le voisinage de l’arbre qui allait
ombrager sa demeure, un ancien du pays lui dit : « Blanc ne fais pas
cela ! c’est un arbre sacré et cela te portera
malheur ! » Voulant mettre fin aux superstitions qui régnaient alors,
Clairbois passa outre à cet avertissement. Le mauvais
sort joua contre lui. Il mourut peu d e temps après de la fièvre typhoïde. [9] Linea : nom de la concession obtenue par le
Prince de Ligne à Kakondo. Le nom évoquait la devise de la maison du
Prince de Ligne : linea recta- le droit chemin |