Médecins de la Grande Guerre
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Violetta Thurstan,
une matrone aventureuse à l’hôpital l’Océan. Violetta Thurstan est née le 4 February 1879 à Ore dans le Sussex. Elle fit ses études d’infirmière au London Hospital, Whitechapel puis de 1905 jusque 1914, travailla dans le grand hôpital de Bristol, le « Bristol Royal Infirmary » tout en continuant des études en langues, en histoire et géographie. Miss Violetta Thurstan Quand la guerre éclata, Violetta avait 35 ans Salisbury, juillet 1914. Violetta quand elle écrivit ses mémoires de guerre les commença en se souvenant de l’ambiance qui régnait sur Grand-Place de Salisbury lors d’une belle soirée du mois de juillet 1914. Une foule impressionnante assistait au défilé de régiments marchant au son de leur « musique ». Un spectacle joyeux alors que la terre entière s’apprêtait à vivre une des plus grandes tragédies du 20ème siècle. Malgré la joie apparente, chacun cependant, spectateur ou soldat, s’interrogeait sur l’avenir bien sombre qui semblait s’annoncer. Quand vint la clôture de la soirée par l’hymne du soir, « the Evening Hymn », joué de concert par toutes les Musiques Militaires, l’émotion gagna tous les cœurs. Les spectateurs, comme s’ils prévoyaient qu’un si beau spectacle ne serait plus possible avant longtemps, se mirent à entonner le dernier couplet avec une ferveur inaccoutumée. Pour Violetta, c’était le signe évident que rien ne serait plus jamais comme auparavant. Volontaire pour renforcer la Croix-Rouge belge. Une semaine après cette soirée inoubliable, Violetta recevait un télégramme la convoquant à Londres. Elle s’était portée volontaire comme beaucoup d’infirmières de plus de 21 ans qui possédaient l’expérience requise de six mois d’hôpital. Au siège de la St. John Ambulance, un organisme très actif au sein de la Croix-Rouge anglaise, on lui proposa de partir en Belgique, à la tête d’une équipe d’infirmières, pour renforcer en urgence la Croix-Rouge belge. Toute l’administration nécessaire fut réglée très rapidement le samedi même pour un départ le lundi ! Mais un télégramme de dernière minute postposa le départ de Violetta. Les évènements en Belgique se précipitaient et l’on jugea qu’il était préférable que Violetta parte d’abord seule afin de préparer l’arrivée de ses collègues dont elle aurait la responsabilité. Violetta quitta donc l’Angleterre en avant-garde le mardi, débarqua à Ostende d’où elle prit un train pour Bruxelles. Sa première impression de la capitale belge fut de croire qu’elle était arrivée un jour de fête car les rues étaient parcourues d’une foule nombreuse qui marchait et causait dans une ambiance de liesse sous les multiples drapeaux nationaux suspendus sur le fronton des habitations. Mêlés aux drapeaux belges, se trouvaient aussi de multiples drapeaux de la Croix-Rouge et dont le rôle était de désigner un des très nombreux immeubles transformés en postes de secours. La première chose que fit Violetta à Bruxelles fut de se rendre auprès des autorités locales de la Croix-Rouge belge. Celles-ci la prièrent de faire postposer l’arrivée des autres infirmières car il fallait s’attendre à l’occupation imminente de la ville par les Allemands. Violetta très déçue, envoya la recommandation à Londres via un télégramme mais celui-ci arriva trop tardivement. Quelques heures plus tard, les 26 infirmières anglaises de son équipe arrivaient en Belgique. Violetta ne se tracassa pas de trop sur l’affectation des infirmières. La Croix-Rouge belge avait préparé plus de 15.000 lits pour accueillir les blessés à Bruxelles. Il y aurait vraisemblablement l’embarras du choix ! En attendant l’heure de voir débarquer du train son contingent d’infirmières, Violetta décida de marcher jusqu’aux barrières qui devaient défendre Bruxelles. Elles lui parurent très peu convaincantes et Violetta eut alors la conviction que Bruxelles ne résisterait pas. Les infirmières arrivées, Violetta les installa dans les chambres d’un hôtel qu’elle avait réservées. En soirée, de leurs fenêtres, les infirmières alors purent apercevoir dans les rues l’afflux massif de pauvres réfugiés qui provenaient de Louvain et de Termonde. Ce fut la première scène de guerre aperçue par Violetta et ses collègues. Le spectacle était désolant. Les réfugiés inspiraient la pitié en trimbalant dans leurs chariots les vieillards, enfants et les quelques matelas qu’ils avaient pu emporter. Tous ces gens chassés de chez eux contèrent des histoires atroces aux Bruxellois si bien que peu de temps après, on vit une foule de Bruxellois paniqués décidés de fuir à leur tour. Cette foule se dirigea d’abord vers la gare du nord mais la plupart des trains étaient déjà partis vers la France pour ne pas tomber aux mains de l’ennemi. La foule se déplaça alors vers la gare du midi où une faible partie d’entre elle eut la chance de pouvoir monter dans les quelques trains qui s’y trouvaient encore. Le lendemain de cette journée impressionnante, Violetta reçut un télégramme de la Croix-Rouge belge lui annonçant que les Allemands étaient aux portes de Bruxelles. Elle donna l’ordre à ses nurses de quitter l’hôtel immédiatement avec un bagage minimal et elle les répartit dans diverses ambulances de Bruxelles. A peine arrivées dans leurs postes de travail, le triste spectacle des Allemands prenant possession de Bruxelles commença. Ce fut, témoigne Violetta, un défilé de soldats durant 36 heures ! Les jours suivants, Violetta passa son temps à visiter les centres où avaient été réparties ses infirmières. L’ambulance la plus vaste était la caserne des pompiers où 130 lits avaient été installés. Il fallait sans aucun doute un certain tempérament aux infirmières pour travailler et vivre dans une infrastructure qui ne leur offrait aucune intimité. L’adaptation des Anglaises fut cependant rapide et en quelques jours, les nurses avaient transformé la caserne en un véritable hôpital anglais. Mais quelle déception pour elles quand elles eurent leurs premiers hospitalisés. C’étaient 80 soldats allemands aux pieds meurtris par les marches forcées. Soigner les pieds allemands ! On était loin de la vision glorieuse des infirmières penchées sur les soldats alliés ! Personne n’aurait pu imaginer en Angleterre, des nurses anglaises dorlotant l’ennemi en disposant sur leurs pieds épuisés des centaines de compresses froides ! Violetta et trois nurses dans une ambulance belge au sud de Charleroi. Après une semaine de ce travail ingrat, le bourgmestre de Charleroi vint à Bruxelles pour demander des infirmières pour sa ville qui, venant d’être prise par l’ennemi après de furieux combats, regorgeaient de blessés français ou allemands. Le bureau central de la Croix-Rouge demanda à Violetta d’y envoyer trois infirmières. Rapidement, Violetta elle-même, Sister Elsie et Sister Grace se déclarèrent volontaires et se rendirent à Charleroi. Aux abords de cette ville, le paysage commença à devenir dantesque et à Jumet, aucune maison ne semblait intacte et tous ses habitants semblaient avoir tous disparus. Charleroi était littéralement couvert de troupes allemandes. Les trois Anglaises traversèrent toute l’agglomération pour finalement s’arrêter, sur la route conduisant à Beaumont, le long d’un très grand bâtiment non encore totalement achevé et qui avait été transformé en ambulance. C’était là leur destination. A l’intérieur, le désordre qui régnait était effroyable. Il n’y avait pour assurer les soins que quelques braves femmes qui n’avaient reçu qu’une formation très minimaliste en premiers secours. L’ambulance fonctionnait sans chef et sans aucune infirmière diplômée. Un seul médecin belge y travaillait et s’apprêtait à rejoindre la ville pour y soigner des blessés qui l’attendaient à son cabinet. Les trois nurses s’organisèrent aussitôt. Violetta s’assura de la garde de la première nuit avec deux demoiselles belges. Ce fut une nuit de cauchemar. Les vêtements découpés et ensanglantés des blessés français jonchaient le sol, les bassins d’eau sale ou de désinfectants n’avaient pas été vidés, des hommes geignaient de mal et réclamaient de l’eau ou suppliaient qu’on leur refasse leur pansement tandis que de nouveaux entrants réclamaient l’attention qui leur était due. Tout le travail de nursing devait s’effectuer dans le bruit incessant des canons. Pour Violetta, Elsie et Grace, c’était le baptême de feu. Evidemment, les soins se compliquaient par le fait qu’il n’y avait pas de nourriture pour les blessés et un manque manifeste de fournitures médicales. Après une nuit harassante, on convint cependant de plans pour améliorer la situation. A 9 heures, Violetta fut envoyée avec le médecin belge revenu de la ville pour pratiquer une amputation dans un poste de secours à M … (Marchiennes ?)situé à trois km de l’ambulance. Le blessé intransportable, était un tirailleur français de 20 ans dont il fallait amputer un bras gagné par la gangrène. L’opération s’effectua sans difficultés et vers midi Violetta était de retour à son ambulance. A trois heures de l’après-midi, les nurses avaient réussi l’exploit de servir aux blessés une assiette de lentilles suivie d’une autre aux pommes de terre puis d’une tasse de thé. La Croix-Rouge locale installa officiellement Violetta comme infirmière-chef. Elle eut la faveur de disposer de suffisamment de jours de congé pour pouvoir aller suivre à Bruxelles le travail de ses autres infirmières. Les deux collègues de Violetta furent remarquables en effectuant un travail sans fin. Revêtue de l’autorité, Violetta remit de l’ordre dans le personnel de l’ambulance. Elle ne garda que les jeunes filles stagiaires de la Croix-Rouge et renvoya chez elles les autres. C’en était fini de tous ces mouvements incessants dans l’hôpital créés par des jeunes femmes rentrant et sortant constamment, s’asseyant sur les lits des patients, et faisant sans méthode n’importe quoi. Dans l’ambulance se côtoyaient Tirailleurs, Zouaves, Turcos et soldats allemands. Le plus dur pour les infirmières anglaises fut d’entendre continuellement les soldats français leur poser à chaque fois la même question : « Où se trouvent vos boys qui doivent venir à notre secours ? » Il n’y avait pourtant aucun moyen pour les trois nurses d’être informée sur le déroulement de la bataille. Les seules informations disponibles étaient les affiches que placardaient l’ennemi ou les inscriptions que faisaient des passants sur les murs. Une de ces inscriptions amusa Violetta. Elle figurait sur un mur de Charleroi : « Vive Guillaume II, roi de l’univers ». Plus tard, les seules informations disponibles se trouvaient dans des journaux clandestins mais manifestement elles n’étaient pas très fiables. L’une d’entre elles annonçait que la Reine de Hollande avait tué son mari parce que, le lâche, il avait accepté la traversée de Maastricht par les Allemands. Un des médecins allemands qui opérait dans l’ambulance essayait de démoraliser Violetta en lui citant les grandes pertes anglaises lors de la retraite de Mons et la prochaine victoire allemande sur la flotte anglaise. Violetta en souffrit d’autant plus qu’elle avait deux frères qui servaient dans la marine anglaise ! Le problème principal de Violetta était de pourvoir les blessés en vivres. Seules les pommes de terre et les lentilles étaient en quantité suffisante. Un jour, où l’on ne servit pour dîner que des patates, un malencontreux évènement survint. Les pommes de terre venaient d’être pelées et mises à cuire quand des soldats allemands vinrent les réquisitionner ! Il fallut des heures avant de retrouver un nouveau lot de patates. De plus, l’eau faisait défaut car tous les puits avoisinants étaient pollués par des cadavres. L’ambulance avait cependant à proximité un ruisseau très sale dans lequel l’eau était puisée avant d’être bouillie. L’eau était souvent servie encore chaude aux hommes assoiffés. Violetta, se souvint à propos de l’eau, d’un souvenir douloureux. Il se trouvait parmi les blessés un soldat breton mourant de septicémie et qui réclamait sans cesse à boire. Aucune quantité ne pouvait le soulager. Nuit et jour, il criait « à boire, à boire ! ». Son appel désespéré et continuel restera pour toujours dans la mémoire de Violetta. Les jours passaient en même temps que les bruits des canons s’éloignaient peu à peu. Les infirmières avaient appris des soldats la manière de distinguer les canons français des canons allemands. Un jour le bruit de la bataille cessa complètement : Maubeuge venait d’être prise. Quand ce silence apparut, curieusement, il ne donna pas le soulagement attendu car pour les soldats blessés français et leurs nurses anglaises, il signifiait aussi que la bataille était gagnée par l’ennemi. Le Premier septembre, un commandant allemand vint annoncer que tous les blessés allemands devaient s’apprêter pour rejoindre l’Allemagne. Violetta s’opposa en vain à l’évacuation d’un soldat qui venait d’être amputé et ses pires prédictions se révélèrent exactes. Arrivé à la gare de Charleroi, on sortit de l’ambulance le blessé qui venait de succomber dans le véhicule d'une hémorragie. Après le départ des blessés allemands et aussi à cause du décès des patients les plus gravement atteints, le travail des soignantes connut une légère accalmie. Quelques jours de guerre et déjà les infirmières anglaises accumulaient un nombre de souvenirs dramatiques impressionnant. Certaines histoires vécues étaient émouvantes mais aussi surprenantes. Ainsi, ce pauvre soldat breton, gravement atteint qui ne pouvait pas supporter l’idée d’être plus tard enseveli sans cercueil. Une dame providentielle qui vivait dans le voisinage s’offrit de lui en offrir un. Aussitôt son angoisse diminua et il put mourir apaisé. Il fut enterré comme il le désirait. Ce jeune homme avait donc été capable de souffrir comme un soldat mais se révélait incapable de supporter l’idée d’être enterré comme un soldat… Violetta, dans ses mémoires ne nous donne hélas pas le nom de ce brave jeune homme. Le dimanche suivant, une annonce fit l’effet d’une bombe. Ce fut au tour des Français de devoir se préparer à partir pour l’Allemagne ! On vit à nouveau Violetta faire l’impossible auprès de l’autorité allemande pour garder les blessés mais il fallut déchanter. La situation était encore plus désastreuse pour les blessés français que pour les blessés allemands car, au contraire de ces derniers, ils ne possédaient rien à se mettre à l’exception de leurs blouse et pantalon souvent d’ailleurs en très mauvais état car, pour la plupart, ils avaient été coupés lorsqu’il fallait accéder aux plaies. Comment ces hommes pourraient-ils affronter l’humidité et le froid lors de leur voyage et durant leur séjour en Allemagne ? Impossible de leur donner des vêtements civils car ceux-ci signifiaient l’intention de s’enfuir et étaient donc interdits par l’occupant. La seule solution réaliste fut de réunir en quelques heures les femmes belges des environs pour recoudre et rafistoler les pantalons rouges le mieux que l’on pouvait ! La plupart des blessés évacués, Violetta profita du calme pour se rendre à Bruxelles et soutenir les autres infirmières qui y étaient demeurées. Violetta fut surprise en apprenant les exactions supplémentaires que devaient chaque jour supporter les Bruxellois. La dernière étant l’interdiction de rouler à vélo sous peine d’être tiré à vue. Les drapeaux si nombreux avaient été interdits, y compris les drapeaux de la Croix-Rouge à l’exception de ceux qui marquaient les hôpitaux allemands. Contrairement aux infirmières envoyées à Charleroi, les infirmières restées à Bruxelles n’avaient pas beaucoup de travail. La seule solution était de les renvoyer en Angleterre mais ce fut l’occupant qui finalement s’en chargea en décidant la fermeture de tous les postes de secours ainsi que le renvoi sur leur île des infirmières et médecins anglais… Tous les médicaux anglais furent donc convoqués à la gare pour y embarquer sur un train spécial à destination de Liège. La destination était bizarre et avait un avant-goût d’emprisonnement ! Le consul américain essaya de faire changer la décision du commandant de Bruxelles mais rien n’y fit ! Les Anglais devaient partir ! Le départ était prévu pour le lundi suivant, il restait quelques jours d’attente. Nous étions le mercredi 30 septembre et les Bruxellois venaient d’apprendre que Wavre-Sante-Catherine avait été prise par les Allemands, signe que la forteresse d’Anvers ne tiendrait plus longtemps. Les infirmières profitèrent de ces jours d’attente pour procéder à la vaccination contre la typhoïde à l’hôpital St Pierre le 3 octobre. Départ forcé en train vers l’Allemagne puis le Danemark Le jour du départ, Violetta et ses compagnes rejoignirent la gare où le train spécial devait emporter une centaine d’infirmières et une quinzaine de médecins anglais provenant de plusieurs organismes anglais opérant en Belgique occupée. Un détachement de soldats allemands veillait à l’extérieur de la gare et deux officiers faisaient l’appel. Le train avait quelques wagons pour les Anglais mais tous les autres étaient occupés par des blessés ou des prisonniers. En montant dans son wagon, Violetta eut la surprise de voir assis devant les fenêtres du compartiment deux soldats armés. Les soldats avaient pour ordre d’empêcher les infirmières de regarder par les fenêtres. Le train partit mais les arrêts aux stations étaient si interminables que Louvain ne fut atteint que dans la soirée et Liège vers deux heures du matin. A l’aube, le train atteignit la frontière à Herbesthal où il fit halte. A la surprise des infirmières, les occupants sont poussés dehors tandis que leurs bagages furent jetés sur le quai et fouillés. Tous les instruments chirurgicaux furent confisqués au grand dam des soignantes. Personne ne savait comment ce voyage allait se terminer et les infirmières et médecins avaient de plus en plus la sensation d’être considérés comme des prisonniers allant rejoindre un camp en Allemagne. Le soir, le train arriva à Cologne. Il avait fallu 36 heures pour y arriver ! Les occupants descendent et peuvent acheter un peu de nourriture avant de rembarquer dans un autre train. Le matin, c’est l’arrivée à Munster où les Anglais eurent l’agréable satisfaction de voir des dames de la Croix-Rouge locale leur délivrer un repas. Autre avantage de cet arrêt, on permit à chacun d’aller prendre une douche sous le réservoir à eau de la gare. L’arrêt suivant, à Hambourg, fut nettement plus désagréable. Sur les quais, une foule haineuse attendait le train pour insulter ses occupants. Il fallait impérativement ne pas réagir car la moindre réplique pouvait entraîner des conséquences catastrophiques. Parmi cette foule se trouvait cependant une heureuse exception : un jeune officier allemand s’adressa, dans la langue de Shakespeare, aux infirmières et leur demanda s’il pouvait faire quelque chose pour elles. Il avait, dit-il, une dette de reconnaissance envers les Anglais qui l’avaient si bien accueilli lors de son séjour en Grande Bretagne. Il revint, peu après la réponse des infirmières, chargé de fruits et de chocolat à leur intention ! Le lendemain après-midi, ce fut l’arrivée à la frontière danoise. Il était devenu difficile pour les infirmières de s’imaginer qu’elles allaient retrouver la liberté quelques instants après. Tard dans la nuit, ce fut l’arrivée joyeuse à Copenhague. L’hôtel Cosmopolite ouvrit ses portes et le lendemain, Miss Jessen, la secrétaire de la fédération des infirmières danoises, élabora un programme varié de visites d’hôpitaux et d’expositions. Il y eut même une réception officielle au Palace Hôtel durant laquelle un médecin danois, le docteur Norman lut un poème de composition : To the British surgeons and nurses passing Copenhagen on their way from
Belgium Le jour de son arrivée au Danemark, Violetta apprit avec grande émotion la chute d’Anvers. Elle pensa que malgré ces mauvaises nouvelles, il fallait « gagner », malgré un ennemi si fort, si organisé, si menaçant. Sur le même journal, elle lut un article sur la détresse des Polonais (A cette époque la Pologne faisait partie des possessions russes) qui voyaient les Allemands s’approcher de Varsovie tandis que leurs soldats souffraient de choléra et de fièvre typhoïde sans pouvoir être convenablement secourus par le manque d’infirmières. Le journaliste russe qualifiait de « Petite Belgique » la Pologne. Peut-être, pensa alors Violetta, fallait-il se rendre dans cette « Petite Belgique » pour prolonger sa mission belge. Trois autres nurses se rallièrent à sa proposition et un télégramme fut envoyé à Londres au siège de la St. John’s pour demander l’avis de leur hiérarchie. Il n’y eut pas de réponse jusqu’au moment où Violetta s’apprêtait à reprendre le bateau pour l’Angleterre. In extremis, un télégramme lui parvint leur signifiant qu’elles avaient reçu la permission de travailler pour la Croix-Rouge Russe en Pologne. Le trajet choisi pour rejoindre la Pologne passa par la Suède puis la Finlande pour atteindre Petrograd et, de là enfin la Pologne. Volontaire pour le front polonais Le 24 octobre, les quatre infirmières empruntèrent le Ferry qui les amena d’abord à Malmö. Sur le bateau, les nurses ressentirent de l’amertume en voyant les lumières du Danemark où ils avaient été si bien accueillis s’éloigner définitivement. Quel serait le futur ? Après un voyage aventureux à travers la Laponie jusque la frontière avec la Finlande (Torneo), les infirmières durent encore supporter 52 heures de train pour atteindre Petrograd. Violetta et ses trois consœurs logèrent
d’abord dans la communauté des infirmières de l’hôpital, appelée « Sisters of Mercy ». Elles furent bien accueillies et
attendirent là l’autorisation de se rendre au front à Varsovie où les Russes
venaient dans un premier combat de repousser les Allemands. Avant de partit
pour leur destination finale, les nurses eurent la surprise d’être convoquées
par l’Impératrice Marie Federovna qui désirait saluer
les courageuses anglaises. Après une heure de conversation, l’impératrice prit
congé de ses hôtes en leur disant : « Merci d’être venues pour nous aider en Russie. Je serai toujours
intéressée d’avoir de vos nouvelles. Que Dieu vous bénisse dans votre travail ». Travail dans un hôpital de Varsovie dirigé par une incroyable
infirmière-chef Violetta et ses trois amies arrivèrent à Varsovie trois jours après leur réception par l’Impératrice. Elles sont alors réparties dans deux hôpitaux. Leur installation débute et Violetta fut très bien accueillie dans la chambre de ses homologues russes qui serrèrent leurs lits pour lui permettre d’établir le sien. 8 infirmières pour une petite chambre avec une seule fenêtre et pour tout ameublement une table et une bassine cachée derrière un rideau. Les conditions de vie étaient spartiates. L’hôpital était surchargé et les malades et blessés s’alignaient jusque dans les couloirs. Violetta fut chargée de la salle de pansements. La première semaine fut un véritable cauchemar. A la grande déception de Violetta, ses deux collègues placées dans un autre hôpital ne résistèrent pas au stress et à la fatigue et, après cinq jours, démissionnèrent pour retourner en Angleterre. Violetta se demanda comment un hôpital pouvait fonctionner avec si peu d’infirmières. Il n’y en avait que 20 mais les « petites mains » accomplissaient tout le travail qu’en Angleterre les élèves-infirmières faisaient ce qui permettait malgré tout aux infirmières de tenir bon. L’infirmière-chef était, nous dit Violetta, une femme d’exception avec un cœur en or et d’un calme souverain. Il est dommage que Violetta ne nous ait pas donné le nom de cette femme extraordinaire. Lors de l’annonce de l’arrivée de 400 nouveaux blessés, les infirmières, ne sachant pas où pouvoir les placer, furent paniquées et même horrifiées. L’infirmière-chef, seule, ne fut pas perturbée. « Ne vous tracassez pas dit-elle, nous les installerons le plus confortablement sur les brancards pour la nuit et demain nous ferons de la place ». Son calme raconta Violetta, réconforta tout le personnel qui œuvra sans plus se plaindre.. Toute la nuit fut une longue procession de brancards dans l’hôpital. Violetta attribua plus tard, dans ses écrits, une mention particulière à l’infirmière responsable de la cuisine qui resta debout toute la nuit pour préparer de la soupe... Chaque nouvel arrivant fut déshabillé, examiné par le docteur puis pansé et revêtu d’une chemise en coton. Bien entendu, l’infirmière-chef montra l’exemple. C’est elle qui donnait le ton à l’hôpital. L’hôpital n’était ni confortable, ni up to date ; les chambres n’étaient pas si chauffées, le staff inadéquat, les ressources pauvres, mais, sans aucun doute, grâce à sa matrone, pas un hôpital ne le surpassa en ce qui concernait la dévotion du staff envers les blessés. Jamais Violetta n’entendit une récrimination provenant du personnel et jamais non plus, il n’y eut un seul bandage omis malgré l’excès manifeste de travail. Bien sûr, certaines pratiques heurtait la conscience des infirmières anglaises. Violetta raconte que leurs collègues russes donnaient sans prescription médicale, une quantité impressionnante d’antidouleurs morphiniques ce qui pouvait facilement conduire à des catastrophes. Violetta dit avoir vu notamment une infirmière donner une injection stimulante à un homme ayant une sérieuse hémorragie. Il en résulta une augmentation catastrophique de son saignement. Elle vit aussi une nurse, n’ayant que deux mois de pratique, injecter 10 injections de camphre en moins d’une heure à un patient allant très mal et cela sans avertir le médecin de l’état de son blessé. Au début de la guerre, les Russes parvinrent à rejeter les Allemands de la Pologne mais à la fin octobre, les choses changèrent. Une affreuse bataille s’engageait à Lodz. Violetta eut le loisir de bien observer les soldats russes. D’après elle, deux choses les caractérisent. La première est leur apparence disgracieuse, la deuxième est leur entente amicale avec leurs officiers et cela contrairement aux soldats prussiens qui détestaient leurs officiers. Lorsque les soldats russes sont en dehors du service, il n’est pas rare qu’ils appellent leurs officiers par leurs surnoms comme par exemple « Petit Pigeon » ou « petit père ». Violetta se souviendra toujours du dévouement d’un jeune et fort cosaque envers son officier blessé. Il resta auprès de lui nuit et jour jusqu’à sa fin et lorsque celle-ci vint, il se jeta sur le corps de son chef en suppliant Dieu d’aussi le faire mourir. L’hôpital essaya d’évacuer ses blessés vers Moscou ou Petrograd afin de faire de la place pour les blessés arrivant sans cesse de Lodz. Ce fut à cette période qu’un télégramme leur parvint pour leur enjoindre de partir pour cette ville afin de rencontrer le Prince Peter Volkonsky. Le prince russe leur demanda de faire partie de sa colonne d’ambulances que lui-même, avec son épouse Marie, avait créée afin d’évacuer rapidement les blessés du champ de bataille. Cette colonne d’ambulances automobiles nommée « Flyin Column » comptait cinq automobiles avec un staff composé de chauffeurs, brancardiers et d’un chirurgien anglais. Violetta et sa collègue acceptèrent l’honneur de faire partie de cette glorieuse colonne. Une semaine d’enfer dans un hôpital militaire de Lodz. Violetta arriva à Lodz où la colonne d’ambulances automobiles prit ses quartiers dans un grand hôpital militaire. La ville entière était devenue en réalité un immense hôpital. On disait que plus de 18.000 blessés s’y trouvaient. Chaque bâtiment abritait des blessés. Dans l’hôpital militaire, le bombardement devenait si incessant qu’il fallut descendre les blessés au rez-de-chaussée et dans les caves. L’endroit était un enfer absolu et Violetta n’avait jamais encore rien vu de pareil. L’hôpital n’était pas chauffé car il manquait de bois ou de charbon. Il n’y avait pas de draps propres et les blessés restaient dans la vermine de leurs vêtements sales et maculés de sang. Ils n’avaient à leur disposition qu’une petite couverture et la plupart ne possédaient pas de lits et reposaient sur un peu de paille. Pas de bassins ni de crachoirs. Les hommes crachaient partout sur le sol. Dans la pièce la plus grande étaient couchés 70 ou 80 blessés. L’odeur était infecte et certains n’avaient pas vu leurs pansements changés depuis plusieurs jours. Toute la nuit des blessés graves arrivaient sans discontinuité et malheureusement, il n’y avait rien pour les soulager durablement. Au moins, avaient-ils un toit pour s’abriter et de temps à autre un peu de thé. Ce n’est qu’à cinq heures du matin que le flot des arrivants se tarit enfin et que Violetta put aller s’étendre… Mais deux heures après, à 7 heures, on la réveilla pour accueillir un nouvel arrivage de blessés alors que le bombardement reprenait de plus belle. Des civils blessés par les obus firent leur entrée dans l’hôpital, notamment une jeune femme qui impressionna Violetta par ses deux bras réduits en bouillie. Après trois jours de ce travail continuel, vint un renfort composé de quelques nurses et d’un médecin. Violetta put enfin prendre un repos conséquent. Quand elle s’éveilla, elle apprit que les autorités militaires avaient décidé d’évacuer les patients. Dès lors, il s’agissait de préparer toute la nuit les patients à leur futur transfert. Peu après l’évacuation des blessés, survint la décision de fermer complètement l’hôpital. Une dame polonaise vint alors, comme dans un conte de fée, offrir aux infirmières anglaises, à la princesse et au chirurgien l’asile de sa maison confortable pour s’y restaurer et prendre un bain. Malheureusement alors que tous s’apprêtaient à dormir enfin dans des bons lits confortables, le prince arriva et donna l’ordre de partir immédiatement avant l’arrivée imminente de l’ennemi. L’évacuation totale de la ville s’imposait mais miracle… les Russes purent évacuer leurs 18.000 blessés, ce qui constitua un véritable exploit. Violetta et sa compagne rejoignirent donc à nouveau Varsovie. A Varsovie, la Grande duchesse Cyrille faisait un travail exceptionnel. Elle avait créé un vaste hôpital ainsi qu’un train ambulance qui pouvait contenir 800 blessés. La Flying column du Prince Volkonsky se mit à son service pour soulager son personnel surchargé et épuisé mais après cinq jours, l’ordre vint de se rendre sur le front à Skiernevice où le Tsar possédait une villa de chasse qu’il laissait à la disposition de la colonne pour s’installer. Deux jours après leur installation, les blessés arrivèrent et remplirent la totalité de l’hôpital temporaire. Le front se rapprochant, il fallut ici aussi évacuer tous les patients en vue d’une retraite. Deux trains s’y consacrèrent avec succès mais les derniers patients furent évacués avec les ambulances de la colonne. Violetta rejoignit ensuite la ville de Zyradow où elle fut hébergée dans le petit hôpital local où la matrone, à sa grande surprise, parlait un anglais parfait mêlé d’un accent écossais. En fait, il y avait à Zyradow toute une série de familles écossaises qui étaient venues cent ans auparavant s’établir là à proximité de la fabrique de coton qui faisait la réputation de l’endroit. Dans l’hôpital de la Flying Column
à Radzivilow. Carte représentant le front en Pologne Après cette étape, Violetta atteignit la ville de Radzivilow située sur le front et où la Fliyng Column du Prince installa une nouvelle fois un hôpital temporaire. A peine monté, l’hôpital reçut de nombreux blessés provenant d’une tranchée qui avait été prise en enfilade par les mitrailleurs allemands. Les blessures des soldats étaient terrifiantes et le pire était de voir les blessés condamnés vivre et souffrir encore des heures avant que la mort ne mette fin à leurs souffrances. Seule consolation, la morphine présente en grande quantité fut administrée par les infirmières. Violetta se souvient d’un homme qui avait la face toute arrachée tandis qu’un autre présentait un dos méconnaissable, un mélange inextricables de chairs et de débris de vêtements. Un troisième comptait neuf plaies sur l’abdomen. Ce dernier était un soldat très âgé qui semblait être un véritable patriarche. Cet homme s’appelait Yvan et venait à peine de rejoindre l’armée et c’était son premier combat. Il était superbement vêtu. Sa femme qui devait l’adorer, lui avait cousu en vue de son engagement une magnifique veste et une chemise de lin brodée avec grand soin. Yvan adorait sa femme et avait l’air de souffrir plus d’avoir vu ses vêtements coupés que de ses blessures ! Il vécut encore une semaine et ce laps de temps permit à sa chère épouse de le revoir vivant une dernière fois. Ce noble vieillard marqua durablement Violetta. Il lui était reconnaissant de chaque petit geste accompli pendant les soins. Il est dommage que Violetta n’ait pas mentionné le nom de ce héros. La nuit, toutes les lampes devaient être éteintes et les blessés demeuraient dans le noir absolu. Les infirmières passaient à tour de rôle entre les blessés avec une petite lampe de poche. Seules, la salle de pansement et la salle d’opération étaient éclairées par des bougies. L’hôpital de la Colonne Mobile était constamment illuminé par des fusées éclairantes envoyées par les Allemands et à tout moment on redoutait d’être découvert. Les camions apportant les blessés roulaient sans phares et travaillaient si bien que le matin, à neuf heures, on comptait plus de 300 blessés. Ce fut un soulagement de voir dans la journée un train arriver pour les évacuer. Pendant 16 heures, le personnel avait travaillé de façon continue avec les fenêtres fermées dans une puanteur terrible. Il n’y avait pas assez de brancards pour accueillir les blessés qui venaient d’être opérés. Certains soldats blessés avaient séjourné dans leur tranchée longtemps avant d’avoir pu être évacué comme le montrait l’un d’entre eux dont l’épaule blessée était entièrement couverte d’insectes. Finalement Violetta et la Flying Column furent relevées après 48 heures. Violetta rejoignit Zyradow juste au moment du réveillon de Noël. Deux jours de repos plus tard, Violetta était de retour au front. Cette fois l’ambulance de la Flying column s’établit dans un train sanitaire à l’arrêt. Le travail étant plus calme, on put à nouveau travailler par pause ce qui permit à Violetta de visiter les premières lignes durant une nuit. De retour à Zyradow pour un nouveau repos, elle put fêter la nouvelle année mais cinq jours après, Violetta, au cours d’une attaque d’un Taube, fut atteinte à la jambe par un fragment de shrapnel. Elle dut alors s’aliter mais une pleurésie vint compliquer son état de santé. Elle fut alors rapatriée en Angleterre. Pour Violetta la guerre n’était pas finie. Rétablie, on la retrouve en Russie fin 1915 comme représentante du NUTN ( The National Union of Trained Nurses ) pour offrir de l’aide aux réfugiés du front de l’est. Elle raconta cette aventure dans un livre qu’elle intitula The People who Run: the Tragedy of the Refugees in Russia : un récit sur la situation des réfugiés qu’elle estimait au nombre de cinq millions. Matrone à l’Océan. Un peu plus tard, en 1916, elle devint la matrone de l’hôpital l’Océan. Violetta ne laissa hélas à notre connaissance aucun écrit sur cette période. A Koksidje, infirmière héroïque dans une Main Dressing Station. En 1917, l’Angleterre s’apprêtait au moins de juin à lancer la bataille de Passendaele. Violetta quitta alors son poste de matrone dans l’hôpital belge pour se mettre aux services des siens à Koksyde dans une « Main dressing station » (Station principale de Pansement). Cet hôpital était vraisemblablement celui qui se trouvait établi à la ferme Groote Kwinte. Il dépendait de la 91st Field ambulance et possédait dix baraques Adrien, des tentes « marquées » et une grande salle d’opération. Sa capacité était de 1.200 blessés. Au cours d’un bombardement, elle est à nouveau blessée alors qu’elle procède à l’évacuation de blessés. Elle sera décorée pour ce fait de la Military Medal et retourne en Angleterre en convalescence. Le lundi 27 août 1917, elle avait noté modestement dans son diary : «
Notre station de pansement est bombardée et le Padre
est tué tandis que nous avons trois blessés. La ferme et deux tentes sont en
feu. J’ai été atteinte à la tête. Nous devons évacuer. Mardie
et moi allons à l’hôpital CCS canadien où la matrone me donne son propre lit. »
Contrastant avec ses notes personnelles, voici la citation qui
accompagna sa décoration : « Elle
transporta un blessé dans un abri en prenant un grand risque pour elle-même et
après cela assista à une opération et aux soins des blessés pendant le bombardement
qui était très intense et qui détruisit une partie de la salle de pansement
dans laquelle elle officiait. Touchée à la tête et choquée par la chute d’une
poutre, elle continua néanmoins à travailler et à aider à l’évacuation des
blessés ce qui constitua le plus bel exemple pour tous. Quand on l’évacua vers
le CCS (l’hôpital canadien), elle protesta et exprima son désir urgent de
retourner au plus vite à son poste de travail au Main Dressing Station. « She dragged a wounded man into a
shelter at great personal risk and afterwards she assisted at an operation and
in dressing the wounded though at the time the shelling was very heavy and part
of the hut in which the dressings were being performed was struck by a shell.
She was herself hit on the head and dazed by a piece of falling timber.
Nevertheless, she continued to work and assist in the evacuation of the
helpless wounded – a most stimulating example to all. When removed to the
Casualty Clearing Station she protested at being detained there and expressed
an urgent desire to return to the Corps Main Dressing Station. » Violetta écrit durant sa convalescence, un magnifique Manuel de soins à
l’usage des infirmières de guerre. En convalescence en Angleterre, Violetta ne perdit pas son temps et écrivit un magnifique Manuel de soins qui résume tout ce qu’une infirmière en temps de guerre doit savoir. A nouveau Matrone, cette fois en Macédoine. Son dernier poste durant la Grande
Guerre fut en Macédoine où elle œuvra comme matrone dans l’hôpital de campagne
d’Ostrovo tout près du front de Salonique. La malaria
mit un terme à son travail et la fit rentrer en Angleterre. Guérie, elle devint
administratrice de la « Women’s Royal Air Force » jusqu’en
septembre 1919. 1915 publisher's advertising for French edition of Field Hospital or "Adventures of an English Nurse" Violetta
devint après la guerre une spécialiste des arts textiles. Après la période tumultueuse de la
guerre, Violetta Thurstan se passionna pour les arts
textiles. En 1923, on la retrouve comme directrice de l’industrie Bédouin
(fabrication de tapis) dans les camps de réfugiés du Liban. A ce titre, elle
devait acheter la laine pour les réfugiés et, pour ce faire, voyagea sur la Mer
Rouge où elle fut sans doute la première femme européenne à accoster sur ses
rives. Connaissant très bien le désert d’Arabie pour l’avoir parcouru, elle
devint membre de la Royal Geographical Society. Violette Thurstan Violetta écrivit plusieurs livres sur
l’art des tapisseries. Citons en deux : “Use of Vegetable
Dyes for Beginners” (Usage
des colorants végétaux pour débutants) publié en 1930 qui fut un best-seller dans son genre,
réédité quatre fois et « A Short History
of Decorative Textiles and Tapestries » publié en 1934. Son livre Militante durant la guerre d’Espagne. En 1937,
elle milita pendant la guerre civile espagnole pour libérer les prisonniers
d’Almeria. En service durant la Seconde guerre Mondiale dans
la Royal Navy. Durant
la Seconde guerre Mondiale, Violetta fut
engagée dans la Women's Royal Naval Service pour ses
grandes capacités en langues. Elle inspecta des navires en recherche de la
contrebande. Après la Seconde guerre Mondiale, elle intervint
pour les personnes déplacées par la guerre. Après
la guerre elle travailla au service des personnes déplacées ou prisonniers de
guerre en Italie, Egypte et Autriche. Elle fut décorée par le pape Pie XII.
(Elle s’était convertie au catholicisme peu après la Première Guerre Mondiale). Violetta
resta active toute sa vie et continua à se passionner pour les arts textiles
jusqu’à un âge avancé. Elle décéda chez elle à Penryn
le 13 avril 1978 à l’âge de 99 ans. Venue secourir les Belges en 1914, ancienne
matrone de notre Hôpital l’Océan, idéaliste jusqu’au dernier jour de sa vie, il
est juste que les Belges lui restent à jamais reconnaissants. Dr
Loodts P. Source : 1)
Violetta Thurstan,
Field hospital and Flying Column ,; London and New York, G.P
Putnam’s Sons, 1916. 2)
Violetta Thurstan,
A Text Book of War Nursing, G.P.Putman’s Sons,
London and New York, 1917 3)
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