Médecins de la Grande Guerre
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Le 2ème
Zouaves à la Bataille de Charleroi.
Pleure pas petite
mère, je vais pas en Afrique...
Les pages qui suivent sont dédiées à Edmond
GAILLARD en souvenir de sa sœur á qui il disait « pleure pas petite mère, je vais pas en Afrique, je vais à la guerre... » « Pleure pas petite
mère, je vais pas en Afrique… »
Le 5 juillet 1914, il lui écrivait cette lettre de SATHONAY ! « ………… Je m’arrête d’écrire en Anglais afin
de mieux t’expliquer. J’ai demandé ma permission pour mercredi 10 et j’espère
qu’elle me sera accordée pour ce jour là. Je ne puis vous l’affirmer
aujourd’hui car les officiers sont absents. En tout cas, j’aurais sûrement
samedi et dimanche. Si j’ai demandé à partir vendredi, c’est que je dois
quitter Grenoble assez de bonne heure pour arriver à temps dimanche. Demain je
serais fixé sûrement et vous écrirais aussitôt, ma lettre arrivera avant jeudi,
jour de votre départ. Et puis je vous télégraphierais chez le cousin pour vous
dire l’heure exacte où je pourrais arriver.
Le 18 août, Edmond écrivait cette dernière carte à sa grand’ mère…
La grande bataille de
Charleroi… Et le 22 août 1914, il tombait au champ
d’honneur… Zouaves « Les meilleures troupes Allemandes
venaient de franchir la frontière de Belgique, et malgré la résistance héroïque
de Liège avançaient rapidement par la Meuse et la Sambre sur la route directe
de Paris. La 37e division, à laquelle le 2e Zouaves fut
rattaché organiquement pendant toute la campagne fut affecté à l’armée du
Général Lanrezac, transportée en chemin de fer jusqu’à Rocroi et rassemblée le
21 août 1914, prête au combat, aux abords du village de Fosse.
2e Zouaves 27/08/1914 L’artillerie
Française, prise violemment à partie par des canons de gros calibre, restait
muette. Le régiment s’épuisait et les munitions devenaient rares. Le Commandant
Decherf comprit qu’en continuant, la lutte à mort de
ses hommes resterait inutile et, vers 12 h 30, par petites fractions, des
Zouaves regagnaient les positions de départ. La Garde, épuisée par de lourdes
pertes, ne songea même pas à poursuivre ces héros qui, malgré l’infériorité du
nombre, les périls du terrain et le manque de moyens matériels, avaient tenu en
échec et arrêté la progression des meilleurs troupes Allemande.
Le 11 janvier 1917, le ministère de la guerre annonçait qu’Edmond GAILLARD était mort au champ d’honneur. Cimetière d’Auvelais Assise à gauche : Mam la grand’mère d’Edmond et Paulette. Debout à droite : Paulette (Petite mère) la sœur d’Edmond. (Edmond Gaillard n’avait que 6 ans au décès de sa maman Emilie le 26/10/1898 à l’âge de 31 ans). Et pendant cette sale Guerre, la sœur et la
grand’ mère d’Edmond s’étaient engagées dans la Croix Rouge Française …
Les
Zouaves n’ont jamais failli au devoir et à l’honneur et ils ont mérité qu’on
dise d’eux : « Ce sont les premiers Soldats du monde ! »
Entre la mobilisation du 2 août 1914 et son départ pour la Belgique vers le 15 août,
le grand oncle de mon épouse, le Zouave Edmond GAILLARD, écrivait : « ....
Nous ne devions pas rester inactifs. Bientôt la cavalerie ennemie est signalée
et nous subissons plusieurs charges de Dragons. Ils sont accueillis par un feu
nourri et leur charge n’ébranle pas les zouaves. Cependant à la fin toute la
cavalerie se jette sur nous et nous sommes en mauvaise posture mais
l’artillerie a tôt fait de les arrêter. Alors se produit le spectacle le plus
beau que j’ai jamais vu. L’artillerie est réduite au silence, la cavalerie a
balayé le champ de bataille imaginaire, c’est un instant de répit avant
l’apothéose finale. Dans les deux partis les troupes se préparent à l’assaut à
la baïonnette. Un grand silence, puis tout d’un coup dans l’air la charge monte
par la voix des clairons et tambours de tous les régiments. Lentement d’abord
sur une longueur de plus de 3 kilomètres les partis s’avancent l’un contre
l’autre, tous les uniformes se mêlent et le soleil s’est enfin montré pour
faire briller les milliers de baïonnettes, les drapeaux sont là eux aussi avec
leur garde d’honneur, ils avancent eux aussi au son de la Marseillaise que
jouent les musiques des 99e et 22e d’infanterie et
l’hymne matinal augmente encore l’ardeur des notes de la charge. Et puis, tout
d’un coup, lorsque les troupes sont à 50 mètre l’une de l’autre, une formidable
clameur retentit étouffant le bruit des clairons. « En avant, en
avant » tel est le cri poussé par les huit mille hommes tous fières qui
s’arrêtent à quelques mètre les uns des autres. C’est fini, les clairons sonnent,
la critique et les troupes se dispersent. Nous allons rejoindre la route à 4 km
de la Valbonne pour faire la grande halte. On fait la soupe, le café, on mange
la viande de conserve. Il est 10h1/2 à la fin de la manœuvre à 11h on mangeait.
À 11h1/2 nous reprenions la route de Sathonay où nous
arrivions à 5h1/2 ayant dans les jambes près de 60 km. Nous avons défilé devant
notre Colonel tout pleins d’entrain et sans fatigue apparente. Pas un homme
n’avait calé durant ce long exercice, aussi le Colonel a donné quartier libre
hier et levé les punitions. Voilà tout sur cette belle journée. » De cette lettre que Edmond GAILLARD a écrit à sa grand’ mère ou à sa sœur, je n’ai retrouvé que le 3e feuillet. Un
grand merci à Yves Laine et au site [chtimiste.com->http://www.chtimiste.com/] consacré à
l'historique et aux parcours des régiments en 1914-18.
[1] Edmond Pierre Etienne GAILLARD né le 16 septembre 1892 à Paris, fils du commandant Maxime Charles GAILLARD né le 26 février 1863 à Oran en Algérie et de Emilie DUFAU institutrice à la Légion d’honneur née le 29 mars 1867 à Oran, petit fils d’Etienne Emile DUFAU officier d’Administration qui s’est illustré dans la garde Impériale en 1870. [2] Toutes les illustrations de cet article sont tirées d’archives personnelles à l’exception de la photo « 2e Zouave 27/08/1914 » qui a été tirée du carnet du GP de Yves Laine publié sur le site http://www.chtimiste.com/ [3] ANCESTRAMIL : Historique du 2e régiment de Marche de Zouaves. Transcrit par LOPEZ Martial http://www.ancestramil.fr/ |