Médecins de la Grande Guerre

Douceur et bonté du jeune déporté Victor Thys.

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Douceur et bonté du jeune déporté Victor Thys.

Couverture d’un livre

Affiche de propagande allemande. (Doc Musée Royal de l’Armée)

D’alléchantes promesses. (Doc Musée Royal de l’Armée)

Marie et Victor Thys entourant Marraine Marie-Antoine en 1905

Profession de foi, à Ellezelles, le 15 août 1909

Le camp de Meschede. (Archives communales de Meschede)

Le mémorial du cimetière français de Meschede. (photo Bernadette Pourbaix)

« Chère Maman, j’ai mis votre portrait près de mon lit »

Avec Alphonse Van Laar, le 30 septembre 1917

Au milieu d’un groupe de malades, le 7 octobre 1917 (2ème à droite)

Carte

La pension La Bruyère, devenue Clinique Sainte-Agnès. ( Photo Bernadette Pourbaix)

Internés belges et français au Grand Hôtel, en 1918. (coll privée)

Victor est à gauche sur la photo. Il écrit lui-même : « J’ai le regard un peu fixe ».

J’apprends à faire des jouets. (coll privée)

Carte

Victor dans sa chambre d’hôpital

La Clinique « La Prairie », en 1984. (photo Bernadette Pourbaix)

Carte de convocation

Marie Thys, au bord du Lac de Montreux, en 1950. (photo Cyrille Lepot)

Au cimetière de Clarens, devant le mémorial érigé en souvenir des internés. (photo Cyrille Lepot)

Le mémorial de Clarens. (photo Bernadette Pourbaix)

Le monument de Houdeng-Aimeries en souvenir des combattants et déportés

Victor Thys

Douceur et bonté du jeune déporté Victor Thys

 Avertissement :

En 1986, l’abbé Robert Pourbaix (1) publia aux éditions du Gabos, « Souffrance et mort d’un déporté. Lettres de VictorThys (1898-1918) ». Ce livre de123 pages constitue un émouvant travail à la mémoire du déporté Victor Thys. Qui était ce jeune homme pour l'auteur? Au  départ un simple visage figurant sur une photo accrochée dans le vivoir de sa cousine Marie. Et puis un jour, Marie décède et Robert hérite du coffret en bois gardant 40 lettres que lui avait adressées son jeune frère Victor durant la grande Guerre…En les découvrant, Robert Pourbaix est bouleversé du drame vécu par Victor. Il en  reconstitue alors minutieusement les étapes que je me permets ici de vous  résumer  en mémoire de Victor Thys.

Dr Loodts.P 

Victor Thys est un de ces 120.655 civils  belges qui furent  obligés  par l'autorité allemande d’aller travailler en Allemagne ou en France occupée. Le 15 mai 1916, un arrêté du Grand Quartier Général  stipula que « les gouverneurs, commandants militaires et chefs d'arrondissement peuvent ordonner que les chômeurs soient conduits de force aux endroits où ils doivent travailler ». Les grandes rafles de civils  commencèrent alors ... Du 8 au 20 octobre, dans les Flandres, dans le Tournaisis et dans la région de Mons; le 2 novembre à Anvers et dans le sud du Brabant; du 24 octobre au 3 novembre à Quiévrain, Saint-Ghislain, Jemappes…;  le 8 novembre à Nivelles; le 13 novembre, à Havré-Ville; le 15 novembre à Wavre; le 16 novembre à Nimy; le 18 novembre à La Louvière…La province de Liège et le centre du Brabant  furent laissés pour la fin en janvier et février 1917. Quatre mois de traques humaines dramatiques !  A chacun de ces endroits des centaines ou des milliers d'hommes sans-emploi munis d’un bagage sommaire  furent contraints de se présenter à l’autorité allemande. Selon les circonstances, 10 à 75% étaient sélectionnés pour les travaux forcés! Les recruteurs allemands procédaient toujours suivant un même plan: affichage de convocation, rassemblement un ou deux jours après, contrôle rapide et départ précipité! A Nivelles l'affiche placardée le 7 novembre convoquait les hommes valides pour le lendemain!

 "Par ordre du Kreischef, toutes les personnes du sexe mâle, âgées de plus de 17 ans, sont tenues de se trouver, place Saint-Paul, à Nivelles, le 8 novembre 1916, à 8 heures, munies de leur carte du MELDEAMT (2). Il est permis de se munir que d'un petit bagage à main. Celui qui ne se présentera pas sera déporté de force en Allemagne et sera passible, en outre, d'une forte amende et d'un long emprisonnement. Les ecclésiastiques, médecins, avocats et instituteurs ne devront pas se présenter. Les bourgmestres seront rendus responsables de la bonne exécution de cet ordre qui devra être porté immédiatement à la connaissance des habitants"

On imagine l'émotion dans les familles! En un jour, avec un seul train de 32 voitures, Nivelles fut privée de 1000 de ses hommes. Lorsque le train s'ébranla, un immense cri s'éleva: Vive le Roi, Vive la Belgique, Vive la France! Et du train, monta le chant de la Brabançonne  pendant que sur les talus les femmes et les enfants sanglotaient éperdument!

 Le 18 novembre 1916, les hommes convoqués d'Houdeng-Aimeries  se réunirent à 4h30 du matin à l'église pour les confessions et la messe. A six heures, ils se mettent en route silencieusement  pour rejoindre à La Louvière l'endroit du rassemblement situé le long du château Boch. Parmi les deux mille hommes sélectionnés de la région de La Louvière, 1O7 (3)  proviennent  du village d'Houdeng-Aimeries et sont, pour  la plupart, ouvriers métallurgistes. La foule des parents s'est massée près de la faïencerie. C'est là que les hommes sélectionnés prennent les paquets préparés pour eux et reçoivent un peu de soupe distribuée par le personnel de l'Institut Saint Joseph! C'est là que  Marie Thys fit ses  adieux à  son cher frère Victor !

 Victor Thys était un bon enfant, un jeune homme  doux et sensible! Il naquit  le 25 juillet 1898 et perdit son père alors qu'il était âgé de 7 ans. Sa mère put élever ses eux enfants Victor et Marie parce qu'elle possédait un petit commerce. Après quatre ans de veuvage, elle se remaria mais  les relations entre son nouveau mari et les enfants  furent loin d'être chaleureuses! Au début de la guerre, Marie était  femme de chambre à Mons, chez le comte Clerfayt tandis que Victor  travaillait  chez Nicaise-Delcuve tout en poursuivant des cours de comptabilité à l'école industrielle de Hougeng-Aimeries. Fierté de  sa mère et sa grande sœur, il avait pu  brillamment combiner  travail et études à telle point qu'en août 1916, c'est avec grande distinction qu'il  termina sa deuxième année de comptabilité et sa première année d'anglais ! La "prise d'hommes" de la Louvière vint rompre l'équilibre qu'avait trouvé Victor malgré la perte de son père. Le voilà maintenant obligé d’abandonner famille, travail et études pour embarquer dans un train à destination de l'Allemagne!  Le cafard apparaît vite et quand à Namur le train fait  sa première halte Victor parvient à crayonner quelques mots sur une carte postale qui miraculeusement parviendra à destination :

Chers parents, nous sommes à Namur, en compagnie de Georges, Maurice (4). Nous sommes bien. J'espère aller bientôt vous voir.

C'est la première missive d'une longue série qu'il enverra à sa famille mais déjà sur celle-ci transparaît son souci principal, celui qui reflète un cœur très bon et sensible: rassurer avant tout  sa famille même si cela exige de lui qu'il  mente au sujet de sa santé et de son moral !  

Le camp de Meschelde

Les déportés belges arriveront le soir à 23h00 à Meschelde, une jolie petite cité de la Ruhr. Des baraquements de bois les attendent dans le camp qu'ils doivent partager avec des prisonniers de toutes les nationalités! Il reste encore aujourd'hui un triste souvenir  de ce camp le cimetière où furent ensevelis 361 Français, 102 belges, 116 Russes, 305 Italiens, 49 Anglais, 1 Roumain et 1 Américain, au total 935 morts. Beaucoup de corps ont été rapatriés et seuls les Russes sont demeurés tous présents. Mortalité donc importante dans ce camp qui correspond à 4% des hommes qui y sont passés.  Victor à Meschelde se sent rapidement malade et doit séjourner plus de trois semaines au "Lazarett" du camp. Il en sort vers la mi- décembre  et un mois plus tard il et est envoyé à Knapsack, une petite ville au sud de Cologne pour participer aux travaux de terrassement d'une route… Le 24 janvier, Victor tente de s'échapper. Il longe la voie ferrée et rejoint Herbestal. C'est presque la Belgique mais une patrouille le surprend et il est incarcéré quatre jours à Eupen. Suite à son évasion, Victor passe du statut de déporté au statut de prisonnier de guerre.

 La prison à Aix-La-Chapelle

 Il est transféré le 30 janvier 17 à Aix-La-Chapelle  où, dans une sinistre prison il attendra cinq semaines  son jugement ! Il écrit à sa sœur le 4 février:

 Sœur chérie, je suis désolé de vous faire savoir que je suis dans la prison d'Aix-la-chapelle. Ne craignez rien, je n'ai fait aucun mal; j'ai été arrêté à Herbestal parce que je n'avais pas de passeport. Je ne sais pas combien de temps je dois y rester  (…). Je ne pourrai pas souvent vous faire savoir de mes nouvelles car je crois qu'on ne peut écrire qu'une fois par mois. Mais je suis bien portant et je crois que vous vous portez à merveille. (…)

 Le camp d'Holzminden

 Après cinq semaines dans la prison d'Aix, Victor est transféré au camp d'Holzminden à 350 km de là. Le camp est immense  et une centaine de baraques abritent 4000 prisonniers. Victor y séjournera six mois  et malgré son  état de santé qui s'empire, il écrira:

 Holzminden le 19 mars 1917,

Très chère Mère

Je suis très heureux de pouvoir causer un instant avec vous. Je suis toujours bien portant comme lorsque je vous ai quittée; et vous donc, comment vous portez-vous? (…).

 Début juin, Victor est transféré au Lazarett du camp. Il y restera  trois mois !  Le diagnostique de sa maladie n’est sans doute pas encore posé à cette époque. Mais  la tuberculose rénale qui l’emportera apparaît sans doute à cette époque et entraîne amaigrissement,  fatigue, fièvre, infections urinaires. Voici deux extraits de lettre où Victor tait complètement  ses  problèmes de santé pour ne pas tracasser ses proches :       

Holzminden, le 30 juin1917

  Chère sœur,

(…)

Comment allez-vous? Etes-vous toujours bien portante? J'espère que oui. Quant à moi, je suis toujours en bonne santé. J'ai reçu un colis avec un pot de miel et des biscuits, un autre avec un pot de confiture, du café, du riz. Les biscuits étaient très bons, je vous en remercie. Je vous prie d'accepter cet humble trèfle à six feuilles; je vous souhaite qu'il vous porte bonheur.

 Holzminden, le 20 juillet 1917

Chère Mère,

J'ai bien reçu ta lettre du 8 juillet m'annonçant que vous êtes toujours en bonne santé; j'en suis toujours de même. Si vous m'écriviez un peu plus souvent, cela me ferait plaisir. Je suis maintenant au Lazarett, comme vous avez du voir à mes cartes précédentes. Dans l'espoir d'être bientôt près de vous, je termine ma lettre en vous embrassant de tout mon cœur.

Votre petit garçon Thys Victor

Après trois mois d'hospitalisation au Lazarett, les autorités du camp effarées des progrès de la maladie de Victor font appel à la Croix-Rouge qui offre de transférer le malade en Suisse.  Le 24 septembre 17, Victor quitte le camp et embarque dans un train qui le conduira à Meiringe. Victor y passera trois mois dans l'émerveillement d'un paysage de montagne et avec l'espoir intense de retrouver une bonne santé.

 La Suisse à Meiringen puis à Clarens

 Meiringen, le 1er octobre 1917

Ma chère maman et Marraine,

Je suis très heureux de vous apprendre que je suis toujours en excellente santé; j'espère que vous en êtes tous de même. Comme par ma carte précédente, je vous fais savoir que je suis interné en Suisse. Je m'y plais parfaitement car je suis dans un hôtel, bien nourri et bien couché; vous n'avez donc pas à vous inquiéter sur mon sort. Je viens de me faire photographier avec un camarade qui habite une chambre à côté, Alphonse Van Laar de Houdeng-Goegnies, près de l'ascenseur; j'ai l'air un peu mal tourné mais j'avais justement un  violent mal de dent. (…)

Les médecins suisses n'ont plus beaucoup d'espoirs. La tuberculose rénale dont est atteint Victor évolue rapidement !  On ne connaît encore aucun traitement antibiotique  et seul le repos et le soleil peuvent  dans de rares cas créer une rémission! Victor est alors envoyé à Leysin  pour une cure de soleil en haute montagne. Il est hébergé à " La Buyère " vaste chalet en bois qui domine la station et qui deviendra plus tard la clinique Sainte-Agnès.

Malgré sa souffrance, il écrit  à sa famille qu'il est toujours en bonne santé ! Plus loin dans la lettre, il avoue cependant que les médecins  envisagent de l'opérer.

Leysin, le 1er décembre 1917

 Chers parents

J'espère que vous êtes toujours en bonne santé, moi j'en suis de même. (…) Je suis à Leysin où je fais des cures de soleil; le soleil chauffe fort ici car nous sommes très haut dans les montagnes(…) Je dois aller à Berne à l'hôpital où l'on doit me faire une opération, espérons que cela réussira. (...)

 Victor ne sera  finalement pas opéré car les deux reins sont atteints par la tuberculose.  Les médecins et Victor doivent  renoncer à l'amélioration par la chirurgie ! Au lendemain de Noël 1917, Victor quitte Leysin pour Clarens-Montreux en bordure du lac Léman. Rentrant doucement en insuffisance rénale, Victor y survivra cinq mois et quelques jours, passant fréquemment de la clinique de la Prairie au Grand hôtel de Clarens où séjournent une quarantaine d'internés malades. Après le 15 avril, il n'est plus capable de se déplacer et restera confiné dans sa chambre jusqu'au matin de 8 juin 18 où il décèdera entouré des religieuses soignantes.

Clarens, le 15 avril 18

Ma Chère Sœur

C'est avec une immense joie que j'ai reçu votre lettre du 12 janvier. J'espère que vous vous portez bien, moi j'en suis toujours de même. Je suis bien content d'avoir eu des nouvelles, mais je voudrais bien que vous veniez ici, car moi je suis très bien! (…)

 C'est seulement le 15 mai 1918 qu'il exprimera clairement à sa famille qu'il ne va pas bien:

 Clarens le 15 mai 1918

Bien chers parents,

J'espère que vous êtes en très bonne santé, quant à moi, je ne suis pas de même. Voilà près de 4 semaines que je suis au lit, et on a dû me faire retourner à la clinique. J'ai eu beaucoup de fièvre et mal aux reins; on a essayé trois fois de me faire la cystoscopie et on n'a pas pu ; je suis pourtant chez un habile docteur; enfin, je prendrai patience. (…)

Voici la dernière lettre à sa famille

 Clarens, 1er juin 1918

Biens chers parents

C'est avec un grand plaisir que j'ai reçu votre lettre du 29 avril. J'espère que vous êtes toujours  en très bonne santé; mais moi, je suis toujours au lit, impossible de me lever; vous voyez que j'écris mal parce que j'écris dans le lit. J'ai été très triste en apprenant que vous avez dû payer 50 francs de frais. J'ai reçu les 50 frs. Merci bien, mais je vous prierai de ne plus m'envoyer de mandats; je m’en passerai s'il le faut; d'ailleurs, si j'avais le bonheur d'être guéri, je chercherais à m'occuper un peu car, vous savez, depuis que je vous ai quittés, j'ai toujours été à l'hôpital, il y a eu seulement des passages où j'étais un peu mieux, d'un mois, pas beaucoup plus. Comment Marraine se porte-t-elle, ainsi que la famille? Je crois qu'elle est tout à fait guérie et qu'elle va se promener, par ce beau temps, au bois ou ailleurs. Et vous maman, travaillez-vous encore tant? Est-ce qu'on a récolté assez bien au jardin? J'espère que oui. Si j'étais à votre place, je ne vendrais rien du tout, je garderais pour manger; la nourriture est plus précieuse que l'argent; et Paul, travaille-t-il toujours avec papa? (…).

Je vous envois ci-joint mon portrait, vous me trouverez joli. Des compliments à toute la famille ! Recevez, chers parents, les meilleurs baisers de votre fils. Victor

 Le 12 juillet 1918, un policier se présenta chez la maman de Victor pour lui remettre une convocation chez le bourgmestre pour le lendemain 9 heures. Le bourgmestre  Paerdens annonça la triste nouvelle. Le 22 juillet, l'abbé Comptdaer célébra la messe de requiem avec un grand nombre de paroissiens..  

Le 26 octobre 1919, au cimetière de Clarens on inaugura un monument élevé à la mémoire des internés alliés décédés dans la région de Montreux. Parmi le public imposant, se trouvait la soeur de Victor, Marie Thys accompagnée de son époux Cyrille Lepot. Les époux Lepot viendront à plusieurs reprises jusqu'en 1950 fleurir la tombe de Victor  dans le "carré 18" au fond du cimetière. Aujourd'hui la  tombe de Victor n'existe plus. Sur le mémorial sont gravés les noms de 20 Français et de sept Belges décédés dans la région.

 Voici les noms de nos compatriotes décédés:

F.Daussaint,

F.De Wit,

H.Delen,

C.De Crees,

L. Luthist,

M. Peetermans,

V.Thys

 

Conclusion

 Après avoir lu le récit de la déportation de Victor, on  reste  confondu d'admiration pour ce jeune homme qui vibrait d'amour pour les siens au  point de vouloir les épargner de ses graves soucis de santé!  Rien ne peut mieux caractériser Victor que ces mots  écrits par le  Dr Perret (5) qui fut son médecin  à Clarens:

" Votre fils a été admirable de patience et de bonté. Il ne s'était jamais plaint  et chacun l'aimait pour sa douceur et son caractère agréable."

Nous sommes heureux de  garder sur ce site  le souvenir de sa bonté qui honore le genre humain!  

Commune de CLARENS-MONTREUX (Canton de VAUD), Monument aux internés alliés morts dans la région de Montreux.

 

 (1) Robert Pourbaix (1934-2005)

Robert Pourbaix était une sommité dans ce quartier d'Houdeng pour lequel il se battit avec passion pendant sa vie entière. Il passa une grande partie de sa jeunesse au Patro à Houdeng-Goegnies et en devint responsable. Plus tard, enseignant, l'abbé Pourbaix passa toute sa carrière à l'Institut Saint-Joseph de La Louvière, où il donna cours de musique, de français, d'histoire et de religion.

Entré au séminaire, Robert Pourbaix fut affecté à la paroisse de Bois-du-Luc. C'est là qu'il commença à oeuvrer dans les années septante. Très présent et actif, il sera à l'origine du premier comité de quartier de la région du Centre, constitué à la fermeture du dernier charbonnage de Bois-du-Luc, le puits du Quesnoy, en 1973. Il contribua à sauver les maisons et les Carrés de Bois-du-Luc. Il créera ensuite le groupe d'animation culturel de Bois-du-Luc, le GABOS et mettra sur pied le Musée de la mine, dans l'enceinte de l'écomusée.On lui doit une recherche historique publiée en 1983 « Les charbonniers de Bois-du-Luc.Très actif au niveau des écoles libres, de Vie Féminine, de l'ONE, de tout ce qui était associatif, l'abbé Pourbaix a considérablement marqué Bois-du-Luc. Il était un peu l'âme du quartier. Connu de tout le monde, c'était un homme foncièrement bon, il donnait sans compter tout en restant très discret


 (2) Meldeamt: bureau de recrutement

 (3) Sur la centaine de déportés d'Houdeng-Aimeries, 15 mourront en Allemagne, dans une clinique de Suisse, ou peu de temps après leur retour: Bernard Azorne, Georges Delrivière, Ernest Detimmermans, Georges Dubrulle, Auguste Dumont, Fernand Govaerts, Camille Mainil, Léon Paradis, Georges Pourtoy, Henru Roland, Eugène Sauvage, Alexandre Thyberghien, Victor Thys, Georges Tricoux, Poklydore Van Hoygem.

 (4) Georges Delrivière et Maurice Decoux; le premier, voisin de Victor, était un jeune employé de17 ans; il revint à Houdeng le 29 décembre 1916, et y mourut quelques mois plus tard.    

 (5) Lettre du Dr Perret à la maman de Victor

Montreux, le 27 juillet 1918

Madame,

Permettez-moi comme ayant soigné votre cher fils interné à Clarens jusqu'à sa mort de vous donner quelques renseignements sur sa maladie. En arrivant en Suisse, il souffrait de la vessie et l'on ne tarda pas à s'apercevoir qu'il était atteint de tuberculose des reins et de la vessie. Son cas état malheureusement compliqué du fait que, chez lui, les deux reins étaient malades. Le rein gauche était complètement détruit, le rein droit à moitié. Dans ces conditions une opération n'était pas possible et une guérison malheureusement non plus. Quelques jours avant la fin, survint une crise d'urémie, il eut des vomissements, des maux de tête, puis perdit complètement connaissance et expira doucement, sans agonie, entouré des bonnes sœurs de la clinique. Peu de temps avant l'aggravation de son mal, il travaillait encore journellement, avec plaisir, à la fabrique de jouets.

Je tenais à vous donner ces détails, Madame pour pouvoir ajouter que votre fils a été un malade admirable de patience et de bonté. Il ne s'est jamais plaint et chacun l'aimait pour sa douceur et son caractère agréable. Il doit être bien dur pour vous de ne pas avoir eu la joie de le revoir. Hélas la tuberculose l'a emporté comme tant d'autres. Il est en paix maintenant, et nous gardons de lui  un pieux souvenir. Veuillez croire, Madame, à l'assurance de nos sentiments de respectueuse et profonde sympathie.

Dr Ch. A. Perret

 



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