A Stenay, le général Wright sacrifia-t-il des soldats pour satisfaire son obsession d’hygiène ?

Le général Wright

       Le général Wright commandait la 89^ème division d’Infanterie le 11 novembre 1918. Il avait 10.000 hommes sous ses ordres et avait pris connaissance de la date et de l’heure de l’armistice depuis la veille. Comme la plupart des Généraux le firent, Wright n’avait qu’à tenir ses positions et attendre pendant quelques heures le moment officiel où la guerre se terminerait. Il fit pourtant exception en lançant des attaques sur Stenay[1] jusqu’à la dernière minute en  causant ainsi la mort de 61 soldats américains en surplus de trois cents blessés. A cela s’ajoute évidemment les victimes allemandes. Wright justifia sa décision pour permettre à ses hommes d’y trouver… des bains-douches[2] ! Stenay serait ainsi la dernière ville prise par les américains pendant la guerre. A quelques jours près, la division Wright serait cependant rentrée dans Stenay pacifiquement. « Je suis convaincu que le 11 novembre, aucun officier de très haut rang ne risquait de perdre la vie » s’indigna, en Amérique, le sénateur républicain Bland, lors d’une enquête du congrès sur ces faits stupéfiants. Quand les familles des sacrifiés de la dernière attaque apprirent les raisons « d’hygiène » qui poussa Wright à attaquer, ce fut un tollé mais Wright ne fut jamais puni pour cette faute. Au contraire, il continua son ascension dans l’état-major de l’armée avant de finir sa carrière à la tête du « département des Philippines ».

       Pourquoi Wright prit-il cette décision insensée ?  Il se justifia pour des raisons concernant l’hygiène de sa 89^ème Division !  Mais sans doute eut-il d’autres motivations plus secrètes. On sait qu’il devait être relevé le 12 novembre par le Major General Frank Winn. Voulait-il s’assurer un dernier fait d’armes avant de quitter sa division ? Voulait-il avoir la réputation d’être plus fort que le Diable si bien représenté dans les écussons de la ville depuis 1885. Stenay, petite ville ou fut tué le roi Dagobert et qui avait appartenu à Godefroid de Bouillon, fut aussi le lieu de résidence du Kronprinz Rupprecht jusque février 1918. Ce fils de Guillaume II y vécut en menant une vie dissolue et fantasque. Cette résidence du prince allemand, pour le général Wright, se devait-elle d’être conquise par les armes et non par un traité ?

Kronprinz Rupprecht

Château Duverdier à Stenay, où logeait le Kronprinz (château rasé en 1947)

       Une chose est certaine, la prise de Stenay fut vraisemblablement la dernière folie meurtrière de la Grande Guerre !   

Dr Loodts P.

Stenay : Place de la Fontaine et Hôpital

Stenay : Place Jean-Ancel – Abreuvoir et lavoir.

Une photo du lavoir public de Stenay