Médecins de la Grande Guerre
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Le pasteur
anglican Mellish (1880-1962) obtint la Victoria Cross à St Eloi !
La
victoria Cross de Mellish est conservée dans la tour de Londres au sein du musée consacré aux Royal Fusiliers. Au printemps 1916, les Anglais
décidèrent une opération limitée sur le front
de l'Yser à Saint Eloi. Il s'agit de s'emparer des positions dominantes
que possède l'ennemi et qui leur permet d'observer les arrières des lignes
anglaises. La méthode choisie est l'explosion de plusieurs mines sous les
premières lignes ennemies. Le 172nd Tunnelling Compagny perce donc des galeries pour mettre en place les mines tandis que
l'assaut après l'explosion devra être entrepris par la 9ème Brigade
de la 3ème Infantry Division avec l'aide de la 4ème
Brigade canadienne. Le 27 mars à 4h15 du matin les six mines explosent
simultanément et provoquent un geyser de terre et de feu dans les tranchées
allemandes. Le 1/Northumberland Fusiliers s'élance alors à l'assaut à l'ouest et
le 4/Royal Fusiliers à l'est. A l'ouest, les soldats ennemis sont sous l'effet
du choc de l'explosion et seule une mitrailleuse ouvre un feu meurtrier malgré
le fait qu'elle tire à l'aveuglette dans l'obscurité. La mitrailleuse est
réduite au silence par l'action d'éclat de deux hommes courageux le
sous-lieutenant Holmes et le caporal Kersey. Après 30
minutes de combat tous les objectifs sont atteints à l'ouest mais à l'est les
cratères 4 et 5 restent aux mains de l'ennemi. A la fin de la journée les
Britanniques ont perdu 445 hommes (blessés et tués) mais ils ont fait 200
prisonniers et l'on estime à 300 les soldats ennemis tués sous les mines ou au
combat. Le cratère 4 est abandonné par l'ennemi et investi le 30 mars tandis
que le dernier cratère est pris le 3 avril après un bref bombardement suivi de la reddition de cinq officier et de 77 homme
qui n'ont plus rien mangé depuis 72 heures. Il y eut beaucoup d'actes héroïques
durant cette bataille. Sous un terrible bombardement, un soldat traversa deux
cents mètres du champ de bataille pour dérouler le fil téléphonique qui devait
relier l'observateur à sa batterie. Le fil se rompant sous le bombardement il
rétablit la liaison trois fois ! Un jeune officier d'état-major, dans la plus
grande indifférence du danger, alla, avec grand flegme, reconnaître une
position ennemie ! Et l'on cite même des soldats canadiens qui ramenèrent en
rampant des soldats ennemis blessés pour les faire soigner ! Mais le plus grand acte héroïque fut celui
qu'effectua Edward Noël Mellish aumônier des 4/royal
fusiliers et qui, en récompense, recevra la Victoria Cross. Durant les trois
jours de la bataille, le « Padre » s'élança
dans les tranchées reprises à l'ennemi pour ramener vers l'arrière les soldats
blessés et cela sous un déluge de feu si terrible que trois des blessés qu'il
soignait furent tués d'une balle reçue au moment où le « Padre » les pansait ! Un officier témoigna ainsi du « Padre »
: « Il n'y a rien qui surpassa la
manière dont l'aumônier Mellish accomplit son devoir
et plus que son devoir durant le temps qu'il passa auprès de nous. Immédiatement
après que nos troupes atteignirent les tranchées ennemies, les mitrailleuses
ennemies provenant de portions de tranchées encore aux mains de l'ennemi inondèrent
nos hommes sous un déluge de feu. Pendant cette tempête, le brave pasteur, se « promenait »,
le livre de prière sous son bras, comme-ci il allait à une cérémonie religieuse
en temps de paix. Il atteignit le premier rassemblement de blessés et se pencha
alors pour voir ce qu'il pouvait faire pour eux ! Il ramena tranquillement et sans
aide un premier homme vers l'arrière en
se préoccupant plus du confort du blessé que de sa propre sécurité. Il continua
de ramener les blessés et ne prit du repos que lorsque le bombardement subit
une accalmie qui permit l'envoi des brancardiers. Le jour suivant il continua malgré qu'il ne
fût pas de service. Quelques uns de nos hommes n'auraient jamais survécus sans
la prompte assistance du pasteur Mellish. On raconte
l'histoire de ce soldat qui fut aidé par Mellish et
qui était connu pour être un fameux anticlérical. Sauvé par Mellish,
il devint le plus fervent des anglicans ! Dans l'hôpital de base, il répétait à
ses camarades occupant les lits voisins du sien que si quelqu'un disait du mal
de son église il n'hésiterait pas à lui jeter son poing à la figure ! » Les cratères de St Eloi Voici le texte de sa citation
accompagnant la Victoria Cross qui lui fut octroyée le 20 avril 1916 : « Pendant la période du 27 au 29
mars 1916, à St-Eloi, en Belgique, le capitaine
révérend Noël Mellish, sous un feu
d'artillerie et de mitrailleuses continu et très violent, a fait des
allers-retours entre les tranchées de départ et celles prises à l'ennemi, pour
secourir les blessés. Pendant la première journée, il a ramené dans ses lignes
dix hommes grièvement blessés, sur un terrain balayé par les tirs de
mitrailleuses. Il a recommencé le lendemain et a sauvé 12 hommes
supplémentaires, et dans la nuit du troisième jour, il a pris la tête d'un
groupe de volontaires pour se porter encore au secours des blessés restés dans
la tranchée ». Le « Padre »
avait 35 ans quand il participa à la bataille de St Eloi. Ce n'était pas un
inconnu dans l'armée car en 1900 il s'était engagé et avait servi en Afrique du
sud dans la police de Baden Powell. Une patrouille dont il faisait partie se
trouva un jour encerclée par les Boers. Mellish se
proposa d'aller chercher du renfort. Il réussit
à trouver de l'aide et alors qu'il n'était pas obligé, retourna auprès
de ses camarades à toute vitesse pour leur signaler qu'un secours allait
arriver et qu'il leur fallait tenir bon ! Après la guerre des Boers, Mellish retourna en Angleterre quelques temps puis
rejoignit à nouveau l'Afrique du sud, cette fois pour travailler dans une mine
de diamants à Jagersfontein. Il fut là aussi fortement apprécié pour avoir
soigné et veillé durant de nombreuses nuits un camarade malade tout en
accomplissant son dur travail la journée. Mellish revint
en Angleterre pour étudier au King's collège de
Londres pour devenir en 1912 pasteur anglican. Désigné comme responsable de la
paroisse de St Paul à Deptford il accomplit un
travail exceptionnel en animant les jeunes et en leur emménageant une maison de
jeunes dans un ancien café à l'arrière de l'Empire Music Hall. Les jeunes, reconnaissants appelèrent cette
maison le « Noël Club ». Après la première guerre mondiale, Mellish se
maria avec Miss Elisabeth Wallace le 3 décembre 18. Il continua son ministère
comme vicaire de St Marks Church à Lewisham. Durant
la seconde guerre mondiale il s'engagea comme volontaire (air-raid warden) pour aider la population à se protéger des bombardements.
Mellish mourut à 82 ans le 8 juillet 1962 dans le
village de South Petherton où il passait paisiblement
une retraite bien méritée ! Après la bataille de St Eloi Que devint le front à St Eloi
après l'exploit du « Padre » Mellish ? Dans la nuit du 3 au 4 avril, la deuxième division canadienne releva la 3ème
division britannique. Le 6 avril les allemands entamèrent une violente
contre-attaque et reprirent tous les cratères sauf un. L'ordre fut donné de
reprendre le terrain perdu. Une série d'attaques rendit à nouveau les cratères
aux alliés jusqu'au 19 avril. Ce jour là, les Allemands reprirent tous les cratères sauf le N°1. Le décompte des
pertes est impressionnant : les Canadiens ont perdus entre le 6 avril et le 19
avril 1.373 hommes blessés ou tués. Pour les Britanniques c'est l'échec de leur
tactique fondée sur la guerre des mines et la surprise. Cela ne leur empêcha
pas de récidiver le 7 juin 17 date à laquelle la 41ème division
britannique reprit possession définitivement des cratères et cela en faisant exploser la mine la plus énorme de
la première guerre mondiale soit 40 tonnes (déposée à une profondeur de 40
mètres et au bout d'un tunnel de 500 mètres entre le cratère 4 et 5) Le cratère n° 3 aménagé par les Allemands et photographié en 1916. Ce cratère ainsi que son voisin le cratère n° 4 s'effondreront, détruits par une énorme mine le 7 juin 17 avec pour résultat la formation d'un nouveau et unique cratère. Ce dernier existe toujours aujourd'hui et peut être visité ! On imagine sans peine à regarder cette photo le nombre de malheureux soldats qui périrent par cette explosion ! Dr Loodts
Patrick |