Six Sœurs infirmières de St-Vincent envoyées
en punition au camp d’Holzminden
Depuis nombreuses années, je suis intrigué par des photos parues dans
« Le Miroir » du 24 février 1918 de six religieuses de Saint-Vincent
de Paul placées en détention dans le camp allemand d’Holzminden.
Qu’avaient commis ces Sœurs pour être ainsi
si mal traitée ? A l’origine, je
croyais ces religieuses de nationalité belge et provenant de la région de Silenrieux comme pouvaient le suggérer des photos et leurs
commentaires parus aussi dans « Le Miroir » du 2 janvier 1916.
En réalité, j’ai pu enfin trouver l’identité de ces religieuses avec une quasi-certitude
durant ce mois de janvier 2019. Les six religieuses ne sont pas belges mais françaises
et proviennent de Roye. Lors d’un « marché aux puces » récent, j’ai
pu en effet acquérir les huit volumes de « L’histoire Générale et
anecdotique de la Guerre de 1914 » par Jean-Bernard, édités en 1919 par
Berger-Levrault à Paris et, dans le tome quatre, je
suis tombé sur cette anecdote en page 130 et 131 que je vous résume :
Dans la petite ville de Roye, sur la
Somme, dix religieuses de Saint-Vincent tenaient l’hospice de la ville. Quatre
de ces religieuses quittèrent l’hospice à l’arrivée des allemands mais six
d’entre elles restèrent. Parmi les hospitalisés reposait un officier français,
les deux jambes brisées. Il était soigné par le docteur Tresfort.
Les Allemands découvrirent l’officier, le fusillèrent séance tenante et
punirent les religieuses d’une peine de dix ans de détention pour ne pas avoir
signalé à leurs autorités la présence d’un militaire français dans leur
hospice. Le médecin fut lui acquitté en raison du secret professionnel. Les six
sœurs dont l’une avait 90 ans et une autre 86 furent envoyées en Allemagne où
elles restèrent un certain temps avant d’être libérées et de pouvoir regagner
la France via la Suisse.
Un lecteur de Roye possède-t-il d’autres
renseignements sur l’ancien hospice de Roye, sur le docteur Tresfort,
sur l’officier fusillé dont nous ne connaissons pas le nom et sur les vaillantes
religieuses ?
Dr Loodts P.
Photos de « Le
Miroir » du 24 février 1918.
Sur cette photo, on aperçoit les six sœurs dont la plus âgée paraît être la cinquième en commençant par la gauche.
« L’heure de la promenade est le
meilleur de la journée dans le camp des prisonniers. On cause, on se communique
des nouvelles vraies ou fausses, on échange ses raisons d’espérer, on oublie
pour un instant ses misères. Voici à Holzminden, dans l’avenue du camp baptisée
« grand boulevard des sœurs de Saint-Vincent qui au moment de la retraite
de Belgique furent accusées d’avoir caché des soldats français et condamnés à
mort. Graciées, elles ont pu rentrer en France par la Suisse. »
Vous l’avez compris, ce commentaire est faux : les religieuses
ne provenaient pas de Belgique mais bien de France (Roye).
Photos de « Le
Miroir » du 2 janvier 1916.
Sur cette photo, on aperçoit clairement le nom du village « Silenrieux » à côté du chiffre 15.