Médecins de la Grande Guerre
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LA GUERRE 1914-1918, dans la Vallée
de l'Aa. Les Refugiés belges. Dès la fin de 1914 et au début de 1915,
la région de Saint-Omer devint la zone de repli de la Belgique envahie. De
nombreux travailleurs saisonniers belges, avaient, avant la guerre, fait des
séjours dans les fermes ou villages des environs et liée connaissance avec des
foyers français dans lesquels leurs familles vinrent tout naturellement
demander asile, au moment du danger. Ce fut le cas à Longuenesse ou par
ailleurs des h6pitaux et ambulances furent installés. Le couvent de la Malassise reçut les typhiques et autres contagieux, évalués
des villes de Poperinge et Ypres, avec le personnel civil et religieux. Au printemps de 1915, devant l'avance
allemande menaçant Ypres et ce qui restait de la Flandre Occidentale, Instituts
et communautés, arrivèrent en France. Plusieurs étaient des couvents français
exilés en Belgique depuis les lois antireligieuses de 1901 : tels les Carmels
de Dunkerque (à Poperinge) et de Cholet (à Dixmude) qui trouvèrent tous deux
refuge à Boulogne-sur-Mer, avec des sœurs enseignantes d’Avesnes-sur-Helpe. Calais
offrit l'hospitalité à six communautés belges, de même que Merlimont
et Neuville-sous-Montreuil. Saint-Omer reçut, rue du soleil, les Pères Carmes
d'Ypres et les sœurs hospitalières d'Ypres. Moulle
accueillit les Carmélites d'Ypres ; Lumbres les sœurs de la Sainte Famille
d'Ypres. Enfin, Wisques et Wizernes,
les orphelinats de fillettes et de garçons d'Ypres et environs, dirigés par des
religieuses belges. Ces deux dernières institutions prirent le nom de :
Colonie Scolaire Belge « Les enfants de l'Yser » (De kinders van den Ijzer). Comme
introduction à l'histoire de ces deux orphelinats, nous utiliserons les notes
prises au jour le jour d'octobre 1914, mai 1915, dans Ypres agonisante, par une
religieuse des Sœurs Lamottes, enseignante dans une école
de 400 filles à Ypres, qui va devenir par la force des choses, infirmière. Laissons-lui
la plume … 7.10.1914. Entrée des soldats
allemands à Ypres. 20.000 hommes environ campent en ville et aux abords. 1.200 mitrailleuses,
600 canons, 30 cuisines roulantes « A ce qu'on dit : Pillages etc… » Otages, 70.000 Fr à payer à leur départ.
Quelques espions restent en ville. 13.10. 40.000 Anglais entrent à
Ypres. Nombreux refugiés. 22.10-5.11. 500 blessés soignés
en permanence à l'école. 27.10. Quelques bombes sur la
ville. 4.
11. Départ des sœurs pour Poperinge, sauf quelques-unes. Mr. le Curé de la
Paroisse St. Pierre (Rd Camille Delaere) est partout
sur la brèche 7. 11. D’antres sœurs partent pour
Boesinghe, West-Vleteren ou
Poperinghe. Les Pères Carmes sont partis, sauf le P. Télesphore. 8.11. Quelques sœurs Noires
partent avec des orphelines. 10.11. On craint l'arrivée des
Allemands; nos sœurs partent pour Poperinge, je les accompagne. 11.11. Le vicaire de St. Pierre
est tué. La supérieure des Sœurs Noires est blessée, ainsi que Sr. Livine. Evacuation des orphelines sur Poperinge. 16.11. Je retourne à Ypres. Les
dernières soeurs Noires partent. MX.lr Curé de St. Pierre vient loger chez
nous. Nous faisons connaissance avec le commandant G.W.Youg de l'ambulance des « Quakers ». C'est par lui que Mr le
Curé fut mis en relation avec les « Friend-Unit »
(ambulances) qui font le plus grand bien aux soldats et aux Yprois.
22.11. Bombardement des Halles, à
9 heures. Ypres est en feu. Sauvetage de la statue de N.D. de Thuyne, patronne de la ville d'Ypres. 25-26. 11. Évacuation des
vieillards et malades des hôpitaux à Poperinge, puis en France. 25.1.1915. Mr. le Curé Delaere étudie les mesures, prendre en faveur des orphelins
et des impotents de la ville. Il pense à les regrouper pour les envoyer en France.
Où donc ? Il ne sait, mais l’œuvre des « Enfants de l'Yser » est
fondée dans son cœur. 26.2.15. Bombardement de la
ville. Parmi les tués, Lefever, qui était revenu hier
de « La Malassise » près de St. Omer, où on
l'avait soigné et guéri de la fièvre typhoïde ! 28.2. Visite à une famille de
typhiques : le père et la mère meurent à l'hôpital quelques jours après. Mr. le
Curé de St. Pierre se chargera des enfants à l'avenir (plus tard ils iront à Wisques). 1.5. Mr le Comte de Beaumont et Mr Chopart sont venus faire offre à Mr. le Curé d'un château
en Normandie, pour y accueillir à leurs frais, les orphelins d'Ypres et
environs. Belle œuvre dont Mr. le Curé rêvait depuis longtemps.- Neige, pluie
et vent… . 3.3. Mr. Chopaert
et Mr.le Curé vont soumettre le projet d'orphelinat à
Mr. Ligey, président de la Croix Rouge. Dans
l'après-midi Madame la Comtesse Louise d'Ursel avec
un certain M. Mordey (Anglais) viennent trouver Mr. Le
Curé pour l'œuvre des literies et vêtements pour les typhiques et réfugiés. 6.3. Distribution de vêtements. Je dois
aller avertir quelques familles qui veulent passer en France. Vieillards et
enfants seront conduits par les « Quakers ». J'accompagne les
enfants, l'un pleure, un autre perd sa charge, un troisième tombe dans la boue !
Au bras gauche, je traine un vieillard de 86 ans, à mon tablier pend un des
plus petits, un autre à mon chapelet et un autre à ma corde. 10.3. Mr .le Curé part pour St.
Omer où il espère trouver un logis pour les orphelins. Mr .le Doyen de St. Sépulère (chanoine Désert) l'Archiprêtre (chanoine Vasseu) le Curé de St. Denis (abbé Flament)
Mr. Ed. Lefevre du Brey)
maire de St. Omer, lui font un accueil bienveillant et il rentre plein
d'espoir. 11.3. Mr. le Comte de Beaumont
vient parler avec Mr. le Curé du projet d'Orphelinat, il y consacre 3.000 Fr.
Un ministre américain venu pour voir l'installation des « Quakers »
offre à Mr. le Curé d'emmener avec lui en Amérique tous les orphelins. 12.3. Mr. L'abbé Declercq,
professeur au collège a trouvé à caser nos orphelins chez les Pères Trappistes
de West-Vleteren (St.Sixte).
.Les « Quakers » viennent chercher meubles et linges utiles. Le 16,
les enfants partent pour la Trappe, mais ce ne sera qu'une étape. 17.3. Mr. le Curé et le commandant
Young, partent pour St. Omer où Mad. Panniez Dambricourt offre son patronage et son ouvroir de Wizernes, pour les petits orphelins. Mr. le maire du Prey
s’engage à accepter l'ancien couvent des Bénédictines de Wisques.
Mme Panniez-Dambricourt va tout y préparer pour
lundi; six sœurs Paulines de St. Julien (lez Ypres) seront chargées des petites
orphelines. 21.3. Mauvaise nouvelle, le maire
de St. Omer fait savoir à Mr. le Curé que l'Orphelinat (l'abbaye des Benédictines de Wisques) doit être
laissé à l'armée anglaise. Pourtant confiance ! La Providence est là ! Le « Grand
Château » de Wisques est libre ! Le Grand Château 26.3. Mr. L'abbé Declercq part
pour Wisques avec 4 grandes orphelines et 4 sœurs
Paulines de Courtrai. 2.4. Mme la Comtesse d'Ursel apporte effets et denrées pour les enfants. 7.4. Après divers regroupements,
les ambulances « Quakers » conduisent des orphelines à Wisques. Ici se termine le récit de la religieuse
qui nous retrace les péripéties relatives à la fondation de la colonie scolaire
belge des « Enfants de l'Yser ». La suite de son journal raconte
l'héroïsme de l'Abbé Delaere et des sœurs restées à
Ypres : les méfaits des obus « Ypérite »… les allées et venues entre
Ypres et St. Omer; le sauvetage de la
célèbre statue de N.D. de Thuyne patronne d'Ypres
qu'elle apporta le 13 mai 1915, pour la mettre en sûreté au pensionnat à St. Denis
de St. Omer. Elle souligne en particulier la bonté et la charité du Pensionnat.
Comme il a été dit plus haut, le 26 mars
1915, un petit groupe échappe des bombardements et se réfugie à St. Jean Wattou-1ez-Poperinghe, vint
prendre possession du « Grand Château » de Wisques,
sous la direction de Mr. L'Abbé Declercq, professeur au collège d'Ypres, il y
restera 9 mois. Le Grand Château Grâce à l'initiative et à l'activité du
comité Anglo-Belge (Mme la Comtesse Louise d'Ursel, Mme van den Steen de Jehay , deux dames d'honneur de
la Reine Elisabeth de Belgique) et la « Friend
Ambulance » dirigée par le capitaine Young) le monastère fut promptement à
même, de recueillir de nombreux enfants. Il y eut bientôt 97 orphelines, plus
tard 126, soignées par 8 religieuses Paulines de Courtrai, auxquelles vinrent
s'adjoindre 3 infirmières et 3 nourrices, pour s'occuper de 22 bébés crèches dont
la direction était confiée à Melle Menthe, ancienne institutrice d'Ypres. Les enfants
de 3 et 4 ans furent regroupés à Berck-Plage et Merlimont.
Bleriet-Plage. Un journaliste belge a confié ses
impressions au « XXème SIECLE », journal belge, alors
édité au Havre, après une visite laissons luis la parole : A Wisques, un château construit vers 1450, par un comte de Sainte
Aldegonde, sert de refuge aux orphelines. Au moment
ou nous entrons les « grandes » sortent de classe. Les sabots clairs
font clic-clac sur les dalles du corridor et les orphelines en
enfants-bien-élevés, s'inclinent les yeux au sol en passant devant nous. Après,
les autres surgissent de derrière les portes de la classe, deux petites filles
à l'air penaud. Elles avaient sans doute été mises en pénitence, et c'est notre
visite qui, probablement, les a libérés. Elles en oublient la révérence ! Ce
qu'il y en a des petites filles là depuis celles qui mettent déjà un corset – oh,
très souple – jusqu'au bébés qui viennent à peine de venir au monde. Et tout ce
petit monde a un lit ou un berceau ! Nous grimpons à l'étage au dessus du
porche d'entrée. Un concert qui n'a rien de symphonique, nous accueille : une
douzaine de moutards au berceau y piaillent à qui mieux-mieux. Seuls les deux
privilégiés qui trônent sur les bras des infirmières faisant fonctions de maman
font le sourire. Le Grand Château Mais, notre présence a été remarquée, le
plus observateur des gosses se tait et nous fixe de ses grands yeux tout ronds
encore entourées de petites larmes brillantes… puis les autres l'imitent. C'est
le silence, mais pas pour longtemps. Ici, un
berceau qui porte un seul nom : Madeleine et l'indication : 5 à 6 mois. On
vient d'identifier le bébé, le jour même. Sa mère, blessée peu grièvement a été
trouvée à l'hôpital. Son père a été tué. Malgré toutes ces tristesses si proches,
un air de bonheur règne dans tout l'établissement, grâce à la générosité
anglaise et au dévouement du personnel ; rien ne manque, les orphelines ont
presque là une atmosphère familiale. Mr. L'Abbé Declercq et les sœurs soignent
leurs enfants avec le plus grand dévouement. A Wizemes :
c'est un autre prêtre, Mr. L'Abbé Joseph Delger, ex-directeur
de l'orphelinat d'Ypres, qui avec l'aide des cinq sœurs de St. Vincent de Paul
de Gits (lez-Roulers) a organisé un orphelinat de
garçons, dans les locaux du patronage et de l'ouvroir mis à sa disposition par
Mme Panniez-Dambricourt. Au moment ou nous entrons
dans les classes, tout le monde se lève et un vigoureux « bonjour »
Monsieur ! » la bienvenue retentit et toutes ces
têtes, blondes et tondues, se tournent vers nous. Quelques instants après, les
gosses sortent un grand, 10 ou 11 ans, peut-être,
donnant la main à un petit, qui en est, semble-t-il à ses premières culottes.
Et ainsi défilent une centaine d'enfants orphelins de guerre, pour la plupart.
On nous signale un petit de trois ans, qui passe inconscient : père, mère,
grands-parents, frères et sœurs ont été tués par le même obus dans leur cave,
lui seul s'en est tiré sans une seule égratignure. Les gosses commencent maintenant une
partie de football des plus animée. Hélas, nous dit Mr. Delger,
on ne peut les laisser jouer autant qu'ils désirent, car ils usent trop de
bottines à ce jeu là ! Les deux établissements bénéficient des
mêmes charitables secours de l'œuvre des orphelinats belges, patronnée par sa
Majesté la Reine Elisabeth, qu'elle visita en personne à deux reprises. Les soins médicaux furent assurés par un
médecin anglais et un belge attaché à l'hôpital de la Malassise,
qui venait trois fois par semaine ou plus, grâce à une automobile mise à sa
disposition par l'armée anglaise. L’abbé Delaere. Durant toute la guerre, les deux
orphelinats bénéficient d'une vie paisible, à la belle saison toute cette
jeunesse passait une grande partie du temps en plein air. A Wizernes,
où l'espace vital était plus restreint, les buts de promenade étaient faciles a trouver et les bois environnants offraient l'attrait des cueillettes
de mûres ou de noisettes. Par contre, à Wisques,
cerises et fruits abondaient. Ces dernières années, des survivants, de
passage à l'Abbaye, avaient gardé le souvenir très précis d'un goûter offert à
sa Majesté la Reine Elisabeth en compagnie de la petite princesse Marie-Josée
qui fit honneur aux cerises de Wisques. Elle avait au
paravent distribué des jouets et gâteries. La seconde visite de la Reine fut plus
officielle, elle eut lieu aux environs du 13 juin, car à cette date, elle
traversa Aire-sur-Lys, pour se rendre à Linghem et
assister à la revue de l'Indian Cavalery,
logeant au château St. André de Witternesse, elle s'esquiva à cheval avec un petite escorte
pour aller voir ses chers « Enfants de l'Yser » à Wisques.
Cette fois les autorités militaires françaises alertées, chargèrent le
commandement de recrutement de St. Omer, Jehan Danzel
d'Aumont, d'organiser un petit détachement qui viendrait au « Grand
Château » de Wisques, rendre les honneurs à la
souveraine. Le mardi, 17.5.1916, l'Evêque d'Arras
confirma à Wizernes, le matin les enfants de la
paroisse et ceux du voisinage, l’après-midi, il monta à Wisques
où il confirma le sacrement à 22 orphelines. Une dame d'honneur de sa Majesté
(Mme la comtesse van de steen de Jahay)
fut la marraine. Après la cérémonie, elle distribua des images souvenirs,
Signées, à chacune. A Wisques après la cérémonie, à
l'heure du goûter, Mme la Comtesse et sa suite, se rendirent avec le chanoine Delaere et les sœurs, au donjon pour prendre le café et une
collation. Mgr. Lobbeday originaire de Bergues, en
Flandre Française, fit un immense plaisir-aux-petits orphelins de Wizernes en repassant, le soir les visiter et en leur
adressant quelques mots dans leur langue flamande. La salle base du Donjon (exposition des
céramiques depuis 1969) servait alors de cuisine et de salle à manger pour les sœurs.
Les enfants mangeaient dans l'ancienne salle à-manger du château (réfectoire
des moines en 1901). Les offices religieux se faisaient dans le salon du
Château et la petite chapelle adjacente. L'autel était contre la cheminée entre
les deux fenêtres. L'oratoire de l'Immaculée conception servait de dortoir pour
les plus grandes. Les petites dormaient en haut dans le donjon. La petite
chapelle sur le côté servait aux petites, surveillées par Sr. Paula – les sœurs
de l'hôpital d'Ypres refugiées au bout des remises, venaient là à la messe. Un baraquement construit dans la cour
intérieure, servait comme salle de jeu et de couture. L'étage du château était
réservé aux sœurs, les plus grandes orphelines logeaient aux étages du Donjon.
Dans les parloirs actuels, classes et services s'organisèrent au mieux dans les
dépendances et baraquements. La sacristie et rez-de-chaussée de la tour St. Antoine,
servaient de lingerie et lavabos. La tour de la cloche pour les bains. Le
chanoine DELAERE logeait et se tenait dans l'aile Nord-Est
de la terrasse du château. La vie était réglée par la petite cloche
laissée par les Moines, sous un petit abri contre le donjon. Des sœurs de l'orphelinat, on a gardé
les noms : Sœur Godelieve, supérieure, Sr. Pauma, Sr. Hilaire, Sr. Jeanne, Sr. Elisabeth,
Sr. Bernarde, Sr. Scholastique et Sr. Rosa. P.S. DESIMPEL Henri venait servir la messe les jours
de fêtes, (enfant réfugié) de St. Omer ? A coté des religieuses de l'orphelinat
des fillettes belges, il y avait au « Grand Château » de Wisques un petit groupe de cinq religieuses hospitalières
d'Ypres. Elles occupaient le logement de concierge (jadis habité par la famille
de Lewis Hypace, puis par celle de Furay-Dufour) à l'extrémité Nord-Ouest des remises faisant
suite à l'Oratoire de L'immaculée conception. Les Sœurs infirmières de l’hôpital N.D. d’Ypres avec leur supérieure (2 de gauche à droite) Le
nom de ces religieuses : Mère Agnès, supérieure, Sr. Elisabeth, Sr. Madeleine,
Sr. Marguerite et Sr. Godelieve. Sr. Madeleine, survivante en 1972 avait
gardé en plus de très bons souvenirs celui des visites nocturnes que leur
faisaient les rats ; elle se rappelait aussi qu'en dehors de l'aide à
l'orphelinat, elle rendait des services à la ferme « Sainte Aldegonde » pour traire les vaches et battre le beurre
et faisant des courses en ville avec les filles de Mr. Edouard Clay. La ferme
remerciait en lait, beurre et légumes. Le cas échéant, une des sœurs assurait
des soins aux malades du village. Le « Grand Château » servait
encore de refuge momentané à d'autres religieuses hospitalières qui vinrent y
refaire leur santé après surmenage ou maladie contractée dans les hôpitaux
militaires de la région. L'état civil de Wisques
a enregistré plusieurs décès d'enfants en 1915 ; le
29.4 une petite fille de 3 à 4 mois (identité inconnue) le
20.5 Léontine Joutrey belge, âgée de 5 mois le
12.6 Victor Dillies : 18 mois le
18.12 Albert Roose : 16 mois et Zoé Hageveer née à Popœringhe : 10
mois le
26.12 Omer Devloo fils de François né le 10.10.1914
décédé au Gr. Château. La mairie de Wisques
n'a pas enregistré d'autres décès de l'orphelinat. Ceux qui ont pu se produire
ont sans doute été consignés par les services consulaires belges ou la Croix
Rouge, car on sait par ailleurs, qu'une fillette parmi les plus grandes est
décédée au cours des années suivantes. Les orphelines passèrent le reste de la
guerre dans cette « oasis de paix » écrivait en janvier 1918 le
chanoine Delaere, directeur et fondateur de l'œuvre
au Père Prieur de St. Paul, alors refugié en Hollande. Les fermiers de Wisques assurèrent régulièrement les fournitures de lait
pour les enfants de la Crèche et chaque vendredi, de grandes orphelines accompagnées
d'une sœur passaient dans le village chercher le « lait battu » que
les habitants de Wisques leur offraient
gracieusement. Quant aux orphelins de Wizernes, ils ne terminèrent pas la guerre dans le
Pas-de-Calais, car dans la nuit du 15 mai 1918, les « Taubes »
ennemis vinrent lâcher des bombes sur Gondardennes,
où il y eut 6 tués et 6 blessés; la nuit du 21 mai, ce fut la grand’ rue qui
fut atteinte ; on y déplora 3 tués et 1 blessé. Aussi, les responsables de la
Croix-Rouge effrayés par les dangers que l'on courrait dans la vallée,
décidèrent d'éloigner les orphelins de Wizernes.
Avant la fin de mai, ils étaient partis pour les environs de Tours à
Joué-lès-Tours (Indre et Loire, arrondissement de Tours) ; en janvier 1918 ils
étaient 75 garçons (lettre du chanoine Delaere
22.1.18. Après l'armistice du 11 novembre 1918,
le retour en Belgique ne put se réaliser de suite. Ypres étant une ruine… Les
enfants qui avaient encore des parents leur furent rendus. L'abbé DELAERE, dont le dévouement avait
été reconnu officiellement par la Croix-Rouge, reçut la médaille de la Croix de
l'ordre de Léopold, remise par le Roi Albert et la légion d'honneur décerné par
le Président Poincaré, au titre de Commissaire de la Croix-Rouge, section
d'Ypres, s'employa a de nouvelles fondations
charitables Des Sœurs Paulines, de Courtrai avec les enfants (1918) En 1919, d'autres sœurs hospitalières
vinrent à Wisques, six semaines durant, pour préparer
avec Mr. l'Abbé Delaere la réorganisation de
l'hôpital d'Ypres (Sr. Marie, Sr. Marrthe, Sr .Aloysia et Sr Madeleine). Les
sœurs Paulines de l'orphelinat s'installeront elles toujours sous la direction
du chanoine Delaere, devenu entre temps doyen de St.
Martin d'Ypres à Saint Andries-lez-Bruges, pour y fonder l'orphelinat qui
existait jusque 1960. Il a été transformé en maison de retraite pour dames âgées.
Le dernier groupe, composé de deux sœurs
et de 4 orphelines quitte le « Grand-Château » de Wisques
dans l'après-midi du samedi Saint, le 1.4.1920. Le séjour de l'orphelinat chez
nous avait duré cinq ans et quelques jours. C'est à St. Andries que Mr. Delaere ira finir ses jours, le 18 décembre, 1936. |