Médecins de la Grande Guerre
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L’odyssée des « pantalons
rouges » cachés dans les Ardennes après la bataille des frontières du 22
août. Le pantalon rouge. (photo du web)
Le 22 août 1914, l’armée française tenta d’arrêter la percée allemande
en Belgique. Le choc se produira principalement en Gaume et dans les Ardennes. Le combat dans la forêt de
Luchy se solda
par une défaite sanglante de l’armée française, cependant, la forêt permit
aussi à de nombreux soldats de se cacher et d’éviter un long emprisonnement.
Certains vécurent plusieurs mois dans
les lignes Allemandes grâce à l’aide de la population locale. Beaucoup d’entre
eux parviendront finalement à rejoindre A Ochamps, le poète Vernet[1] Manœuvre à Caylus : camp militaire de Tarn et Garonne où la plupart des soldats de Midi-Pyrénées passaient avant la guerre. Ce camp existe toujours et est aussi en activité. (coll. Michel Florens)
L'adjudant Vernet (1891-1916) compte parmi les nombreux soldats qui
errèrent dans les bois en échappant à la boucherie. Avec six compagnons, il se
cacha à Ochamps à proximité de la ferme de Maubeuge
où résidait la famille Degand. Quand le temps était trop rude, le garde Nicolas les faisaient venir
dans un hangar. Le soir les soldats recueillaient en un lieu fixé les
victuailles et les douceurs que la population leur offrait pour survivre.
L'abbé Bastin leur procura des passeports pour traverser Equipe de Rugby du 11e Ri de Montauban. Maurice Vernet se trouve au second rang 2e en partant de la gauche. (coll. Michel Florens) Le régiment s'est mis à l'aurore, aucun de nos soldats n'a vu le feu encore. Aussi plaisantaient-ils gaiement tout
en marchant. Pourtant les chefs ont dit: L'objectif
est Ochamps Et si nous rencontrons l'ennemi sur la
route. Il nous faut l'attaquer coûte que
coûte. Mais nos joyeux pioupious, quand ils
ont su ces mots, ont senti le lourd sac s'alléger sur le
dos. Car ils brûlent d'envie au cours de la
bataille De lancer des brocarts aux éclats de
mitraille. Le canon sourdement tonne dans le
lointain. Nos petits fantassins n'ont depuis le
matin Pris qu'un quart de café et qu'une
croûte, et dame, Depuis quelques instants leur estomac
réclame. Soudain, volant très haut dans le ciel
nuageux, Deux avions ennemis, oiseaux
majestueux, Planant au-dessus de nos troupes. Voilà la faim calmée et l'heure de la
soupe Aussitôt oubliée. On s'attarde aux
avions. Bientôt, pour voir plus nettement nos
positions, Un des aviateurs, plein d'une rare
audace, Aborde imprudemment une zone basse. Immédiatement partent de tous côtés De rès
nombreux coups de eu des soldats arrêtés Et bientôt on peut voir le vaste
aéroplane Atteint dans son moteur, victime d'une
panne, Faire de grands efforts en vain pour tenir
l'air Et aller se poser en quelque endroit
désert, Mais une balle au front a tué le pilote et l'appareil oscille, atterrit et
capote. Nous reprenons la marche et trouvons un
village. C'est Bertrix dont les gens vont sur
notre passage Nous offrir en riant et nos encourageant Du pain, du café chaud, du tabac, -sans
argent- De la bière ou du lait, des tartines de
beurre. et de petits drapeaux que nos soldats sur
l'heure Arborent avec joie au bout de leur
fusil. Faisant ainsi flotter en guise de
merci. Le rouge, jaune et noir de la noble
Belgique a côté des couleurs de notre République. Français, n'oublions pas ce chaleureux
accueil Et si Dieu nous permet de châtier
l'orgueil De ce triste empereur qui n'est qu'un
bien triste homme Et ne vaut certes pas qu'en des cers on
le nomme Nous pourrons expliquer chez nous à nos
enfants Que si nous avons pu revenir
triomphants C'est grâce à la vertu, au courage
héroïque Des amis que Midi. Les hommes cependant ne pensent
pas Qu'il est grand temps de prendre leur
repas. Ils vont réconfortés par cette aimable
fête Que la population en passant leur a
faite. La route de nouveau poudroie au fond
des champs. L'ordre est enfin donné de cesser tous
les chants. On s'arrête, on repart et l'on s'arrête
encore. Plus d'un prend un biscuit qu'à la hâte
il dévore Car il se pourrait bien qu'avant la fin
du jour On trouvât les Prussiens dans les bois
d'alentour. Pourtant dans la forêt le bataillon
pénètre. Le vingtième de ligne est devant et
peut-être On pourrait traverser sans encombre le
bois. Mais voilà qu'on entend en trois ou
quatre endroits Quelques coups isolés puis une
fusillade. "Le bal va bientôt commencer, me
dit un camarade. -Halte! commande-t-on,
serrez dans le fossé!" Et notre général sur ses étriers dressé Passe au triple galop de sa monture
grise Pour aller pallier l'effet de la
surprise. Derrière lui, sa suite est lancée au
grand trot. Au tournant du chemin voici
presqu'aussitôt Les robustes canons que notre
artillerie Sans perdre un instant va mettre en
batterie. Car ces soixante-15 à l'air inoffensif Pourront semer la mort au moment
décisif. Mais on avait compté sans l'ennemi qui
veille Et dont les gros canons pointés depuis
la veille Dessus nos artilleurs ont bien vite
craché. "Ils n'ont dans leurs obus que du
papier mâché", Dit avec un sourire éclairant sa figure Un jeune lieutenant qui passe à toute
allure. Cependant le combat devient rude,
acharné; Nous pénétrons sous bois et l'assaut
est donné; Ils sont quatre conte un. Leurs canons nous
acculent, Mais devant notre ardeur leurs
bataillons reculent. Les balles en passant sifflent
lugubrement Et les éclats d'obus pleuvent à tout
moment. Nombreux sont les sapins dont la cime
est fauchée Et dont une maîtresse branche est
arrachée; Et nombreux sont aussi les soldats que
la mort, Sans leur laisser le temps de finir
leur effort, Fait soudain chanceler et s'écrouler à
terre. La gueule des canons semblable à un
cratère Crache et vomit sans cesse au-dessus
des guerriers Et de la fonte, du fer, et du plomb
meurtriers. Bientôt, avec le soir, le crépuscule
arrive. La lutte continue, aussi âpre que vive. Mais le nombre triomphe et nos braves
soldats Sont enfin obligés de rompre le combat. Avec la rage au cœur, ils battent en
retraite Se défendant encore à coups de
baïonnette, Livides, affamés, pâles, blessés, hagards. Un courage farouche enflamme leurs
regards. Les Prussiens à leur tour poussant des
cris sauvages Avancent. Leurs canons font d'horribles
ravages Dans nos rangs décimés. Malgré de
grands efforts Les nôtres sont noyés sous l'afflux des
renforts Que l'adversaire lance à droite par la
route Afin de transformer notre échec en
déroute. Du vingtième de ligne, il ne reste plus
rien, Et notre bataillon qui luttait en
soutien Débordé, pris de flanc, attaqué par
derrière Ne pouvant déjà plus revenir en arrière Résiste dans le bois et combat sans
espoir. La nuit vient, nuit sans lune
enveloppant de noir Et les monceaux de morts et les blessés
qui pleurent Et ceux qui dans leur sang agonisent et
meurent. Maubeuge,
le 15 novembre 1914 Maurice Vernet. Avis de décès retranscrit par la ville de Montauban pour un de ces enfants mort à Luchy. (coll. Michel Florens) A Graide: l'incroyable survie pendant quatre
ans de 6 militaires Français[2]
Le lieutenant Victor Guilhem-Ducléon écrivit
ses mémoires[3] . Lui
et cinq compagnons élurent domicile à quatre mètres sous terre, au fond d'un
ancien puits de mine aux abords de la dernière maison du village de Graide sur le chemin qui va à Gembes.
Mais l'abri menaçant ruine, à partir du 16 novembre, ils allaient vivre
jusqu'au 15 novembre 18 dans les annexes d’une petite ferme. D'abord pendant
six mois dans un trou creusé dans le foin de la travure, si réduit qu'ils ne
purent s'y étendre, puis dans une cachette au-dessus du fournil sous le toit
puis, à nouveau, dans le tas de foin nouvellement rentré. Enfin leur dernier
abri fut le fournil lui-même jusqu'à la fin de leur réclusion. A partir de
février 1916, la nuit et à la moindre
alerte, les soldats se coulaient au fond d'un gourbi creusé sous le pré et
accessible par la porcherie. La
nourriture consistait en pommes de terre bouillies avec un peu de lard et
toujours trop peu de pain. Les conditions de vie dures étaient aggravées par un
sentiment d'inutilité. Quatre années à se cacher : le temps semblait
interminable ! L'officier avait bien tenté d'organiser des cours de mathématiques
pour ses soldats mais la tentative fut vite abandonnée.
Finalement le lieutenant parvenait toujours à meubler son temps mais
pour les cinq autres qui étaient des paysans, l'inaction pesait. Deux d'entre
eux restèrent inoccupés quasi pendant toute la durée de la guerre. Scier du
bois et peler les pommes de terre étaient les seules travaux auxquels ils
s'adonnèrent avec régularité ! Leur inaction prit cependant fin à la fin de la
guerre quand le lieutenant et ses hommes montèrent un petit atelier de
menuiserie qui livra différents objets dessinés par l’officier. Etuis à
aiguille, tonneaux, nécessaires de voyages, ronds de serviette obtinrent un
succès commercial certain puisqu'ils furent même diffusés par Grand Bazar de
Liège !
L'entente restait acceptable entre les soldats français, sans doute à
cause de l'officier qui veillait à une cohésion minimale malgré le fait que les
cinq soldats s'étaient divisés en deux groupes rivaux qui parfois ne voulaient
pas se parler !
L'entente envers la famille de paysans qui les cachait n'était pas non
plus toujours au beau fixe et les Français soupçonnèrent le fils de 28 ans de
détourner à son profil toutes sortes de marchandises qui leur étaient
destinées.
La seule alerte qu'ils durent assumer se passa le 25 mars 17 quand les
Allemands débusquèrent dans la forêt deux autres Français qui s'y dissimulaient
à savoir, Ernest Chapalan et Jean Grall.
Ce dernier fut pris mais Chapalan s'échappa en blessant affreusement à la tête
un agent de la police secrète. Les 11 communes voisines, dont Graide, furent dès lors soumises à des perquisitions. Comble de malchance, la
maison du Père Clovis dans laquelle se cachaient nos soldats fut choisie par
les Allemands pour abriter un poste transitoire de gendarmerie comprenant 15 hommes
et trois chiens ! Pendant une semaine, les Français se tapirent entre le
plancher et le sol de la maison voisine puis, Ils purent regagner leur abri
souterrain qui s'ouvrait dans la porcherie du Père Clovis. Ils vécurent dans cet endroit sordide durant trois
semaines ! Etendus, ou assis, ils durent résister à l’humidité constante et
s’accommoder de l’odeur provenant de la porcherie et de leur seau. Pour
nourriture, une seule marmite de pommes de terre leur parvenait pendant la
relève du poste. Le temps semblait interminable et il fallait, comme l’explique
l’officier dans ses notes, ruser avec lui pour ne pas sombrer dans la
dépression : « Pour occuper mon
esprit, pour aider l'écoulement du temps, je m'étais créé une série de
consignes, d'obligations tombant à des moments fixes. Considérés isolément, ces
diverses parties de mon règlement de vie étaient absurdes : comme à tel heures,
faire un quart d'heure de gymnastique, lire de tel moment à tel moment, etc... Semblable à l'homme légèrement ivre qui essaie de
suivre le bord du trottoir pour ne pas aller se casser la tête contre les murs,
j'avais tracé une ligne qui m'empêchait de tomber dans la paresse, la
démoralisation ou l'apathie de la brute »
Finalement, les hommes tinrent les quatre années de guerre dans des
conditions inimaginables. Le lieutenant, pendant toute la durée du
conflit, n'eut de véritable distraction
que pendant les rares visites qu'il osa faire à une famille de Redu (Madame
Dubois, sa fille et sa nièce qui occupaient le domaine de Pinval).
Le 15 novembre 18, le lieutenant quittait Graide
pour rejoindre enfin son pays !
L'exploit du lieutenant lui valu
Victor Guilhem-Ducléon eut 7 enfants d'Anne-Marie
Goujon qu'il avait épousée le 30 avril 14.Il, participa à la deuxième guerre
mondiale comme capitaine de réserve et, juge au Tribunal de Commerce de Bordeaux,
il s'éteignit le 7 janvier 1970. L'aventure remarquable des 120
soldats armés qui résistèrent
derrière les lignes allemandes pendant
deux ans[4]!
Il avait l'esprit de commandement ce Jean Laurent, sergent -major de la
3ème compagnie du 1er
bataillon du 11ème régiment
d'infanterie qui, après le combat du 22 août dans la forêt de Luchy, parvint à rassembler une centaine de survivants et à les commander pour essayer de
rejoindre les lignes françaises.
Le 23 et 24 août, il fut impossible de sortir de la forêt. Laurent
organise sa troupe de survivants en
sections et escouades et leur impose la
discipline militaire. Il décide de
laisser les blessés graves aux bons
soins des Belges et de
rejoindre les lignes françaises en
rejoignant Givet. Le rocher aux voleurs (marqué d’une croix) est situé à l’ouest de la station E.S.A le long de la Lesse.
La première étape doit les
conduire à Maissin mais il faut traverser Paliseul où un spectacle effroyable attend l'avant-garde. De loin, celle-ci
aperçoit en effet les Allemands dépouiller des
cadavres de soldats français gisant sur le champ de bataille. Elle croit
aussi apercevoir des blessés au sol que l’on
achève sans pitié. Bouleversée, l'avant-garde reflue et s'abrite
avec le reste de la troupe dans les bois. Le 26 août, Laurent et ses hommes se
remettent en route et déambulent entre Maissin et Porcheresse
dans un paysage de désolation. Ils aperçoivent des : corps en décomposition sur
le sol, une ferme en feu et flottant sur un étang des cadavres de soldats
français. Une patrouille est envoyée par Laurent reconnaître la ferme : il
semble que celle-ci a servi d'ambulance. L'ennemi a attaqué, massacré et noyé
ceux qu'il a trouvés.
Laurent et ses hommes quittent ce spectacle d’apocalypse en traversant
l'Our. Ils s’abritent ensuite dans un moulin abandonné. Le bâtiment est
heureusement assez vaste pour tout le monde! Quel réconfort ! Après ces jours dantesques, c'est un endroit
miraculeux où l'on peut allumer un feu, se réchauffer et enfin dormir en
sécurité ! Le 28, la troupe reposée reprend sa fuite et atteint, à Neupont-Wellin, la demeure de
Monsieur Herman, garde du domaine de Mohimont propriété d’un industriel de Bruxelles, Mr Henriot.
Madame Herman chauffe du lait et
parvient à distribuer un quart à chacun de soldats. C'est la première boisson
chaude qu'ils boivent depuis le 22 août.
Après cet agréable intermède, le garde Herman guide la troupe dans la bonne direction. Les abords du
village de Boursigne-Vielle sont atteints et
quelques soldats partent au village pour en
ramener des vivres que Laurent répartit ensuite le plus équitablement possible. La nuit est passée dans le bois mais au matin à
l'appel, Laurent constate avec amertume que certains soldats ont déserté. Laurent donne
une dernière fois l'occasion à ceux qui le désirent l'occasion de le quitter
mais demandent à ceux qui décident de
rester avec lui de se plier à la plus stricte discipline! Le lendemain, les soldats atteignent les abords d'Hargnies. Deux
hommes sont envoyés en reconnaissance
mais un seul revient car son compagnon a
été capturé par une patrouille
allemande. Le village est entièrement occupé
par l'ennemi. Laurent constate dès lors qu'atteindre Givet devient très risqué
et que la sagesse recommande de faire demi-tour afin de rejoindre
Mais bientôt la prison dorée dans lequel ils se trouvent se révèle au
fil des heures trop dangereuses.
Rapidement des rumeurs de dénonciation parviennent aux oreilles de Laurent
l'obligeant de reprendre la route sans
trop tarder. Des ordres sont donnés et le lendemain soir, au lieu de
ralliement, 137 soldats rendaient un émouvant adieu à la population de Nouzon. La troupe va maintenant être guidée par un couple
de patriotes, monsieur et madame Malicet. Madame Malicet était belge et connaissait merveilleusement les
Ardennes pour avoir sillonné toutes ses routes avec son père, marchand de
chevaux.
108 hommes de la troupe sont en tenue militaire dont 80 possèdent des
armes. Les autres, des soldats récupérés, au fil des jours sont en civil.
La troupe de Laurent n'est plus très homogène. Les soldats en civil sont
pour la plupart des soldats appartenant à d'autres unités que celle du régiment
de Laurent. Laurent s'en méfie et préfère se séparer d'eux, leur enjoignant de
tenter leur chance par petits
groupes.
Convaincu aussi que rejoindre les lignes françaises par Charleville
devient une tâche impossible, il change
radicalement de plan et décide de rejoindre
Le lendemain, il faut déjà quitter le château. Le soldat Bazenti et
deux autres malades y sont laissés. Un
moulin abandonné le long de la route Dinant-Wellin
constitue l'abri suivant puis, le
lendemain, un camp de baraques auprès de puits de mines. Le groupe des 120 y
reste deux jours pendant que des patrouilles sont lancées pour reconnaître
l'endroit idéal pour traverser Château de Honnay Les malades sont soignés à Mont-Gauthier par deux sœurs de
Un incident ou plutôt une imprudence met malheureusement fin au séjour à
la baraque du champ-des-murs. Constant, un gradé qui cependant avait toute la
confiance de Laurent, se met en tête de faire prisonnier un officier allemand.
Il apprend en surveillant les abords du château de Ciergnon,
que souvent y vient chasser un Allemand qu'il croit être un officier. Avec une patrouille, Constant le
surprend dans le parc de ce château portant, le fusil en bandoulière, des
bouteilles de vin volées. L'affaire tourne cependant mal et les Français sont
obligés d'ouvrir le feu. Grièvement blessé, l'homme est soigné par le maire de Houyet, le Dr Leurquin. Ce denier
fait transporter le blessé au bâtiment de
Au bout de quelques jours de mauvais temps et croyant l'alerte passée,
Laurent autorise le retour à la baraque. Quelle n'est pas la surprise des
Français de constater que toutes ses ouvertures avaient été scellées par des
planches. Sans doute l’œuvre de gardes-chasses qui veulent décourager le retour
des soldats ! Les hommes de Laurent ont cependant vite fait de rendre les lieux
à nouveau habitables. L'attentat continue cependant à provoquer un grand émoi car la population de Houyet est en effet
sommée de dénoncer un coupable. En attendant la dénonciation, soixante
otages et une amende de 100.000 francs sont exigés du maire, le docteur Lurquin. Ce dernier montre alors aux Allemands une
déclaration signée par le moribond « J'affirme
avoir été attaqué et atteint par des soldats français ». Cette déclaration
devait plaider pour l’innocence des villageois mais rien n'y fait et 60 otages
civils sont livrés à l'ennemi qui les emmène à Givet. Le docteur Leurquin doit lui rester à Houyet
pour continuer ses soins au blessé. Il le soigne 19 jours au terme desquels le
blessé est transféré à Givet. Il y décèdera.
Tous ces événements suscitent chez Laurent l'idée qu'il faut à nouveau se
remettre en route. Le 12 octobre à 3 heures du matin, après 29 jours de survie
dans la baraque, l'ordre est donné de reprendre la route. Les « pantalons
rouges » reprennent la marche parfaitement reposés. Lessive est atteint
rapidement. La fuite avait été déclenchée de justesse car Laurent apprend que
les Allemands interrogent, à leur sujet, tous les notables de la région, y
compris les Bénédictins de Chevetogne. Des fouilles
sont même effectuées dans de nombreuses maisons et finalement le 15 octobre, le
gouverneur allemand de Namur, von Longchamp en
personne, arrive à la baraque du champ-des-Murs, et la fait incendier sous ses
yeux ! Non content de cet acte de vengeance, il fait aussi abattre tous les arbres qui portaient
des inscriptions sculptées par les soldats français désœuvrés !
Les Français ont fui donc à temps et ont retrouvé un abri non loin de
là. A Chanly, des fermiers généreux, le ménage Lequeux leur renseignent en effet une baraque abandonnée
dans le domaine de Mohimont, la baraque Sainte-Marie.
Les soldats s'y réfugient. Laurent ensuite, demande de l'aide au maire de Daverdisse. Les gardes-chasse Cassart
du village de Séchery et Herman du village de Neupont vont se révéler constituer une aide précieuse pour
la collecte de renseignements et de vivres. Les Allemands, quant à eux,
recherchent toujours avec assiduité la trace de l'armée fantôme et font publier
dans différents journaux (notamment l'ami de l'ordre de Namur) le 19 et 20
novembre
Proclamation à l'officier, aux sous-officiers et soldats du groupe des
militaires français (140 environ) cachés dans les forêts des Ardennes belges et
françaises.
Nous savons où vous êtes restés les 12, 13, 14,15, et 17 octobre 17.
Nous connaissons les endroits où vous vous rendez la nuit, où vous allez
chercher des vivres. Nous avons aujourd'hui ,18 octobre 14, fait prisonniers
plusieurs de vos camarades, qui étaient exténués et démoralisés. Nous savons, qu'en
partie , vous êtes déguisés en civils, qu'en partie vous êtes encore en
uniformes militaires, que vous avez des armes et des munitions, des cartes et
des boussoles pour vous orienter. Nous avons la description générale de vos
personnes et, surtout, de l'officier qui vous commande. Nous vous prévenons que
nous avons strictement défendu aux communes, aux moulins, aux fermes et aux
habitations isolées de vous donner des renseignements, des vivres et le
logement sous peine d'être faits prisonniers, et même d'être fusillés. Nous
battons les champs et bois avec trois compagnies d'infanterie et un escadron de
uhlans, ainsi que trois mitrailleuses, pour vous déloger, et nous sommes aidés
de chiens policiers pour vous retrouver tous.
Nous reconnaissons particulièrement l'intelligence et la bravoure de
l'officier commandant ce groupe, et son dévouement vis-à-vis de ses hommes et
de son pays: nous l'admirons loyalement. Nous lui demandons de ne pas sacrifier
inutilement la vie de ses frères d'armes, ni celle des habitants du pays
hospitalier belge où ils sont. Nous comptons qu'il viendra en civil et sans
arme, en parlementaire avec le drapeau blanc, chez le bourgmestre de Beauraing, et lui jurons,
qu'à défaut de s'entendre, et après cette entrevue, il pourra retourner
librement vers ses hommes.
S. Birnbaum, commandant du détachement à la poursuite des soldats égarés
dans les bois
Laurent et ses hommes se sentent de plus en plus menacés de trahison.
Parfois un évènement surprenant met un peu
de baume au cœur. Laurent apprend ainsi l'existence de quelques Français cachés
près de Porcheresse. Il prend la route et parvient à
trouver leur repaire tout près de la ferme des Herbois
: il y a là un sous-lieutenant d'infanterie en garnison à Montauban et avec quelques soldats. Laurent propose à
l'officier de rejoindre sa troupe et d'en prendre le commandement. L'officier
accepte mais Laurent ne le verra jamais rejoindre son camp. C'est finalement un
soulagement pour les 120 qui veulent conserver Laurent comme chef !
Il n'y a cependant pas de répit pour les soldats français. Monsieur Henriot propriétaire du domaine de Mohimont vient
rendre visite à Laurent en compagnie du garde-chasse Herman.
Une nouvelles est particulièrement alarmante!
Herman raconte que sa femme vient de
recevoir la visite de deux officiers
allemands qui lui ont affirmé savoir que son mari ravitaille des soldats
français se trouvant à la baraque Sainte-Marie. Vraisemblablement, les Français
viennent donc d'être trahis! Laurent
donne aussitôt l'ordre de quitter la baraque pour se dissimuler durant la
journée dans la sapinière au lieu dit Ranisse. Le
soir, le groupe peut néanmoins regagner
sa baraque.
Le 24 octobre la situation s'aggrave considérablement car cette
fois les Allemands reviennent en force chez le garde-chasse et l'oblige à
les guider jusqu'à la baraque. Vers 16 heures, un des hommes de Laurent le prévient
dans la sapinière que les
Allemands fouillent la baraque. L'alerte est donnée, les hommes s'équipent et
sont prêts à réagir mais, bonne nouvelle, voilà que les Allemands s'éloignent
de la baraque bredouille !
Malheureusement on s’est réjouit trop tôt,
à la ferme, en montant dans leurs camions, un des chauffeurs vient d’apercevoir
une mince colonne de fumée provenant de la sapinière. Aussitôt 15 soldats Allemands, sous la conduite d'un
officier, oblige le garde-chasse à les guider jusqu'au foyer. La colonne ennemie arrive à trente mètres des Français et est
accueillie par une fusillade. Les Allemands refluent mais quand Laurent compte ses hommes, il
constate avec déception que la moitié de
l'effectif s'est encourus.
L'ennemi compte certainement
revenir en nombre le matin et une décision ultime s'impose à Laurent :
celle de la dislocation du groupe pour échapper à l'ennemi. Lui-même et quatre
de ses fidèles formèrent un petit groupe pour tenter leur chance. C'en était
fini du groupe des 120 qui avait résisté
durant deux mois et trois jours cachés
dans les lignes ennemies en tenue et en armes !
Le lendemain de cette nuit
funeste, les Allemands reviennent comme prévu à
la baraque mais, à leur grande déception, plus un Français ne s'y
trouve. Le garde-chasse Herman et les fermiers Lequeux
font évidemment les frais de cette déconvenue et sont durement interrogés.
Malgré chantage et menaces répétées pendant deux semaines, ils ne divulguent
cependant aucun renseignement. Quant au couple Malicet,
il arrive inopinément à la baraque le lendemain de la fuite des Français,
rapportant d'une de leur reconnaissance un très gros sac de vivres. Voyant
l'endroit cerné par l'ennemi, ils ont la bonne idée de se débarrasser des
vivres dans un fossé. Arrêtés ensuite par une patrouille, ils s'en tirent à bon
compte en expliquant qu'ils rejoignent à travers champs
la maison de leurs parents. En s'éloignant, ils voient la baraque
Sainte-Marie devenir la proie des flammes. Le couple Malicet
sera malheureusement plus tard interrogé à nouveau et condamnés. Livre de Jacques Mortane
Laurent et cinq fidèles soldats vont trouver refuge sur un rocher à mi-chemin entre
le pont de Daverdisse et le village de Lesse et qui
surmonte la rivière de Sauvé par l'héroïque bûcheron Spetlevanée
La troupe, au rocher des voleurs, trouve un protecteur en la personne d'un bûcheron de Redu appelé Spellevanée qui leur apporte régulièrement des vivres. Il
leur permet aussi de s'échapper une fois de plus en les avertissant in extremis que les Allemands ont retrouvé leurs traces. En un tournemain,
Laurent et ses hommes s'arment et quittent le rocher des voleurs au moment
exact où l'ennemi s'en approche!
S'apercevant que Spetlevanée a prévenu le « gibier », les
Allemands le frappe violemment et font
mine de le fusiller contre un arbre. Ensuite, les Allemands le chassent.
Son calvaire n'est cependant pas terminé car, tandis qu'il s'éloigne en
titubant, les soldats tirent dans sa direction. Le courageux bûcheron fait alors
un ultime effort en zigzaguant vers
le bois et parvient
miraculeusement à s'en tirer ! La grotte des voleurs. (Photo Dr Loodts)
Le 8 novembre, sauvés par le bûcheron, Laurent et ses camarades
s'éloignent donc du rocher des voleurs et trouvent un abri dans une carrière
abandonnée de Vresse. C'est un Français, monsieur
Barré, qui va alors leur porter secours. Ce patriote est tourneur de métaux à
Hautes-rivières et vient d'être averti de la présence des pantalons-rouges à Vresse par un de ses amis, Monsieur Manquillet,
Français et forgeron de métier qui revenait de Belgique. Le fils unique de
Barré est soldat au 18ème bataillon de chasseurs à pied et c'est en pensant au
sort de son fils unique dont il n'a pas
de nouvelles (Jean Barré fut porté disparu au combat de Pargny-sur-Saulx le 10 septembre 14) qu'il décide de se porter au
secours des pantalons rouges. Guidé par monsieur Barré, les Français traversent à nouveau la frontière et arrivent à Hautes-Rivières, dans le vallon
de Nogival où deux huttes en bois et en terre leur
servent d'abri. Hélas, le 21 novembre, le maire de Haute-rivières reçoit
un officier allemand qui l'interroge sur les soldats français en fuite. Le maire
nie connaître ces soldats puis va avertir Laurent de la nouvelle
menace. La grotte des voleurs. (Photo Dr Loodts)
Les fugitifs doivent se remettre en route. Ils trouvent à s’abriter d'abord
dans une caverne de Mohenterme d'où ils peuvent observer
le sentier des douaniers et la grand' route Gedinne-Membre-Sur-Semois
et où ils demeurent une semaine, ensuite dans une hutte à hauteur de Linchamp.
Le 20 décembre, le danger d’être pris semble
s’amenuiser et ils retournent dans la caverne de Mohenterme.
A la Noël, évènement difficilement compréhensible, sans prévenir
Laurent, Constant, Blanc et Bichot quittent le
campement afin de rejoindre la Hollande. Laurent décide alors de suivre leurs traces
et veille à ce que les soldats Cazenac et Seignard, l'un malade et l'autre, mauvais marcheur, puisse le précéder à Liège grâce à un transport automobile fourni
par des villageois. Hélas, arrivés à destination, les deux hommes seront pris par l'ennemi et internés en Allemagne jusqu'à
l'armistice. La grotte des voleurs. (Photo Dr Loodts)
Le 31 décembre, Laurent et six de ces derniers camarades quittent Mohenterme et parviennent un peu plus tard à l'abbaye de Chevetogne où le Père Neyret est
stupéfait de les revoir. Après avoir reçu à nouveau vivres et aides, les sept
hommes atteignent Nettine où le curé les abrite.
Ensuite, à la gare de Terwagne, les Français montent
dans le train. Ils descendent à l'arrêt qui
précède celui de Seraing qu'ils rejoignent ensuite à pied. Le 5 janvier,
un patriote belge les fait traverser
Liège. Laurent et ses hommes rejoignent ensuite à pied le village de Berneau. Ce village est à La grotte des voleurs. (Photo Dr Loodts) Que devinrent-ils ? La comtesse Van den Steen de Jehay, infirmière, rejoignit Ypres où elle secourut la population civile
pendant l'hiver 14-15. Elle créa l'hôpital de Poperinghe
qu'elle dirigea jusqu'à la fin de la guerre
et entretint des liens d'amitié avec la reine des Belges. Voir mon article à ce sujet. Jean Laurent repartit au front où il devint rapidement
lieutenant au 27ème bataillon de chasseurs alpins. Il reçut de très
nombreuses décorations pour sa bravoure en Belgique. Il obtint le 13 juillet
1915 une citation sur le champ de bataille prouvant une nouvelle fois sa
valeur : Sous
une grêle de balles, est allé porter secours à un chasseur grièvement blessé
par une bombe, entre la tranchée allemande et la tranchée française, l’a ramené
sur ses épaules, faisant preuve d’un grand courage et d’un grand dévouement.
Signé : de Maud’huit. L'aspirant Alphonse Constant
reprit le combat et le 10 mars 15 fut grièvement blessé alors qu'il se
portait au milieu de ses hommes pris dans un intense bombardement. Il devint
lieutenant et fut réformé à la suite de ses blessures. Le soldat Dieuzaide fut tué à Perthes-les Hurlus Le soldat Chammarty devint chef de musique et se distingua
comme brancardier dans les combats en 1916 et 1918. Les époux Malicet furent finalement arrêtés le 5
novembre 14. Condamnés à mort, leurs peines furent commuées en 10 ans de
forteresse puis en dix ans de travaux forcés. Monsieur Malicet
fut conduit en Allemagne et y resta jusqu'à l'armistice mais Madame Malicet qui était enceinte resta à Namur. Elle sut se faire
libérer et rejoignit Paris en décembre 15. Elle entra ensuite dans le service
sanitaire et quitta par après Le baron van der Straten obtint une citation à l'ordre de
l'armée française : « Au cours de la guerre, a rendu
des services signalés à des soldats français. A plusieurs reprises en a hébergé
au péril de sa vie, faisant preuve des plus belles qualités de dévouement, de
charité, et d'esprit de sacrifice. En particulier, en septembre Le baron van der Straten
cachait les isolés dans son château de Honnay où le
Père Godet de Chevetogne les dirigeait. Plusieurs
soldats du groupe des 120 y logèrent quelques temps avant d'être conduits à Ciney
par le Père Godet et acheminés ensuite sur L'histoire de Mlle de Monge est assez
extraordinaire. La
jeune patriote originaire de Ohey et qui habite le château de Wallay, passa douze fois la
frontière. Pour la treizième fois, elle choisit pour se faire la propriété à Bleyberg de M. Remy-Paquot. Le réseau de fils électriques passe au milieu de
son domaine mais pour les travaux de ferme, le courant peut être coupé par la
sentinelle dans le petit poste installé au château. M.Remy
s'arrange avec le factionnaire pour que le courant soit coupé lorsque passe Mlle
de Monge. Ainsi le 31 décembre, Mlle de Monge se met à courir avant de franchir
les fils et attire l'attention des sentinelles. Elle est arrêtée et est
conduite en prison sous le nom de sa fausse identité Julia Massage, 27 ans.
Elle simule la folie, le médecin l'envoie dans un asile où elle passe quelques
mois. Elle rentre à Liège et les Allemands apprennent sa véritable identité et
l'enferme à nouveau, cette fois à l'hôpital militaire de Bruxelles. Finalement
grâce au docteur allemand Rittershaus de Cologne qui
déclare sa responsabilité atténuée, elle échappe au poteau d'exécution et, à
son procès, est condamné à 3 ans de travaux forcés. Le conseil de guerre
condamna Mlle de Monge à 3 ans de travaux forcés, le baron van der Straten à 15 ans, de Radigues à 3
ans, Ambroise Lambert à 15 ans, Alfred Moïse à 3, Madame Wills à trois ans. Mlle
de Monge reçut après la guerre Le Père Neyret
économe de l'abbaye de
Chevetogne fut trahi et envoyé aux travaux forcés
dont il revint la santé fortement délabrée. Monsieur Gheude l'un des anges gardiens du groupe des
120 fut condamné à mort deux fois et sa peine commuée en travaux forcés. Il
resta prisonnier jusqu'à l'armistice. Sa femme fit six mois de prison ! A Rochefort, le refuge des isolés était
le Couvent du Carmel où la supérieure une française, Mlle Damet, en religion, Sœur Marie-Thérèse cachait les évadés dans un petit logement
conçu dans l'épaisseur du mur près de la chapelle. Les passeports étaient
établis avec des faux cachets allemands propriétés de monsieur Gheude. A Clavier, les réfugiés étaient cachés
à l'hôtel du vicinal tenu par le ménage Dupont-Lawalrée. Monsieur fut arrêté le 15 août 15 et condamné
à deux ans et demi. Sa femme fut punie de la même façon en novembre 15. Parmi les soldats du groupe des
120, il y avait un brancardier
exceptionnel : Gaston Chammarty qui assura la
relève des blessés dans les combats des 26, 27, 28 juillet 1916. Devenu chef de
musique, il fit part de ses belles qualités encore une fois en octobre et
novembre 18 en évacuant des soldats blessés. Dr Loodts P. Octobre 2011 [1] D’après « Et ceux qui dans leur sang
agonisent et meurent », Meuse et Ardenne, N°38, 2006, pp 155 à 157 [2] Source: « Les
reclus de Graide » par Luc Hiernaux, De [3] Service Educatif
des Archives départementales de Lot-Et-Garonne,
Quatre ans derrière les lignes allemandes pendant [4] Cet article a été
rédigé à partir du livre de Jacques Mortane, L'odyssée
des "120", 292 pages, Editions Baudinière,
Paris, 1939. [5] Voici ce que l’on
pouvait lire au sujet de cette baraque
dans le journal « Dans les Domaines royaux. Les Baraques. A peu de distance du
château royal de Ciergnon, se trouve deux modestes
constructions, l’une en briques et assez confortable, dissimulée dans la forêt
entre Ciergnon et Montgauthier
et l’on appelle dans la région « la baraque des Français ». Fin août
14, elle donna asile à 120 soldats français de Mangin ,
coupés de leur corps, lors des combats de Maissin. Les fantassins en culottes
rouges et capote bleue tinrent le maquis d’alors pendant un mois. Ils étaient
ravitaillés par la population civile et l’abbaye bénédictine de Chevetogne. Von Longchamps, gouverneur de Namur, envoya contre la troupe
intrépide, un millier d’hommes de toutes armes. Les oiseaux s’étaient envolés.
Ils avaient passés en Hollande, par Liège, guidés par une femme, Mme Malicet. Les Allemands, dépités incendièrent le pavillon
qui fut reconstruit en 1928 et qui servit, dès le début de 1944 , d’hôpital aux
maquisards blessés ou malades des camps environnants .Jamais les Boches ne
soupçonnèrent ce qui se passait dans les profondeurs des grands bois où se
glissaient journellement des médecins civils réquisitionnés par les patriotes. La baraque du Champ-des-Murs se trouvait à cet endroit. La seconde baraque est
dénommée « la baraque des Princes » et se trouve à |