Médecins de la Grande Guerre

Le jésuite Jacquemotte Hubert, s'entretint deux fois avec son Roi : à Ramscapelle et … en Inde en 1925 !

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Le jésuite Jacquemotte Hubert, s’entretint deux fois avec son Roi : à Ramscapelle en 1918  et … en Inde en  1925 !



       Jacquemotte Hubert est originaire de Jupille et naquit le 18 septembre 1898.  Il s’engagea jeune et combattit pendant la grande guerre dans l’artillerie. En septembre 1918, le Roi pénètre dans son abri à Ramscapelle et lui serre la main. Peu après, il passe à l’aviation et devient pilote mais la guerre se termine.



Vue générale de Ramscapelle en 1914-1915

       Le brave soldat devient  novice  chez les Jésuites en 1920. Il est alors envoyé en Inde deux ans après pour poursuivre ses études de philosophie et de théologie ! Vous avez bien lu, il s’agit bien de l’Inde où, histoire tout-à-fait sombrée dans l’oubli, les Jésuites Belges, depuis 1869 œuvrent comme missionnaires au Bengale, région qui comprend la grande cité de Calcutta et toute la région au nord de celle-ci jusque la chaîne de l’Himalaya. Pour leurs novices, les Jésuites possèdent même un centre d’étude de théologie situé à l’extrême nord de leur district, à Kurseong. Et c’est dans cette institution que notre vaillant Hubert Jacquemotte étudiera la théologie avant de devenir prêtre et… rencontrer une deuxième fois le Roi Albert !

       Les Jésuites belges sont des enseignants renommés et vont dans toute cette région créer nombre d’institutions d’enseignements qui, aujourd’hui encore, gardent un grand renom. Il est en est ainsi du collège de Daarjeeling que visitera aussi nos souverains et du Collège St Xavier de Calcutta fondé en 1860 et dont l’histoire d’un de ses fameux recteurs vous sera conté plus loin…

       En 1925, le roi Albert et la reine Elisabeth effectuent pour leurs noces d’argent un voyage aux indes Britanniques. Ils s’empresseront de visiter leurs compatriotes qui y vivent et, notamment, les Jésuites belges qui sont connus partout dans la région de Calcutta. Le couple royal visitera notamment ce fameux collège de Saint-Xavier mais aussi, lors d’une excursion pour se rapprocher de l’Himalaya, le séminaire de Kurseong et le collège Saint-Joseph de Darjeeling.



Sur cette carte de l’empire britannique, on distingue au nord-est de Calcutta la ville de Kurseong et celle de Darjeeling sur les contreforts de la chaîne de l’Himalaya

       Dans la gare de Kurseong, une surprise attendait Albert et Elisabeth lorsqu’ils débarquèrent du train. De nombreux jeunes Jésuites avaient combattus sur l’Yser et ces anciens combattants s’étaient tous réunis sur le quai de la gare avec leurs soutanes ornées des décorations qu’ils avaient acquises durant la guerre. Le Roi, en sortant de la gare, les passa en revue. Parmi eux, se trouvait le Père Jacquemotte qu’il avait déjà salué 7 ans auparavant à Ramscapelle et qu’il retrouva le lendemain pour une surprenante conversation qui fut racontée par J. Masson (« Le Roi Albert et les missions », J. Masson, pages 87-100,1936, Editions de L’Aucam, Louvain) :



Cette photo datant de 1910 montre les nouveaux prêtres ordonnés à Kurseong après avoir suivi leur cursus en théologie. La plupart des jeunes novices provenant de Belgique étaient immergés pendant plusieurs années dans les écoles de philosophie et de théologie avant d’être ordonnés sur les lieux mêmes où ils allaient rayonner comme missionnaire. On imagine qu’en plus des cours classiques d’un séminaire, ils devaient acquérir la connaissance approfondie de la langue anglaise et d’une ou plusieurs langues des autochtones.

Récit de J. Masson, S.J, concernant le séjour du Roi et de la Reine en Inde en 1925 et leur rencontre avec le Père Jacquemotte



Le Roi et la Reine photographiés lors de leur séjour en Inde en 1925


Le Roi et la Reine photographiés lors de leur séjour en Inde en 1925

       Le séjour royal à Calcutta se prolongea un certain temps. Le vendredi 18 septembre 1925, on se remit en route pour atteindre Kurseong. En effet, ce point constitue un centre d’excursion vers les Himalayas. Mais Kurseong, c’est aussi la maison de théologie des Jésuites belges, où se trouvait à l'époque plus d'un ancien soldat. Ils étaient tous là, sur le quai, arborant fièrement croix de guerre et médailles militaires. Le Roi, vivement impressionné par cette « revue » inattendue, complimenta longuement ses compagnons de souffrance et de gloire. Le lendemain, les visiteurs montaient jusqu'au collège Saint-Joseph, situé à Darjeeling et dirigé également par les jésuites belges. Deux épisodes méritent ici mention : l'entrevue du Roi avec le P. Jacquemotte, volontaire de guerre, et la scène des adieux : dyptique bien expressif en ses volets dissemblables. Sous ma soutane de missionnaire, écrit le Père Jacquemotte, mon cœur de soldat bat plus fort que jamais. Comme autrefois à l'Yser, je suis en position devant mon général en chef qui me serre cordialement la main. Les « Jass» savent ce que ça valait, cette poignée de mains de soldat à soldat.

       - Vous étiez à l'artillerie ?

       - Oui, Sire, à Ramscapelle, un jour qu'on encaissait, en septembre 1918 ; vous êtes venu nous serrer la main dans notre abri... depuis ce jour-là, je ne vous avais plus revu. Silencieux, on se regarde, on se comprend... Ramscapelle !

       - Puis, vous êtes passé à l'aviation comme pilote ?

       - Oui, Sire ... et puis, après cela, j'ai mal tourné... je me suis fait Jésuite.

       Le Roi rit de bon cœur: Continuez, continuez ; la cause que vous défendez est si belle.

       - Sire, il n'y a, je crois, que deux causes sacrées : Dieu et la Patrie.

       - Mais votre vie doit être bien dure.

       - Comment supportez-vous le climat. J'ai vu dans la plaine de vieux missionnaires, aux Indes depuis cinquante ans... Quel courage... c'est admirable ! L’éloignement ne vous est-il pas si pénible ?

       - Sire, c'est un sacrifice. Aussi vous devinez notre joie de vous revoir. Jamais, on ne l'avait espéré...

       - Vous ne revenez pas en Belgique ?

       - Non, Sire, jamais.

       A cette réponse brève, où se révèle la donation, le Roi reste un instant rêveur ; puis, il conclut avec force :

       - Courage, courage, vous êtes encore soldat !

       Voici maintenant le deuxième volet du dyptique. La Reine est remontée dans le rickshaw qui l'amena : sorte de voiture légère traînée par quelques Tibétains : mais soudainement les élèves du collège de Darjeeling, déjà très enthousiasmés jusqu'alors, ont une idée originale. Ils renvoient les hommes de peine et s'attellent eux-mêmes à la voiture : les plus grands tirent et poussent ; les autres, plus de 200, forment la haie de chaque côté en se tenant par la main. C'est le début d'une course folle, avec des clameurs sauvages, des drapelets agités à bout de bras, et des bribes de « Brabançonne ».



Cette photo représente le collège St-Joseph de Darjeeling construit en 1888 par le Frère Eugene Rotsaert



Darjeeling et les contreforts de l’Himalaya

       - Mon Père, faites-les donc rentrer, ils vont se rendre malades, supplie la Reine à la faveur d'une côte où l'allure s'est ralentie.

       - Ils ne nous écoutent plus, Madame.

       Et puis, ils sont venus de si loin qu'ils ne peuvent s'arrêter en si bon chemin !

       « Ce fut ainsi que Sa Majesté et sa suite arrivèrent aux portes du parc du Gouverneur. Les officiers de service les fermèrent brusquement, craignant une invasion de ces élèves turbulents. Mais la garde qui veillait à la porte de ce Louvre ne put empêcher la Reine de manifester son désir de voir son fougueux attelage la conduire jusqu'à sa résidence. Et la comtesse Lytton donna l'ordre d'ouvrir... Notre Souveraine, profondément émue, remercia par de gracieuses paroles son escorte improvisée. » Le lendemain, à 5 heures du matin, quand les autos royales passèrent sur la route, les élèves les entourèrent pour les acclamer une dernière fois. Quand elles s'éloignèrent enfin, les Souverains pleuraient sans se cacher et ils n'étaient pas les seuls...

Que devint le Père Jacquemotte ?

       Mais revenons à notre héros le Père Jacquemotte. Il passa effectivement quasi toute sa vie en Inde et fut, avec le Frère Gerard Turkenburg, à Ranchi, un des créateurs de la presse catholique du pays.



       Cette institution fondée en 1928 existe encore aujourd’hui sous le nom de Catholic Press Ranchi. Le travail d’éditeur et d’imprimeur du Père Jacquemotte ne fut sans doute interrompu qu’une seule fois et cela, lors de la Seconde Guerre mondiale. Notre Père Jacquemotte se porta en effet volontaire pour assister, comme aumônier, les pilotes de la RAF qui combattaient en Birmanie ! Hélas de cette péripétie ne subsiste que cet encart de journal :



       Après une vie de labeur en Inde, Hubert Jacquemotte rentra en Belgique pour y passer ses derniers jours. Il mourut à Wepion en 1984. Nous ne savons hélas pas beaucoup plus de cet homme courageux qui, comme nombre de ses collègues en Inde, sont tombés dans l’oubli. Mais je ne terminerai pas cet article sans compléter quelque peu l’aventure des Jésuites belges en Inde. Voici l’histoire, cette fois bien documentée, de l’un d’entre eux : celui du recteur du collège Saint-Xavier (San Xavier’scollege) de Calcutta, le remarquable et original Père Lafont.

L’histoire du Père Lafont relatée en 1904 à l’occasion de ses cinquante années de vie religieuse

(Article paru dans « The Express » de Calcutta, décembre 1904, et ayant été repris traduit dans « Missions Belges de la compagnie de Jésus, Congo, Bengale, Ceylan, 1905 », pages 69 à 75. Bruxelles, imprimerie scientifique Charles Bulens, 75, rue terre-Neuve.)



       Le collège Saint-François Xavier est à la veille d'une grande solennité : son Recteur actuel, le Révérend Père Lafont, accomplira le 13 décembre la cinquantième année de sa vie religieuse. Depuis trente uns le Père Lafont est en faveur auprès du public ; il s'est acquis pendant ce temps, grâce à ses connaissances scientifiques, une grande réputation, et s'est fait de nombreux amis ; nous saisissons l’occasion, et nous pensons qu'une biographie brièvement esquissée intéressera nos lecteurs.



Le Révérend Père Lafont

       Né à Mons le 26 mars 1837, le Père Lafont fit ses premières études au collège Sainte-Barbe, à Gand, et entra dans la Compagnie de Jésus en décembre 1854. Les années de formation préliminaire terminées, il se donna à l’étude de la philosophie et des sciences à Namur, et c'est là qu'il développe les aptitudes pour la physique expérimentale, dont il paraissait réellement doué, et dont il tira un profit si avantageux dans la suite. Sans aucun doute, - et les progrès qu'il fit dans ces matières le montrent à l'évidence - s'il fût resté en Europe, il eut occupé dans le monde savant une place très distinguée, attendu qu'il eut été mis plus aisément au courant des découvertes, et mieux outillé pour approfondir les nombreux problèmes se l'attachant à une science à laquelle la nature l'avait si éminemment disposé. Mais à l’âge de 28 ans, le Père abandonna cette carrière qui s'ouvrait à lui si pleine de promesses, dit adieu à ses amis et à sa patrie et quitta la Belgique pour se rendre dans la Mission du Bengale confiée aux jésuites belges en 1859, et encore dans son enfance à cette époque. Ce vaste champ d’action attirait le Père : les nécessités du Bengale étaient grandes et il fallait absolument des hommes pour faire progresser la foi et l’éducation catholique dans la population.

       Arrivé à Calcutta en décembre 1865, le Père Lafont fut sur le champ affecté au collège Saint-François-Xavier qu’il ne quitta plus depuis ; durant les 33 années qu’il a vécues dans ce pays, il a largement contribué à donner au collège un renom dont il jouit actuellement comme établissement d’éducation.

       Durant les quatre premières années de son séjour aux Indes, les travaux du Père Lafont n’eurent d’autres objets que les intérêts du collège: il y remplit diverses charges, sa principale attribution étant l’enseignement de la physique expérimentale. Il n'est pas sans intérêt de rappeler, que, initiateur de l‘enseignement de cette branche avant 1870, nous le trouvons encore au poste en 1904, dévoilant aux esprits de la dernière génération les merveilles de la nature, avec l‘énergie et l’enthousiasme qui caractériseront ses premiers efforts dans cette voie. Ordonné prêtre en septembre 1869, le Père Lafont vit s'élargir sa sphère d'influence et joignit à ses cours au collège la charge de vicaire à la paroisse St Thomas dont il devint le curé lors du rappel du Père Shea en Angleterre. Vingt années durant, il remplit cet office presque sans interruption, jusqu'en 1900, lorsque l'année qu’il passa en Europe pour étudier la partie scientifique de l'Exposition de Paris, nécessita un changement.

       Il fut remplacé parle Père E.Van de Mergel, le curé actuel. En septembre 1871, le Père Lafont fut appelé à succéder au Père Depelchin en qualité de recteur du collège. Cette charge le mit encore plus à même de faire prospérer l’établissement auquel il avait déjà si largement consacré ses forces. L’ardent désir qu’il avait de voir le collège bien monté pour les recherches scientifiques l’avait poussé, même avant son rectorat, à construire un observatoire météorologique. Ses efforts furent couronnés de succès ; l’observatoire que dirige aujourd’hui avec tant de compétences le Père Francotte, fut élevé peu après le cyclone de novembre 1867 ; devenu recteur, il prit à tâche de construire un observatoire solaire. Vu l’insuffisance des ressources du collège, le Père Lafont fit appel aux commerçants de Calcutta qui lui apportèrent une aide généreuse (…). Ce fut ce travail qui lui fit contracter la maladie qui l’obligea à résigner ses fonctions de recteur et à quitter l’Inde pendant quelques mois pour chercher force et santé en Europe. Le beau laboratoire de physique que le collège se félicite de posséder témoigne lui-aussi du travail énergique que le Père consacre à la cause des sciences naturelles. 

       A lui seul, grâce à la générosité de quelques chefs, princes indiens et d’autres amis, le Père procura au collège une collection d’instruments de physique sans égal dans l’Inde. ( …). Dès qu’il s’agissait d’une invention, ou d’une découverte, il était le premier à l’œuvre et saisissait la première occasion pour la faire connaître au public. On se rappelle ses conférences sur le téléphone, le phonographe, les courants de haute fréquence Tesla, les rayons X, la photographie couleurs, la télégraphie sans fil (…). Les efforts qu’il fit pour populariser les sciences naturelles trouvèrent un coopérateur zélé en son ami, le docteur Mahendra Sull Sircar, qui avait fondé l’association Indienne pour la culture des sciences. Le Père Lafont en assura le succès. Durant 19 ans, il donna des conférences hebdomadaires dans la salle de l’association dont il est encore le premier vice-président. Ces travaux zélés pour l’éducation, preuve d’une science éminente, ne passèrent pas inaperçus à l’université de Calcutta et le Père Lafont y fut agréé en 1877. (…) Plusieurs vice-rois ont également montré leur reconnaissance pour les services rendus.

       A la recommandation de Lord Lytton, Sa Majesté la reine Victoria le créa Commandeur de l’Ordre de l’Empire des Indes. (…). En, novembre 1901, le Père Lafont fut nommé, pour la deuxième fois, recteur du Collège Saint-François-Xavier ; et bien qu’à la veille de ses 70 ans, il semble avoir conservé la force et la vigueur de sa jeunesse. (…). Le jubilé du Père Lafont sera célébré au Collège Saint-François-Xavier les 12 et 13 décembre avec toute la solennité que requiert pareil évènement.



L’équipe junior, du collège Saint-François_Xavier, gagnant de la coupe du R.P. Recteur


Les omnibus au service du collège


Cette photo montre les nouveaux bâtiments du collège Saint-François-Xavier

       Les Jésuites belges œuvrèrent nombreux dans le Bengale de l’Inde au temps de l’empire Britannique. Leur présence date de 1859. Cette année- là, le Père Henri Delpechin débarque le 28 novembre à Calcutta et y fonde le collège Saint-François-Xavier. Plus tard, un second collège fut créé à Darjeeling sur les pentes des monts Himalaya. Dans ces collèges, les élèves sont anglais, mais également hindous, mahométans et parsis. Ce sont, sans doute, une majorité d’étudiants issue de la classe gouvernante (fonctionnaires, militaires et entrepreneurs anglais) ou de celle de l’élite hindoue, mais les Jésuites s’occuperont aussi de créer un vaste réseau d’enseignement primaire dans toutes leurs missions catholiques. Les plus délaissés de la société ne furent pas oubliés comme le montre l’apostolat du Père Constant Lievens, originaire de Moorslede.

L’histoire du Père Lievens, remarquable défenseur des Mundaris

       Ce Jésuite manifesta un dévouement remarquable en s’occupant de la population aborigène des Mundaris. Cette ethnie vivait très pauvrement et était abandonnée à son triste sort au Bengale, dans la région de Ranchi, appelée le Chota-Nagpore. Cette peuplade provenait des plaines du nord de l’Inde mais avait été refoulée au sud par les conquérants hindous. Exploités, les Mundaris se soulevèrent plusieurs fois. En 1831, le gouvernement dut même envoyer des forces considérables pour réprimer leur révolte.



Le Père Lievens

       En 1885, après une période d’adaptation et d’étude de la langue Munda, le père Lievens s’installa dans une hutte dans le village des Mundaris de Torpa, à 60 km au sud de Ranchi.



Hutte native à Ranchi

       Ce qu’il découvrit était une situation de travail forcé, d’endettement grave et de spoliation agraire systématique envers les Mundaris. Le Père Lievens s’efforça alors de rétablir cette peuplade dans ses droits fonciers. Pour cela, il étudia le droit coutumier et en devint un spécialiste, ce qui lui permit de défendre ces laissés pour compte devant les tribunaux anglais.

       Il fit comprendre aux magistrats anglais que ce droit coutumier, malgré qu’il soit non écrit, devait être respecté. Son combat lui acquit le cœur des Mundaris qui se convertirent en masse. En 1886, le nombre de chrétiens dans la région n’était que de 2.700, deux ans plus tard, en 1888, on comptait environ 15.000 baptisés et 40.000 catéchumènes. Malgré le soutien et l'appui logistique de son supérieur religieux, le père Sylvain Grosjean, Lievens fut rapidement débordé par les demandes d’aide en justice comme par le travail d’évangélisation qui s’ensuivait. D’autres missionnaires furent envoyés pour le seconder.

       Malade de la tuberculose, ses supérieurs le renvoyèrent en Belgique pour se refaire une santé. Ce fut en vain, il rendit l’âme le 7 novembre 1893, à Louvain.

       Ses cendres furent envoyées dans le pays qu’il avait tant aidé et ces reliques sont encastrées dans l’autel de la cathédrale de Ranchi où il est vénéré. Une demande en béatification a été introduite.

       Les Jésuites au Bengale se firent aider par toute une série d’autres congrégations belges dont les filles de la Croix de Liège, les petites sœurs des pauvres et les Ursulines de Thildonck. Ces dernières s’occupant de l’éducation des jeunes filles à Ranchi.



L’autel de la cathédrale garde en son sein les reliques du Père Lievens. ( photo extrait de


Eglise de Ranchi

       L’église de Ranchi, dédiée à la vierge immaculée, devenue plus tard cathédrale, fut construite sous la direction d’un Belge, le Frère Alfred Lemoine. L’église fut bénie le 3 octobre 1909 par Monseigneur Hurth, évêque de Dacca (Bengale oriental). A cette occasion, chacun des assistants à la cérémonie reçut un chapelet, don de feu le baron Félix d’Ahérée, qui en avait envoyé des milliers pour être distribués le jour de l’inauguration de l’église.

 

Conclusion

       L’aventure des Jésuites belges au Bengale est oubliée. (Il en est de même pour leur présence qui fut très importante à l’île de Ceylan). Le Père Jacquemotte nous la fait redécouvrir. En 1910, la mission jésuite du Bengale comprenait 35 églises, 441 chapelles, 140 écoles de garçons, 21 écoles de filles et 42 écoles mixtes. Le nombre des élèves dans ces écoles indigènes était de 7.693 garçons et de 4.610 filles. Les Jésuites belges façonnèrent l’enseignement au Bengale. Beaucoup d’entre eux y ont trouvé leur dernière demeure après une vie de dévouement.

Dr P. Loodts

 

 

 

 

 



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