Des jeunes hochniots
dans l'enfer des combats : Debeaumont Léopold
dit Georges
Jean-Noël Gosselin
Léopold est né le 1er
septembre 1888 à Ladeuze au n° 11 de la rue des Hauts Arbres, fils de Debeaumont Eugène et de Polard Alodie
Marie tous deux nés à Harchies. Sa mère Alodie était garde-barrière à la gare de Huissignies.
Léopold Debeaumont étant le 7ème d'une lignée de 7
garçons consécutifs, il a donc eu le privilège d'être le filleul de sa majesté
le Roi Léopold II et il reçut le prénom du Roi. Toutefois, à Huissignies, il se
faisait appeler Georges.
Il reçut à cette occasion une médaille honorifique ainsi qu’un brevet de l’association nationale des filleuls de SM Léopold II.
Il fit son école primaire à l’école des
frères à Ath et apprit le métier de menuisier-ébéniste à l’école industrielle
d'Ath.
Le 22 septembre
1908 alors âgé de 20 ans, il entre au service militaire au régiment des Grenadiers. Il
avait pourtant tiré un bon numéro au tirage au sort mais un jeune homme plus
riche qui avait tiré un mauvais numéro lui rachète ses deux années de
service militaire.
Léopold dans sa tenue militaire de campagne, modèle 1870 (Collection Frédéric Cornillie)
Démobilisé, il se marie en 1912 avec
Marthe Carlier et de leur union naquit le 26/6/1913 leur fille unique Georgette
Debeaumont.
Le 4 août 1914
il est rappelé dans son régiment d'origine le 2ème bataillon de
garde des Grenadiers.
Au 2ème bataillon de garde des Grenadiers. (Collection Frédéric Cornillie)
Pendant la première partie de la guerre,
les deux régiments de grenadiers prirent part à toutes les sorties d’Anvers et
combattirent vaillamment à Hofstade, Elewijt, Molen, Werchter, Opdorp et St-Amand.
Repliés sur
l’Yser, du 21 au 30 octobre 1914, ils se battirent sans répit et dans des conditions
épouvantables à Tervaete, à Schoorbakke,
à Stuyvekenskerke, au Groot
Beverdijck et à Pervyse.
Photo de groupe. (Collection Frédéric Cornillie)
Jusqu’en février 1915, les grenadiers
continrent l’ennemi devant Dixmude.
Reconstitué à quatre bataillons grâce
aux recrues, aux volontaires et aux blessés guéris, le régiment releva les
Français aux tranchées de Steenstraete de mars à
juillet 1915. C’est dans ce secteur que les grenadiers subirent le 22 avril la
première attaque allemande par gaz asphyxiants et que, résistant pendant
plusieurs jours aux attaques furieuses de l’ennemi, ils arrêtèrent complètement
son offensive, l’empêchant ainsi de violer notre front de combat.
Après Steenstraete
et jusqu’à la fin de l’année 1915, les grenadiers reprirent à nouveau la garde
dans le périlleux secteur de Dixmude. En 1916, ils tinrent le front entre
Dixmude et Drie Grachten.
En 1917, les deux régiments occupèrent
les secteurs de Boesinghe et de Nieucappelle.
En 1918, ils relevèrent les Français à
Nieuport, puis les Anglais à Ypres.
Dans tous ces secteurs, les grenadiers
se distinguèrent par de fréquentes patrouilles et des raids audacieux dont ils
ramenèrent de nombreux prisonniers. Toutes les attaques allemandes y furent
repoussées et bien des postes ennemis y furent capturés, occupés et maintenus.
Pas un jour de garde aux tranchées ne se
passa sans que plusieurs des leurs n’y fussent tués ou blessés.
C’est d’Ypres qu’ils partirent, le 28
septembre 1918, pour participer à l’offensive libératrice.
Ils laissèrent de nombreux camarades dans les
combats sanglants livrés pour conquérir la crête de Passchendaele,
libérer la Flandre et poursuivre l’ennemi jusqu’à l’Escaut.
Ils venaient de traverser ce fleuve,
après avoir perdu 50 hommes au cours de la dernière nuit de guerre, lorsque, le
11 novembre au matin, l’armistice mit fin à leur ultime combat.
Durant ses
52 mois de guerre Léopold eut la chance de ne pas avoir été blessé et sera
exempt de séquelles de son exposition aux gaz asphyxiants.
Il reçut de nombreuses décorations qu’il plaçât dans un cadre qu'il confectionna lui-même. (Collection Frédéric Cornillie)
On peut entre autre y distinguer la
croix de chevalier de l’ordre de Léopold 1er avec Glaives, la croix
de chevalier de la couronne avec Glaives, la croix de chevalier de l’ordre de
Léopold II avec glaives, la croix de guerre avec 2 palmes et lion de bronze, la
croix de feu, la croix de l’Yser ainsi que de nombreuses autres distinctions
honorifiques.
Il fut décoré sur la plage de la Panne
face au régiment de grenadiers par le roi Albert 1er qui motive
comme suit sa décoration de la « Croix de guerre » : « Excellent sous
officier d’une conduite exemplaire, d’un courage et d’un dévouement absolu,
qualités dont il n’a cessé de donner des preuves durant toute la campagne et
particulièrement lors du violent bombardement du 16 novembre 1917. Ce brave
gradé n’a jamais quitté le front depuis le 01/08/1914. »
Un adjudant, 3 caporaux et 5 soldats ont
été décorés en même temps que lui le 15/12/1917.
Leurs drapeaux
à fourragère amarante portent cinq citations glorieuses et les noms de leurs
1300 morts sont gravés dans la pierre de leur mémorial à la caserne Prince
Albert.
A la fin de la guerre. (Collection Frédéric Cornillie)
Les
promotions militaires de Léopold....
• Caporal le 10 novembre 1914
• Sergent le 11 novembre 1915
• Sergent Fourrier le 10 mars 1918 (Aux
ordres du sergent-major, le fourrier tient toutes les écritures de la
compagnie)
• Sergent-Major
le 15 juillet 1919
Il sera mis en congé définitif le 26 août 1919.
Georges Debeaumont dans son verger dans les années 1960 (Collection Frédéric Cornillie)
Il s'établit d'abord à la rue du Pluvinage et fit construire ensuite une maison à la rue de
la cour n° 20, à la section dite de la « Voie de Beloeil ». Il
travaillera comme menuisier à la Société Nationale des Chemins de Fer. Sa fille
Georgette exploitera plus tard l'épicerie Unic près
du château de Beloeil et 2 petits enfants naquirent, Anne-Marie et Jean Lenoir.
L'histoire locale était aussi une marotte pour lui.
Il est décédé le 16 juillet 1970 à l’âge
de 82 ans, quelques mois après son épouse.
Il sera enterré
au cimetière de Huissignies le mardi 21 juillet 1970 le jour de la fête
nationale …. un beau jour pour enterrer un vétéran de la grande guerre qui a
défendu fièrement et courageusement sa patrie !
Ce texte put être rédigé grâce aux
documentations et photos transmises par Frédéric Cornillie
de Mont-sur-Marchienne, arrière petit fils de Léopold
et fils d'Anne-Marie Lenoir.
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