Médecins de la Grande Guerre
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André Greindl, 18 ans, connut « l’enfer » devant la clôture électrifiée de la frontière
belgo-hollandaise André Greindl en 1920 En Remerciement au Baron Renaud Greindl qui m’a fait parvenir l’histoire de son papa et en hommage aux jeunes gens qui périrent en voulant traverser la frontière belgo-hollandaise pour rejoindre l’armée du Roi Albert. Dr Loodts Introduction La lettre ci-dessous fut envoyée
par le Baron André Greindl
(1899-1963) à sa maman[1]
qu’il appelle, pour ne pas la compromettre « ma tante ». André relate
dans celle-ci ses péripéties pour rejoindre l’armée du Roi Albert derrière
l’Yser. Agé de 18 ans, il va réussir à traverser la fameuse barrière électrifiée que les allemands avaient installée sur la frontière belgo-hollandaise
mais à quel prix ! Sous ses yeux, plusieurs de ses compagnons vont périr
électrocutés et il verra le corps de l’un d’entre eux se carboniser
complètement ! On imagine l’effroi
que dût subir ce jeune homme ! On
reste aussi plein d’admiration pour son courage et celui de ses compagnons. Sur
les 8 jeunes gens candidats à l’évasion, seuls trois parviendront en Hollande.
Rien ne rebuta André pour atteindre son but l’Yser ! il faut dire que derrière l’Yser se trouvait
aussi son père Léon[2] qui
était major. On imagine la joie et la fierté
qu’ils éprouvèrent en se retrouvant ensemble. André après l’armistice
suivit l’école de sous-lieutenance et devint officier. Par après il quitta
l’armée pur se lancer dans les affaires. Il montra à nouveau son courage durant
la deuxième guerre mondiale. En mai
1940, on le retrouve au commandement de la 5ème Batterie du 1er
Régiment de D.T.C.A. qui réussit l’exploit d’abattre onze avions dont
un Fokker Wulf qui tomba tout près de l’emplacement de ses canons. Fait
exceptionnel, si pas unique, l’équipage
de ce fokker fut fait prisonnier par les hommes de la
batterie qui avaient abattu leur avion ! Après la deuxième guerre,
André resta très proche de ses camarades de combat et présida l'Inter
fraternelle de la DTCA. Dr Loodts Lettre d’André Greindl à sa maman relatant son passage de la frontière
belgo-hollandaise 13/08/1917 Ma chère tante Excuse-moi de ne pas t’avoir écrit plus tôt. Je suis maintenant artificier à mon obusier et n’ai pas beaucoup de temps libre. Je viens de quitter Nieuport et ses dunes et suis maintenant occupé à retaper une route boueuse et à construire des abris. Je suis toujours enchanté au front. Cette vie me plaît tant que je ne demande comment je ferai à Bruxelles. Par exemple, je viens de dormir trois jours sous tente. C’est épatant et il n’est rien de plus agréable pour dormir à moins qu’il ne pleuve ; alors on se voit obligé de tracer des rigoles avec les doigts dans la tente sinon la pluie s’égoutte sur nous. Que dis-tu des derniers succès ? Ici cela « barde » comme on dit en termes du front. C’est aussi une habitude dont il sera difficile de se défaire. Le temps réglementaire pour aller à une école d’officiers est de six mois de front et de service aux pièces. Comme je suis au front depuis le 1er mars, j’ai le temps requis mais il n’y aura pas de sessions d’ici quelques semaines. Je m’y présenterai et bloque « avec rage ». Voici l’abrégé de mes péripéties. Je suis parti de la place Dailly à 4h1/2 de l’après-midi le 18 octobre 17. Suis arrivé le soir à « L… » ( NDRL : Il s’agit de Louvain) et y ai passé la nuit. Je suis parti le lendemain en vicinal pour X. Là j’ai changé de guide et suis parti à pieds pour M, lieu de pèlerinage célèbre. Suis resté là deux 2 heures. Ensuite nous sommes partis pour S… (NDRL : il s’agit de Sichem) où j’avais été deux ans auparavant. J’ai traversé les deux canaux (Campine, Nèthe) à la faveur de la nuit en barquette de toile imperméable. Alors nous avons essuyé des coups de révolver qui ont atteint mon ami R. De…t. à la jambe. Après cela nous nous sommes réunis dans une ferme ou nous avons passé la nuit. A 6 h du matin, nous sommes repartis pour Bruxelles mais j’ai voulu encore tenté la chance et j’ai miraculeusement retrouvé mes guides qui m’avaient abandonné. Nouvelle expédition à 4h1/2 du soir. J’étais esquinté mais il fallait passer à tout prix. Nous passons 27 heure sans boire ni manger dans une grange de plein air, ayant de la paille tout autour de nous. Nous sommes encore canardés. Pas de blessés. Nous arrivons enfin à minuit le 22 octobre aux fils. Nous passons 2 heures couchés dans la boue. Les guides annoncent qu’on peut passer (nous étions encore 8 avec 4 guides). Les Français qui nous accompagnaient s’élancent. Le premier accroche un des cadres entre les fils et est électrocuté. Un autre le suit, le touche et tombe aussi. Son frère tente de le dégager et tombe électrocuté en touchant un des guides qui est aussi électrocuté. Trois de mes camarades parviennent à passer mais le dernier décroche involontairement le cadre. Je ne pouvais plus passer que sur les cadavres. J’étais le dernier en Belgique alors j’ai passé comme je pouvais et ai été légèrement brûlé à la cuisse et aux poignets. Cela est guéri depuis longtemps. A ce moment sont survenues des sentinelles allemandes. Mon camarade qui me précédait, affolé, s’était jeté dans les fils et flambait comme une torche. Il a été tout carbonisé. Nous nous sommes enfouis entraînant chacun un cadavre. Le guide que je traînais s’est mis à s’écrier que je lui tordais le bras en le tirant. Alors nous l’avons massé et nous avons pratiqué la respiration artificielle. Il était quasi rétabli au bout d’une heure. Après cela, j’ai erré en Hollande durant deux heures et demi en tombant encore dans un fossé profond et puis j’ai risqué de frapper à une porte pour trouver mon chemin et savoir si j’étais oui ou non en Hollande. La réponse fut affirmative nous étions occupé de ce « triple enterrement » . Puis j’ai été à Rotterdam m’engager et suis parti pour La Haye où j’ai attendu mon départ pendant trois semaines. Je me suis embarqué alors et arrivé en vue de l’Angleterre, le convoi qui nous accompagnait a touché une mine et a coulé en six minutes. Il était midi précise. J’ai passé une semaine à Folkestone puis ai passé par Calais, Amiens et suis arrivé à Coutances. J’y ai passé 4 semaines horribles et suis allé une semaine à Auvours. Puis quatre semaines à me faire l’instruction d’artilleur. Je suis alors parti pour le front…et j’y suis toujours. Rien de nouveau à part que je viens de subir un bombardement de 8 h du matin à 7 h de l’après-midi. 110 obus de 280 mm. Chaque obus coûte 2000 frs ! Pense quelle dépense !! Au revoir chère tante, aurais-tu l’obligeance de transmettre mes lettres ci-jointes ? Je t’ embrasse bien affectueusement et souhaite un mieux sensible pour ta maladie. Ton neveu André Z.143 II/2 A.B. en campagne Original de la lettre à
sa tante (sa maman) [1] Quelques heures après son départ, sa mère, la Baronne Léon GREINDL fut arrêtée par les autorités allemandes pour complicité dans l’évasion de son fils. Son Excellence le Marquis de VILLALOBAR intervint en sa faveur auprès du Roi d'Espagne qui téléphona au Kaiser. Après lecture du jugement du Conseil de Guerre où l'on condamnait la Baronne Léon GREINDL à 10 ans de travaux forcés et à 20.000 marks d'amende, on lui annonça sa remise de peine sur intervention expresse du Kaiser. En fait le Kaiser pensait qu'il s'agissait de sa belle-mère la Comtesse Greindl dont le mari avait été en poste durant de longues années à Berlin et avait noué d'étroites relations avec lui. Sources [2]
En 1914, le Major Léon GREINDL
(1867-1944) exerce les fonctions de chef d'état-major. En 1915, sa division
subit à Steenstraete la première et redoutable
offensive allemande avec émission de gaz asphyxiants. Nommé Colonel, il prit le
commandement du 5e Régiment du Génie de la 5e D.A. En décembre 1917, un an
exactement après sa nomination de Colonel, il était promu Général Major. Il
commanda alors le Génie de l'Armée et termina la campagne à ce commandement. En
1919, le Général GREINDL est nommé Inspecteur général du Génie et promu
Lieutenant-Général le 28 mars 1920. Sources
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