Médecins de la Grande Guerre
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Le
LIEUTENANT VERTONGEN[1] René Vertongen Il était, ainsi que Van Cotthem, un enfant du peuple. Son premier professeur était Jean Olieslagers, auquel il acheta en 1911 un Blériot à la plaine de St-Job-in-'t Goor. Au début le garçon avait beaucoup de difficultés à l'étude. J'ai vu plus d'une fois Jean Olieslagers, en nage, courir derrière le monoplan sur lequel Vertongen fit ses essais de vol. Ses progrès après plusieurs jours étaient peu apparents, quand tout à coup il eut le coup de main et s'éleva hardiment dans le beau ciel campinois. Lorsque l'école d'aviateurs fut établie il fut professeur de nos premiers élèves-aviateurs et à la déclaration de la guerre, Vertongen se donna corps et âme au service de la patrie. A Calais il fut placé sons les ordres du commandant Nelis ; pendant le jour il dressa nos jeunes aviateurs, la nuit il survola la ville menacée par les Allemands et les empêcha de venir jeter des tombes. Le commandant Nelis écrit de lui : « Malgré ses 40 ans, Vertongen fut pendant toute la guerre jusqu'à sa mort un exemple de courage et d'activité. » Un jour il vola vers l'Angleterre emportant un courrier diplomatique. A son retour trompé par le brouillard il descendit en territoire Hollandais, où il fut interné. Malgré la pression que l'autorité belge ; exerça sur lui il refusa de donner sa parole d'honneur de ne pas s'enfuir. Après huit mois de vains efforts il réussit à s'évader et à atteindre Calais, où au lieu d'être récompensé de son acte courageux il fut renvoyé en prison en Hollande et puni parce qu'il n'avait pas voulu prêter, le serment de ne pas s'évader. On croit rêver quand on lit pareille chose ; mais le commandant Nelis qui nous l'écrit est parfaitement renseigné sur le fait. Seul le grand amour de sa patrie l'empêcha de prêter serment[2]. Au jour fixé où il devait retourner en Hollande il accomplit son dernier vol au-dessus de Calais perdit le chemin par suite du brouillard et n'est plus jamais revenu vivant. Huit jours après la mer jeta son corps sur le rivage. La mort l'avait délivré du déshonneur. Ce fait est tellement frappant, si émotionnant que nous voulions le relater pour honorer le grand héros populaire. Malheureux ami Vertongen, repose en Paix ! Le commandant Nelis écrivit : « Vertongen laissera le souvenir d'un grand patriote, d'un de ces petits Belges courageux et tenaces qui place le devoir envers la patrie par dessus tout. » Il fut remplacé à Calais par les aviateurs George et Van Cotthem. [1] La Grande Guerre (deuxième) [2]
Entre les alliés il était. passé un accord, que les internés en Hollande
étaient obligés de prêter serment. Le gouvernement belge veilla à ce que ses sujets
accomplissent fidèlement cette obligation. Vertongen
ne se sentit pas lié par cette convention et refusa de prêter serment.
D'ailleurs durant sa captivité en Hollande il nous écrivit personnellement ce
qui-suit de Zeist : |