Médecins de la Grande Guerre
Accueil - Intro - Conférences - Articles
Photos - M'écrire - Livre d'Or - Liens - Mises à jour - Statistiques
Les oubliés de la Grande Guerre Louis Francken PRÉFACE L'ouvrage de Louis Francken nous vient bien à point durant ces années de commémorations de la Grande Guerre car il nous parle d'un sujet très mal connu et très peu abordé par les historiens, celui des soldats belges internés en Hollande en octobre 1914. Le lecteur découvrira des faits jusqu'ici méconnus comme, par exemple, comment et pourquoi les Allemands acceptèrent que des milliers de femmes belges et leurs enfants puissent passer en Hollande pour vivre à proximité des camps d'internement où se trouvaient leurs maris internés. Il y découvrira aussi l'affaire des « chevrons» d'ancienneté qui fit tellement souffrir les internés dans les années qui suivirent la guerre. Mais si l'intérêt historique de ce livre est indéniable, il possède un autre atout, celui de pouvoir nous faire revivre les tourments et les joies éprouvés par la plupart de nos aïeux pendant et autour de cette époque que fut la Grande Guerre. Louis Francken parvient en effet, à travers l'histoire de deux grands-pères internés en Hollande, Clément et Louis, à laquelle il mêle habilement celle d'un troisième interné, l'artiste Rik Wouters, à faire surgir et grandir dans le cœur du lecteur une émotion diffuse, difficile à décrire, mais transmise certainement dans notre inconscient par les hommes et les femmes qui vécurent à cette époque et à qui nous devons la vie. Les deux grands-pères de l'auteur ne furent pas des héros, ils furent semblables à la plupart des hommes de leur génération en essayant simplement de survivre à la guerre tout en faisant leur devoir et en s'efforçant d'aimer la vie malgré son extrême dureté. C'est sans doute pourquoi ce récit nous touche autant ! Des hommes semblables à tant d'autres qui cherchent à donner sens à leur vie. Le chemin pour le trouver reste le même en temps de guerre comme en temps de paix, à côtés des devoirs qui diffèrent, l'amour et les rêves d'une vie meilleure en sont des jalons immuables. Les histoires d'amour et les rêves rythment donc les chapitres de ce livre comme, pour n'en citer que deux, l'histoire de Nel surnommée « Moeke », la jolie et émancipée égérie de Rik Wauters, ou le rêve écologiste de Clément Francken, le tailleur écologiste avant l'heure qui rêvait d'une vie en pleine nature. Tout cela est passionnant à lire et à méditer. L'auteur nous permet de faire une véritable irruption dans l'intimité familiale de ses aïeux. Il ne nous cache rien et l'on en est presque gêné, puis on l'en remercie convaincu que l'histoire racontée pourrait ressembler sur bien des points à celle de notre propre famille. Les internés en Hollande purent continuer à voir leurs proches et certains d'entre eux purent même vivre en famille. Avantagés sur ce plan par rapport aux soldats derrière l'Yser et aux prisonniers en Allemagne, les internés payèrent chèrement et longtemps après la guerre ce privilège. Mais ce fait ne prouve-t-il pas « in fine» qu'il n'existe rien de plus important dans une existence humaine que de pouvoir vivre en compagnie des êtres aimés ? Merci donc à l'auteur pour cette magnifique enquête familiale à la lecture passionnante et qui certainement enrichit notre patrimoine commun. Dr Loodts Chapitre 1 : Une Conférence de la Paix qui
prépare une Guerre Introduction Le Montois Clément et l'Anversois Louis n'étaient pas des héros et, comme la plupart des soldats qui furent entraînés dans cette guerre, ils n'en avaient ni l'ambition, ni même l'envie. Ils firent leur devoir en obéissant aux ordres, ils subirent le cours des événements pendant trois mois de combats difficiles, mais ils eurent ensuite le privilège d'échapper à quatre années de combats dans les tranchées boueuses de l'Yser. Avant de raconter leur vie, celle de leur famille, et les circonstances de leur rencontre, nous présentons ci-dessous un résumé plus général des événements auxquels ils ont été mêlés ainsi que les règlements et conventions qui auront déterminé leur statut et celui de leur famille pendant la Grande Guerre. Les internés de Hollande Durant les premiers mois de la Grande Guerre, plus de 30000 soldats belges se sont retrouvés internés pendant quatre ans aux Pays-Bas. Considérés à leur retour au pays après l'armistice de 1918 comme des planqués, le sort de ces hommes et de leur famille durant la grande guerre a été critiqué par la presse et par certains responsables politiques. De nos jours encore, leur histoire reste ignorée du grand public. Passant pour une péripétie anecdotique peu glorieuse en comparaison des quatre années d'enfer passées dans les tranchées de l'Yser par le reste de l'armée belge, elle est généralement ignorée dans les évocations historiques de ce conflit planétaire. Même Henri Pirenne, dans sa célèbre « Histoire
de Belgique » n'y consacre que les deux lignes suivantes : Il faut pourtant se rappeler que ces soldats sont parmi ceux qui eurent à subir les premiers chocs de l'invasion allemande. De Liège à Anvers ils résistèrent pendant trois mois en combattant contre une armée féroce et supérieurement équipée. Retranchés en octobre 1914 dans les forts de la forteresse d'Anvers, supposée imprenable, ils constituèrent le dernier rempart derrière lequel le gros de l'armée belge put organiser, in extremis avant l'encerclement de la ville, son repli vers l'Yser par la rive gauche de l'Escaut. Une fois piégés par l'ennemi il ne restait plus aux derniers défenseurs de la ville que le choix entre deux solutions: se laisser capturer par les Allemands ou franchir la frontière néerlandaise pour se retrouver en pays neutre. Ils choisirent donc le moindre mal en prenant la seconde solution, en même temps qu'un million de civils terrorisés qui fuyaient les destructions et les exactions de l'armée teutonne. Ils tombèrent alors sous le coup de règlements adoptés à la deuxième conférence de la Paix tenue à La Haye en 1907. Pour le lecteur intéressé par cet ouvrage, voilà comment procéder ! |