Médecins de la Grande Guerre
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Le roi Albert approuvait la « loi de Brück », 1) Emile Galet, l’officier stratège du roi Albert Emile Galet Emile Galet était le fils du sabotier
Constantin Galet et de son épouse Amandine Leonard. Il est né en 1870 à Erpion.
Il fréquenta l’école jusqu’à 12 ans puis aida son père dans sa saboterie mais,
remarqué par son instituteur, il continua à s’instruire auprès de lui. L’armée
offrait à cette époque l’opportunité de parfaire une formation intellectuelle.
Aussi, Emile s’engagea à 16 ans, en 1887, au 7ème régiment
d’artillerie. En 1888, il était déjà maréchal des logis et, brillant, fut admis
au « Cours central » qui préparait en un an les candidats officiers
en vue de leur examen d’entrée de l’Ecole militaire. Il y fut admis en octobre
1890 dans la section artillerie en même temps que le prince Albert. Emile Galet
se révéla l’élève le plus brillant de sa promotion dont il sorti premier en
1894. En 1897, il fut admis à l’Ecole de guerre qui formait des officiers
d’état-major. Il en sortit en 1900. En septembre 1903, on le retrouve à
l’état-major de la position fortifiée d’Anvers. Remarqué par le prince Albert,
il est détaché en 1904 à l’Institut cartographique. En 1905 et 1906, le futur
roi le choisit pour l’accompagner aux grandes manœuvres. En 1907, il rentre
comme professeur à l’Ecole de guerre. En 1908, il accompagne à nouveau le
prince Albert dans les manœuvres de la cavalerie. Au cours de celles-ci, il
parvint à le convaincre de la justesse de sa doctrine militaire qui différait
de celle du directeur de l’Ecole de guerre, Jacques t’Serclaes de Wommersom,
partisan de la doctrine française de l’attaque à tout prix. Pour Emile Galet,
c’est le rapport des forces qui devait seul déterminer l’attaque ou la défense.
En opposition avec son directeur, il offre sa démission en mars 1912. Galet fut
alors attaché à l’état-major général quelques mois avant d’être nommé officier
d’ordonnance du Roi. Pendant la Grande Guerre, il demeura en permanence auprès
du Roi, logeant à la villa royale de La Panne et à la fin de la guerre à la
villa Flora aux Moëres. Emile Galet va influencer énormément le Roi dans ses
décisions militaires jusqu’au mois de septembre 1918. Outre le fait qu’Emile
Galet convainquit le Roi de mener strictement une guerre défensive, il était en
effet un adepte convaincu des prédictions du futur élaborées par deux anciens
professeurs de l’Ecole militaire, les professeurs Brück et Lagrange. Ces
prédictions pousseront le Roi, d’une part, à se tourner plus vers ses alliés
anglais plutôt que vers ses alliés français et, d’autre part, à accepter une
tentative diplomatique en vue d’obtenir une paix séparée avec l’Allemagne.
C’est la curieuse et peu connue genèse des croyances ésotériques d’Emile Galet
que nous voulons retracer dans cet article. 2) Comment est née la loi ésotérique de Brück ? Charles Lagrange Charles Lagrange (1851-1932) fut
professeur de mathématiques à l’Ecole royale militaire. Insatiable curieux, il
publia en 1893 un livre[1] qui confirmait la théorie
d’un autre mathématicien, le major de Génie Belge Rémy Brück (1818-1870). Ce
dernier avait été son professeur à l’école militaire. Une rue porte son nom à Watermael-Boitsfort Brück avait déterminé avec moulte
formules et calculs que les courants magnétiques variant d’après la rotation de
la terre combinés au mouvement de précession réglaient une périodicité des
civilisations d’une durée de cinq cent seize ans. Ces civilisations suscitées
de l’est vers l’ouest étaient, d’après lui, dans l’ordre d’apparition, la Chaldée,
l’Egypte, la Grèce, Rome, la France puis l’ensemble Angleterre-Etats-Unis qui
devait achever l’histoire jusqu’au retour du Christ sur terre. L’ensemble du
réseau géodésique, des grandes cités, sur lequel se joue l’histoire des
peuples, était, selon Lagrange, commandé par un pivot régulateur aux propriétés
mathématiques remarquables. Il s’agit du « triangle apocalyptique »
réunissant dans son tracé les sept villes d’Asie Mineure et l’île de Patmos sur
laquelle saint Jean écrivit l’apocalypse. Le professeur Lagrange, non seulement
confirma la théorie de Brück, son ancien professeur à l’école Militaire mais,
de plus, par de nouveaux calculs, souligna que la théorie de son maître à
penser concordait avec la chronologie de la Bible et celle de la pyramide de
Chéops ! Lagrange émit aussi la conviction que
les dix tribus perdues d’Israël avaient bien fui vers l’Angleterre et étaient
donc à l’origine du peuple anglo-saxon, dernier « peuple-chef » qui, à
son époque, était sur le point de succéder à la France et de régner sur le
monde jusqu’à la grande tribulation des derniers temps ! En outre,
Lagrange voyait dans la religion protestante (issue du peuple anglo-saxons) la
manifestation de la vraie pensée du Christ au contraire de la religion catholique
… L’avenir apparaissait donc, pour lui, pleinement appartenir au peuple
anglo-saxon protestant. La décadence de la pensée religieuse catholique était,
selon lui, confirmée par les coordonnées
géographiques de Rome dont il donnait une interprétation symbolique... Pour
Lagrange, le retour du Christ et la résurrection des justes devait survenir en
2.180, puis en 2283, surviendrait alors un millenium de paix avant le retour de
Satan suivie de sa défaite définitive et d’un dernier jugement général ! Le
roi Albert avait été gagné par les idées de Lagrange avant sa montée au trône.
Dans sa lettre au Roi, datée du 4 juillet 1910 et préfaçant la publication du
premier volume de ses « Leçons sur la parole de Dieu », le
mathématicien remerciait le Roi de l’avoir encouragé et d’avoir compris
l’utilité de son travail. Emile Galet avait coopéré à cet ouvrage qui
comprenait une neuvième leçon écrite par lui et s’intitulant « Relation
mathématique embrassant les temps de l’histoire, de la naissance d’Adam aux
deux venues de Christ ». Nous avons donc une chaîne de
transmission des théories de Brück à l’Ecole royale militaire. Brück y
enseigna. Son élève, Lagrange compléta sa théorie. Et l’élève de ce dernier,
Emile Galet y ajouta encore une formule mathématique ! Le 27 décembre 1912, Galet est nommé
officier d’ordonnance du Roi Albert. Il enseignait en plus à l’école de guerre
ses « Principes de la Guerre ». Galet, subjugué par Lagrange qui
avait été, à l’Ecole militaire, son professeur de probabilité, astronomie et
géodésie devint ainsi un acteur incontournable dans la stratégie qu’allait
mener l’armée belge pour résister à l’ennemi durant la Première Guerre
mondiale. Le roi Albert se considéra comme le véritable chef de l’Armée belge
selon l’interprétation qu’il donnait à l’article 68 de la constitution. Au
début de la guerre, il fut à ce sujet en conflit avec le ministre de la guerre,
Charles de Broqueville et avec le chef d’état-major nommé par celui-ci, le général
de Selliers de Moranville. Le Roi, aidé de son conseiller Galet, eut finalement
gain de cause et, dès les premiers mois de la guerre, réussit à éloigner de son
état-major de Selliers de Moranville et ses partisans. Juste avant la guerre,
Galet soutenait qu’il fallait défendre les frontières attaquées au plus près
tandis que l’Etat-Major et le Ministère de la guerre étaient partisans d’un
regroupement des forces à l’intérieur du pays. De tout cela, il résulta que le
capitaine-commandant Gallet eut une influence considérable sur le Roi en ce qui
concerne la stratégie de l’Armée belge. Il en fut sans doute ainsi de la
résistance des forts de Liège et de la place forte d’Anvers. Galet répéta
moulte fois aux alliés français qu’ils lui devaient, par la résistance du cap
retranché d’Anvers et les sorties menées par l’Armée belge à partir de
celui-ci, la survie de l’armée française en retraite. Il se tournait plus vers
les alliés anglais que vers les Français du fait de sa croyance en la loi de
Brück. Le Roi, qui croyait aussi en cette théorie, suivit beaucoup de ses
conseils. On lui doit sans aucun doute le faible taux de pertes dans notre
armée. Pour Galet, la Belgique avait fait son devoir et son armée ne devait donc
pas renforcer les vagues d’assaut préconisées par les Français. Il en résulta
que Galet s’opposa à l’offensive finale prévue pour le mois d’octobre
1918 : pour lui, la Belgique avait été la première à combattre, elle
méritait maintenant d’être la dernière à devoir combattre. Sans doute était-ce
là un avis impraticable pour le Roi qui subissait une trop forte pression des
alliés. En septembre 1918, le Roi qui avait toujours écouté son conseiller
jusqu’alors, dut cette fois l’écarter pour autoriser l’offensive finale en
concertation avec les tous les alliés. La mésentente entre des deux hommes ne
dura pas longtemps. Le Roi se réconcilia avec son conseiller militaire la
veille de l’armistice ! Les Français eux
ne pardonnèrent jamais à Galet de s’être toujours opposé à leur stratégie. On a vu ci-dessus que la théorie de
Brück déconsidérait la France et vantait la nouvelle suprématie anglo-saxonne.
Emile Galet n’était pas indisposé à traiter avec l’Allemagne. Si l’Allemagne se
révélait être plus forte que la France, il fallait, d’après lui, négocier avec
ce pays d’origine saxonne afin de retrouver à la fois notre neutralité et
l’intégralité de notre territoire. Pareille négociation fut d’ailleurs
entreprise par lui, avec l’aval du Roi, entre décembre 1915 et mars 1916 par
l’entremise de l’ingénieur belge, Waxweiler. Le recouvrement de notre
territoire fut accepté par l’Allemagne mais Falkenhayn posa trois
conditions : un droit de passage dans un cas défini, un droit d’occupation
très réduit en temps de guerre et des conditions économiques. Galet repoussera
énergiquement le deuxième point tout en trouvant que le premier point pouvait
être négociable. 3) La carrière d’Emile Galet après la Première guerre mondiale. Le 1er mai 1919, Galet est
nommé directeur de l’Ecole militaire. Cette affectation provoqua une vague de
critique au sein de la hiérarchie supérieure militaire, notamment du colonel
d’état-major Fontaine qui lui reprochait de n’avoir jamais commandé une unité
d’active ! Galet prit alors en main l’enseignement de l’histoire militaire
en la confiant à deux de ses disciples, Raoul Van Overstraeten et André Lesaffre qui continuèrent d’enseigner la Loi de Brück.
En 1920, survint un accord militaire secret entre les chefs d’état-major Maglinse
pour la Belgique et Buat pour la France. Ce plan prévoyait un étalement du
champ de bataille en six lignes en n’utilisant plus les forts isolés qui
étaient devenus trop fragiles face aux canons de gros calibres. Ce plan
exigeait le maintien d’une armée forte et d’un budget considérable, ce qui
était en opposition avec l’opinion socialiste de réduire le service militaire à
six mois. Galet accéda au poste de chef d’état-major le 3 juin 1926. Il fit
alors table rase du plan Maglinse en conservant les positions fortifiées et en
optant, contrairement à sa stratégie développée au début de la Première guerre,
pour un large réduit national côtier protégé par une ville de Gand à fortifier,
permettant ainsi d’attendre les renforts anglais. Quant à la coupe de l’effectif,
Galet supprima la marine militaire belge, les écoles de sous-officiers et
d’officiers de réserve. Il récrivit entièrement les règlements qui
s’inspiraient trop des doctrines françaises. Il parvint cependant à convaincre
le gouvernement qu’il ne fallait pas descendre en-dessous de dix mois de
service militaire, la guerre imposant de plus en plus des connaissances
techniques. Galet fut mis à la retraite le 12
décembre 1932. Il fut remplacé par un de ses disciples, le général Nuyten
lui-même remplacé par un autre général partisan de la doctrine de Galet, le
général Van Overstraeten. En mai 40, il
est rappelé et fut envoyé à Vincennes près du général Gamelin pour assurer la
liaison entre l’armée Française et belge. Le choix de Galet pour ce poste
devait sans doute être peu apprécié par les Français qui le considéraient
depuis longtemps comme un opposant à leur doctrine. Le 18 mai, de retour en
Belgique, il rencontra Léopold III et lui proposa la résistance de l’armée sur
la Lys et, en cas de capitulation, de rester dans le pays occupé pour atténuer
les rigueurs de l’occupation sur la population. Le Roi suivit ses conseils. Déprimé par la défaite, Emile Galet
s’éteignit le 26 novembre 1940. Tous les généraux présents en Belgique
assistèrent aux funérailles dont son plus farouche adversaire, le général
Maglinse. Galet était doué d’une intelligence
mathématique exceptionnelle. Adepte de deux autres mathématiciens de haut
niveau, il sut convaincre deux rois de la justesse de ses vues. 4) Conclusion La théorie de Brück fut encore enseignée
entre les deux guerres à l’Ecole royale militaire puisque le Général Galet y devint
le directeur. Parmi les personnalités militaires qui y adhérèrent figuraient
les généraux Nuyten, Lesaffre, Van Overstraeten et Crahay. Le Roi Albert forma
aussi ses fils à la Loi de Brück. La loi de Brück complétée par Lagrange
et Galet eut un résultat heureux sur la stratégie menée par le Roi Albert
durant la Grande Guerre. Elle permit finalement de compter proportionnellement
aux effectifs engagés sept fois moins de morts que les autres belligérants.
Aujourd’hui, étrangement, aucun mathématicien ne s’est, à ma connaissance,
penché sur les nombreux calculs qui donnèrent naissance à la théorie de Brück
complétée par Lagrange et Galet. Cela devrait pourtant être un travail
passionnant pour nous faire connaître comment des mathématiciens de haut vol
purent manier les chiffres et formules pour les faire coïncider avec leurs
conceptions mystiques. Un beau sujet de thèse pour un doctorant en
mathématique ! Emile Galet fut promu major le 30 avril 1915, lieutenant-colonel le 26 septembre 1918, un an plus tard colonel, général-major le 26 septembre 1926 et lieutenant général le 2 mars 1929 Source : Cet article s’est basé sur le magnifique
travail de recherche effectué par Marie-Rose Thielemans qui fut publié dans la
longue introduction du livre reproduisant le « Journal de campagne
d’Emile Galet » (Edité par la Commission Royale d’histoire de l’Académie
Royale de Belgique en 2012). Le lecteur intéressé y trouvera matière à
continuer sa réflexion sur Emile Galet, ses croyances et ses conceptions
militaires. « Journal de campagne d’Emile Galet » Dr Loodts Patrick [1]
« Sur la concordance qui
existe entre la Loi Historique de Brück, la chronologie de la bible et celle de
la Grande Pyramide de Chéops avec une interprétation nouvelle du plan prophétique
de la révélation » |