Médecins de la Grande Guerre
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Le soldat
Clemensart de Burelles en Thiérarche mourut à Lombardsijde Le contexte historique et géographique : la bataille de l’YSER Nous sommes
en octobre 1914. L’armée belge est épuisée. Elle a pu fuir d’Anvers au nez et à
la barbe des Allemands, rejoindre le littoral et puis se réfugier derrière le
petit fleuve Yser. Les soldats
combattent avec des bottines usées, sans équipement contre le froid. Dans ces
conditions effroyables, sans un moment de répit, ils doivent affronter les
Allemands qui veulent à tout prix franchir le petit fleuve. Les tentatives
allemandes vont durer plus d’un mois et constituer ce que l’on nomme la
« bataille de l’Yser ». La France au secours de l’armée Belge Pour
soutenir notre petite armée, nos amis Français nous envoient du secours. Entre
Nieuport et Dixmude, les renforts sont notamment constitués par les fusiliers
marins de l’amiral Ronarch, ainsi que par la 42ème Division sous le
commandement du général Grossetti. Le 151ème et le 162ème Régiment
d’Infanterie fait partie de cette division. Le Général Grossetti Cliquez ici Sur cette carte, on visualise la 42ème Division arrivée en Belgique le 21octobre 1914 pour franchir à Nieuport l’Yser et se diriger ensuite vers Ostende en passant par Lombardsijde. Le 21
octobre, la 42e DI arrive en Belgique et pour barrer à l'ennemi la
route de Calais, elle doit refouler la 4ème Division d’ersatz, de
Nieuport jusqu’à Ostende et de se rabattre ensuite vers les arrières de l’armée
ennemies. A Nieuport, l’Yser se jette dans la mer du Nord. Face au port, sur la
rive Est du fleuve, se trouvent de vastes dunes cachant le village de
Lombardsijde, avant-poste de l’armée belge. Le 20 octobre, les Allemands
arrivent à s’en rendre maître. Pour faciliter le futur raid de la 42ème
DI vers Ostende, les Belges décident de mener aussitôt une contre-attaque afin
de reprendre ce village. Le colonel Jacquet commande la manœuvre qui débute au
matin du 22 octobre. La reprise de Lombardsijde par le 9ème de Ligne Le 1er
Chasseur et le 9ème de Ligne mènent l’attaque. Le major Lorent, à la
tête du 3ème Bataillon du 9ème de Ligne a fort affaire
devant Lombardsijde occupé par les Allemands qui viennent d’obtenir un
important renfort. Le feu ennemi est incessant et après plusieurs heures de
combat, ses hommes n’ont plus de bandes de mitrailleuses et ne disposent que de
quelques cartouches. Survint alors un renfort inespéré en la Compagnie Lepage
du 2ème Bataillon et en l’arrivée, malgré la perte de deux chevaux,
d’un caisson d’artillerie. Grâce à cette aide, les Allemands finissent par
refluer et le bataillon Lorent peut s’installer dans les ruines du village en
ayant soin de renvoyer vers Nieuport un charriot rempli des armes pris à
l’ennemi. Le 23 octobre au matin, les soldats belges sont heureux
d’entendre les voix des soldats du 162ème et 151ème
Régiment d’Infanterie ayant traversé l’Yser pour délivrer Ostende. La relève des Belges à Lombardsijde par le 151ème Régiment Le 151ème
avait quitté Adinkerke le 21 octobre au matin pour atteindre La Panne où il
bivouaqua une nuit. Le 22, le régiment s’était remis en marche pour Coxyde
situé sur la côte entre La Panne et Nieuport. Pendant la journée, des
reconnaissances avaient été faites en vue de joindre les soldats Belges
combattant à Lombardsijde. Les bataillons du régiment bivouaquèrent la nuit à
Coxyde avant de retrouver, le 23 octobre, les soldats belges du major Lorent
dans Lombardsijde. « Ou
quelle est la route d’Ostende ? » demandèrent les poilus. « Mais vous y êtes mais elle est longue
la route ! Bonne chance ! » répondirent les Belges[1]. Le 162ème
devait s’avancer en territoire ennemi tandis que la 151ème se
maintenait en réserve à Lombardsijde. Le soir du 23, à la tombée de la nuit,
les officiers belges remirent leurs positions aux officiers français. Quand le 9ème
de Ligne est relevé et s’éloigne dans la nuit, les Français crient
cordialement : « Bon repos les gars ! C’est à nous de travailler
maintenant ! » Sur cette carte, on perçoit Nieuport et au nord, le village de Lombardsijde. Les zones hachurées représentent les inondations provoquées par les Belges fin octobre. La 42ème
DI qui s’apprêtait à reprendre Ostende aux Allemands ne restera pas longtemps à
l’est de l’Yser. Les nouvelles du front belge sont mauvaises : l’ennemi
dans la nuit du 21 au 22 a su franchir l’Yser au niveau de la boucle qu’elle forme
aux environs du village de Tervate. La 42ème Division abandonna
alors la rive est de l’Yser pour renforcer l’armée belge plus au sud. La vaine tentative du Major d’Oultremont pour reprendre le terrain perdu à
Tervate Faisons ici
une parenthèse pour rappeler la vaine tentative de reconquête du terrain perdu
dans la boucle que fait l’Yser à Tervate. Les Belges
envoient dans l’après-midi du 22 octobre le major d’Oultremont à la tête de son
2ème Bataillon de Grenadiers pour repousser l’envahisseur mais c’est
une mission suicide. Obéissant aux ordres malgré qu’il les considère comme
insensés, le major cria aux clairons de lancer l’attaque tandis qu’il faisait
tournoyer le bâton qui remplaçait son sabre qu’il avait cassé au combat de
Werchter. Le major est tué lors de son approche de la digue et peu de ses
hommes survivront face aux mitrailleuses allemandes. La retraite sonnée, les
survivants atteignent le village de Pervijse. Les Belges tenteront de nouvelles
offensives pour reprendre le terrain perdu notamment dans la nuit du 23 au 24
mais sans succès. Ils vont alors progressivement abandonner la rive ouest de
l’Yser pour se replier derrière le talus du chemin de fer reliant Nieuport à
Dixmude. Un auxiliaire surprenant allait ajouter un élément important pour la
défense des lignes belges derrière ce talus : les inondations. Le 25
octobre, toutes les mesures étaient prises pour inonder la rive gauche de
l’Yser jusqu’au talus de chemin de fer mais l’inondation ne sera effective que
début novembre et ce délai permet à l’ennemi ayant franchi l’Yser de s’attaquer
aux Belges dans leur ultime retranchement. L’ennemi franchi le talus de chemin de fer à Ramskapelle. Français et
Belges les délogent au cours d’un furieux combat Le
talus franchi à hauteur du village de Ramskapelle, l’ennemi parvient à
conquérir ce village le 30 octobre. Il faut impérativement déloger l’ennemi de
Ramskapelle sous peine de le voir prendre à revers l’entièreté de la ligne de
défense belge constituée par le chemin de fer. C’est le lendemain, 31 octobre,
qu’eut lieu une violente contre-offensive pour reprendre le village. Elle fut
menée conjointement "à la baïonnette" par des éléments de l'armée
belge (6e Régiment de ligne) et de l'armée française (16e
Bataillon de Chasseurs à pied). Le combat fut un corps-à-corps terrifiant pour
les adversaires s’affrontant dans les rues mais aussi dans les caves des
maisons. Plus de 100 soldats belges et de nombreux Français y laissent la vie.
Le village fut gravement endommagé mais maintenant plus un seul ennemi ne se
trouvait derrière le remblai du chemin de fer. Sur cette
carte, l’on voit très bien la position du village de Ramskapelle pris par les
Allemands et repris par une action conjointe des Français et des Belges. Rejetés
à l’est du chemin de fer, l’ennemi, dans les jours suivants sera obligé de se
replier derrière la rive est de l’Yser en raison des inondations provoquées par
les Belges. Commence alors une longue guerre de position. Guerre de 1914 - Ramscapelle. Le village repris par les Français Plaque commémorative du
combat de Ramskapelle : LE 31 OCTOBRE 1914, LE 16e
BATAILLON DE CHASSEURS À PIED FRANÇAIS ET NOTRE 6e RÉGIMENT DE LIGNE
– ENLEVÈRENT EN COMMUN ET À LA BAÏONNETTE – LE VILLAGE DE RAMSKAPELLE ET LE 30
OCTOBRE 1938 OFFRIRENT – EN COMMUN ET EN SOUVENIR – CETTE PLAQUE COMMÉMORATIVE
– A LA POPULATION DE RAMSKAPELLE. DEN 31 OKTOBER 1914
HEROVERDEN HET 16E BATALJON FRANSCHE JAGERS TE VOET EN ONS 6E LINIEREGIMENT
GEZAMENLYK EN OP DEN PUNT HUNNER BAJONNETTEN HET DORP VAN RAMSKAPELLE EN BODEN
GEZAMENLYK EN ALS BROEDERLYKE GEDENKENIS DEZEN OPSCHRIFTSTEEN AAN DE BEVOLKING
VAN RAMSKAPELLEDEN 30 OKTOBER 1938. Le 151ème Régiment épaulera
glorieusement le flanc droit de l’armée belge Mais revenons au 151ème
Régiment d’Infanterie français. Après l’échec de leur percée vers Ostende, le
régiment continuera à épauler le flanc droit de l’armée belge, de Dixmude à
Ypres. Le régiment connaîtra de douloureuses pertes comme dans le combat de
Lizerne du 10 Novembre 1914 (secteur de Steenstraat situé au Nord de la ville
d’Ypres). Voici
ce que relate l’historique du 151ème R.I. sur sa présence au bord de
l’Yser : Le 151e connaît les
horreurs de la guerre de tranchées à Nieuport, Ramscappelle, Dixmude, Ypres. Au
cours de ces combats, le commandant MONPHOUS est grièvement blessé ; le
commandant de BONTIN qui l'a remplacé, épuisé lui-même, passe le commandement
du régiment au commandant MOISSON, du 162e, qui réorganise
hâtivement ses unités. Le 19, le colonel DILLEMANE (aujourd'hui général de
division) vient se mettre à la tête du 151e. Le régiment livra
pendant dix semaines des combats farouches ; rien ne lui fut épargné : les
longs séjours dans les tranchées à peine ébauchées, dans l'eau jusqu'aux genoux
; sans abri, sous des bombardements violents avec des projectiles de gros calibre
; sans espoir de renforcement ; irrégulièrement ravitaillé, les aliments qu'il
recevait assaisonnés de l'inévitable sable des dunes : rien ne put ébranler son
beau courage. Le 151e,
dont la réputation déjà à ce moment n'était plus à faire, sortit encore grandi
de son séjour sur le territoire belge et lorsque dans les rues de Cassel
défilèrent ces braves, véritables blocs de boue vivante, on pouvait lire sur
tous ces visages pâles et amaigris, dans tous les yeux cerclés, la fierté que
les hommes éprouvaient d'avoir appartenu au régiment dans des heures pareilles.
Après une
journée de stationnement dans les environs de Cassel, la division embarque en
chemin de fer et va au repos dans la région au sud d'Amiens. Le 151e
est cantonné à Sains-en-Amiénois et Saint-Fuscien. Au bout de
huit jours de repos, à peine remis de ses fatigues et surtout à peine revêtu,
car au sortir de la Belgique ce n'était plus des vêtements, mais des loques qui
habillaient les hommes, le G. Q. G. fait de nouveau appel à la division ; un
corps d'armée est fatigué en Argonne, la division en toute hâte ; est dirigée
sur ce point. Le soldat Clemensart de Burelles du 151ème
RI est mort à Lombardsijde le 22 octobre en éclaireur Burelles est un village de Thiérache
proche de la Belgique. La Thiérache est connue pour ses églises fortifiées et
Burelles en possède une tout-à-fait remarquable. En la visitant durant cet été
2023, j’ai pu constater dans une des deux chapelles latérales, au-dessus d’une
très belle Piéta, une fresque avec les noms des soldats de Burelles morts
pendant la Grande Guerre. Parmi ces soldats, il y avait un certain
Clemensart du 151ème Régiment d’Infanterie tué le 22 octobre à
Lombardsijde. J’ai alors promis à Jean-Michel, le Président de l’association
Saint Martin de Burelles (saintmartinde burelles@orange.fr) d’essayer d’en
savoir plus sur les circonstances de la mort de ce Burellois. Au moyen de
plusieurs sources historiques, je suis arrivé à les préciser. Le 151ème
Régiment est arrivé en Belgique au village de La Panne le 21 octobre 1914. Le
22, les soldats défilent devant le général Grossetti et puis se mettent en
route vers Coxyde où ils bivouaquent. Le 23 au matin, ils traversent l’Yser et
prennent position à Lombardsijde où ils relèvent les Belges qui viennent de
reconquérir la veille (soit le 22 octobre) ce village tombé le 20 aux mains de
l’ennemi. Clemensart est tué le 22 à Lombardsijde, soit un jour avant l’arrivée
de son unité à Lombardsijde. Il faut donc conclure qu’il faisait partie des
éclaireurs chargés de reconnaître l’endroit et d’y prévenir l’autorité militaire
belge de l’arrivée du renfort français chargé de reconquérir la côte belge
jusqu’à Ostende. Henri Clémensart a donc rejoint les environs de Lombardsijde
le jour où les Belges menaient le combat pour reprendre ce village. On peut supposer dès lors qu’il fut tué d’une
balle ou d’un éclat d’obus alors qu’il approchait des lignes belges. Le jeune
Clemensart, 21 ans, n’avait donc pas froid aux yeux et voulait à tout prix
réussir la mission dont il était chargé. On peu supposer aussi qu’il était un
excellent cavalier pour avoir été choisi comme un des éclaireurs du régiment.
Il fut sans doute le premier soldat ou l’un des tout premiers du 151ème,
à tomber en Belgique ! Puisse
l’église de Burelles, dédiée à l’ancien soldat Saint Martin, gardera en son
sein encore très longtemps le souvenir d’Henri Clemensart. Situation de Burelles L’église fortifiée de Burelles dédiée à Saint-Martin est remarquable et mérite d’être visitée. La chapelle latérale de l’église avec au mur une fresque contenant les noms des soldats de 14-18 morts pour la France Henri
Ernest CLEMENSART Dr Loodts Patrick Sources : 1) Journal du 151ème Régiment d’infanterie 2) Mémoire des hommes pour
la fiche de Clemensart Henri retranscrite ci-dessus : 3) La bataille de l’Yser, Marcel
Senesael ancien combattant, 1964, pas d’édition mentionnée 4) A noter cette très pédagogique relation de la
bataille de l’Yser : [1] Cette conversation est
reprise par Marcel Senesael dans son livre, « La bataille de
l’Yser ». Marcel Senesael, ancien combattant du 2ème de Ligne
et 22ème de Ligne, participa notamment à la contre-attaque de
Tervate. |