Médecins de la Grande Guerre

Recueil des proverbes populaires concernant bien-être et santé...

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Recueil des proverbes populaires concernant bien-être et santé...

 

Ne rêver que plaies et bosses

       L'expression date du 16ème siècle. On disait alors  « ne rêver que de plaids et de bosses », où le mot plaid signifiait procès (voir le verbe plaider). Par la suite le mot a été déformé par le langage courant en plaies.

Etre à poil

       Jusqu'au 17ème siècle, on disait être à cru pour exprimer la nudité (expression tirée de la cavalerie). Mais quand on monte sans selles, on est contre le poil de l'animal d'où l'expression « être à poil ».

Haut les cœurs

       L'image évoquée est celle d'un fort enthousiasme par rapport à soi-même dans une situation périlleuse où l'on doit être très courageux. Ce puissant enthousiasme réussirait ainsi à soulever l'organe vers la bouche, à éjecter son cœur vers le ciel !

Etre complètement maboul

       Maboul nous vient d'Algérie : mahboul (fou) est arrivé dans la langue française en 1830.

Courir comme un dératé

       Pline l'ancien pensait que le fameux point de côté que tout coureur peut ressentir était dû à une dilatation de la rate consécutive à l'effort. Au 18ème siècle, on pensa alors qu'en ôtant la rate à un sportif, on augmenterait ses performances physiques et on tenta de dérater quelques chines (avant de mettre fin à l'expérience!)

En mettre sa main au feu

       L'expression fait allusion à une pratique courante jusqu'au 12ème siècle : l'épreuve du feu. On fait saisir à un accusé un fer rougi : si Dieu guérit la brûlure en moins de trois jours, c'est signe d'innocence… Cette épreuve se basait sur le principe de l'ordalie (infaillibilité du jugement de Dieu)

Ma langue a fourché

       Cette expression fait référence à la langue du serpent qui a une forme fourchue (et qui évoque la médisance). Quand on dit ma langue a fourché, on veut souvent dire « je ne voulais pas dire çà ».

Etre malade comme un chien

       Cette expression était fréquente au 19ème siècle, les chiens étaient fréquemment errants affamés et donc souvent malades.

Trouver chaussure à son pied

       Le sous-entendu érotique contenant/contenu est ici évident, d'autant qu'au 17ème siècle la chaussure figurait souvent le sexe de la femme… Ainsi une femme qui avait « cassé son sabot » avait perdu en réalité son pucelage. Et un homme qui avait trouvé une épouse avait trouvé « chaussure à son pied ».

Bassiner quelqu'un

       Bassiner quelqu'un c'est aujourd'hui le fatiguer avec ses bavardages, mais à l'origine l'expression n'avait pas la moindre connotation péjorative bien au contraire, puisqu'elle signifiait « mouiller une plaie ou une partie malade pour l'amollir ou la rafraîchir ».

Cà vous pend au nez

       Les latins disaient « impendere alicui » : être suspendu au-dessus de quelqu'un en parlant d'un malheur. On disait aussi autrefois « pendre à l'œil », ou encore « pendre à l'oreille » toujours avec cette funeste connotation d'un esprit maléfique « accroché à soi ».

Taper dans l'œil

       L'expression trouve son origine dans la croyance antique que l'amour rentrait par les yeux. Aujourd'hui, l'expression est devenue plus triviale, surtout quand on dit « c'est tape à l'œil ». Il est intéressant de noter que si certaines personnes vous tapent dans l'œil, d'autres a contrario vous sortent par les yeux ce qui correspond effectivement au sentiment opposé…

Avoir bonne (mauvaise mine)

       « Mine » est issue du latin « minio » (enduire de rouge). Les belles Romaines utilisaient en effet des colorants naturels (minéraux et organiques) pour rehausser leur teint. Minio a également donné « minois » et « minauder ».

Prendre le contre-pied

       Cette expression fait référence à une expression utilisée dans la chasse à courre. Le « contre-pied » désigne le chemin que les chiens (qui se sont trompés de piste) parcourent en sens inverse pour retrouver la bonne piste.

Mettre quelqu'un en quarantaine

       La période de quarantaine était une période d'isolement de 40 jours pour éviter la contagion. Aujourd'hui les périodes d'incubation étant connues, la période de quarantaine varie d'une maladie à l'autre. Il est probable que cette durée de 40 jours ait été choisie en référence à une loi instituée par Philippe auguste (13ème siècle) : « la quarantaine-le-roi » qui interdisait à un seigneur offensé de se venger dans les quarante jours qui suivaient l'offense.

C'est un fesse-mathieu

       Cette expression tout à fait désuète (qui désigne un avare, un usurier) fait référence à Mathieu, l'évangéliste qui avant de rencontrer Jésus était un usurier. C'est un fesse-mathieu est probablement une déformation de la phrase : « il fait le Saint-Mathieu ».

Faire le pied de grue

       La gue est un oiseau proche du héron qui peut rester longtemps immobiles sur un seul pied. Des 14 espèces connues dans le monde, la grue cendrée, au plumage gris, est la seule qui passe au-dessus de la France.

Etre paf

       « Etre Paf » c'est tout simplement être tellement ivre que l'on tombe sur le sol en faisant « paf ». Au 18ème siècle, une eau de vie très alcoolisée porta le nom de Paf…

Pleurer comme une madeleine

       On devrait écrire « pleurer comme une Madeleine » car il s'agit de Marie-Madeleine pleurant au pied de la croix.

Etre mal embouché

       Autrefois « emboucher » voulait dire nourrir/mettre dans la bouche. Puis, au sens figuré, le mot signifia : élever/inculquer. Quelqu'un de mal embouché est donc quelqu'un de mal élevé.

Vivre comme un nabab

       « nabab » ce fût d'abord le nom que l'on dona aux Princes en Inde.
Puis pendant la domination anglaise, c'est le surnom que l'on donna aux anglais devenus riches après avoir vécus en Inde.

Faire face

       A l'origine, « faire face » à un évènement, c'est en fait faire « bonne figure » et garder pour soi la réalité de ses sentiments/émotions.
L'expression a ensuite évolué vers son sens actuel : régir efficacement devant une difficulté.

Ramener sa fraise

       Fraise signifie tête en argot. En argot la tête porte souvent le nom d'un fruit : poire, pomme, poire, citrouille, citron etc.…
Le verbe ramener a lui aussi à l'origine un sens argotique : quelqu'un « qui la ramène » est quelqu'un qui ramène une mèche de cheveux sur le front pour camoufler sa calvitie.

Faire des gorges chaudes

       Au moyen âge, les gorges chaudes étaient les petits animaux (souris, mulots…) que l'on donnait vivants au faucon pour le récompenser de la chasse. « Faire gorge chaude », c'était littéralement, en parlant d'un oiseau de proie se délecter de la chair d'un animal vivant ou récemment tué. Le sens de l'expression a ensuite évolué pour signifier « railler, se moquer ».

Mourir de rire

       Le principe consistant à associer le rire à la mort a pratiquement toujours existé. Il y a peu encore on disait à lui écrit : « rire comme trois cercueils ouverts »…

La pomme d'Adam

       Parce qu'Adam a désobéi à Dieu en mangeant la pomme du péché, il est devenu un simple mortel et a dû quitter le Paradis terrestre. Il est évident que ce morceau de pomme lui est resté à travers de la gorge ainsi qu'à tous ses descendants mâles !

Nu comme un ver

       Le ver est ici l'intestin.
« Etre nu comme un ver » c'est finalement être plus nu que nu, puisqu'on voit jusqu'au tube digestif.

Avoir le cœur qui bat la breloque

       La « breloque » était une sonnerie militaire qui annonçait les repas et les distributions. Le rythme de cette sonnerie était saccadé, irrégulier et à contretemps, tout comme un vieux cœur arythmique qui n'est plus très solide.

Etre né coiffé

       Dans l'antiquité et jusqu'au 17ème siècle, on pensait que naître coiffé était de très bonne augure. Certaines membranes fœtales étaient même volées et revendues : ceux qui les achetaient pensaient ainsi acheter prospérité et bonheur.

Le rhume de cerveau

       L'expression très ancienne faisait référence à la croyance selon laquelle l'humeur nasale provenait directement du cerveau.

S'en battre les flancs

       L'expression serait dérivée d'une comparaison soit avec le coq qui bat des ailes quand il s'énerve, soit avec le lion qui bat ses flancs avec sa queue quand il est irrité.

Mettre à l'index

       Mettre à l'index n'est pas pointer du doigt. L'index était le catalogue des livres suspects dont l'Eglise interdisait la lecture (création de l'index lors du concile de Trente en 1563 et suppression en 1917). L'expression fut utilisée la première fois hors du contexte religieux par les ouvriers qui au 19ème siècle décidèrent de « mettre à l'indes » les patrons qui ne respectaient pas les conventions salariales.

Etre muet comme une carpe

       L'expression date du début du 17ème siècle. La carpe n'est ni plus ni moins muette que les autres poissons… mais elle a fréquemment la bouche ouverte ce qui lui donne l'impression qu'elle voudrait parler mais ne le peut.

Chanter à tue-tête

       "Chanter à tue-tête c'est chanter tellement fort que l'on peut tuer ses voisins en leur cassant la tête (les oreilles).

Manger comme ne mauviette

       L'expression date du 16ème siècle. Mauviette est un diminutif de « mauvis » (alouette huppée). Une mauviette c'est donc une petite alouette maigrichonne.

Etre pompette

       Au 19ème siècle, on disait « avoir le nez pompette » (de la couleur d'un pompon rouge). Mais l'expression est probablement plus ancienne. En effet, dans son Pantagruel, Rabelais décrit le nez d'un ivrogne : « nez pourpuré, à pompette ».

La cour des miracles

       « La cour des miracles » était une impasse sombre, sordide et très dangereuse, dans la quartier des Halles à Paris, où se retrouvaient brigands et escrocs en tous genres. On disait que nombre de mendiants faux estropiés se retrouvaient guéris « comme par miracle » une fois arrivés dans cette impasse qui prit donc rapidement le nom de « cour des miracles ».

Casser du sucre sur le dos

       Cette expression fait illusion à une pratique jadis courante : avant de mettre un morceau de sucre dans sa tasse on devait casser au marteau le pain de sucre.

C'est dans mes cordes

       « Les cordes ici sont les cordes vocales du chanteur ».

Acide urique : la maladie des rois

       Entre le 16ème siècle et le 18ème siècle on pensait que la goutte permettait de guérir ou, à tout le moins, de prévenir certaines maladies ce qui cadrait bien dans l'idée de l'époque que certaines maladies pouvaient s'exclure mutuellement. Au 18ème siècle, les patients mélancoliques étaient envoyés dans des centres de cure, dans l'espoir d'y contracter la goutte et d'être ainsi débarrassés de leurs troubles psychiques. En fin on pensait également que cette maladie possédait des vertus aphrodisiaques. Les tentatives d'explication les plus amusantes ont circulé à ce propos. Montaigne pensait qu'une quantité moindre de sang passait dans une jambe boiteuse, du fait de ce manque d'usage, et que les organes sexuels pouvaient donc être irrigués davantage. D'autres pensaient que, comme garder le lit permet de conserver la région lombaire bien au chaud, la production de sperme s'en trouvait favorisée. La podagre-le terme ancien pour désigner la crise de goutte du gros orteil-correspond au nom d'une déesse grecque, née de l'union de Bacchus et Vénus. Dans la Rome antique, on était en effet convaincu que la goutte n'était pas seulement due à un excès de nourriture et de boissons, mais également à un goût trop prononcé pour les jeux de l'amour. Au bout du compte, la goutte n'était donc pas considérée seulement comme favorable à l'activité sexuelle: les excès en cette matière étaient également rendus responsables de l'affection. Un effet boule de neige, si pas d'un serpent qui se mordrait la queue. (CMAJ 179(8): 804-805).

A vos souhaits

       Les Anciens pensaient que l'éternuement était un signe qui pouvait, selon les cas, être de bon ou mauvais augure... Pour conjurer le mauvais sort, on disait « Dieu vous soit en aide… ». Puis plus tard on a dit « que tout soit conforme à vos souhaits »…qui est devenu « à vos souhaits ».

Une mine patibulaire

       Autrefois « Mine » signifiait, visage, du latin minio : « enduire de rouge ». Les Romaines utilisaient en effet des colorants pour leur teint.
« Patibulaire » désigne à partir du 14ème siècle le gibet ou la potence : ainsi l'échelle patibulaire était l'échelle qui permettait de monter à la potence. Aujourd'hui une personne patibulaire est une personne peu recommandable !

Faire tourner les sangs

       L'expression fait référence à une ancienne croyance des médecins : en cas de forte émotion, toutes les humeurs se mélangeaient (sang, bile, lymphe), on parlait alors d'une « sang-mêlure ».

Le nez de Cléopâtre

       C'est très étonnamment le philosophe Pascal qui a imaginé beaucoup de choses à propos du nez de Cléopâtre.

Au pied de la lettre

       Le pied est ici l'unité de mesure. L'expression veut ainsi littéralement dire: « à l'exacte mesure de la lettre, des paroles ».

Perdre et reprendre ses esprits

       Aux 16ème et 17ème siècles, on désignait par esprits animaux des petits êtres impalpables qui circulaient en permanence dans le corps et jouaient le rôle de principe vital. Dans le même ordre d'ides on disait « égayer les esprits ». Ainsi Descartes utilise cette terminologie des esprits animaux pour décrire le fluide nerveux dû à des impulsions venues du dehors, qui provoquent des pressions dans les nerfs et donnent aux organes le mouvement de la vie.

Etre tout de Guingois

       Le mot « guingois » vient du mot « gigue » (jambe) qui aurait également donné « dégingandé ». Une personne de guingois c'est une personne qui a les jambes de travers.

Réussir haut la main

       Cette expression, fait référence à une pratique hippique : quand le cavalier tient fermement la bride de son cheval pour la retenir ou le diriger à sa guise, il monte sa main très haut. Autrefois, on disait qu'il montait « haut la main ». Le geste était élégant et dégageait une impression d'autorité et d'aisance.

 

Avoir du coffre

Se tâter

       Il s'agit bien du pouls.
« Le roi prend et tâte le pouls, voit qu'il n'est pas trop destrampé (anormal) ».
Au début du XXème siècle, la forme réfléchie « se tâter » prend le sens de consulter son pouls/ ses forces avant d'entreprendre quelque chose.

Avoir du nez

       L'expression est très ancienne et date des romains. En latin on disait : « nasutus homo » : « un homme qui a du nez » pour qualifier quelqu'un de spirituel, intelligent et fin !

Se regarder le nombril

       Si on prend les paroles de Léonard de Vinci et a représentation de l'homme de Vitruve, le nombril est exactement au centre de l'être humain. A la renaissance on est très attaché à cette image idéale de l'homme et le nombril est à l'honneur. On dit aussi « se prendre pour le nombril du monde ».

Etre d'humeur noire

       L'humeur noire est ici la bile noire secrétée par la rate et non la bile jaune secrétée par le foie. La bile noire porte aussi le nom d'atrabile ou de mélancolie.

Douleur exquise

       Cette expression médicale désigne une forte douleur limitée à un point très précis. Elle trouve son origine dans le mot latin « exquisitus » qui veut dire « recherché, trié ». L'adjectif s'est ensuite installé dans le domaine culinaire pour désigner un met succulent (sous entendu recherché).

Foncer tête baissée

       Cette expression fait référence aux guerriers de l'antiquité qui, le crâne bien protégé par un casque, baissaient la tête pour protéger les yeux.

Avoir une crise de foie

       Typiquement française pour signifier indigestion, migraine.
C'est un gringalet.
Utilisé depuis le 18ème. Vient du mot suisse gränggel (individu chétif). Le mot aurait été rapporté en France par les mercenaires suisses qui servaient les rois de France.

Etre en nage

       Au moyen- Age, on disait être en age (age signifiant ici eau du latin aqua). Donc être en nage c'est être en eau (être en sueur).

Faire du pathos

       Recherche d'effets dramatiques pour toucher le cœur de l'auditoire. On disait aussi faire de l'ithos pour toucher cette fois la raison.

Quelle plaie

       En référence aux dix plaies d'Egypte.

Manger sur le pouce

       Quand on mange sur le pouce, cela veut dire que l'on mange tellement rapidement que l'on n'a pas le temps d'utiliser des couverts. On mange donc avec ses mains !

C'est la douche écossaise

       Au 19ème siècle désignait une méthode d'hydrothérapie très usitée en Ecosse basée sur l'alternance de jets froids et chauds !

Faire quelque chose par-dessous la jambe

       Cette expression, qui signifiait à l'origine faire quelque chose avec grande facilité, fait référence aux joueurs de paume et de boule qui lançaient la balle en la faisant passer par-dessous la jambe pour montrer qu'ils étaient les meilleurs.

 

Le talon d'Achille

 

La panacée universelle

 

Ne savoir où donner de la tête

       « donner » veut dire ici « frapper ». Cette expression fait référence aux taureaux qui se sentant attaqués de toutes parts, ne savent plus où frapper de la tête.

Se mettre martel en tête

       S'infliger des coups de marteau.

Etre mal en point

       On disait autrefois « être en mal point » et être en bon point » (qui a donné embonpoint).

Un bain de pieds

       Un bain de pieds fait référence à une ancienne pratique chez les garçons de café. En servant un verre ou une tasse de café, le garçon – pour faire bonne mesure – faisait sciemment déborder le verre, la tasse. On appela alors « bain de pieds » cet excédent de liquide !

Passer l'arme à gauche

       Cette expression serait d'origine militaire : un guerrier mort est un guerrier qui ne peut plus se servir de son épée, celle-ci est donc rangée dans son fourreau, situé sur son flanc gauche.

Jeter de la poudre aux yeux

       A l'origine l'expression voulait dire surpasser ses concurrents sans aucune connotation péjorative… Poudre vient du latin pulvis (poussière) : la « poudre » que l'on jetait aux yeux était la poussière que l'on soulevait en courant très vite, poussière qui aveuglait les autres concurrents.

Tuer le ver

       C'est prendre un petit ver d'alcool le matin à jeun, remède réputé efficace pour venir à bout des oxyures et autres parasites intestinaux. Cette expression date du moyen âge !

Crouler de vieillesse ; un vieux croulant

       Au 16ème siècle crouler avait un tout autre sens et signifiait « trembler », être secoué par ».

Mener quelqu'un par le bout du nez

       Certains voient dans cette expression une allusion à la façon dont autrefois on conduisait les buffles en tirant un anneau passé dans leurs narines.

Recouvrez la santé

       L'étymologie de « recouvrer » n'a rien à voir avec celle de recouvrir (couvrir de nouveau).
« Recouvrer » (mot latin du 15ème siècle, vient du latin re-capere, « prendre de nouveau » (capere a donne « capture »).

Dormir tête-bêche

       Autrefois on disait : « deux chevets », puis on a dit « à tête béchevel »… avant de dire tout simplement « tête-bêche ».

Etre muet comme un sphinx

       Le sphinx de Thèbes (monstre à corps de lion et tête de femme) avait la réputation de tuer ceux qui ne pouvaient résoudre ses énigmes. Son silence implacable lui conférait une supériorité mystérieuse et inquiétante…

Etre le muet du sérail

       Cette expression fait allusion au sérail des sultans d'autrefois. Le sérail était la partie du palais où résidaient les épouses ; il était gardé par des eunuques. Ces derniers avaient interdiction de raconter ce qui se passait dans le harem et n'étaient souvent autorisés à communiquer que par gestes…

Il y a du monde au balcon

       Cette expression fait référence aux théâtres du 19ème où les femmes se tenaient au balcon, les poitrines joliment mises en valeur.

Maigre comme un clou

       Cette expression date du 19ème et il est amusant de constater qu'au 17ème on disait a contrario « gras comme un cent de clous » (les clous se vendaient par paquet de cent).

Se saigner aux quatre veines

       L'expression date de l'époque où la saignée était fréquente.
« Saigner aux quatre veines », c'était retirer du sang simultanément des quatre membres d'un patient.

Avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête

       Damoclès était un courtisan du roi Denys, tyran de Syracuse en 400 av J-C.
Denys était réputé inquiet pour sa sécurité: il vivait en armure et dormait chaque nuit dans une chambre différente
Exaspéré par les courbettes Damoclès qu'il considérait comme fausses et peut-être sources de danger, il entreprit de se débarrasser de lui. Il l'invita alors à un somptueux festin dont Damoclès profita largement jusqu'au moment où il se rendit compte que l'on avait attaché au plafond avec un simple crin de cheval une lourde épée.

Avancer à la queue leu leu

       Leu est ici le loup. Quand au redoublement de « leu », il s'agirait d'une faute d'orthographe. L'expression serait en réalité « à la queue  le (de) leu ».

Avoir le cœur gros

       Cette expression sous entend que l'on a le cœur (poitrine) gonflé de sanglots et de larmes. Les anatomistes de la renaissance pensaient d'ailleurs que le cœur des personnes mélancoliques était plus gros que celui des autres (d'après Riolan, l'autopsie de Marie de Médicis aurait montré un cœur particulièrement gros).

Passer la main

       Cette expression est tirée du jeu de baccara. « Passer la main » c'est passer le sabot à un autre joueur.

Porter quelqu'un sur ses épaules

       L'expression date de l'antiquité où le vaincu porte la vainqueur sur ses épaules (symbolisant ainsi qu'il ferait tout ce que le vainqueur désire).

Renaître de ses cendres

       Le phénix était un dieu ayant l'apparence d'un grand oiseau huppé, au cou doré et à la queue blanche, qui était supposé vivre plusieurs siècles. Quand li sentait la mort proche, il s'exposait couché dans son nid fait de plantes aromatiques, aux rayons de soleil, et était ainsi réduit en cendres. Il renaissait alors sous forme d'un petit vers qui se transformait en un nouveau phénix.

Avoir la pépie

       Cette expression qui veut dire avoir très soif fait référence à la « pépie » qui est une maladie des poules entraînant un dessèchement de la langue et une soif très intense.

Mettre au pied du mur

       Au 16ème siècle, on disait mettre au pied du mur sans échelle"…ce qui rend tout sens à cette expression imagée qui pousse dans ses derniers retranchements celui qui en est la cible !

Etre piqué

       « Piqué » fait référence ici à la piqûre d'un redoutable araignée : la tarentule. A Tarente (Italie) la piqûre de cette araignée était réputée provoquer des accidents neurologiques graves.

Donner sa langue au chat

       Cette expression du 19ème provient en fait de « jeter sa langue aux chiens ». Les chiens étaient probablement beaucoup plus répandus que les chats, et certainement plus féroces qu'aujourd'hui.

Se faire du mauvais sang

       On dit aussi se faire un sang d'encre. Cette expression date du 18ème où l'on pouvait constater chaque fois que l'on faisait une saignée que le sang veineux était bien sombre et donc de plus mauvaise qualité que le sang rouge artériel. Une raison de plus de justifier les saignées.

Avoir du cœur au ventre

       Le « cœur » est ici un des quatre sens du mot cœur (cœur, estomac, mémoire, courage) au 15ème siècle on disait « cuer » (n'avoir point de cuer au ventre). Cette expression serait d'origine militaire et daterait du 11ème siècle.

Apprendre par cœur

       Pour les Grecs, ces viscères jouaient un rôle important dans les émotions et les pensées: la rate permettait de rire, le cœur commandait à la mémoire, à la volonté et à l'intelligence: d'où l'expression « apprendre par cœur ».

Avoir le compas dans l'œil

       En latin, compassare veut dire « mesurer avec le pas » et donc a donné bien sûr le mot compas (un compas ayant deux jambes comme nous) Michel ange serait le premier à avoir utilisé cette locution pour exprimer la précision de l'œil.

Se rincer la dalle

       La dalle en argot c'est la gorge ou le gosier...

Se faire des cheveux blancs

       Chacun sait qu'en cas de gros soucis, on peut vieillir prématurément… Darwin raconte l'histoire d'un homme que l'on amenait au supplice, et dont le blanchiment des cheveux était si rapide qu'on le devinait à l'œil nu.

Mettre la puce à l'oreille

       Il s'agit d'une expression d'origine médiévale qui évoquait les « démangeaisons amoureuses » (picotements que l'on ressentait dans tout le corps quand on est très amoureux) et plus précisément une démangeaison dans le vagin symbolisé ici par l'oreille.

Avoir le spleen

       "Avoir le spleen c'est se faire de la bile (noire). La bile noire encore nommée « mélancolie » était l'humeur secrétée par la rate : elle n'a rien à voir avec la bile jaune secrétée par le foie. On notera que « spleen » (du grec splen qui a donné splénique) signifie en effet rate en anglais.

Prendre des vessies pour des lanternes

       Autrefois la lanterne avait toujours une forme ronde un peu comme une vessie de porc que l'on aurait gonflée d'air, d'où la méprise possible.

Casser sa canne

       = mourir. Fait référence à la trachée.

En un tour de main

       Expression très ancienne. On disait aussi en un tournemain (le temps de tourner la main).

C'est un imbécile

       « Imbécile » vient du latin : in (privatif) et bacillum (bâton) : sans bâton, sans soutien.
En médecine désignait les patients atteints de faiblesse physique, puis par la suite de toutes les arriérations mentales.

La fièvre acheteuse

       Par allusion à la fière aphteuse !

Remède de bonnes femmes

       Déformation du vieux français « remède de bonne fâme » qui veut dire remède de bonne réputation.

Prendre un bon grog

       Vient de l'amiral anglais Edward Vernon (1684-1757) surnommé Grogram par ses hommes parce qu'il portait continuellement un manteau de grosse toile de soie de Naples appelé grogram. Un jour, le navire étant à court de rhum, l'amiral décida de couper la ration avec de l'eau citronnée, les matelots furieux donnèrent le nom de grog à la boisson !

Avoir un coup de pompe

       Allusion venant sans doute de l'aviation : « un coup de pompe » c'est un trou d'air.

Avoir les reins solides

       Allusion au dos bien sûr.

Prêter main-forte

       Au 12ème siècle et pendant plusieurs siècles encore, on ne dit pas « au secours ou à l'aide mais on crie « main-forte ».

Par le ventre-saint-Gris

       Ancien juron qui vient d'henri IV. Le roi de France disait en fait « Par le ventre et le sang du christ » mais avec une prononciation chantante qui faisait entendre : « ventre sangue… Christi ».
Sangue fut déformé en saint… et christi donna « gris ».

 

Un remède de cheval

 

Il m'épate

       Le mot « épater » voulait autrefois dire « casser les pattes : casser les bras et les jambes ».
Epater quelqu'un c'est littéralement lui casser les membres d'étonnement.

Vendre la peau de l'ours

       L'expression vient d'une fable de La Fontaine.

Avoir la tête près du bonnet

       C'est être irascible.
Cette expression fait allusion aux fous qui étaient tous autrefois affublés d'un bonnet.

Bourrer le mou

       En ancien français, le mou désigne la cervelle ; on disait aussi « gonfler le mou » qui a donner « gonfler » (tu me gonfles).

Chercher noise à quelqu'un

       Le mot noise vient du latin nausea (qui avant de signifier nausée exprimait le bruit que l'on fait en vomissant).
Puis noise a voulu dire bruit tout simplement. Au 14ème siècle, « noise » veut dire querelle bruyante… On parlait d'un noiseur ou encore de « noisettes » (petites querelles entre deux amants).

La réa St Pierre

       Bien sûr c'est le paradis.

Etre tête en bas

       C'est ne plus avoir les pieds sur terre.

Avoir la trouille

       Trouille voulait dire colique, diarrhée.

Etre gâteux

       Cette expression avait un sens médical bien précis. Etre gâteux, c'est être incontinent.

Des yeux de lynx

       Lynx est en réalité une déformation du nom de Lyncée, le pilote du navire Argo qui transportait les argonautes. Lyncée était célèbre pour sa vue perçante qui lui permettait de voir tout ce qui se passait au ciel et aux enfers !

Couper l'herbe sous le pied

       Remonte au 16ème siècle où herbe signifiait moyen de subsistance, par analogie au fait que les Français de l'époque se nourrissaient essentiellement de légumes et de fruits.

Mon doigt m'a dit

       L'expression vient du soldat le doigt sur la couture du pantalon. A force d'être en contact avec l'uniforme, le petit doigt serait ainsi au courant des choses de la guerre !

Suer sang et eau

       L'eau est une humeur hippocratique qui prend l'une des quatre formes suivantes: urines, salive, larmes, sueurs.

Avoir quelqu'un dans le nez

       Cette expression vient du fait qu'on ne peut plus sentir quelqu'un !

Çà nous fait une belle jambe

       Autrefois, le galbe, la finesse de la jambe, était important non pour les femmes qui les cachaient mais pour les hommes qui les exhibaient. Bientôt on commença à se moquer de ceux qui faisaient « la belle jambe ».

S'en mettre plein la lampe

       L'expression trouve son origine dans le vieux français : labba (gosier, ventre). Labba aurait alors donné le verbe « amper » (boire) et laper.

Manger le morceau

       Fait référence à une pratique policière du 19ème. Le prisonnier était à jeun pendant son interrogatoire et ne mangeait que lorsqu'il avait avoué !

Faire du tintouin

       Suffisamment de bruit pour que les personnes aient l'impression qu'une grosse cloche tinte bruyamment à leurs oreilles !

Fort comme un turc

       Référence à l'empire Ottoman.

Etre en odeur de sainteté

       L'odeur de rose de Bernadette Soubirous quand on ouvrit son cercueil.

Un régime draconien

       Allusion à Dracon, législateur athénien ayant vécu en 700 avant J-C.
Son code législatif punissait de mort presque tous les délits !

Se faire tirer par les oreilles

       Remonte à l'antiquité romaine quand au cours d'un procès un témoin du plaignant refusait de déposer, ce dernier pouvait contraindre physiquement le témoin à venir devant les juges en le tirant par l'oreille.

A l'article de la mort

       Article vient du latin articulus qui veut dire au moment « de » expression du 16ème siècle.

De pied en cap

       Cap est ici la tête du latin Caput. Autrefois on disait aussi parler « en cap à cap » (pour dire en tête à tête).

Avoir le cœur au bord des lèvres

       Cœur dans le sens d'estomac. Pour les latins Cor/cordis voulait aussi bien dire cœur qu'estomac.

Avoir un tuyau

       Avoir des renseignements que l'on a glissé dans le tuyau de l'oreille.

Maigre comme un coucou

       Autrefois on disait maigre comme un coucou mais aussi gras comme un coucou, du fait du métabolisme particulier de cet oiseau maigre au printemps, gras en automne.

Etre nase

       En argot la « nase » est le nez mais aussi la syphilis, et quand on dit être nase, cela veut dire être en mauvais état comme si on avait la syphilis !

Se ronger les sangs

       Se tracasse au plus haut point. Sangs est ici au pluriel parce que l'on distingue le sang artériel du sang veineux.

Donner un coup, de pouce à quelqu'un

       Favoriser quelqu'un, le « pousser » est devenu par déformation (...).

Des paroles sibyllines

       Les sibylles étaient des prêtresses grecques qui faisaient connaître les oracles d'Apollon mais leurs dires étaient réputés difficiles à interpréter.

Avoir une fringale

       La fringale (on disait autrefois « faim-valle ») est une maladie des chevaux qui les oblige à s'arrêter pour manger tellement leur faim est dévorante.

Se faire porter pâle

       La pâleur était un symptôme qui donnait le droit de quitter la troupe pour aller consulter le médecin militaire.

Avoir les foies

       Pour les grecs, les viscères jouaient un rôle important dans les émotions et les pensées : le foie était ainsi le siège du courage. Avoir le foie blanc (vidé de son sang) c'était avoir très peur. L'expression a ensuite évolué vers sa forme actuelle.

Garder la tête froide

       Un physiologiste du 19ème (Poerhaave) aimait à dire « tête froide, ventre libre et pieds chauds, remède à tous les maux ».
Une tête froide est donc un signe de bon équilibre psychique. Molière disait dans les femmes savantes: Ma femme a bien souvent la tête un peu chaude.

Agir pour la frime

       Agir pour l'apparence. Frime signifiait le visage (on parle encore de frimousse aujourd'hui).
Allonger le compas

Allonger le compas

       Marcher plus vite. Compas vient du latin populaire compassare : mesure avec le pas !

Un mouvement d'humeur

       Fait allusion aux humeurs.

 

Propre comme un sou neuf

 

Glacer le sang dans les veines

       L'expression est issue du nom que l'on donnait à la pleurésie la « sanglaçure ». On pensait en effet que la pleurésie était due à un refroidissement important du corps !

Montrer pâte blanche

       D'après la fable de la fontaine « Le loup, la chèvre et le chevreau ».

Filer un mauvais coton

       Dérivée d'une expression du 18ème utilisée dans le jargon du tissage : « jeter un vilain coton » c'est perdre son aspect lisse et soyeux en parlant d'une étoffe.

Avoir la gueule enfarinée

       Cette expression fait allusion à la naïveté de certains personnages de la comédie d'autrefois, souvent trop poudrés.

Prendre une cuite

       Littéralement : Etre cuit dans son vin.

C'est un esprit fort

       L'expression était courante au 14ème siècle et désignait ironiquement les personnes se targuant de ne pas croire aux choses de la religion.

N'avoir rien au ventre

       Signifie que l’on n’a pas de cœur au ventre, « cœur » signifiant courage !

Avoir le bras long

       Avoir la puissance - Au départ le bras de Dieu.

Les grands esprits se rencontrent

       C'est Voltaire qui aurait inventé l'expression à la fin de sa vie à Ferney.

L'argent n'a pas d'odeur

       Vespasien et les taxations des urines qui servaient aux teinturiers. On se moqua de l'empereur qui excédé brandit une pièce de monnaie en disant « Non Olet » (cela ne sent rien).

Verser des larmes de crocodile

       Une croyance datant des Grecs et des Romains veut que les crocodiles pleurent « hypocritement », imitant la voix humaine pour attirer leurs victimes.
« Ah ! le crocodile qui flatte les gens pour les étrangler » (Molière, les plaideurs).

Il ne se mouche pas du pied

       C'est quelqu'un d'important ou plutôt qui se croit important. Cette expression ferait allusion à un célèbre tour de saltimbanques au Moyen-âge : tout en se contorsionnant, ces derniers tenaient leur pied entra les mains et le mettaient sous le nez comme pour mimer un mouchage. Or les saltimbanques étaient tenus en piètre considération à l'époque… L'usage courant a ensuite préféré transformer le « pied en coude » : se moucher du coude était en effet une pratique courante chez les paysans.

Avoir voix au chapitre

       Le « chapitre » désignait dans un monastère l'endroit où les moines de chœur se réunissaient.

Manquer de nerf

       Nerf vient du latin nervus qui veut dire nerf mais également force.

Avoir du coton dans les oreilles

       Le confesseur d'Henri IV était un Jésuite habile appelé Cotton. Ce dernier avait beaucoup d'influence sur le roi ce qui fit dire plus tard à voltaire : Notre roi est un bon prince, il aime la vérité : c'est dommage qu'il ait du Cotton dans les oreilles".

Piquer une quinte

       Pour le commun « piquer une quinte » veut dire se mettre dans une violente colère. A l'origine « Quinte » est un terme médical faisant allusion à une forte toux se reproduisant toutes les cinq heures où bien à la fièvre quinte (tous les cinq jours).

Il ya loin de la coupe aux lèvres

       Cette expression fait allusion à l'époque ancienne où l'on mangeait en position couchée.

 

Passer sur le billard

 

Tirer au flanc

       Autrefois les flancs de l'armée étaient moins exposés.

C'est un pied-plat

       Très méprisante, cette expression émanait des aristos habillés de chaussures à haut talon qui parlaient ainsi des personnes du peuple toujours chaussés de souliers plats.

Se porter comme un charme

       Le charme est un arbre vivant en moyenne 150 ans.

La pilule perpétuelle

       Petites boules d'antimoine que l'on avalait en guise de laxatif. On les récupérait ensuite dans les selles pour pouvoir les réutiliser. Une pilule perpétuelle servait à toute une famille parfois sur plusieurs générations.

Tomber dans le troisième dessous

       Cette expression signifie que le moral est très bas. A l'opéra il y avait trois étages sous la scène pour le machiniste et les accessoires. Une pièce qui était un échec se disait « tombée dans le troisième dessous ! »

Sentir le fagot

       Cette expression désigne la personne suspecte et faisait référence à l'hérésie et à ses fagots du bûcher !

Se mettre au pieu

       Le mot pieu vient de piau, forme picarde du mot peau ! Le piau était la peau dans laquelle on s'enveloppe avant de se coucher pour dormir.

Vivre sur un grand pied

       Les souliers à la poulaine, leur bout pointu ressemblait à un bec de poule, furent très en vogue au 15ème siècle : on les portait d'autant plus longs que l'on était fortuné (la ponte mesurait 66 cm pour un prince !)

Se terminer en queue de poisson

       L’expression ferait allusion aux sirènes : on entend un chant divin, on voit d’abord un joli visage, puis un joli buste… pour terminer sur une queue de poisson.

Le mal de Naples

       Les Français l’appelaient « mal de Naples » et les Italiens disaient. « le mal français ». Tous parlaient bien sûr de la même maladie la syphilis qui a sévi pendant les conflits entre  Français et Italiens sous Charles VII, Louis XII et François Ier. Il semble en effet que la maladie se soit introduite en Europe à la Renaissance.

Avoir les pieds nickelés 

       L’expression existait bien avant la bande dessinée de Fortan (1908). Le mot « nickelé » n’aurait rien avoir avec le nickel, mais serait plutôt une déformation du mot « niclés » (malformés/tordus) Celui qui a « les pieds nickelés » est mal foutu, paresseux, et répugne donc à travailler…

Etre mis à pied

       « La mise à pied » c’est le renvoi. L’expression est empruntée au monde de la cavalerie : en cas de faute, le cavalier se voyait privé de son cheval et se retrouvait donc « à pied ».

Tirer à quelqu’un les vers du nez

       Ce mot « vers » serait ici d’origine latine : verum (vrai). Tirer le vrai c’est chercher à connaître la vérité.   

A l’œil

       Au 19ème siècle, cette expression signifie « à crédit », ou plus précisément « sur la vue, sur la bonne mine de celui à qui on fait crédit ». Le glissement sémantique vers la gratuité est dérivé de ce premier sens.

Graisser la patte

       Cette expression est très ancienne puisque elle daterait du 6ème siècle (règne de Clotaire Ier). L’Eglise prenait alors un impôt sur la vente de porc. Quand un marchand se présentait pour payer sa dîme sur le parvis de Notre-Dame de Paris, il mettait un morceau de lard dans la main du chanoine, pour tenter de l’attendrir et payer moins d’impôt. Il lui graissait donc la patte au sens propre…

Reprendre du poil de la bête

       Cette expression prend son origine dans les croyances romaines. En cas de morsure par un chien, il était recommandé de poser sur la plaie un poil de l’animal, pour guérir le mal par le mal. Les Italiens disent d’ailleurs : « del can che morde et pela sana » (du chien qui mord le poil guérit).

Avoir un poil dans la main

       L’expression date du début du 19ème siècle mais son origine remonte à l’Antiquité. Crassus, un général de César, cherchait à intimider l’ambassadeur de Séleucie qui lui répliqua : « I1 croîtra du poil dans cette main avant que tu aies la liberté de voir la Séleucie ».

Prendre son pied

       L’origine de cette expression remonte à l’époque des corsaires aux 17ème et 18ème siècles. A la fin d’un combat naval, les vainqueurs alignaient sur le pont du bateau les objets et l’ensemble du butin, en les répartissant selon leur type et leur valeur. Puis la pile d’objets était partagée en « pieds » (1 pied =12 pouces=33 cm), Chaque marin prenait alors « son pied » (plusieurs pieds s’il était gradé). Tout cela se faisait dans la bonne humeur, la liesse et la fête, ce qui explique le sens actuel de l’expression.

In petto

       In petto qui veut dire « en secret » vient de l’italien : in petto, du latin in pectore qui signifie dans son cœur. Cette expression (maintenant peu utilisée) fait référence au Pape qui décidait tout seul de choisir un cardinal.

Se désopiler

       Les Anciens pensaient que rire était un moyen de se désopiler la rate : c’est-à-dire de la déboucher, de la désobstruer (opiler signifie en effet encombrer). Une fois que la rate est bien « désopilée », elle peut se dilater et évacuer ainsi de la bile noire.

Mener une vie de bâton de chaise

       Cette expression fait référence à la chaise à porteurs du 17ème siècle qui servait de taxi pour les trajets courts. La chaise était portée par deux hommes grâce à deux bâtons latéraux amovibles (on enlevait les bâtons pour faire sortir le passager), Un « bâton de chaise » menait donc une vie très agitée, il était constamment manipulé, i1 subissait beaucoup d’allées et venues, et pouvait même servir d’arme le cas échéant.

Faire un pied de nez

       Un « pied de nez » c’est à l’origine un nez qui mesure un pied (donc environ 33 cm).  Comme cela paraît plutôt difficile… on rallonge artificiellement son nez avec la main.

Avoir du toupet

       Cette expression prend son origine en Italie au 16ème siècle. L’époque, les tueurs à gage (les bravi) étaient estimés de leurs contemporains et restaient le plus souvent impunis. Pour qu’on ne les reconnaisse pas, ils avaient pour habitude lors de leurs méfaits, de rabattre sur leur front un toupet qui d’ordinaire pendait sur le côté. On les considérait comme des personnes courageuses et audacieuses : d’où l’expression « avoir du toupet »…

Les doigts dans le nez 

       L’expression date des années 20 et fait allusion au jockey à la victoire assurée, dont les mains, sont si disponibles (pas besoin de cravacher, tenir les rênes…) qu’il pourrait même se mettre les doigts dans le nez !

Avoir la haute main sur quelque chose

       Pour les Anciens, la « main haute » c’est la » main droite (celle qui tient la lance et est donc plus haute que l’autre) ; et la « main basse » c’est la gauche (celle qui tient la bride). On disait indifféremment « main haute » et « haute main » et c’était bien sûr la main la plus noble.

Avoir du sang de navet

       De tous temps le navet a eu une réputation de sous-légume. Moins décoratif que d’autres légumes, il serait pour certains inodore et sans saveur. Et en plus i1 est très pâle voire anémique : son sang est donc certainement de très mauvaise qualité… comme celui d’une personne faible et  Poltronne.

Avoir La courante

       Cette expression très imagée qui évoque la diarrhée, tait référence à une danse dont le nom était « Courante », ainsi nommée à cause des nombreuses allées et venues dont elle était émaillée. Pour l’anecdote, la Courante était la danse préférée de Louis XIV.

Avoir un cœur d’artichaut

       Avoir un cœur d’artichaut c’est avoir un cœur disponible pour tous. Autrefois on disait « cœur. L’artichaut, une fleur pour tout le monde ». L’Espagnol dit aussi corazàn de alcachofa.

Se marier de La main gauche

       Un mariage de la main gauche était au départ un  mariage entre un aristocrate et une roturière. Pendant la cérémonie, l’époux donnait la main gauche à sa femme (et non la droite) pour signifier que le mariage ne transmettrait le rang ni à la femme, ni aux enfants. « Mariage de la main gauche » signifie aujourd’hui concubinage et un enfant de la cuisse gauche est  un entant né d’un concubinage.  

Boire à tire-larigot

       Cette expression (boire abondamment d’un seul trait) date du 16ème siècle. Le chanoine La Rigaud acheta une vigne pour payer en Vin ceux Qui tiraient la cloche de la cathédrale de Rouen (cloche surnommée  « la rigaude ».

Ne pas être dans son assiette

       « Assiette » signifie ici, la façon dont on est assis. Un malade, quelqu’un qui souffre, ne peut rester longtemps dans la même position, et n‘est donc pas dans son assiette. Dans le barbier de Séville, Beaumarchais fait dire à Bazile : « je ne suis pas dans mon assiette Ordinaire ».

Etre parée comme une accouchée

       Cette jolie expression a progressivement disparu au cours du 20ème siècle. : Elle fait référence à une coutume (du 15ème au 17ème siècle) : la femme, après son 1er accouchement, recevait ses amies et voisines, parée comme une reine, et dans une chambre complètement décorée pour l’occasion. A partir du 18ème siècle, l’expression est utilisée au sens figure, pour se moquer des femmes trop apprêtées et trop pomponnées.

Ce sont des comptes d’apothicaire

       Les factures des pharmaciens avaient autrefois mauvaise réputation : prix trop chers, erreurs camouflées, etc
Faire un abcès de fixation.
Autrefois, on pensait que l’on pouvait empêcher une grave infection en provoquant une plus légère dans un autre endroit du corps, pour attirer le mal ailleurs. On injectait ainsi de l’essence de térébenthine sous la peau pour « créer l’abcès de fixation ». Cette expression est passée dans le langage courant, exprimant le déclenchement d’un événement (peu grave) pour en éviter un plus grave.

Avoir la bride sur le cou

       Un cavalier qui veut stopper la course de son cheval tire sur la bride ; quand au contraire il désire le laisser galoper librement, il lui laisse la bride lâche (on dit bride abattue), et qui pend sur son cou. Avoir la bride sur le cou », c’est donc être libre d’agir à sa guise.

Mentir comme un arracheur de dents

       Cette expression date du 16ème siècle : elle est une allusion aux ancêtres des dentistes qui promettaient à leurs patients que leur intervention serait totalement indolore.

Dorer la pilule

       Autrefois on avait coutume de donner un aspect plus agréable aux médicaments en les secouant dans une petite boîte contenant une feuille d’or (doreur de pilule). Les Espagnols disent : « Si la pildora bien supiera, no la doraran por defuera » (si la pilule avait bon goût, on n’aurait pas besoin de la dorer)…

Etre la coqueluche de quelqu’un

       Au Moyen-âge, en cas d’épidémie de chant du coq (notre actuelle coqueluche) les médecins recommandaient à leurs patients de porter une « coqueluche », sorte de capuchon permettant de garder la tête au chaud (mot composé du mot « coq » et du mot latin cucullus (capuchon)). Ce bonnet « protecteur » avait une forme étrange, et les gens le prirent en affection  d’où l’expression « Etre la coqueluche de quelqu’un ».

Saisir l’occasion par les cheveux

       La déesse de l’Occasion (ou déesse de la Fortune) était une femme nue et aveugle, avec l’arrière de la tête chauve, les pieds ailés, installée sur une roue qui tourne (la roue de la fortune). Elle avait une longue tresse qui permettait à ceux qui le désiraient de la saisir...

Baisser les bras

       Au Moyen-âge, quand deux personnes n’étaient pas d’accord et que l’on voulait régler le différent à l’amiable, on leur faisait passer l’épreuve de la croix. Elles se mettent l’une en face de l’autre, debout, les bras en croix à l’horizontale… et tiennent ainsi le plus longtemps possible. Le premier qui « baisse les bras » a tord.

On cœur bat la chamade

       A la guerre, la chamade était une sonnerie de trompette ou de tambour pour signifier que l’on souhaitait se rendre, demander une trêve, ou enlever les morts. Un cœur qui bat la chamade est-il un cœur prêt à se rendre ?  

Avoir un grain

       L’expression date du 17ème siècle et le grain n’a rien à voir ici avec une quelconque graine, c’est une mesure de poids pour les apothicaires : ainsi un (pharmacologique) c’est 60 mg de produit, une obole c’est trois grains, etc… Quand la Fontaine écrit : « Ma commère il vous faut purger de quatre grains d’ellébore », il parle bien du poids de l’ellébore (et non de graines). Un grain de folie, c’est donc un tout petit peu de folie (60 mg de folie)…  

Avoir une face de carême

       Une face de carême est la face attristée et fatiguée de celui qui jeûne pendant les 40 jours du carême. L’expression se veut désagréable et insultante ; et elle a en effet été utilisée au départ par les non croyants qui voulaient se moquer des catholiques pratiquants. Au 16ème siècle, on disait aussi « un amoureux de carême » pour parler d’un amoureux timide et honteux qui s’abstient de toucher à la femme qu’il aime.

Faire bonne chère

        « Chière » était très courant jusqu’au 17ème siècle et désignait le visage. On disait « faire bonne chière pour dire « faire bon visage », avoir un visage réjoui. Puis l’expression a rapidement évolué : quel meilleur moyen d’avoir un visage épanoui que de se régaler d’un mets délicieux ?

Avoir l’esprit de l’escalier (d’escalier)

       L’expression sous-entend que la personne a l’esprit lent et qu’elle est incapable de briller dans un salon, d’avoir de la répartie et de répondre du tac au tac. Ce n’est que lorsqu’elle est partie, puis arrivée en bas de l’escalier qu’elle trouve sa  répartie.  

Le collier de Vénus

       Le collier de Vénus est une expression médicale qui désigne l’éruption de petits boutons rosés apparaissant autour du cou en cas de syphilis secondaire. Quoi Vénus ? Parce que c’est la déesse de l’amour et que la syphilis est transmise par l’amour… Dans le même ordre d’idées, Vénus a donné « vénérien ».

Etre cinglé

       Le mot « cingler » ferait ici référence aux tristes traitements que l’on peut réserver à des personnes emprisonnées (ou enfermées), « Cingler » c’était fouetter une personne avec un cordage goudronné – probablement parfois jusqu’à en devenir fou de douleur…

Avoir l’estomac dans les talons

       On disait autrefois : « l’estomac lui est tombé, dans les talons » .L’idée de l’expression est que l’on a tellement faim que même les talons, si éloignés de l’estomac, crient famine. 

Se faire de la bile

       Il s’agit ici de la bile noire secrétée par la rate (et non de la bile jaune secrétée par le foie). La bile noire c’est aussi la mélancolie ou l‘atrabile. A noter la forme grammaticale « se faire de la bile » qui exprime bien la notion de sécrétion interne.

Etre sur les dents

       L’expression est très ancienne (au Moyen-âge on disait « être adens »). Il faisait allusion aux chevaux qui, lorsqu’ils sont épuisés, laissent saillir leurs dents sur le mors. Pendant très longtemps l’expression voulait dire être épuisé de fatigue ; ce n’est que récemment qu’elle a évolué vers son sens actuel : être dans un état de grande tension, d’attente irritable.

Un cou proconsulaire

       Le « cou proconsulaire » est une expression médicale que l’on utilise en cas de syndrome : cave supérieur (s’accompagnant d’un cou enflé), évoquant ainsi le cou du proconsul romain Vitellius… Celui-ci était en effet connu pour ses excès alimentaires, son embonpoint et son cou large et gonflé.

Etre porté sur la chose

       En ancien français, le mot « chose » désigne clairement les organes sexuels. Au 16ème siècle, on disait : « Faire la chose de Dieu », « Choser » et « Enchoser ».

La barbe !

       On peut dire aussi « Cà me barbe », L’expression serait liée à la situation d’une personne, assise sur son siège, et obligée d’écouter les bavardages du barbier, pendant que celui-ci lui rasait le menton.

En rester (être) baba

       Le mot « baba » viendrait du verbe latin batare (ébahir, béer, avoir la bouche ouverte d’ébahissement). Le redoublement de la syllabe « ba » renforce la notion d’ébahissement. Batare a également donné : bailler/bayer, bègue, bouche bée, bégueule (bée-gueule), les badauds. Cette expression date du 18ème siècle.

Rendre une bitture

       L’origine du mot « bitture » vient du scandinave : bitti (le billot de bois sur lequel on enroule les cordages pour amarrer un bateau), Les marins disaient « prendre une bonne bitture » pour exprimer le fait qu’il y avait une longueur de câble suffisante. Cette notion de mesure d’avance a d’abord désigné un repas trop copieux, puis ensuite une soûlerie. A noter par ailleurs que bitti a bien sûr donné bitte d’amarrage.

Etre un blanc-bec

       Bec est issu du latin beccus (qui veut dire bien sûr « bec d’oiseau », mais surtout bouche »). Cette expression illustre l’importance que l’on a toujours attachée à la barbe : signe de virilité, expérience, de sagesse… Un blanc-bec, c’est celui qui a le tour de la bouche (le menton) imberbe.

Avoir une araignée au plafond

       Cette expression, qui décrit bien sûr quelqu’un dont le cerveau (le plafond) est dérangé par une araignée (une idée loufoque), est utilisée dès la deuxième moitié du 19ème siècle. A l’époque, on disait aussi « avoir une hirondelle dans le soliveau » (une pièce du grenier).

Les Anglais ont débarqué

       Cette expression qui fait allusion à l’arrivée des règles chez la femme, fait référence à  l’uniforme militaire des Anglais qui, jadis, était rouge.

Avoir la bosse des maths

       Franz Josef Gall (1757-1828), chef de file de phrénologie, pensait que l’on pouvait identifier les dispositions d’un individu grâce à la configuration anatomique de sa tête et de cerveau : il dessina ainsi une carte des tubérances ou « bosses »…

C’est la montagne qui accouche d’une souris

       L’expression est tirée d’une célèbre fable de 1a Fontaine, qui l’a tenait lui-même du poète latin Horace qui écrivait : « Parturient montes, nascetur ridiculus mus ». Les montagnes accoucheront, il en naîtra un rat ridicule).

Faire ses ablutions

       « Ablutions » vient du latin ablutio (action de se laver). Le mot est toujours employé au pluriel par référence aux deux ablutions musulmanes : la  grande (immersion du corps dans un bain), et la petite (lavage des mains, des pieds et du visage).

Union de l’aveugle et du paralytique

       Cette expression souligne ironiquement le fait que l’addition de lacunes est malheureusement souvent inutile… Le poète Florian (18ème siècle) essaye pourtant joliment de faire mentir cette expression : « A nous deux, nous possédons le bien à chacun nécessaire : j’ai des jambes et vous des yeux ».

Dans le plus simple appareil

       Autrefois « appareil » voulait dire « vêtements », où l’utilisation de cette expression pour parler d’une personne complètement nue.

Anse sentinelle

       On nomme ainsi l’anse intestinale qui en cas l’appendicite entoure l’appendice enflammé comme pour empêcher une propagation de l’infection. Cette anse « monte ainsi la garde » auprès de l’appendice…

Mettre du baume au cœur

       Le  baume était autrefois un médicament et plus spécifiquement un médicament à visée apaisante, tranquillisante. «  Ce peu de lignes semblait distiller un baume salutaire sur sa blessure » (Rousseau, La nouvelle Héloïse).

Le préfet de l’aine

       Cette expression médicale qui désigne le ganglion le plus gros dans une série d’adénopathies inguinales (comme par exemple dans le cas de la syphilis), est bien sûr un clin d’œil au Préfet du département de l’Aisne, qui est un homme important…

Voir la berlue

       Berlue » était le nom que les Anciens donnaient à un phénomène hallucinatoire ou un étourdissement survenant chez des personnes sous-alimentées : on disait d’ailleurs plutôt « bellue » ou « barlue ».

Avoir des atomes crochus

       Début du 19ème siècle, le mot « atome » exprimait en philosophie une affinité très forte entre deux individus. « Atome » remonte en fait à l’Antiquité et est issu grec a-tomos = indivisible. Terme « crochu » n’a bien sûr ici aucun sens péjoratif : il est pris au sens de « accrocher ».

Etre vert de peur

       Cette expression fait référence à un phénomène physiologique auquel les Anciens croyaient : une forte peur (ou une grande angoisse) entraînait une hypersécrétion de bile qui se mélangeait au sang veineux (bleu)…

S’embrasser à bouche que veux-tu

       Selon les auteurs, il faudrait en fait comprendre « avec une bouche aussi grande que tu le veux », ou « s’embrasser autant que voudront les bouches », ou bien encore s’embrasser selon la sorte de baiser que tu voudras ».

Rouler sa bosse

       Cette expression qui date du début du 19ème siècle faisait à l’origine référence à la forme arrondie du ventre après plusieurs semaines de banquets et de noces.

Faire un bide

       Au 18ème siècle, il était de bon ton qu’un auteur de théâtre étudie soigneusement son entrée et sa sortie de scène. En cas de succès il restait sur scène à gesticuler et à discourir ; et en cas d’échec il partait discrètement, pratiquement en rampant. On disait alors qu’il partait sur le ventre. Le ventre est devenu bidon, puis bide …

A Bras raccourcis

       Un dictionnaire de 1740 explique que « raccourcir » un bras c’est le replier. Tomber à bras raccourcis sur quelqu’un c’est se jeter sur lui avec les bras fortement repliés dans un premier temps… pour frapper avec une tension maximale par la suite.

Rire comme une baleine

       Cette expression fait allusion à la baleine dont la taille de la bouche est il est vrai impressionnante.

Cadavre exquis

       Cette jolie tournure nous vient d’un jeu imaginé par les Surréalistes qui consiste à faire composer une phrase (ou un dessin) par plusieurs personnes, sans qu’aucune d’elles ne sache ce qu’on fait les personnes précédentes. A première fois qu’ils jouèrent, les Surréalistes obtinrent la phrase suivante : « Le cadavre exquis boira le vin nouveau »… qui donna son nom au jeu.

Un beau ténébreux

       L’expression évoque un superbe homme aux cheveux noirs et aux yeux de braise… Son origine raconte une toute autre histoire : dans un célèbre roman chevaleresque du 15ème siècle, Amédis de Gaule souffrait d’un amour sans retour pour la belle Oriane. Malheureux et inconsolable, il se retira dans les ténèbres de son désespoir…

C’est un cautère sur une jambe de bois

       L’expression est très explicite : un remède appliqué sur une jambe de bois ne pouvant évidemment ne donner aucun résultat. Le cautère (du grec kautêrion : brûlure) était une tige métallique chauffée pour brûler superficiellement les tissus dans l’objectif erroné de prévenir une infection.

Boire comme un chantre

       Le « chantre » est ici un synonyme de « chanoine ». Les chanoines et les moines avaient la réputation d’être de gros mangeurs et de gros buveurs.

Bayer aux corneilles

       Verbe « bayer » vient du latin batare (avoir la bouche bée, ouverte). La « corneille » c’est l’oiseau bien sûr : on disait ailleurs également « bayer aux grues ». L’Image véhiculée par l’expression serait alors la suivante : rester bouche bée en regardant voler les oiseaux.

Faire des chichis

       Le chichi était le surnom que l’on donnait aux cheveux Postiches au 19ème siècle. « Chichi »   viendrait soit de « chic », soit de chiqué », soit peut-être des deux…

En avoir le cœur net

       En latin cor/cordis voulait dire à la fois cœur et estomac. Ici  c’est de l’estomac dont il s’agit, et la notion de cœur net pourrait s’opposer par exemple à la notion d’estomac barbouillé.

Virer sa cuti

       Au sens propre il s’agit bien sûr de la cuti-réaction qui devient positive. Compte tenu de la gravité de la tuberculose, « virer sa cuti » était, à la fin des années 40, une véritable victoire, considéré comme un changement notable du corps. Aujourd’hui, cette expression évoque le plus souvent le passage de l’hétéro à l’homosexualité, ou un changement radical d’opinion politique.

Tourner sept fois sa langue dans sa bouche

       Le chiffre 7 trouve probablement son origine dans les 7 jours de la semaine : l’idée étant qu’il vaut mieux attendre quelquefois une semaine avant d’émettre certaines paroles.

Ne pas bouger le petit doigt

       L’auriculaire a la réputation d’être paresseux, de ne pas servir à grand-chose (sauf peut-être se gratter l’oreille). Ne pas bouger le petit doigt, c’est vraiment ne même pas en faire le strict minimum. 

Couper les cheveux en quatre

       L’expression parle d’elle-même… mais elle l’était beaucoup plus encore à l’origine, au 17ème siècle, où l’on disait « fendre un cheveu en quatre » comme on fend une bûchette, ce qui est très nettement plus ardu !  

Faire une entorse au règlement

       Au départ, ici, « entorse » n’évoque pas son sens médical d’élongation ou de rupture ligamentaire. C’est un dérivé de l’ancien français : en tordre = tordre en dedans.

Avoir l’âme chevillée au corps

       Cheville vient du latin clavicula (petite clé) et signifie « attache entre deux parties » : « Avoir l’âme attachée au corps » est bien sûr tout à fait explicite, lorsque l’on parle d’une personne qui survit à une grave maladie.

Etre complètement fêlé/timbré

       Au départ on disait « avoir le timbre fêlé ». On comparait en effet la tête au timbre qui la recouvre (partie arrondie du casque d’un chevalier). « Mon timbre commence à être un peu fêlé et sera bientôt cassé tout à fait » (Voltaire).

Une fièvre carabinée

       Il s’agit bien sûr d’une forte fièvre, forte comme une attaque de carabins. Les carabins étaient au 16ème siècle de redoutables soldats de cavalerie légère, dont l’arme s’appelait la carabine : ils arrivaient en galopant face à l’ennemi, déchargeaient leur arme et repartaient tout aussi vite. 

C’est l’hôpital qui se moque de la charité

       « Charité » était le nom que l’on donnait autrefois aux dispensaires catholiques … L’expression sous-entend ici que « hôpital » et « charité » c’est la même chose, que leurs problèmes sont les mêmes et qu’il est donc ridicule que l’un se moque de l’autre.

Avoir Le doigt sur La gâchette

       Tout le monde pense que l’expression fait allusion à une arme avec laquelle on est prêt à tirer… C’est faux et impossible car dans une arme à feu la « gâchette » est à l’intérieur et donc inaccessible ; le terme technique qui conviendrait serait « détente ». A l’origine, la « gâchette » est en fait la « gâche » d’une serrure …

Avoir un coup de cœur

       L’expression, relativement récente, serait un croisement entre deux expressions : « avoir un coup au cœur » et « avoir un coup de foudre » 

Savoir (connaître) sur le bout des doigts

       Cette expression (très ancienne) nous viendrait des Latins qui disaient « savoir sur l’ongle », ad unguem) car l’ongle était un attribut réputé très subtil, seul capable d’évaluer la finesse ln marbre.

Coincer la bulle

       A l’origine, l’expression vient de l’argot militaire et fait allusion au travail de mise en place de la plaque de certain mortiers dont l’horizontalité st vérifiée par un niveau dont la bulle doit être placée (coincée) entre deux repères. Puis, les militaires ont gardé l’expression pour parler de leur temps de sommeil et de repos.

En son for intérieur

       Le mot « for » nous vient du latin forum : lieu. (place) où étaient traitées les affaires publiques et où était rendue la justice. La religion catholique s’appropria le mot et distingua le « for extérieur » (le jugement des tribunaux ecclésiastiques) et le « for intérieur » (le jugement de la conscience). Seul le « for intérieur » est resté, traduisant le secret et l’intimité de la pensée.

S’en laver les mains

       Cette expression est directement tirée de l’évangile : le gouverneur romain Ponce Pilate (qui fit condamner Jésus au supplice de la croix à la demande de la foule déchaînée) était pourtant convaincu de l’innocence de ce dernier. C’est land il fut menacé d’être dénoncé à César qu’il accepta de sacrifier Jésus. II se lava alors publiquement les mains pour témoigner de son absence de responsabilité dans cette condamnation. « Je ne suis pas responsable du sang de ce juste ; à vous  de voir » (Evangile de Matthieu)

Prendre quelqu’un en grippe

       Il  ne s’agit pas ici de la maladie que l’on connaît. « Grippe » avait autrefois un autre sens qui a aujourd’hui disparu : manie, dada. Prendre quelqu’un en grippe, c’est lui en vouloir, être sur son dos de façon obsessionnelle.

Avoir une case en moins

       Cette expression fait référence à la Phrénologie, science du 19ème siècle qui divisait le cerveau en cases de comportements et de sentiments (case de la colère, case du plaisir, etc… ). On dit aussi « Avoir une case de vide ».

En chair et en os

       L’expression date du 16ème siècle, et on disait alors « En os et en chair ». Le sens de l’expression était alors différent et traduisait le caractère mortel et éphémère de l’homme : la chair et les os…

Avoir le cafard

       L’expression (datant de la fin du 19ème siècle) viendrait de l’arabe kefir qui veut dire « personnage hypocrite, mauvais » donc personnage qui a des idées malsaines.

La cheville ouvrière

       « Cheville » vient du latin clavicula (petite clé) et veut dire « attache ». Au sens premier du terme, la « cheville ouvrière » c’était la forte cheville qui reliait le train avant du corps de la voiture à cheval : une pièce  essentielle. Au  sens figuré, « cheville ouvrière » évoque donc cette notion d’élément incontournable, d’agent principal d’une entreprise ou d’un projet.

Opiner du bonnet

       Le bonnet était autrefois obligatoire. en effet, en l’absence de chauffage efficace l’hiver, les gens avaient froid en permanence. Le bonnet était donc indissociable de la tête…

Faire le fier-à-bras

       L’expression est assez imagée : on voit très bien « fier-à-bras » rouler des épaules, balancer ses bras puissants… Pourtant l’étymologie est tout autre ! Fierabras est un personnage de chanson de geste : c’est le nom d’un géant sarrasin qui est vaincu par Olivier, compagnon de Roland…

Avoir le cœur bien accroché

       « Cœur » a ici le sens d’estomac (un sens qui aujourd’hui disparu). Pour les anciens le cœur représentait en effet quatre organes/fonctions : le cœur, l’estomac, la mémoire, le courage. On dit bien d’ailleurs « Etre écœuré », « Avoir mal au cœur », etc

Faire la petite (La grosse) commission

       « Commission » vient ici du verbe latin committere remettre quelque chose à quelqu’un. Autrefois les selles furent appelées « commission » car l’entant remettait à sa mère quelque chose que celle-ci lui avait instamment demandé. Les selles sont naturellement devenues la grosse commission quand on a voulu donner un nom au petit pipi (la « petite commission »).

Voir trente-six chandelles

       L’expression est ancienne, datant ou 15ème siècle : les chandelles traduisent la série de points lumineux qui peuvent apparaître au mal en point. Le numéral « 36 » reste très mystérieux … On disait d’ailleurs aussi « voir les chandelles » ou voir mille chandelles ».

Bouffer comme un chancre

       Il s’agit ici non pas d’une allusion au chancre de  la syphilis (qui est petit et indolore) mais d’une allusion au chancre mou (autre maladie vénérienne qui se propage jusqu’aux ganglions de l’aine). Le mot « chancre » vient du mot latin cancer (cette expression serait au départ une plaisanterie de carabin…

La Chair est faible

       Cette expression vient directement de l’Evangile (parole du Christ au jardin des Oliviers) : Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas tous dans la tentation, car l’esprit est prompt et Chair est faible ». 

Avoir les cheveux qui se dressent sur la tête

       Cette expression fait référence à tous les mammifères dont les poils se hérissent en cas de peur, de danger. Au 12ème siècle on disait plutôt : « avoir la tête hérissée ».

Belle (jolie) à croquer

       Dans cette expression, faut-il voir le sens de croquer (manger) ou le sens de croquer (faire un croquis) ? Jusqu’à Balzac seule la première origine (manger) était admise, et c’est ce dernier qui ait fourni  la deuxième origine…

Clouer le bec

       Cette expression vient en réalité du latin c1audere (clore, fermer) et non pas de clavus (clou). Autrefois on disait d’ailleurs « clore le bec ».

Se mettre en cheville avec quelqu’un

       « Cheville » vient du latin clavicula (petite clef, attache entre deux parties), « Se mettre en cheville avec quelqu’un » : c’est créer des liens, des attaches avec cette personne.

Se creuser le ciboulot

       La ciboule désigne ici en vieux français la tête de l’oignon. « Ciboulot » est devenu ainsi le surnom donné à la tête.

Se mettre le doigt dans l’œil

       On disait avant « Se donner du doigt dans l‘œil » : cela voulait dire être maladroit, se tromper (allusion à la maladresse de celui qui, voulant se signer, se trompe et met le doigt dans son œil et non sur son front).

Avoir la chair de poule

       Au 18ème siècle, cette expression fait partie de la terminologie médicale courante (avoir la peau de poule). Elle fait bien sûr référence à l’aspect de notre peau semblable à une peau de  poulet en cas de frissons de froid ; mais également à la poltronnerie des volailles.

Avoir un grand cœur

       On pense que cette expression vient d’une croyance selon laquelle quelqu’un de bon, Généreux et courageux avait un cœur plus grand que les autres. De nombreuses autopsies furent d’ailleurs engagées pendant plusieurs siècles pour tenter le vérifier cette caractéristique anatomique.

Cracher au bassinet

       Cracher au bassinet » c’est payer avec une certaine réticence, tout comme le bronchitique peut éprouver de grandes difficultés à expectorer ses mucosités dans un crachoir. Le bassinet (ou bassin) est ici le nom du récipient utilisé pour faire la quête à l’église (16ème siècle).

C’est du bidon

       L’expression est liée à une pratique commerciale d’autrefois : un commerçant faisait gonfler une pièce de drap pour la faire paraître plus luxueuse et plus belle. Le gonflement destiné à tromper le client était appelé un « bidon » (un ventre).

Les coliques du miserere

       Cette expression désignait les violentes douleurs d’une personne souffrant d’une crise d’appendicite, le patient étant plié en deux de douleur, comme si il implorait la miséricorde Dieu.

Jeter sa gourme

       « Jeter sa gourme » c’est quitter l’adolescence, perdre ses illusions et devenir un adulte. La « gourme » est une maladie du poulain (inflammation de la bouche) qui a longtemps été considérée comme un mal nécessaire pour venir adulte. Il faut que jeunesse jette sa gourme » (Balzac).

Tomber dans les pommes

       Cette expression est une déformation de la locution : « Tomber dans les pâmes ». Se pâmer » signifiait en effet en ancien français « s’évanouir ».

Garder quelque chose pour la bonne bouche

       Expression est d’abord culinaire et concerne tous les mets sucrés que l’on garde pour la fin du repas. Puis elle est passée dans le langage des poètes et autres esthètes qui expriment ainsi que l’on garde le meilleur pour la fin… 

S’arracher les cheveux

       Dans l’Antiquité, « s’arracher les cheveux » était un signe de deuil, de tristesse et de désespoir face à la mort. Certaines femmes allaient jusqu’à déposer leurs cheveux sur le corps du défunt. Puis l’expression a évolué traduisant la rage que l’on peut avoir face à certaines situations.

Avoir le cul entre deux chaises

       Jusque très récemment (première moitié du 20ème siècle) on disait « avoir le cul entre deux selles » évoquant ainsi un cavalier installé entre eux montures, donc dans l’incapacité d’avancer efficacement.
Chez eux avec un pied de nez
Et le protecteur des rebelles
Le cul à terre entre deux selles »

La Fontaine

Etre dans Les bras de Morphée

       Morphée (Dieu des Songes) était le fils de la Nuit et du Sommeil (Hypnos). Morphée vient du grec morphé (forme) car on suppose que Morphée ouvre ses bras en prenant 1a forme de celui qui s’endort…

Etre d’humeur égale

       Cette expression (d’abord médicale) voulait dire que la personne était en bonne santé  parce qu’il y avait équilibre entre les 1es différentes humeurs hippocratiques.

Fier comme un pou

       Le mot « pouil » (ancien français) avait aussi bien le sens de poulet que de pou. Il s’agit donc ici d’une mauvaise traduction du mot  « pouil » : un poulet ou jeune coq est en effet fort fier... Pour la petite histoire, l’emblématique coq français trouve sa source dans un jeu de mots sur gallus (coq)/Gallus (Gaule).

Travailler du chapeau

       Le « chapeau » est bien entendu ici la tête (caput en latin qui a donné chef, chapeau, chapitre, capitaine…). Le chapeau (ou le bonnet) faisait autrefois partie de la tenue vestimentaire de base et il était difficile de dissocier la tête de son vêtement.

Avoir les dents longues

       S’agit d’une expression très ancienne qui ne signifiait aucunement au départ être ambitieux. « Avoir les dents longues » c’était seulement avoir très faim … tellement faim qu’effectivement cela pouvait rendre agressif et prêt à se battre, d’où le sens actuel.

Sortir de la cuisse de Jupiter

       La nymphe Semélé attendait un entant de Jupiter : malheureusement elle mourut foudroyée en voulant contempler le père du fils qu’elle portait en son sein. Jupiter, pour sauver son fils Bacchus de la mort décida de le porter à l’intérieur de sa cuisse pendant les trois derniers mois du terme.

Prendre un bouillon de onze heures

       « Prendre un bouillon de 11 heures » c’est mourir vers minuit à cause d’un bouillon empoisonné, Autrefois, tard le soir, on faisait boire aux malades qui souffraient, un bouillon calmant et sédatif à base d’ornithogale (plante liliacée). Le fameux bouillon en a gardé une funeste réputation…

Hippocratisme digital

       C’est parce que cette déformation des doigts (Dernière phalange plus grosse) a été longuement décrite par Hippocrate, que l’on a décidé de la nommer d’après lui. 

 



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