Médecins de la Grande Guerre

Ivor Gurney, le merveilleux poète souffrait d’une maladie mentale.

point  Accueil   -   point  Intro   -   point  Conférences   -   point  Articles

point  Photos   -   point  M'écrire   -   point  Livre d'Or   -   point  Liens   -   point  Mises à jour   -   point  Statistiques

Ivor Gurney, le merveilleux  poète souffrait d’une maladie mentale.



       Ce grand  homme devint un des plus grands poètes et compositeur de l’Angleterre. Né  en 1890 dans une famille d’artisans (son père était tailleur), il manifesta très vite un immense talent  artistique. Arrangeur des mots et des notes, il les fit s’assembler pour vanter l’amitié, l’amour, la joie et les beautés de son pays natal parcouru par la sauvage Severn River. Il laissa à la postérité plus de 200 chants, des compositions orchestrales et plus de 300 poèmes.

En 1911, Gurney gagna une bouse pour suivre une formation complète  au Collège Royal  Musical. C’est là qu’il commença véritablement sa carrière artistique. Pour améliorer son train de vie, il bénéficia alors du poste d’organiste à  High Wycombe (Buckinghamshere).  Pendant toute sa jeunesse, Ivor bénéficia des soutiens considérables que lui prodiguèrent une série de personnages qui s’étaient aperçu de ses dons. Il faut citer son parrain, le chapelain Cheesman, les sœurs Hunt qui avaient voyagé dans toute l’Europe et qui lui firent découvrir la musique allemande et enfin son ami le poète F.W. Harvey (1888-1957) qui lui fit partager sa vie de « gentleman farmer » au sein de sa grande demeure familiale « The Redlands » où  il  fut  considéré comme faisant partie de la famille. Ivor  trouva  chez les Harvey  matière à développer ses talents. Il y avait un grand piano, une bibliothèque bien remplie et la possibilité d’exercer de multiples sports parmi lesquels le cricket et  le kayak sur la River Severn, cette rivière aux mille beautés  que le poète chanta si merveilleusement… Malgré les personnes exceptionnelles qui l’entourèrent, Ivor connut en 1913, les premiers épisodes de la maladie mentale  qui allait le faire souffrir toute sa vie (vraisemblablement une psychose maniaco-dépressive). Les experts se disputent toujours aujourd’hui sur les effets de la guerre sur la santé mentale d’Ivor. Fut-elle un facteur aggravant ou au contraire un facteur  stabilisant qui permit de ralentir la maladie ?  La guerre survenue et plus ou moins rétabli, Ivor  se porta volontaire  mais fut d’abord refusé pour mauvaise vue avant finalement d’être accepté quelques mois plus tard au 2/5 th Glosters. Le 25 mai 1916, son bataillon débarqua au Havre et marcha vers la Somme. C’est durant ce séjour aux tranchées que Gurney va écrire ses plus beaux poèmes dont  celui intitulé « To his Love » en hommage à la fiancée de son  grand  ami Harvey , engagé volontaire comme lui et qu’il croyait tué à l’ennemi (en réalité Harvey avait été fait prisonnier lors d’une patrouille dans les lignes ennemies  et put  regagner l’Angleterre en  1919). En 1917, Gurney est blessé d’une balle au bras,  se rétablit  et participe  à la  bataille de  Passendaele  à Sint Julien où il est intoxiqué par les gaz et finalement évacué en Angleterre. A l’hôpital  d’Edinbourg, il tombera amoureux d’une infirmière Annie Nelson avec qui il entretiendra une abondante correspondance. Cet épisode amoureux n’eut malheureusement pas de suite et le laissa fort amer.  Après un rapide retour dans une unité pour parfaire un écolage de signaleur, Gurney est à nouveau hospitalisé, cette fois pour une  grave dépression. Finalement, il est déclaré inapte et Gurney est pensionné en octobre 18 avec 12 shillings par semaine. En février 19, il connaît l’immense joie de retrouver son ami Harvey  revenu de captivité et qui l’invite  à nouveau  dans la propriété familiale des « Redlands ». 1920 et 1921 seront  les années les plus fécondes de sa vie de compositeur.  Après celles-ci, ayant constaté que l’effort physique et la présence de la  nature atténuaient  fortement ses angoisses, Gurney décida d’aller travailler dans une ferme. Malheureusement, malgré sa vie au grand air, en 1922, un délire de persécution apparut. Ivor Gurney disait se sentir constamment torturé par la police qui, d’après lui, l’inondait d’ondes nocives.  Il fut hospitalisé dans un premier hôpital dont il s’échappa avant d’être interné pour toujours, loin de chez lui,  dans le Kent. Le poète écrivit encore quelques années jusqu’en 1926. Il s’éteignit de tuberculose en 1937 âgé seulement de 47 ans.

       Yvor était atteint d’une maladie mentale grave et cela ne l’a pas empêché de devenir un artiste exceptionnel et, fait extrêmement rare, dans deux domaines différent, celui de la composition musicale et celui de la poésie. Pour ce qui est de sa poésie, celle-ci constitue  un hymne émouvant à la nature, à l’amour du terroir  et à l’amitié.  J’ai entrepris de traduire en français  quelques-uns de ses poèmes !  Puissiez-vous les apprécier en vous souvenant  que ce soldat à l’âme si sensible a combattu pour la liberté des Belges  dans l’enfer de  Passsendaele.

Dr Loodts Patrick

To His Love (Pour son amour)

He’s gone, and all our plans
Are useless indeed.
We’ll walk no more on Cotswolds
Where the sheep feed
Quietly and take no heed.

His body that was so quick
Is not as you
Knew it, on Severn River
Under the blue
Driving our small boat through.

You would not know him now…
But still he died
Nobly, so cover him over
With violets of pride
Purple from Severn side.

Cover him, cover him soon!
And with thick-set
Masses of memoried flowers-
Hide that red wet
Thing I must somehow forget.

Il s’en est allé et avec lui, tous nos plans
Sont partis à l’eau
Nous ne nous promènerons plus sur les Costswolds
Où les brebis paissaient tranquilles et insouciantes.

Son corps qui était si agile
N’est plus celui
que vous connaissiez sur la rivière Severn
Lorsqu’il y naviguait en franchissant tous les obstacles
Sur notre frêle esquif.

Vous ne le connaîtrez plus maintenant
Mais il est mort avec noblesse.
Aussi couvrez le de violettes qui colorent fièrement
De mauve les rives de la Severn.

Couvrez le, couvrez le vite
Et avec des couches épaisses
De ces fleurs qui gardent la mémoire.
Cachez cette chose humide et rouge
Que je devrai un jour oublier d’une façon ou d’une autre.

Bach and the Sentry (Bach et la sentinelle)

Watching the dark my spirit rose in flood
On that most dearest Prelude of my delight.
The low-lying mist lifted its hood,
 
The October stars showed nobly in clear night.

When I return, and to real music-making,
And play that Prelude, how will it happen then ?
Shall I feel as I felt, a sentry hardly waking,
With a dull sense of No Man's Land again ?

Dans l’obscurité qui tombe, mon esprit s’envole et s’immerge
Complètement dans le plus délicieux plaisirs qu’est le prélude (de Bach).
Le brouillard, plaqué au sol, a maintenant levé sa chape et
Les étoiles d’octobre brillent avec noblesse dans la nuit claire.

Quand je serai rentré au pays et que je jouerai réellement
Ce prélude, quels sentiments s’agiteront dans mon cœur ?
Sentirai-je encore ce que j’éprouvais lorsque, à peine éveillé,
Je montais la garde face au monotone no man’s land ?

(Traduction Dr Loodts Patrick)



Vers 1920

Butchers  and tombs  (Massacres et sépultures)

After so much battering of fire and steel
It had seemed well to cover them with Cotswold stone —
And shortly praising their courage and quick skill
Leave them buried, hidden till the slow, inevitable
Change came should make them service of France alone.
But the time's hurry, the commonness of the tale
Made it a thing not fitting ceremonial,
And so the disregarders of blister on heel,
Pack on shoulder, barrage and work at the wires,
One wooden cross had for ensign of honour and life gone —
Save when the Gloucesters turning sudden to tell to one
Some joke, would remember and say — "That joke is done,"
Since he who would understand was so cold he could not feel,
 
And clay binds hard, and sandbags get rotten and crumble.

Après tant de déluges de feu
Il a semblé normal de les recouvrir de pierres de Cotswold
Et de vanter brièvement leur courage et leur habilité.
Laissez les là cachés jusqu’au lent et inévitable Changement qui les fera appartenirà la France seule.
Mais le temps vient aujourd’hui à manquer, et bientôt les adieux
  Ne pourront même plus être prononcés avec le cérémonial  qui convient
  c’est pourquoiceux qui traitèrent sans respectles fantassins


Qui partirent les épaules chargées pour construire barrages et fils barbelés
Ne leur offrent plus maintenant qu’une croix de bois pour l’honneur de leur sacrifice.
Un honneur heureusement sauvé par  les frères d’armes qui,
En passant devant une croix, se souviennent et arrêtent de blaguer
Par respect pour l’un des leurs qui, si froid, ne peut plus rien ressentir
Et qui, comme les sacs de sable, se lie à l’argile en se désagrégeant.

(Traduction Dr Loodts Patrick)

De profondis



If only this fear would leave me I could dream of Crickley Hill

And a hundred thousand thoughts of home would visit my heart in sleep;
But here the peace is shattered all day by the devil's will,
And the guns bark night-long to spoil the velvet silence deep.

O who could think that once we drank in quiet inns and cool
And saw brown oxen trooping the dry sands to slake
Their thirst at the river flowing, or plunged in a silver pool
To shake the sleepy drowse off before well awake?
We are stale here, we are covered body and soul and mind
With mire of the trenches, close clinging and foul,
We have left our old inheritance, our Paradise behind,
And clarity is lost to us and cleanness of soul.

O blow here, you dusk-airs and breaths of half-Iight,
And comfort despairs of your darlings that long
Night and day for sound of your bells, or a sight
Of your tree-bordered lanes, land of blossom and song.

Autumn will be here soon, but the road of coloured leaves
Is not for us, the up and down highway where go
Earth's pilgrims to wonder where Malvern upheaves
That blue-emerald splendour under great clouds of snow.

Some day we'll fill in trenches, level the land and turn
Once more joyful faces to the country where trees
Bear thickly for good drink, where strong sunsets burn
Huge bonfires of glory – O God, send us peace !

Hard it is for men of moors or fens to endure
Exile and hardship, or the northland grey-drear;
But we of the rich plain of sweet airs and pure,
Oh! Death would take so much from us, how should we not fear ?

Si seulement je pouvais quitter ma peur pour rêver de Crickley hill
Alors des centaines d’images de mon pays pénètreraient dans mon cœur endormi.
Mais ici la paix est retardée chaque jour à cause d’une volonté diabolique
Et la mitraille continue tout au long de la nuit à profaner le silence d’une nuit de velours.

Qui pourrait penser qu’auparavant nous buvions
Dans des auberges paisibles et fraîches, nos regards dirigés vers les bœufs
Pâturant sur les sables pour étancher leur soif dans les flots de la rivière
Ou nageant dans le lac au reflet d’argent pour se dégourdir ?

Nous moisissons ici et sommes corps et âme recouverts
De la boue des tranchées qui nous colle et nous infecte.
Nous avons abandonné notre vieil héritage, notre paradis derrière nous
Et, en même temps que lui, notre lucidité et notre fraîcheur d’âme.

Oh, si ici, pouvaient nous atteindre les odeurs de vos crépuscules et la beauté de vos clairs de lune
Pour compenser notre désespoir de ne plus entendre le rassurant tintement
de vos cloches, ou, celui, de ne plus apercevoir le merveilleux tableau
de vos avenues arborées ou de votre campagne fleurie et enchanteresse

L’automne arrive bientôt mais la route colorée d’un tapis de feuilles mortes
N’est pas pour nous, cette route en montagne-russe par où
Passaient les touristes du monde entier pour admirer les sommets du mont Malvern
Véritables émeraudes bleutées taillées sous les nuages gris ou sous la neige.

Un jour, nous comblerons les tranchées et tournerons joyeux,
Une fois de plus, nos visages vers notre patrie où les arbres
Donnent ce bois si idéal pour conserver notre breuvage, et où les couchers de soleil
Rivalisent avec les véritables feux d’artifice pour célébrer notre gloire.

Difficile pour les hommes des landes ou des marais d’endurer
L’exil et les épreuves, ou encore les brumes du nord !
 O ! Habitants des riches plaines à l’air doux et pur
La mort pourrait donc nous priver de tant de merveilles !
 Comment donc  ne la craindrions-nous pas ?

(Traduction Dr Loodts Patrick)

Pain (Douleur)

Pain, pain continual ; pain unending ;
Hard even to the roughest, but to those
Hungry for beauty...Not the wisest knows,
Nor most pitiful-hearted, what the wending
Of one hour's way meant. Grey monotony lending
Weight to the grey skies, grey mud where goes
An army of grey bedrenched scarecrows in rows
Careless at last of cruellest Fate-sending.
Seeing the pitiful eyes of men foredone,
Or horses shot, too tired merely to stir,
Dying in shell-holes both, slain by the mud.
Men broken, shrieking even to hear a gun.
Till pain grinds down, or lethargy numbs her,
The amazed heart cries angrily out on God

Douleur, douleur continuelle, douleur sans fin
Aussi insupportable pour les plus rudes que pour les sensibles.
Personne ne peut savoir ce que représente le chemin effrayant d’une heure.
Monotone cheminement gris, sous le poids d’un ciel gris
Et sur un sol réduit à un tapis de boue grise.
Une armée d’épouvantails en guenilles et mal soignés,
Se dirigeant vers le plus cruel destin qui soit :
Des hommes aux regards perdus implorant la pitié et
Qui avec leurs chevaux trop fatigués pour avancer
Meurent ensemble dans la boue des trous d’obus.
Des hommes brisés hurlant à chaque coup de fusil
Jusqu’à ce que la douleur les couche définitivement ou
Les paralyse sur place avec dans leur cœur
Un surprenant cri de colère envers leur Dieu.

(Traduction Dr Loodts Patrick)

Strange hells (Étranges enfers)

There are strange hells within the minds war made
Not so often, not so humiliating afraid
As one would have expected – the racket and fear guns made.

 One hell the Gloucester soldiers they quite put out;
Their first bombardment, when in combined black shout
Of fury, guns aligned, they ducked low their heads
And sang with diaphragms fixed beyond all dreads,
That tin and stretched-wire tinkle, that  blither of tune;
Apres la guerre fini” till hell all had come down,
Twelve-inch, six-inch, and eighteen pounders hammering hell’s thunders.

Were are they now on state-doles, or showing shop patterns
Or walking town to town sore in borrowed tatterns
Or begged. Some civic routine one never learns.
The heart burns – but has to keep out of the face how heart burns.

Il est d'étranges enfers peuplé d’esprits créés par la guerre
Des esprits pas aussi cruellement effrayés qu'on eût pu s'y attendre
Par le terrible vacarme et la peur des canons...
Dans l’un de ces enfers, les Gloucesters leAu premier pilonnage, à l'unisson, malgré le cri de fureur des canons alignés,
Ils baissèrent la tête et chantèrent à pleine poitrine,
Accompagnés des tintements métalliques de boites de conserves,
Le plus joyeux des airs intitulé « Après la guerre fini ! »[1],
Et cela jusqu'à ce que l'enfer descendît tout entier sur terre,
avec les douze pouces, six-pouces et dix-huit livres
qui martelaient le sol de leur tonnerre…
Où sont-ils maintenant ces hommes exceptionnels ?
Au chômage ou vendant des babioles ?
En train de déambuler de ville en ville dans des costumes empruntés ?
Ou parfois même réduits à devoir mendier ?
Il y a dans la vie civile des habitudes qu'on ne sait plus réapprendre.
Alors le cœur brûle en devant taire toute sa souffrance.

Strange service (Etrange service)

Little did I dream, England, that you bore me
Under the Cotswold hills beside the water meadows,
To do you dreadful service, here, beyond your borders
And your enfolding seas.




I was a dreamer ever, and bound to your dear service,
Meditating deep, I thought on your secret beauty,
As through a child's face one may see the clear spirit
Miraculously shining.

Your hills not only hills, but friends of mine and kindly,
Your tiny knolls and orchards hidden beside the river
Muddy and strongly flowing, with shy and tiny streamlets
Safe in its bosom.

Now these are memories only, and your skies and rushy sky-pools
Fragile mirrors easily broken by moving airs ...
But deep in my heart for ever goes on your daily being,
And uses consecrate.

Think on me too, O Mother, who wrest my soul to serve you
In strange and fearful ways beyond your encircling waters ;
None but you can know my heart, its tears and sacrifice ;
None, but you, repay. Little did I dream, England, that you bore me

Peu à peu, j’ai rêvé que toi, Angleterre, tu me pressais
A l’ombre des collines du Cotswold à côté des marais
de te rendre un terrible service, ici, au-delà de tes frontières
au-delà des mers qui l’entourent.

J’étais toujours un rêveur et me liais à ton service
Méditant profondément, je pensais à ta beauté secrète
Comme seulement un enfant peut le faire avec un cœur pur
Rayonnant de lumière comme par miracle.

Tes collines, mais pas seulement elles, mais aussi les amis de ma colline
Parsemée de monts et vergers jouxtant une rivière
Boueuse et rapide ne contenant pourtant en son sein
Que de timides et minuscules cascades sans danger.

Maintenant tout cela n’est plus que souvenir et vos ciels avec son cortège de nuages
Sont de fragiles miroirs qui se disloquent par la turbulence de l’air.
Mais au fond de mon cœur pour toujours il n’est question que de votre existence journalière
Qui mérite que l’on dédie la nôtre

Pense à moi aussi, o mère patrie, qui arracha mon âme pour vous servir
Dans d’étranges et atroces circonstances au-delà des mers.
Personne d’autre que vous ne connaît mon cœur, ses larmes et sacrifices
Personne d’autre que vous ne peut me rembourser.
Petit à petit, Angleterre j’ai rêvé que vous me réclamiez !

(Traduction Dr Loodts Patrick)

The Silent One (Seul le silence)

Who died on the wires, and hung there, one of two–
Who for his hours of life had chattered through
Infinite lovely chatter of Bucks accent:
Yet faced unbroken wires; stepped over, and went
A noble fool, faithful to his stripes– and ended.
But I weak, hungry, and willing only for the chance
Of line– to fight in the line, lay down under unbroken
Wires, and saw the flashes and kept unshaken,
Till the politest voice– a finicking accent, said :
Do you think you might crawl through there : there’s a hole.’
Darkness shot at: I smiled, as politely replied–
‘I’m afraid not, Sir.’ There was no hole no way to be seen,
Nothing but chance of death, after tearing of clothes
Kept flat, and watched the darkness, hearing bullets whizzing–
And thought of music– and swore deep heart’s deep oaths
(Polite to God) and retreated and came on again,
Again retreated– and a second time faced the screen.



Un des deux corps accrochés dans les fils barbelés
était celui d’un merveilleux charmeur qui lorsqu’il vivait
Parlait si bien de l’amour avec l’accent de Buck
Et qui pour son malheur dut faire face aux barbelés intacts
Un noble type, confiant en ses galons, mourut ainsi
Moi, je veille affamé, attendant uniquement l’occasion
De monter à l’assaut, couché à mon tour i devant ces barbelés intacts
En pendant que je me tenais immobile sous le déluge de feu
Tout à coup, une voix policée et d’un accent délicat me dit
Pensez-vous que vous pourriez traverser cet obstacle en rampant jusqu’à ce trou d’obus ?
Dans l’obscurité et sous la mitraille je souris et répliquai poliment
Je ne suis pas peureux Sir, cependant je ne distingue ni trou ni voie d’accès
Mais seulement toutes les chances de mourir l’uniforme accroché aux fils
Je restai donc couché en veillant dans l’obscurité et en entendant les balles siffler
Je pensai musique- et malgré elle, des jurons surgirent du profond de mes entrailles.
(en fait je restai poli envers Dieu) lorsque je retraitai et puis revins.
Car, à peine à l’arrière, il fallut remonter en ligne pour faire face,
Une deuxième fois, au même spectacle !

 

(Traduction Dr Loodts Patrick)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] Après la guerre fini est une chanson composée par les soldats anglais et chantée sur l’air de « Sous les ponts de Paris »

Après la guerre fini,

Anglais soldats parti,

Mademoiselle in the family way,

Après la guerre fini.

 

Variation:

Après la guerre fini,
Oh, well go home to Blighty ;
But won't we be sorry to leave chère Germaine,
Après la guerre fini.
Après la guerre fini,
English soldier parti,
Mam'selle français beaucoup picanninies,
Apres la guerre fini.