Médecins de la Grande Guerre
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La mission
suicide du major d’Oultremont et de ses grenadiers
Contrairement à la France, nos soldats eurent la chance, durant la
Grande Guerre de ne pas devoir effectuer des assauts voués d’avance à l’échec.
Ils durent vraisemblablement cette grande faveur à la sagesse du Roi Albert I. Il
y eut cependant une douloureuse exception à cette sage stratégie qui épargna de
nombreuses vies. En octobre 1914, l’ennemi réussit à traverser l’Yser dans la
boucle de Tervate et à s’y retrancher avec de
nombreuses mitrailleuses. Le major Henry d’Oultremont,
48 ans, commandait alors le 2e bataillon du premier régiment de
grenadiers. Le 22 octobre 1914, le lieutenant-colonel Lefebure
lui donna l’ordre d’entamer une contre-attaque. Une conversation entre les deux hommes s’ensuivit : – C’est un ordre insensé et qui se soldera
par de lourdes pertes, mon Colonel. Le major alla ensuite haranguer ses troupes en leur
disant : « Mes enfants, on nous demande un nouvel effort ».
L’opération débuta à 15 heures et
à 18h15, l’assaut final eut lieu à 250 mètres de l’Yser. Un bataillon de ligne
fut ajouté en renfort à celui des grenadiers.
Ces derniers suivirent leur chef qui marchait à leur tête vers l'ennemi.
Touché au genou, Henry d’Oultremont fit l'effort de
se relever. Un deuxième coup aux jambes le fit fléchir mais il continua en
agitant son bâton au-dessus de lui pour stimuler ses troupes.
Deux grenadiers vinrent pour le protéger et le soutenir au risque de se
faire tuer pour lui. L'un fut abattu et aussitôt remplacé. Mais une balle au
crâne figea le major définitivement sur place. Plusieurs de ses hommes perdirent
la vie pour tenter de ramener leur chef tant aimé à l'arrière. Malgré des
combats qui continuèrent durant la nuit, la retraite fut finalement sonnée. 300
grenadiers avaient été tués. Seuls une soixantaine d’hommes survécurent.
Après les combats, en soirée, on lui rendit les honneurs et on trouva
dans sa poche la lettre qu'il avait adressée à sa mère : « Un homme d'honneur,
un chrétien doit faire son devoir, tout son devoir, ne jamais manquer à son
devoir ».
Ce sont les inondations qui finalement repoussèrent l’ennemi au-delà de
l’Yser et qui sauvèrent « in extremis » l’armée belge. Celle-ci
vaincue, l’ennemi aurait pu créer une rupture de front catastrophique car elle
aurait permis d’attaquer l’armée française à revers.
Le sacrifice inutile des grenadiers est aujourd’hui rappelé par un
monument au bord de l’Yser. Quant à Henry d’Oultremont,
il continue aujourd’hui à rappeler aux officiers belges le rôle difficile qui
leur est dévolu. Son tableau, le représentant conduisant ses hommes à l’assaut
avec un simple bâton, orne en effet le Mess Officier du Club Prince Albert à
Bruxelles. |