Le cheminot Arthur
Ménagé : 36 heures à son poste pour sauver le train Saint-Ghislain-Dour-Roisin
Intérieur de la gare de Dour
Le 23 août
14, nous sommes la veille de l’occupation de Dour par les Allemands. En fin
d’après-midi, une locomotive et cinq wagons arrivent à la gare. Le convoi en
route pour Roisin s’immobilise car mitrailleuses et canon se font entendre
autour de la station occupée par l’état-major de la 5ème division de
l’armée britannique. Le
chauffeur et le machiniste s’esquivent et abandonnent leur train. Le Général
Fergusson réquisitionne alors le train et commande au chef de gare Edmond
Lemaire de lui procurer un nouvel équipage. Léopold Caudron est choisi comme
chauffeur tandis que Fernand Frappart, manœuvre à
l’atelier de Saint-Ghislain fera office de machiniste. Le chef de train sera
Camille Renard accompagné de deux volontaires, Arthur Ménagé garde-salle et
Nicolas Bureau, piqueur. Chargé de 50 blessés anglais, le train démarre puis
atteint Bavay où l’on évacue les blessés. Le train retourne à Dour où il
embarque cette fois cent Anglais et deux Allemands. Le convoi atteint Bavay à
23H30 puis la locomotive revient seule et s’arrête à Saint-Ghislain pour accrocher
sept voitures. A 03h00 du matin le convoi est à nouveau à Dour. Caudron et Frappart rentrent chez eux épuisés. Le Général Fergusson ne
veut pas livrer aux Allemands ce train.
Arthur Ménagé et Robert Harmegnies, ouvrier de
la gare de Warquignies graissent les essieux en vue
du départ. Vers 11H30, le 24 août, juste avant l’arrivée de l’avant-garde
allemande à Dour, les deux hommes démarrent le train qui
repart vers Bavay en faisant halte à Roisin pour y récupérer cinq autres wagons
et soixante réfugiés avec leurs bagages.
Arrivé à Bavay, le train redémarrera vers Cambrai avec 20 voitures
chargées de réfugiés. A 3 heures du matin, le train est finalement dirigé vers Creil.
Les deux Belges y débarquent et y laissent le précieux convoi. Ils rejoignent
alors Arras comme passagers d’un autre train et de là rejoignent leur ville de
Dour en six jours de marche. Du 23 août 16h30 au 25 août au matin, Ménagé avait
tenu 36 heures d’affilée dans son train. Après la guerre il fut récompensé en
recevant la médaille de 1ère classe pour acte de courage et de
dévouement.
Dr Patrick Loodts
Source :
Cet épisode héroïque est longuement conté dans le magnifique
et imposant livre qu’Alain Jouret a consacré à Dour pendant la Grande
Guerre : « Dour 1914-1918 », Publication extraordinaire du
Cercle d’histoire et d’archéologie de Saint-Ghislain et de la région, N° 12.
Dépôt légal D/2011/1065/1
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