Médecins de la Grande Guerre

Lodoïs Tavernier, le véritable père de la CECA.

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Lodoïs Tavernier, le véritable Père de la CECA


Lodoïs Tavernier vers 1950.

       La première guerre mondiale a été des plus meurtrières. La deuxième guerre mondiale l’a été tout autant. Que faire pour éviter qu’une nouvelle guerre ne survienne ? C’est la question que l’on s’est posée à la fin de chacun de ces terribles conflits. La réponse donnée après la première guerre n’a pas été adéquate et a porté en elle les germes de la seconde guerre.

       Un homme, un ingénieur belge, Lodoïs Tavernier, trouva la solution dès le début du second conflit. Lodoïs Tavernier nait le 12 octobre 1892 à Nimy (Mons) en Belgique et étudie à l’Ecole des Mines de Mons. Ses études sont interrompues par la première guerre mondiale pendant laquelle il est fait prisonnier politique (n° 22174, baraque 40) dans le camp de concentration de Holzminden en Allemagne. Il essaya, en fait, de rejoindre les forces alliées en France mais fut arrêté une première fois et relâché mais pas la seconde fois. Il ne revint de ce camp de concentration qu’à la fin du conflit. Après la libération, il poursuit ses études et sort en 1920 diplômé ingénieur civil des mines et électricien. Son diplôme obtenu, il se marie avec l’infirmière Maria Schoeffer et travaille ensuite comme ingénieur en Belgique et au Portugal.

       Il est, en fait, resté un scientifique dans l’âme et met au point un procédé de « gazéification souterraine du charbon » qui permettait l'abaissement de la limite d'exploitabilité des petites couches de houille. Il reçoit le Prix 1938 de la Société Royale Belge des Ingénieurs et des Industriels pour la mise au point de ce procédé qui constituait une première mondiale et pour lequel il déposa plusieurs brevets d'inventions.

       Début 1941, toute la famille se retrouve à Londres où Lodoïs Tavernier travaille pour le ministère des affaires économiques du gouvernement belge en exil. Très minutieux et avide de connaître tout ce qui concerne la science, les techniques et les productions minières, il s’était constitué des milliers de fiches informatives à l’instar de celles du Mundaneum.

       Dès le début du conflit, il comprend le rôle primordial qu’a joué le charbon allemand dans sa force de frappe. Fin décembre 1943, les ministres des affaires étrangères des pays alliés et leur Comité Interallié pour l'Etude de l'Armistice décident ainsi la création d’une commission pour l’étude de cet aspect des choses. Lodoïs Tavernier en est le « Président du Comité des Experts du charbon pour le Comité Interallié pour l'Etude de l’Armistice et du Traité de Paix ». Aidé de ses fiches, cinq mois plus tard, le 19 juillet 1944, Lodoïs Tavernier remet son rapport officiel aux alliés.

       Pour éviter un nouveau conflit futur, il y souligne l'importance capitale pour les alliés de maîtriser le réservoir potentiel énorme de charbon que constitue la Ruhr allemande, en ce sens que cette puissance industrielle potentielle constituera à nouveau une menace certaine dans l'avenir pour la paix en Europe. En contrôlant le charbon allemand, on contrôle les velléités guerrières allemandes.

       Il propose comme unique solution viable à ses yeux, de mettre sur pied une structure qu'il appelle « Régie de Contrôle » des productions de charbon chapeautée par l'Union des pays participants à cette Régie. Il s'agit ni plus ni moins que de la CECA, la première structure européenne de Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier dont l'idée sera reprise en 1950 par Monnet et Schuman.

       Devant l’accueil plus que réservé de sa proposition par le Comité Interallié pour l’Etude de l’Armistice qui refuse même de la publier sous prétexte qu’il s’agit là d’une solution politique et qu’il n’était pas politicien, Lodoïs Tavernier comprend qu’il doit agir de son côté. Il donne ainsi le 16 avril 1945 sa première conférence à la Société Royale Belge des Ingénieurs et Industriels sur le sujet « Le charbon Allemand et la Paix de l’Europe » qui rencontre un très fort soutien de l’audience.

       De 1945 à 1947, Lodoïs Tavernier se bat ainsi pour faire passer cette idée en multipliant les conférences, en envoyant des tirés-à-part de ses conférences à des chefs d’états, ministres, industriels et scientifiques, ou encore en passant sur les ondes des radios belge et française. Cela donne chaque fois, dans les jours suivants, des articles dans la presse. Il reçoit, notamment, des réponses de Frédéric Joliot-Curie et du Général de Gaulle qui a, dès ce moment, une position ferme dans ce dossier.

       Lodoïs Tavernier est donc le véritable Père de " L'Idée de la CECA " pour laquelle il s'est donc également battu dans l'après guerre pour être sûr, disait-il, que plus personne ne puisse venir dire un jour qu'il n'était pas au courant de l’absolue nécessité de la mettre en œuvre pour éviter tout conflit futur. Et cette CECA qu’il avait imaginée, instrument d’entente et d’unité, valut le Prix Nobel de la Paix 2012 à l’Union européenne. Prix Nobel dont Lodoïs Tavernier a ainsi manifestement sa petite part. Cet apport à l'Histoire est décrit dans le livre " L'Idée de la CECA de par sa nécessité – Lodoïs Tavernier : Un Père de l'Europe oublié " aux éditions Avant-Propos (ISBN 978-2-930627-85-4) et est préfacé par l’historien, le professeur Francis Balace.

       Lodoïs Tavernier vécut ses dernières années à Bruxelles où il décède le 3 mars 1957, rassuré pour la Paix d’avoir vu naître cette CECA pour laquelle il s’était tant battu après guerre. Il repose désormais auprès des siens dans le caveau familial au cimetière de Wezembeek-Ophem.

André Tavernier, petit fils

 

 

 



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