Médecins de la Grande Guerre
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Paula Mabilde, la dernière résistante de 14-18, Paula à deux époques de la vie Paula Mabilde et son père Stanislas dans le réseau Hernalsteens[1] Son père Stanislas était horticulteur à
Zelzate. La commune se trouvant à proximité de la Hollande, elle était un
endroit idéal pour passer la frontière avec des fugitifs ou avec des
renseignements collectés par les services d’espionnage travaillant pour les
alliés. Rapidement, au début des hostilités, un
Belge originaire de Boitsfort, créa un réseau de renseignements au service des
Français. Cet homme s’appelait Oscar Hernalsteens. Oscar Hernalsteens C’est lui qui recruta Stanislas Mabilde
qui reçut rapidement des pigeons pour transmettre des messages à l’agent
français Moutier à Flessingue. Le chef de réseau était une fameuse personnalité
qui avait une réputation assez sulfureuse avant-guerre. Comptable à la Caisse
générale des reports et dépôts, il avait été renvoyé en 1907 pour spéculation.
Un peu plus tard, il passait au tribunal pour détournement de fonds et fut, en
1908, condamné à 8 ans de prison. En 1911, il obtient une libération
conditionnelle mais en 1912, on l’accuse d’avoir envoyé un colis piégé au juge
qui le condamna. Il obtient cependant un acquittement pour cette nouvelle
affaire mais il gardera en Belgique la réputation peu flatteuse d’anarchiste.
Oscar s’en va alors chercher fortune en France, à Amiens, et c’est là que la
guerre le surprend. Marié avec une famille composée d’une fille et de jumeaux,
il perd son épouse au début de la guerre. Les enfants sont placés en France.
Quadrilingue et débrouillard, il se fait remarquer par les services de
renseignements français qui trouvent en lui la personne idéale pour remplir des
missions en Belgique et en France occupée. Au début, il effectue quelques
missions qui donnent entière satisfaction à ses commanditaires. L’une d’entre
elles consista à établir une ligne téléphonique entre Lille occupé et la ligne
de front à La Chapelle d’Armentière ! Hernalsteens fut sans aucun doute un
aventurier de haut vol. Au total, l’intéressé comptera à son actif plus de
cinquante traversées de la frontière belgo-hollandaise ! Après ses
premières missions réussies, on lui confie la création d’un réseau dont le succès s’avère vite exceptionnel… Oscar
arrive à couvrir la région de Gand, Bruges, Lille, Valencienne, Cambrai etc...
En aout 1915, c’est sans doute le réseau le plus complet et le plus étendu dans
la Belgique et la France occupée : 141 agents, 14 points d’observation
ferroviaire, 12 postes d’observation territorial ! Malheureusement, l’organisation, à son
apogée, finit par être infiltrée par un certain Wiart Jules à la solde de la
police allemande. Le secteur français est démantelé et le 22 octobre 1915, le
conseil de guerre à Maubeuge condamne 12 de ses membres à la déportation en
Allemagne tandis que deux autres sont condamnés à mort (Dhalluin et
Pauvredame). Dans la foulée, Hernalsteens et sa
maîtresse et complice, Léonie Hallet sont arrêtés en Belgique. Au total 26
membres du réseau sont finalement inculpés à Bruxelles. Le premier jour
d’audience est le 11 avril 1916 et se passe dans l’hémicycle du sénat belge. Le
juge qui mène le réquisitoire est Edouard Staber. Il possède déjà une triste
réputation pour avoir fait condamné à mort Gabrielle Petit en octobre 1915 et
Louise de Bettignies en mars 1916 (la peine de cette dernière sera commuée en
condamnation à perpétuité). Le 14 avril,
les peines sont prononcées : neuf personnes bénéficient d’un non lieu.
Oscar Hernalsteens, François Van Aerde (un jeune homme qui effectue les
missions d’un courrier), Jules Mohr, Emile Grenier sont quant à eux condamnés à
mort. François Van Aerde est gracié, sans doute grâce à son jeune âge. Le 19
avril 1916, les trois hommes sont fusillés au Tir National. Hernalsteens
quelques jours avant d’être fusillé a obtenu la faveur de pouvoir se marier
avec sa maîtresse, Léonie Hallet ! Les funérailles d’Oscar, après
exhumation, seront célébrées le 6 juillet 1919. Quelques mois auparavant, un sénateur belge, de Vrière, força la serrure
de son pupitre dont la clé manquait et trouva un mot du héros. Il est
vraisemblable qu’Oscar, jugé à cette place et, ayant écrit un message pour la
postérité, fit disparaître la clé pour être certain que son appel à la
postérité soit conservé intact jusqu’aux temps de la libération. Ce geste
montre une nouvelle fois le talent d’Oscar véritable Arsène Lupin ! Le
sénateur de Vrière interpella alors tous ses confrères : Suite
à cet émouvant message, le sénat belge se préoccupa du sort de ses trois enfants,
Irène, René et Blanche. Cri du cœur d'un condamné à mort. Le nom d’Oscar figure sur la plaque
commémorative du sénat sur laquelle figurent les noms des résistants condamnés
à mort par l’occupant dans l’hémicycle. La France lui accordera la Légion
d’Honneur en 1920. Malgré ces honneurs, le souvenir d’Oscar, terni sans doute
par son renom d’avant-guerre, s’effacera vite et cela malgré une vie digne d’un
roman d’aventures. Mais revenons à notre héroïne, Paula
Mabilde. Son père, soupçonné par les Allemands au moment de l’arrestation
d’Oscar Hernalsteens, se fit discret et c’est sa fille Paula, âgée d’à peine 14
ans, qui reprit pendant un certain temps la collecte des renseignements. Vingt
ans plus tard, elle allait reprendre du service lors de la Deuxième Guerre
mondiale cette fois dans le réseau de la « Witte Brigade ». Les terrains d’horticulture de la famille Mabilde Paula Mabilde résistante dans la Witte Brigade. La Brigade Blanche était
surtout implantée à Anvers mais avait des ramifications partout dans
le pays. Ce mouvement de résistance fit de la propagande anti-allemande,
organisa des manifestations patriotiques lors des fêtes nationales et des 11
novembre. Son journal clandestin « Steeds verenigd – Unis
Toujours » parut environ 80 fois ». La brigade eut un rôle très important à jouer
en recueillant des renseignements militaires sur le port d'Anvers, ce qui
permit d’être pris intact par les alliés. Elle s’informa aussi sur les plans
allemands d'une éventuelle invasion de l'Angleterre (Opération Seelöwe) et
s’occupa du rapatriement de pilotes alliés vers l'Angleterre. Beaucoup de ses
membres appartenaient à la police. Une liste des membres trouvée chez un leader
du mouvement conduisit en 1943 à l’arrestation de 58 personnes qui furent
déportées en Allemagne. En 1944, 62 autres membres furent arrêtés et déportés.
Le 9 mai de la même année, ce fut le tour du chef de réseau, Marcel Louette),
connu sous le nom de guerre de Fidelio, d’être appréhendé. Torturé à Breendonk,
il est quasi paralysé des deux jambes lorsqu’il est envoyé au camp de
concentration d'Oranienburg. Soigné par ses codétenus, son handicap s’atténua
et lui donna la « chance » de ne pouvoir participer à la marcher de
la mort. Il est libéré par les Soviétiques le 22 avril 1945. Après avoir
travaillé brièvement comme infirmier dans le camp de transit à Berlin, Louette
rentre à Anvers le 20 juillet 1945. Au total, la Brigade Blanche perdit 400
membres sur les 3 750 reconnus. Marcel Louette, instituteur fit la campagne des 18 jours comme lieutenant de réserve au 36ème régiment de ligne Paula Mabilde, membre de la Brigade
Blanche, dut aussi entrer dans la clandestinité car repérée par l’occupant
comme élément subversif. Cela ne l’empêcha pas de participer à la libération en
guidant très efficacement les soldats canadiens vers Zelzate, Assenede et
Vertvelde en septembre 44. Paula fit
ainsi une entrée à Zelzate remarquable, juchée sur un tank canadien. Quelques jours avant la libération de
Zelzate, ces trois hommes dont un père et son fils, furent fusillés par les
Allemands dans les dunes de Valkennisse. Ils avaient cachés des aviateurs alliés. Yvan
est le plus jeune des fusillés belges d’origine flamande. Après la Deuxième Guerre mondiale Paula reprit une existence calme et
sereine. Avec sa sœur, elle éleva deux jeunes orphelines. Elle ne chercha
jamais les honneurs et c’est un peu contrariée qu’elle apprit lors de son
centième anniversaire, qu’elle allait recevoir une distinction du deuxième
régiment des Guides… Un peu plus tard, elle décédait. Panorama de Selzaete Ecrit en ce mois de mai 2022 par le Dr Loodts Patrick |