Médecins de la Grande Guerre

Deux infirmières anglaises ont une sépulture en terre belge.

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Deux infirmières anglaises ont une sépulture
en terre belge.

Introduction

       Deux infirmières anglaises, Nellie Spindler et Elsie Mabel Gladstone, ayant œuvré dans notre pays pendant la première guerre mondiale reposent en Belgique, l’une en Flandres  dans le cimetière militaire de Lijssenhoeck et la deuxième en Wallonie dans le cimetière civil de Belgrade (Namur). Que leurs sépultures soient pour nous le rappel du sacrifice des 373 infirmières du Commonwealth qui donnèrent leur vie en soignant leurs frères venus combattre à nos côtés…

(1)Nellie Spindler



Nellie Spinder

       Nellie Spinder faisait partie des prestigieuses infirmières du Queen Alexandra’s Imperial Military Nursing Service.

       Elle suivit de 1912 à 1915 une formation d’infirmière à Leeds. Elle s’engagea ensuite dans le corps du Queen Alexandra Imperial Nursing Service Réserve créé en 1902 sous le patronage d’Alexandra épouse d’Edward VII pour offrir des soins infirmiers de qualité aux soldats. Lors de son engagement, elle mentit sur son âge en déclarant être âgée de 26 ans au lieu de 24, son âge réel et cela afin de répondre à l’âge minimal d’engagement qui était de 25 ans. Sa première affectation fut le Whittington Military Hospital in Lichfield jusqu’au 24 avril 1917. Elle fut ensuite affectée en France au 42 Stationary Hospital à Amiens avant d’être mutée au 44ème Casualty Clearing Station qui avait été installé à Brandhoeck en Belgique, à 4 km de Poperinge, et cela en prévision de la troisième bataille d’Ypres, appelée aussi la bataille de Passchendaele qui débuta le premier juillet 1917. A Brandhoeck se trouvaient aussi installés deux autres hôpitaux, un était australien, l’autre, anglais était le 32th Casualty Clearing Station. Chaque hôpital comptait 35 infirmières et quatre équipes chirurgicales. Les trois hôpitaux se trouvaient très près du front afin de pouvoir traiter rapidement les blessés de l’abdomen et du thorax. L’infirmière australienne Elsie Grant écrivit à son amie que quand les obus tombaient, les infirmières devaient quitter les patients pour s’abriter dans les quelques abris creusés pour elles et que c’était là une expérience cruelle ! Elsie se suicida en 1927 mais on ne sait dans quelle proportion son expérience de guerre influença sa funeste décision. Mais revenons à Nellie. Celle-ci arriva le 10 août au 44ème Casulaty cleraing Station. Les combats faisaient rage depuis le 1er Juillet et Nellie n’eut donc aucune période d’adaptation. Le 16 août, un bombardement tua le médecin capitaine Joseph Cécil Harris qui venait de rentrer de congé et écoutait un disque sur son gramophone. Le 20 août la charge de travail augmenta dramatiquement et toute la nuit les blessés furent admis dans les trois hôpitaux, certains étaient restés étendus sur le champ de bataille plusieurs jours avant de pouvoir être évacués.


REM « Sur cet article paru dans le British journal of nursing », il est mentionné que Nellie perdit la vie à Abbeville. C’est évidemment une erreur.

       Le lendemain 21 août, durant un terrible bombardement allemand, une bombe tomba à proximité de la tente où dormait Nellie. Un shrapnell la blessa mortellement à la poitrine tandis que trois autres infirmières souffrirent d’un intense shell shock. Nellie, qui venait 11 jours auparavant d’avoir 26 ans, mourut dans les bras de sa collègue Minnie Wood. Par chance, Nellie occupait seule sa tente. Normalement, elle partageait sa tente avec une autre infirmière mais celle-ci, ne supportant plus le bruit des bombardements, avait été évacuée la veille. Nellie, fut enterrée à Lyssenhoeck. Cent officiers, quatre généraux et le chirurgien-général assistèrent aux funérailles. Elle repose, seule femme parmi 9.900 soldats ! Des soldats morts pour la Patrie et fiers de la compter parmi eux, des soldats qui montent la garde pour l’éternité autour de celle qui les soigna avec tant de douceur et de courage !  L’inscription en bas de sa pierre tombale mentionne « A NOBLE TYPE OF GOOD, HEROIC WOMANHOOD » ce que l’on peut traduire par « Une noble représentante de la femme loyale et héroïque »  





Il arrive souvent que les tombes de ce cimetière (Lijssenhoeck) soient encore baignées par la boue des Flandres. Cette photo nous rappelle encore aujourd’hui la dureté de ce qui fut l’environnement des combattants

       Les bombardements avaient été terribles sur les trois hôpitaux de Brandhoeck. Les infirmières vivaient sous tente et il fallait supporter nuit et jour les bruits des combats tout proches. On imagine l’état d’épuisement des infirmières après quelques jours sans repos.    

       Exposer les hôpitaux trop près du front était une option qui se révélait rapidement intenable. Une infirmière de chacun des trois hôpitaux fut désignée pour être décorée de la Médaille Militaire. L’infirmière australienne Alicia Kelly fut désignée car elle refusa de rejoindre son abri et se mit en devoir de protéger la tête de ses blessés par les bassins métalliques. Pour l’hôpital N° 32, ce fut Elisabeth Eckett qui reçut la médaille pour être restée avec ses patients malgré deux bombardements successifs de sa baraque. Enfin Minnie Good de l’hôpital N° 44 reçut sa décoration pour être resté à son poste en  montrant le plus grand courage et le plus grand calme. Après ce terrible bombardement, le personnel des trois hôpitaux évacua tous leurs blessés vers les hôpitaux de  Lijssenhoek  puis fut envoyé en repos à Saint-Omer.

2) Elsie Mabel Gladstone



Elsie Mabel Gladstone

       Elsie  Mabel Gladstone après avoir terminé sa formation au London’s Guy’s Hospital en juin 1915 s’engagea comme Nellie dans le Queen Alexandra Imperial Nursing Service Reserve et servit d’abord dans un bateau hôpital avant d’être envoyée en France et en Belgique.


       En France, elle servit dans un train sanitaire comme infirmière spécialisée en anesthésie. Elle avait suivi cette formation supplémentaire pour suppléer au manque de médecins. Les infirmières qui comme elles avaient reçu cette formation, ne purent malheureusement jamais faire valoir cette compétence spécifique après la guerre.


Elsie portait l’uniforme caractéristique des infirmières militaires ayant signé un engagement pour la durée de la guerre. (Queen Alexandra Imperial Nursing Service Reserve). Les infirmières « réservistes » portaient une cape grise bordée de rouge tandis que la cape des infirmières de carrière était entièrement rouge

       Elsie travailla à l’hôpital « 48th Casualty Clearing Station » installé à Namur après l’armistice durant la terrible épidémie de grippe. En soignant les soldats malades, elle contracta à son tour le virus Influenza. Affaiblie, Elsie développa alors une pneumonie qui lui fut fatale le 24 janvier 1919.  


Au cimetière de Belgrade près de Namur

       Agée de seulement 32 ans, elle fut enterrée avec les honneurs au cimetière de Belgrade près de Namur.

Dr P. Loodts



Sources :

1)      Stolen lives, by Andrew Hamilton and Alan Reed, published by Dene House Publishing, 2014
2)      It’s a long way to Tipperary, British and Irish nurses in the Grat War, by Yvonne McEwen , Cualan Press, 2006

 

 



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