Médecins de la Grande Guerre

Albert Van Cotthem.

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ALBERT  VAN  COTTHEM[1]


Le Lieutenant aviateur Albert Van Cotthem

       Jusqu'ici nous laissâmes la parole au lieutenant Van Cotthem, transcrivons à présent ce que le rédacteur Langenus écrivit de Van Cotthem lui-même :

       « Van Cotthem est un enfant des Flandres. Il est né à Okegem lez Ninove, le 31 décembre 1890 et vint comme un solide garçon réjouir une famille heureuse dont le chef était un fermier flamand. Comme un fils de la campagne il accoupla une constitution forte et une intelligence extrêmement développée, ce qui devait paraître bientôt. Il alla en classe au collège épiscopal de Ninove jusqu'à l'âge de 11 ans et dut ensuite se mettre au travail car au point de vue pécuniaire ses parents eurent à lutter fortement à cette époque.

       Le petit garçon alla au travail chaque jour depuis sept heures du matin à huit heures du soir, mais Van Cotthem qui était doué d'une énergie extraordinaire, profita : de chaque occasion pour s'adonner à l'étude. Il apprit aussi quelque extraordinaire que cela puisse paraitre la mécanique jusque dans ses plus petites particularités et cela sans la moindre aide. Il n'eut jamais des professeurs, il ne lui fut jamais rien montré. Quand à la maison paternelle chacun était au repos, Albert sortit doucem0Itt du lit pour étudier à la lumière vacillante d’une bougie.

       La circonscription fut abolie en 1910 et, milicien de l'année il fut incorporé chez les carabiniers-cyclistes. Son caractère doux, son cœur sensible – propriétés généralement de ceux qui ont eu une jeunesse pénible – en firent rapidement l'ami de ses chefs qui l'apprécièrent comme un soldat d'élite. Quand il eut a peine quitté l'armée et qu'il se fut marié, 1914 vint le rappeler sous les armes. Attaché en qualité de motocycliste au grand quartier général, il eut plus d'une fois des missions de confiance à remplir. Il dut ainsi dans le voisinage à Tamise rechercher une patrouille de cavalerie et transmettre des ordres. Après avoir accompli sa mission, il fila le long d'une route où se trouvaient les Allemands à droite, les Belges à gauche. Les balles sifflaient constamment à ses oreilles mais il fut assez heureux de retourner sain et sauf.

       Quand le grand quartier général était à Houthem, le général Wielemans voulut changer de chauffeur, il choisit Van Cottliem, comme mécanicien... Ce nouvel emploi ne lui plut pas. Il était habitué au grand air et la vie hasardeuse du front. Il voulut retourner à sa moto, à son régiment, pour pouvoir courir des journées entières le long des grandes routes et pour entendre de près tout le bruit violent de la guerre. Cela ne lui fut pas permis, mais vers ce moment la direction de l'armée commença à donner toute son attention à l'aviation et comme il avait déjà étant civil des penchants pour devenir aviateur mais n'avait alors pas les moyens pécuniaires, ceci lui parut une occasion favorable et il demanda son transfert à l'école d'aviation.

       Le général Wielemans le lui déconseilla – il avait femme et enfant – mais en fin de compte, il y fut autorisé. Et quand en 1915 tout joyeux de ce qui allait arriver, il entra à l'école d'aviation il y rencontra de nouvelles épreuves.

L'aviation à cette époque était le monopole des riches et lui, le simple soldat, le garçon ordinaire sans argent il n'y connut que beaucoup de souffrance morales. Il chercha sa consolation dans l'étude et dans le travail ; un mois plus tard il vola comme les autres. Au fur et à mesure que son adresse monta, les autres élèves le reconnurent bientôt comme leur maître.

       Au début de mars 1916 le sous-lieutenant Van Cotthem était le premier Belge qui se dirigeait vers le front sur un avion de chasse. Il y connut le grand honneur en juillet 1916 de descendre le premier Allemand abstraction faite toutefois du russe Petrofsky qui en qualité d'aviateur Belge avait fait la même chose en 1914.

       Les aviateurs de combat belges l'avaient durs à cette époque pour descendre leur adversaire. La mitrailleuse était dirigée avec l'affût vers le haut ce qui rendit difficile à diriger et à atteindre le but. Les commandants Lebon et Demanet du génie travaillèrent depuis longtemps à la mise au point d'un système de tir à travers l’hélice. Van Cotthem voulut ici-aussi tenter sa chance et dans ses heures de loisir il se mit à la recherche. En moins de deux mois il avait réussi. Il régla la mitrailleuse suivant le moteur, de telle manière que chaque fois une aile de l'hélice passa devant l'affût de la mitrailleuse, le coup put être tiré. L'aviateur put aussi tirer droit devant lui, un avantage dont la valeur était inappréciable. L'aviation Belge adopta son système et Van Cotthem fut envoyé à Calais en 1917 afin de pourvoir de ce système tous les avions belges. Depuis lors tous les aviateurs belges entreprirent le combat avec plus de chance de succès.

       Il allait retourner au front mais René Vertongen avait été contraint au cours d'un vol de reconnaissance à atterrir en Hollande, et Van Cotthem fut désigné à sa place pour essayer les aéroplanes. A trois reprises il abandonna son poste pour retourner au front où le poussait son amour des combats, mais chaque fois il fut renvoyé à Calais où il resta jusqu'à la fin de la guerre après avoir ouvert une école des vols acrobatiques qu'il dirigea jusqu'à la fin. Grâce à cette école acrobatique les malheurs diminuaient puisque les aviateurs restaient maîtres de leur appareil dans toutes les positions... Deux événements peuvent encore être mentionnés de son séjour à Calais. Un jour il vola le long de la côte et vint en contact avec un albatros, un oiseau grand et pesant. Les lattes de soutien des ailes de son appareil furent brisées par le choc. Son biplan perdit l'équilibre et tel un oiseau auquel on coupa une aile, il tomba comme brisé et put encore maîtriser suffisamment son appareil pour ne pas choir à la mer et atterrir quelque part sur la côte. Il fut sauvé comme par miracle.

       Une autre fois, c'était en 1918 il essaya un aéroplane au-dessus de Calais, Tout à coup un « taube » apparut qui jeta des bombes. Van Cotthem avait par hasard quinze balles à sa mitrailleuse. Il accourut vers l'ennemi et avant que ses quinze balles étaient tirées, l'Allemand dégringole dans la ville. Van Cotthem porte à présent un magnifique chronomètre en or dans lequel se trouve gravé : « Calais reconnaissant au lieutenant Van Cotthem ».

       Il possède aussi un étui à cigarettes en argent portant la signature du roi sous ce texte : « Au lieutenant Van Cotthem en souvenir de ses voyages aériens. »  Et quand il pilota pour la première fois la reine à travers les airs Sa Majesté lui envoya un cadeau : un bracelet de dame avec une montre. Une bien délicate attention de notre Reine pour Madame Van Cotthem.

       La Belgique peut-être fière d'un aviateur comme Van Colthem : le joyeux flamand qui du plus bas monta l'échelle sociale, un « self made man » malgré sa place dans l'aviation belge il est resté ce qu'il était naguère la simplicité en personne.

       Ici nous terminons les biographies des principaux aviateurs de chasse et nous clôturons le chapitre  par quelques particularités sur :

Le Lieutenant Vertongen.



[1] La Grande Guerre (deuxième)



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