Médecins de la Grande Guerre

Le Breton Corentin Carré, le plus jeune engagé de France.

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Le Breton Corentin Carré, le plus jeune engagé de France.

Jean Corentin Carré était, officiellement, le plus jeune engagé de France. Le jeune Breton n’avait que 15 ans lorsqu’il a revêtu l’uniforme de l’armée française. (Collection C. Le Corre)

Discours du général de l’air Weis lors de l’inauguration du monument érigé en l’honneur de Jean Corentin Carré dans sa commune natale du Faouët. (Collection C. Le Corre)

Le monument érigé à « Le Faouët » en l’honneur de Corentin Carré. Juillet 2010. (photo F. De Look)

Le monument érigé à « Le Faouët » en l’honneur de Corentin Carré. Juillet 2010. (photo F. De Look)

Le monument érigé à « Le Faouët » en l’honneur de Corentin Carré. Juillet 2010. (photo F. De Look)

Le Breton Corentin Carré, le plus jeune engagé de France[1]

Corentin Carré, né le 9 janvier 1900 en la commune du Faouët (Morbihan), est plutôt doué pour les études à tel point que, en 1912, son maître d’école le recommande au percepteur de sa ville qui l’embauche comme commis aux écritures. Sa carrière d’employé de bureau semble toute tracée mais survient la guerre, qui modifie son destin. Le père de Corentin mobilisé, par pour le front au grand désarroi de son fils qui souhaite le suivre mais, vu son jeune âge (quatorze ans), sa demande d’engagement est rejetée. Mais le jeune Breton est têtu et malin. En avril 1915, il annonce son départ de la France pour l’Amérique latine. S’il quitte bien sa région natale, c’est pour se rendre à Pau où il se présente au bureau de recrutement sous le nom d’Auguste Duthoy, né dans les Ardennes, à Rumigny le 10 avril 1897. Rumigny étant situé en zone occupée, il est impossible de vérifier la véracité des dires du jeune homme. Ainsi dispensé de prouver son âge et son identité, il est incorporé et suit son instruction au sein de la 29ème compagnie du 410ème Régiment d’Infanterie dont le dépôt se trouve à Rennes. Il suit le peloton des élèves caporaux mais n’est pas titulaire du grade lorsque le devoir l’appelle au front le 20 octobre 1915. Il découvre la guerre en Champagne dans les tranchées du secteur de Mesnilles-Hurlus. Un secteur très agité en cette période où les conditions climatiques – Neige et froid – n’arrangent rien. Il est nommé caporal le 25 janvier 1916 puis sergent en juin de la même année. En août, il obtient sa première permission et regagne sa Bretagne natale sous sa fausse identité. Mais, soucieux de ne pas se faire démasquer, il avait au préalable fait établir son titre de permission pour une autre commune que Le Faouët ; malgré ces précautions, son retour au pays ne passe pas inaperçu. Il y est reçu en héros ! De retour au front, il reçoit une première citation et la croix de guerre dans le secteur des Cavaliers de Courcy, au nord de Reims. Volontaire pour les missions périlleuses, apprécié de ses hommes, il décide le 29 décembre 1916 de révéler son âge et sa véritable identité. Il rédige ainsi une lettre au colonel. Son chef de corps le propose pour le grade d’adjudant. Mais l’autorité militaire a des principes pour le moins rigides et exige que l’adjudant Carré abandonne son grade et souscrive un nouvel engagement comme simple soldat... Le 7 février, au bureau de Châlons-sur-Marne, Corentin Carré redevient, dans la plus parfaite légalité, simple soldat. Sur l’insistance du colonel commandant le 410ème, son grade lui est réattribué. Le 16 juin 1917, il reçoit une seconde citation, cette fois à l’ordre de la division ; ce sera la dernière dans l’infanterie car en cette fin de juin, il est muté dans l’aviation. Il effectue son instruction à Dijon puis à Etampes. Le 23 juillet, il reçoit l’insigne d’élève pilote avant d’être breveté au terme d’un stage au camp d’Avord. Affecté à l’escadrille SO 229, il trouve la mort le 18 mars 1918 au cours d’un combat aérien au-dessus de Souilly qui lui vaut sa dernière citation, cette fois à l’ordre de l’armée : « Adjudant Carré Jean Corentin, du 410ème Régiment d’Infanterie, pilote à l’escadrille SO 229 attaqué par trois avions ennemis, le 18 mars, s’est défendu énergiquement jusqu’à ce que son appareil soit abattu, l’entraînant dans une mort glorieuse. » « Le petit Poilu du Faouët », l’un des plus jeunes soldats de la Grande Guerre, trouva donc la mort à l’âge de dix-huit ans.   

 

 



[1] Collection Histoire ; Les Bretons dans la guerre de 14-18. Texte de Jean-Pascal Soudagne – Iconographie Christian Le Corre. Editions Ouest-France. (Très beau livre (2006), très bien illustré)



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