Médecins de la Grande Guerre
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Les jeunes de Huissignies avant
et pendant la guerre Jean-Noël Gosselin Introduction Les prémices de la guerre – L’Europe vit dans un climat politique
tendu ; elle est divisée en 2 blocs hostiles : « L’Entente
Alliance » qui regroupe la France, l’Angleterre et la Russie et la
« Triple Entente » qui unit l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et
l’Italie. – La Belgique
tente de sauvegarder une neutralité imposée par les accords internationaux de
1830. Notre pays est prospère, il est à la pointe de l’industrie et des
affaires et sa main d’œuvre est très productive, son agriculture se porte bien. – L’Allemagne s’applique à rendre inévitable un conflit avec la France; elle tente de négocier avec notre roi certains territoires mais sans succès. La 1ère guerre n’est donc pas un conflit subitement éclaté, mais le fruit d’une politique à long terme soigneusement mené.
Le 2 août, le ministre des affaires étrangères de la Belgique reçoit de Le roi et le parlement refuseront sèchement cet ultimatum et la mobilisation générale est déclenchée. Cette dernière se déroule sans incident, sans panique. La plupart des mobilisés pensent en effet que la Belgique, protégée par son statut de neutralité, n’aurait pas à faire la guerre. Dans les derniers jours de juillet, on voulait encore croire à la paix mais on ignore qu'on se trouve à quelques heures à peine du début d'une des plus grandes tragédies qui va marquer le XXe. A cette époque, le sentiment patriotique est fortement ancré dans les mentalités. Un soldat part défendre sa patrie, sa famille, ses valeurs, sa liberté. Le dimanche 2 août, dans toutes les églises de Belgique des prières publiques sont récitées afin que soit sauvegardée la neutralité de la Belgique. Avant même l'échéance de cet ultimatum,
impatientes de semer la terreur, les troupes du Kaiser Guillaume ont franchi la
frontière et envahi l'Est du territoire. Entrée des troupes allemandes à Gemmenich, le 4 août 1914 (d’après une carte postale allemande) Le
service militaire et l’armée En décembre 1909, le roi Léopold II instaure la loi du service militaire obligatoire pour un fils par famille. Le contingent devient dès lors plus important et nécessite une première réorganisation de l'armée. En août 1913, le roi Albert 1er change le contenu de la loi et impose le service militaire obligatoire pour tous les fils d'une famille. Seul un état de santé défaillant évite l'appel sous les drapeaux. De nouveau, le contingent augmente et le pays se retrouve avec une armée de plus de 250.000 hommes qu'il faut armer, entraîner, habiller, loger et nourrir. Des manœuvres seront organisées afin d'appliquer les théories et plonger les hommes dans des situations plus réelles. Malgré les efforts consentis, notre armée ne sera pas complètement en ordre de marche lors de la déclaration de la guerre. Miliciens avant 1914 (Collection Association de la sauvegarde du patrimoine de Huissignies) Avant 1913, le service militaire était fondé sur un tirage au sort, hérité à l'indépendance de 1830 des occupations française et hollandaise. Chaque province devait fournir un nombre précis de conscrits, en vertu d'un contingent voté annuellement par le parlement. Le tirage avait lieu chaque année en février et il était possible pour celui qui avait tiré un mauvais numéro de se faire remplacer par un autre jeune homme .... moyennant paiement, souvent par l'intermédiaire de sociétés spécialisées. Le tirage au sort en 1908 à Chièvres, Louis Dath de Huissignies a tiré le numéro 160 Lors de l'introduction du service militaire personnel, il en coûtait ainsi 1.800 francs (environ 3.000 euros actuels) pour se faire remplacer sous les drapeaux. Août
1914 dans notre région... A Beloeil, la commune célèbre avec faste le 100ème anniversaire de la mort du Feld-Maréchal Charles-Joseph de Ligne le WE du 25 et 26 juillet. Les maisons sont pavoisées et les rues décorées. A Tournai, le 4 août, une foule énorme assiste au départ des troupes à la gare. Les 3e et 6e Chasseurs partent pour le front, ils seront remplacés à Tournai par la Garde civique. « Les jours qui suivent seront plutôt fiévreux? Ce n'étaient qu'attroupements dans les rues, discussions dans les cafés. Les uns munis de journaux, d'autres de copies de dépêches les plus invraisemblables, commentaient les graves évènements de la journée. Chacun émettait son avis. Ces avis tantôt optimistes, tantôt pessimistes, produisaient des hauts et des bas d'espoir et de découragement. Le 16 août, par décision du gouvernement, toute distribution de correspondance est suspendue et le 22 août les journaux ne paraîtront plus. Les lettres et correspondances des soldats parviennent néanmoins. Le 20 août, la garde civique doit remettre les armes aux mains de l'autorité locale. Les sentinelles désignées pour la nuit du 21 au 22 se trouvent ainsi désarmées; la garde fut ainsi congédiée au motif qu'une garde sans armes n'avaient plus de raison d'être. Les allemands entrent à Ath le 21 août. C'est la veille de la ducasse; toutes les festivités sont suspendues ; les usines de meubles d'Ath sont fermées. Il est défendu de rouler à vélo, de lire les journaux, d’avoir des pigeons, les gens étaient réquisitionnés. Au soir du 21 août, les premières canonnades se firent entendre. Le 23, on les entendra plus distinctement et chaque jour sans interruption notable jusqu'au 11 novembre 1918.
En même temps, arrivaient à la rue d'Hardenpont
à Ladeuze et à la rue de la Corne, 12 « Uhlans
éclaireurs » (Cavaliers). Ils hébergèrent, hommes et chevaux à la ferme
Botte de Ladeuze. Le lendemain, seul un d'eux
survivait encore. Le même soir, vers 18 heures, 200 vélocipédistes allemands occupaient
le « pont du Chasseur » et 1500 cavaliers arrivaient camper à
Tongres-Notre-Dame pour y passer la nuit.[1] »
Le 23 août, à Huissignies des patrouilleurs rebroussent chemin avec plusieurs chevaux sans cavalier. Des troupes allemandes passeront toute la journée à Hardenpont, venant de Chièvres et se dirigeant vers Beloeil. Ce sont des canons, des mitrailleuses, des caissons à larges roues qui se succèdent, serrant dans leurs intervalles des bandes de cavaliers ou de fantassins. Pendant les temps d'arrêt, les soldats envahissent les maisons, exigent du pain, du lait, du beurre, des chaussettes, des chemises, furètent de la cave au grenier en quête de quelque chose d'utile. Les vergers sont ravagés par les soldats, les puits vidés pour fournir de la boisson aux chevaux. Le corps d'armée qui a défilé est estimé à 40.000 hommes. La route n'était plus reconnaissable ; elle était retournée, les accotements étaient creusés de profondes ornières. Le lundi 24 août, une fièvre d'évacuation s'empare des habitants de Huissignies et des environs, et rares sont ceux qui n'ont pas pris la direction de Blicquy ou d'Ormeignies ; le soir, cependant, presque tous étaient déjà rentrés. Les faux bruits colportés avaient surexcités les esprits au point qu'une grande terreur s'était emparée de nos citoyens. Le 26 août, la bataille du Borinage envoie l'écho du canon. Le soir une brigade d'allemands emmenant 300 prisonniers anglais et français passe à Hardempont, se dirigeant vers Chièvres. Le 30 août, à midi, passe à la rue de l'église à Ladeuze un convoi de prisonniers anglais. Les jeunes hommes de Huissignies qui sont mobilisés Léon Baugnies, volontaire au 18ème Régiment de Ligne 31 seront rappelés et Baugnies Léon se porte volontaire. Les miliciens de la classe 1913 qui terminent leur service militaire devront rester sous les armes.
Livret de mobilisation de René Baugnies (Collection Michel Baugnies) |